Le ridicule ne tue pas, heureusement pour les patrons de club roumains. Toujours prêts à tout pour se mettre plus d’argent dans les poches, ces derniers défient sans cesse la loi pour parvenir à leurs fins. Ce qui mène parfois (souvent) à des situations ubuesques. Et une nouvelle étape a été franchie hier. La scène se déroule à Galaţi, en Moldavie, à l’est du pays. L’Oţelul, relégué cette saison en Liga 2, connaît une période bien difficile. En plus de ses problèmes financiers, qui l’ont fait passer en quelques années de la Ligue des Champions à la deuxième division en frôlant la disparition sur banqueroute, le club connaît maintenant des soucis techniques et sportifs. Ses joueurs ont en effet eu la surprise de découvrir à leur arrivée à l’entraînement toute une équipe d’ouvriers attelés à… planter un grillage au milieu du terrain d’entraînement! La raison est simple: une voisine revendique la propriété de la parcelle incriminée, décision de justice à l’appui.

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« C’est un moment déplaisant pour moi aussi, je ne me réjouis pas de ce qu’il se passe. » Les mots au journal Prosport sont de Mme Valmas, voisine du complexe d’entraînement du club, qui revendique donc la propriété de près de 2 000 m² de terrain aujourd’hui délimitée par des piquets plantés dans du béton au milieu d’une pelouse qui était pourtant l’une des meilleures du pays. Et pour cause, le club a dépensé ces dernières années plus d’un million d’euros pour rénover son complexe d’entraînement, malgré le litige qui l’opposait à Mme Valmas.

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Car les deux partie s’opposent depuis près de dix ans. « Quand le litige a commencé en 2006, il n’y avait que des ruines ici. Nous leur avons envoyé des notifications pour leur dire de ne faire aucun travaux avant que le problème ne soit réglé définitivement. Mais ils n’ont pas écouté, » précise l’héritière d’un terrain qui appartenait à son grand-père. « Les dirigeants de l’Oţelul Galaţi savaient qu’ils utilisaient un terrain qu’ils pouvaient perdre. Ils n’ont fait aucune offre d’achat ou de location, » ajoute son avocat. Après plusieurs propositions de rachat du terrain auxquelles le club n’a jamais daigné répondre, sa cliente a fini par avoir gain de cause en justice. Après des années de procédure, la Haute Cour de Cassation et de Justice, la plus haute juridiction du pays, a rendu une décision définitive et irrévocable en sa faveur. Devenu propriétaire du terrain sans aucun document légal, l’Oţelul en perd le droit d’utilisation. Une décision rendue il y a deux ans déjà, mais à laquelle le club ne s’était toujours pas conformé. Hier matin, des gendarme et un huissier de justice sont venus superviser les travaux de clôture du terrain, une véritable entreprise de destruction de la pelouse, donc les joueurs ne peuvent plus utiliser qu’une infime partie, qui relie la ligne médiane à l’entrée des vestiaires sur une faible largeur.

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Aujourd’hui, l’espoir d’aboutir à un accord entre les deux parties est bien faible. D’un côté, le club, dont aucun dirigeant n’a souhaité faire de commentaire, ne devrait plus accepter d’envoyer ses joueurs s’entraîner sur un terrain dont une partie est dorénavant jonchée de bloc de béton. Et de l’autre, la propriétaire n’entend pas céder d’un pouce. « Ce terrain pourra être utilisé pour jouer au foot, par des enfants, par quiconque souhaitera y jouer, s’y amuser, mais pas par le club de l’Oţelul! » a ainsi déclaré son avocat. Détruit par les gestions calamiteuses de ses dirigeants successifs depuis son titre surprise de 2011, le club de Galaţi en paie aujourd’hui encore les pots cassés. Une occasion de plus de s’inquiéter pour l’avenir de cette équipe qui gardait l’espoir de remonter l’an prochain dans l’élite.

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Pierre-Julien Pera

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