Notre seconde journée dans la capitale roumaine est clôturée par un déplacement dans la ville de Ploiești, petite ville située à environ 50 km de Bucarest. La capitale du pétrole roumain, forte de 210 000 habitants, accueille en son sein une place forte de la Liga I : le Petrolul Ploiești. Pourtant, ce club, fondé en 1924, n’est pas le premier à succès de la ville. United Ploiești gagnait le titre de champion de Roumanie en 1912, imité quatre années plus tard par son successeur, le Prahova Ploiești. Après guerre, ce dernier joua une saison en Liga I, et beaucoup plus en Liga II ou Liga III avant la dissolution en l’an 2000. L’Astra Ploiești, lui, a été formé en 1921 pour passer le plus clair de son temps dans les ligues inférieures avant la reprise en main par le businessman Ioan Niculae dans les années 90. Sous son impulsion, l’Astra fit un tour pour la première fois en Liga I pour la saison 1998/99. Cependant, Niculae était originaire de Giurgiu et décida de délocaliser le club en 2012, comme une vulgaire entreprise de textile. Malgré une riche histoire footballistique, Ploiești n’a donc aujourd’hui plus qu’un seul club de football sur qui tout miser : le Petrolul.
Et en ce moment, tout n’est pas rose du coté du Petrolul. Nous vous avions déjà parlé de l’inculpation des frères Capră et de leur troisième associé, propriétaires du club lors de notre bilan des six mois de championnat passés. Aujourd’hui, le club est bien en difficulté avec la pression des autorités financières roumaines cherchant à récupérer l’argent blanchi au fil des années via le Petrolul, et un stade très moderne que le club a bien du mal à payer. C’est sur ce fond de problèmes financiers que le Petrolul bataille pour rester le podium de la Liga I.
Ce lundi soir, la ville est en émoi. Normal, une nouvelle journée de Liga I se clôture ici et à Mediaș, avec deux affiches intéressantes. Celle que nous sommes allés observer opposait le Petrolul Ploiesti au CSMS Iași. Niveau classement, le match semblait déséquilibré : le Petrolul Ploiești est second de Liga I après les déboires du CFR Cluj, alors que le CSMS Iași peine à se sortir de la zone de relégation. Pourtant, forts d’une surprise crée à Târgu Jiu face aux Pandurii il y a deux semaines on s’attend à ce que Iași joue sa chance à fond face à l’ogre de Prahova. Nous quittons donc Tristan Trasca qui s’entretient avec Răzvan Burleanu, le président de la Fédération Roumaine de Football, pour la Gara de Nord de Bucarest, où nous attend un train très lent vers Ploiești Sud. Une heure et demie et une dizaine de villages peu enthousiasmants plus tard, nous voici arrivés à destination.
Hélas, notre organisation légendaire nous fit penser que le match débutait à 18h30 alors qu’en réalité, il commençait une demi-heure avant. Ce coup du sort, combiné au manque d’argent pour prendre un taxi, nous obligea à courir jusqu’au stade au milieu des blocs communistes. Cependant, une mauvaise lecture des informations nous fait arriver au mauvais stade. Tant pis pour le budget alcool, c’est la mort dans l’âme que nous avons décidé de prendre un taxi pour nous emmener au stade Ilie Oană, antre du Petrolul Ploiești. Le taximan eut beau nous hurler dessus afin d’exprimer son aversion pour le football, il nous emmena tout de même à la bonne destination. Sauf qu’à la mi-temps, il n’est plus possible de se procurer de places. Après avoir essuyé plusieurs refus sans pitié et manqués de se faire attaquer par le chien d’un policier un peu trop nerveux, nous trouvons refuge dans un bar aux couleurs du club tout près du stade.
À l’intérieur, nous nous adressons à une sympathique jeune fille, qui, après avoir écouté notre argumentaire, nous invite à la suivre… jusqu’en loge ! Nous voici donc sans billets, assis dans des canapés confortables, avec la meilleure vue du stade et quelques rafraîchissements alcoolisés apportés par une autre jeune fille, tout aussi sympathique. Un homme, supporter du club, était déjà bien installé et discuta avec nous de Jean-Alain Fanchone, de « ces sales moldaves » de Iași ou encore de la stérilité offensive des ces foutus joueurs du Petrolul.
L’ascenseur émotionnel stabilisé, nous pouvons nous concentrer sur le match. La première période que nous avons pu revoir plus tard (conscience professionnelle oblige) fut notamment marquée par ce but dès la 6ème minute de Ciucur, sur un contre dévastateur. Pourtant, le Petrolul tente, et attaque sur une équipe de Iași regroupée dans sa surface dès le début du match. Les locaux vont même aller frapper la barre transversale d’une frappe de 30 mètres du Franco-Portugais Teixeira qui méritait mieux. Encore pire, Astafei est balancé littéralement au sol alors qu’il allait disputer le ballon de la tête dans la surface, le penalty est évident. Mais Robert Dumitru ne bronche pas et n’offre pas la faute aux locaux. C’est très frustrés que les joueurs du Petrolul retournent aux vestiaires.
En seconde période, les joueurs de Ploiești ne sont pas abattus et continuent à attaquer sans relâche les cages du CSMS Iași. Hélas, les attaquants sont empruntés dans leurs mouvements, le manque de fluidité est évident et ils sont bien en peine pour mettre en danger le gardien adverse. Iași n’a pour sa part pas changé son schéma tactique : le bus est garé en défense et l’attaque est exclusivement liée aux contres. Les entrées de Mémé Tchité et Nepomuceno vont encore galvaniser les attaques du Petrolul, mais ces derniers se heurtent à une défense inflexible. La domination du Petrolul est telle qu’une égalisation semble plus qu’évidente. Mais le football n’est pas une science exacte, et les joueurs locaux vont l’apprendre à leurs dépens. Profitant d’un corner obtenu sur un contre, Braga, qui venait d’entrer en jeu profite d’une défense passive du Petrolul pour marquer d’un joli ciseau et ainsi offrir le second but à son équipe. Ultra-dominée tout le match, les joueurs de Iași quittent Ilie Oană avec les trois points, et le Petrolul se voit rattrapé à égalité de points par Târgu Mureș, victorieux du Dinamo comme vous le savez. Néanmoins, le spectacle était au rendez-vous avec de belles occasions du Petrolul, mais qui ne furent pas récompensées, au grand dam de notre nouvel ami des loges VIP.
Après un retour au bar pour siroter une pinte à 3,5 lei (70 cents) et remercier chaleureusement notre bienfaitrice, Il fut temps pour nous de retourner dans la capitale. Arrivés dans la soirée, nous avons terminé avec quelques canettes de bières roumaines cette longue journée chargée d’émotions devant un match de Coupe d’Angleterre, football bien difficile à apprécier après avoir vu de si bons matchs en Roumanie.
Hadrian Stoian & Damien Goulagovitch
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