Après 15 journées, le NK Domzale mène le championnat de Slovénie. A sa tête, un jeune entraîneur de 32 ans : Luka Elsner. Un nom qui ne vous dit sans doute rien mais les Elsner forment une véritable dynastie footballistique en Slovénie, du grand-père Branko aux deux petits-fils Luka et Rok en passant par le père Marko. Découverte.

L’influence de Branko sur le football slovène

Nejc de SloveniaFooty est catégorique concernant les Elsner : « C’est sans aucun doute la plus célèbre famille du football slovène. Cependant les médias ne parlent pas trop d’eux. » La dynastie a débuté avec Branko Elsner. Joueur à Maribor et Ljubljana, il excella surtout dans sa carrière d’entraîneur.

Diplômé de la faculté d’éducation de Ljubljana où il obtint un doctorat, Branko devint un grand théoricien de l’entraînement de football, notamment avec les plus jeunes catégories. Mais il démontra aussi sur le terrain la qualité de ses raisonnements. Ainsi Branko entraîna l’Olimpija Ljubljana dans les années 1960 où il parvint notamment à faire remonter le club slovène dans l’élite yougoslave (avec notamment le grand Branko Oblak) avant de connaître une grande carrière en Autriche où il géra le club d’Innsbruck et la sélection autrichienne.

branko elsner
Branko, au centre, donne des conseils à ses joueurs

Comme le reconnaît Nejc, « Branko est sans aucun doute le membre le plus important de la famille. Il fut un mentor pour toute la génération actuelle d’entraîneurs slovènes. » Preuve de son influence au-delà du football, l’ancien a obtenu le prix Bloudek en 1999, plus haute distinction pour un sportif en Slovénie.

Marko, l’aiglon niçois

Puis vint Marko né en 1960. Il fut un de ces beaux libéros qui ont fleuri en Yougoslavie dans les années 1980 et 1990. Ayant joué dans trois pays différents (Yougoslavie, France et Autriche), Marko Elsner a notamment remporté deux titres avec l’Etoile Rouge de Belgrade. Il fut aussi de l’aventure américaine pour les Jeux Olympiques de 1984 où il remporta la médaille de bronze aux côtés des Bazdarevic et Katanec.

Marko Elsner aura finalement passé la plus grande partie de sa carrière à l’OGC Nice avec 5 saisons sur la Côte d’Azur. Un passage qui n’aura pas laissé indifférent dans les rangs des supporters niçois comme nous l’explique Cyril Trool, académicien niçois sur HorsJeu : « Il était très apprécié au sein du club aussi bien pour ses qualités techniques que pour son tempérament de guerrier. A l’époque, le jeu de l’OGC Nice dépendait beaucoup de lui et de 2 autres joueurs venus de l’Europe de l’est avec qui il s’entendait très bien sur le terrain: Toni Kurbos et Milos Djelmas. D’ailleurs avec Kurbos il est impliqué dans le but que l’on considère comme le plus beau de l’histoire du club, il lui fait une superbe passe en aile de pigeon que Kurbos reprendra d’une reprise de volée victorieuse face au PSG en 87 avec Bats dans les buts. Kurbos sera très élogieux envers Elsner: «J’aime jouer avec Elsner, il ne perd pas un seul ballon, et avec lui on sait où aller et où se placer. C’est l’un des meilleurs joueurs que j’ai connus en 8 années de professionnalisme»

Marko Elsner semble avoir épousé et incarné l’état d’esprit niçois. Elsner a ainsi participé à de grandes soirées niçoises comme celle-ci en 1990 : « A la fin de la saison 1989/1990, il participe à un autre grand moment gravé dans l’histoire des supporters niçois. Pour se maintenir en Ligue 1 le club doit gagner un match de barrage aller-retour face à Strasbourg. Battu 3-1 en Alsace, Nice renverse la vapeur au retour en s’imposant 6-0 dans un stade du Ray en fusion, avec un quadruplé du luxembourgeois Langers, grand match de l’ensemble de l’équipe dont Elsner titulaire en défense. » Preuve de cet attachement pour les couleurs niçoises, Marko est venu terminer sa carrière à l’OGCN en 1991 (après une saison à l’Admira Vienne) alors que l’OGC Nice était descendu en D2 à l’époque.

