Last but not least. La dernière soirée de notre FootballskiTrip s’annonce comme l’une des plus excitantes. Le stade Ștefan Cel Mare de la capitale accueille un match de coupe en ce mardi soir. Et pas n’importe lequel, la demi-finale opposant le Dinamo București au Pandurii Târgu Jiu. Deux équipes en forme qui pourraient sauver leur saison en s’imposant en coupe face au FCSB ou au Petrolul Ploiești (Voir aussi: FootballskiTrip 2015 : On a vécu Petrolul Ploiesti vs. CSMS Iasi). Après une journée assez tranquille de visite de la ville avec notre ami Emi, il fut temps d’aller prendre le métro jusqu’à l’arrêt éponyme pour assister à cette rencontre. Sur place, les supporters dinamovistes sont légion. Bardés d’écharpes et de maillots aux couleurs des « chiens rouges », tout ce monde se pressant vers le stade semblent attendre impatiemment le début de la partie. Pour notre part, nous retrouvons Andrei aux abords du stade, un ami membre du FC Argeș, club géré par ses supporters comme le Voința Sibiu. Celui-ci nous informe qu’un ami à lui travaillant sur Pro TV (chaîne majeure de la télévision roumaine) souhaite nous poser quelques questions sur notre FootballskiTrip. Nous nous retrouvons ainsi dos au stade à répondre aux interrogations de Alexandru, qui choisira notre récit de notre passage à Ghencea pour figurer dans le résumé du match. Alors que nous allions prendre congé, Alexandru nous invite à le suivre dans la zone réservée à la presse, et nous propose de nous placer en tribune avec lui. Nous lui notifions notre envie de voir le match en zone extérieure, ce qu’il tentera de négocier avec les stadiers. En vain. En ultime recours, celui-ci nous demande de l’attendre en haut de la légère colline qui forme le stade. Quelques minutes plus tard et une discussion avec le Capo des Pandurii, Alexandru revient vers nous avec quatre tickets pour la tribune extérieure. Après de longs remerciements, nous quittons notre bienfaiteur pour entrer dans la tribune avec Andrei. Nous découvrons un stade omnisport assez large, mais qui malheureusement place les supporters assez loin de la pelouse, séparée par une piste d’athlétisme.
Les supporters des Pandurii ont fait le déplacement en bus, et on compte une vingtaine de ces derniers ce jour à Bucarest. La population qui compose cette tribune est très disparate : un enfant d’environ six ans côtoie un doyen à l’âge très avancé. Des drapeaux sont noués aux barrières, et un de ces derniers flotte dans le ciel roumain, agité avec toute la ferveur possible par un supporter fier de représenter ses valeurs. La nuit tombe doucement sur Bucarest, et le match est sur le point de débuter sous les yeux de Argașeală, actuel président du Steaua București.
Sur le terrain, les deux équipes présentent évidemment leur équipe-type pour ce match. Coté Dinamo, le prodige Dorin Rotariu est laissé sur le banc après des performances médiocres dont on murmure qu’elles seraient liées à un désintéressement du football au profit des charmes des belles femmes roumaines. En première période, le spectacle est assez morose sur le terrain, avec un match équilibré où le Dinamo semble toutefois plus réaliste et plus dangereux. Néanmoins, il en faudra plus pour faire taire les supporters visiteurs qui, bien qu’en infériorité numérique très forte, comptent bien montrer leur soutien à leur équipe. Sous la baguette du capo, les chants à la gloire des Pandurii s’enchaînent et la bonne humeur règne ici. Chose trop rare en Roumanie, les supporters des Pandurii montrent un grand respect pour les joueurs du Dinamo. Pas de chants anti-Dinamo qui sont pourtant nombreux, et même le corner frappé juste devant notre tribune n’a pas été accompagné d’une seule insulte ou d’un seul sifflet. Plaisant.
Il ne manque qu’une seule chose : des buts. Et si la seconde période commence comme s’est terminée la première, il faudra attendre la 64ème minute pour voir Răduâ taclé par Fai dans la surface provoquer un penalty difficilement discutable. Matulevicius ne tremble pas, et le nouveau club de Nistor, ancien d’Evian-Thonon-Gaillard, mène d’un but à l’extérieur en cette demi-finale retour. Explosion dans notre tribune. Les écharpes et les drapeaux se lèvent et s’agitent et les chants repartent de plus belle. Pourtant, le Dinamo ne s’avoue pas vaincu dans les tribunes, et les différents groupes de supporters continuent à chanter les louanges de leur club. Cinq minutes plus tard les Pandurii crucifient le Dinamo par Pleașcă qui conclut une très belle action collective. La victoire ne fait plus aucun doute pour les Pandurii, et les railleries des plus jeunes envers les supporters dinamovistes sont vite réprimées par les plus anciens. À six minutes du terme, le Dinamo s’offre tout de même un but sur coup-franc par Grozav d’une frappe de 25 mètres assez impressionnante. Et pourtant, le Dinamo ne partira pas sur cette note d’espoir car à la 89ème minute Răduț s’offre le doublé en profitant d’une énorme erreur de défense.
1-3 score final, les chants des Pandurii résonnent à Ștefan Cel Mare et si les tribunes dinamovistes se vident petit à petit, les supporters venus de Târgu Jiu attendent eux leurs héros. Et ces derniers arrivent, applaudissent leurs supporters et viennent serrer la main de ceux massés près de la grille. Après avoir porté le petit garçon de 6 ans afin qu’il puisse lui aussi profiter de ses idoles, j’entends mon voisin demander à un joueur son maillot. Gêné, le joueur s’excuse et annonce qu’il n’est pas autorisé à donner son maillot, n’en ayant qu’un seul pour la saison. Étonné, je regarde de plus près ce maillot et me rend compte qu’il s’agit du même maillot que celui utilisé en championnat. Triste pour une équipe de premier plan comme les Pandurii. Mais cela n’entachera pas la joie de cette soirée, et après nous avoir invités à les rejoindre dans le bus, les supporters des Pandurii quittent le stade sans être inquiétés.
Nous nous dirigeons donc vers le métro, où se masse un nombre incalculable de supporters du Dinamo. Et ces derniers arriveraient presque à nous faire douter du spectacle ayant eu lieu sous nos yeux quelques minutes auparavant : la ferveur et la joie de chanter pour le Dinamo (et un peu contre le Steaua) dans ce métro nous laisse presque croire à une victoire de leur équipe. Pas démoralisés pour un sou, les dinamovistes vont chanter durant tout notre trajet, et sûrement longtemps après notre sortie. Nous voici dans le centre-ville, à boire un verre en essayant de ne pas penser au douloureux retour en France du lendemain. Pendant que certains s’adonnent aux plaisirs de la vie nocture de Bucarest, d’autres préfèrent cultiver de nouvelles rencontres. Nous n’en diront pas plus…
Notre FootballskiTrip 2015 en Roumanie s’achève ici, et c’est avec des souvenirs pleins la tête et des étoiles dans les yeux que nous rentrons chez nous. Nous espérons que vous avez pris autant de plaisir à lire nos histoires que nous à les raconter, et vous donnons rendez-vous très vite pour un nouveau FootballskiTrip dans un autre pays cher à notre cœur.