Une autre anecdote trahit bien le caractère de l’homme Marko Elsner : « Il avait une grande faculté à résister à la souffrance. Cela sera aussi confirmé par Jean-Philippe Mattio (mythique joueur niçois qui a fait l’intégralité de sa carrière au club): «J’ai eu la chance de côtoyer des grands joueurs comme Marko Elsner, je me souviens l’avoir vu revenir des vacances de Noël avec une fracture de la mâchoire. Lors des mises au vert, à tour de rôle, nous lui donnions à manger une sorte de mixage indigeste, il ne bronchait pas et joua sans en parler !» »

Vingt ans après la fin de sa carrière, Marko Elsner est resté dans la région niçoise, preuve de l’attachement réel entre l’homme et ce club, cette ville. Cyril Trool reconnaît d’ailleurs que « certains supporters le citent dans leur 11 de rêve de l’OGC Nice. Il a laissé l’image d’un défenseur de grande classe, dont les tacles glissés sont restés dans les mémoires. »

Luka, l’entraîneur très prometteur

Bien entendu, le lien fort entre Marko et Nice a eu des conséquences sur les deux fils qui ont tous deux grandi sur la Côte d’Azur. Luka, aujourd’hui entraîneur de Domzale en Slovénie, a d’ailleurs laissé quelques souvenirs dans la région de Nice comme l’explique Cyril Trool : « Luka Elsner, même gabarit que son père et évoluant aussi en défense, restera au club jusqu’en U19, avant de fréquenter un autre club du département: Cagnes-sur-Mer. Un club modeste où il restera 4 ans et dont le niveau maximum sera la CFA 2. Puis il retourna en Slovénie dans son pays d’origine où il pourra jouer au plus haut niveau. Ayant grandi à Nice il a un grand amour pour le club, ayant même fréquenté les tribunes ultras du stade du Ray. Tout au long de sa carrière il a joué avec un t-shirt des supporters niçois sous son maillot. »

Retourné en Slovénie, il a passé la quasi intégralité de sa carrière à Domzale. Nejc en garde un bon souvenir : « Luka était un bon joueur. Il fut capitaine de Domzale, un gars agressif, bon dans le jeu aérien. Il a pris sa retraite un 1er avril alors qu’il avait 29 ans, beaucoup ont pensé à une blague. »

Mais point de blague puisque Luka a troqué les crampons pour les sifflets et le tableau noir avec un certain succès puisqu’après une saison de tâtonnement, il a des résultats exceptionnels à la tête de Domzale en championnat slovène : « Pour l’instant, il parvient à avoir de bons résultats. Cette saison, on sent qu’il a pris une autre dimension. Son modèle est l’Atletico avec une excellente défense. » A l’heure actuelle, Domzale est en tête du championnat de Slovénie avec 35 points en 15 matchs et seulement 6 buts encaissés.

Luka est donc parti sur les traces de son grand-père. Il a su arrêter sa carrière de joueur relativement jeune pour se donner la chance d’évoluer dans le métier d’entraîneur. Une vocation qu’il a reconnu pour Govori.se: « J’ai su dès le début que je n’étais pas un footballeur très talentueux. J’ai joué au football pour me faire plaisir à un niveau moindre. Je savais que mon chemin serait plus proche de celui de mon grand-père, plus académique. » Ses premiers pas en tant qu’entraîneur sont plus que prometteurs et nul ne sait où il s’arrêtera. Peut-être sur le banc de l’OGC Nice.

Rok, le petit dernier

Bien entendu, le petit dernier vit un peu dans l’ombre de tout ce beau monde. Agé de 28 ans, il continue sa carrière de joueur à l’Energie Cottbus après avoir pas mal bourlingué (Slovénie, Koweit, Norvège, Grèce, Pologne…). Tout cela ne joue pas en sa faveur puisque sa visibilité est quasi nulle en Slovénie comme l’explique Nejc : « pour être honnête, je ne l’ai jamais vu jouer. Les Slovènes le réclament en équipe nationale mais le sélectionneur n’est pas de cet avis. Il est milieu défensif, un poste où nous sommes limités. Il fut appelé en sélection une fois, enfin c’est ce que son club annonça mais finalement il n’était pas dans la liste ! Ce n’était que la première solution en cas de blessure… »

Malgré tout, Rok garde en commun avec son père et son frère cet attachement à Nice. Cyril Trool nous décrit sa trajectoire à l’OGC :« Rok Elsner lui non plus n’a pas réussi à percer au sein du club mais il y est resté plus longtemps que son frère puisqu’il a même joué une saison avec l’équipe réserve en CFA. Pour jouer en 1ère division il retourna lui aussi en Slovénie. »

A travers quatre personnages et trois générations, la famille Elsner est devenue une dynastie reconnue du football slovène. Chacun a su puiser dans ses capacités personnelles et sa personnalité pour construire sa propre carrière footballistique. Voilà une histoire qui devrait connaître de nouveaux chapitres dans le futur notamment avec Luka. Et pourquoi pas avec les enfants de Luka et Rok ensuite ? Peut-être sur la Côte d’Azur…

Tristan Trasca

Un grand merci aux excellents Slovenia Footy et Cyril Trool pour leurs précieux témoignages ! Retrouvez l’Aiglons Académie sur Horsjeu.

 

3 Comments

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