Le jour J est enfin arrivé. N’ayant pu assister à une rencontre de la Reprezentacja lors de mon séjour à Varsovie, je m’étais promis d’y remédier, une fois de retour en France, à l’occasion de l’Euro. Ce sera donc chose faite ce 21 juin, avec un choc 100% Europe de l’Est entre Ukrainiens et Polonais. Déjà éliminés, les premiers auront à cœur de finir sur une bonne note, tandis que les seconds peuvent toujours s’emparer de la tête du groupe C, devant l’Allemagne. Organisez cette rencontre dans un Vélodrome flambant neuf et vous devriez obtenir un mélange explosif. Du moins l’espère-t-on…

© Raphaël Brosse / Footballski
© Raphaël Brosse / Footballski

Des Polonais, des Ukrainiens et quelques Russes, visiblement encore sous le choc de la claque reçue la veille au Stadium, face au Pays de Galles (0-3) : en ce mardi matin, la gare routière de Toulouse-Matabiau a un fort accent Footballski ! Nous prenons place à bord du bus qui doit nous mener jusqu’à Marseille. Fête de la musique oblige, une grosse soirée est pourtant prévue place du Capitole (retransmise en direct sur France 2). Mais nous quittons Toulouse sans regret aucun, car à nos yeux Garou, les Fréro Delavega et autres Kendji Girac ne font pas le poids face aux accélérations de Konoplyanka et aux interventions viriles de Pazdan. C’est donc parti pour 6h de route.

Avis de marée rouge et blanche sur le Vieux-Port

Après une escale à Montpellier, qui nous permet de récupérer quelques supporters polonais, nous arrivons en début d’après-midi à Marseille. Dans le tramway qui nous rapproche du centre-ville, des autochtones nous révèlent que le Vieux-Port a été submergé par une imposante vague rouge et blanche. Une fois sur place, nous ne pouvons que confirmer ce constat : les Polonais sont omniprésents. Peu préoccupés par l’important dispositif policier, ils se retrouvent sous le miroir de l’ombrière pour entonner des chants à la gloire de leur sélection et, bien évidemment, craquer quelques fumigènes. En infériorité numérique, les supporters ukrainiens profitent également du cadre pour prendre des photos, se restaurer et sympathiser avec leurs homologues du soir. L’ambiance est excellente pour une rencontre a priori classée à « hauts risques » par les autorités. Un restaurateur nous confirme d’ailleurs que l’atmosphère est bien plus détendue et agréable que celle qui entourait Angleterre – Russie, une dizaine de jours auparavant.

Le cortège polonais se met ensuite en route pour rejoindre le stade Vélodrome. La foule grossit tout le long de l’avenue du Prado, au fur et à mesure que nous approchons de l’enceinte olympienne. L’étape de la fouille passée, nous voici sur le parvis du stade et, bientôt, assis à nos places. Celles-ci sont situées en Jean-Bouin, au-dessus de la tribune de presse. Etant un habitué des virages, cet emplacement plutôt inédit ne me déçoit pas pour autant. A défaut d’être au cœur de l’ambiance, je pourrai, pour une fois, avoir une vue d’ensemble plus globale et objective.

Stade magnifique, pelouse pathétique

Ce qui me saute d’abord aux yeux, c’est la remarquable architecture de ce nouveau stade Vélodrome, mis à son avantage par son superbe toit et l’acoustique qui va avec. En revanche, l’état de la pelouse, évoqué dans plusieurs médias nationaux, est vraiment pitoyable. Dire qu’il n’y a eu que trois matchs avant celui-ci, et qu’une demi-finale s’y tiendra dans quelques jours… Je préfère finalement me focaliser sur ce qui se passe en tribunes et, sans surprise, je m’aperçois que les « Bialo-Czerwoni » sont largement majoritaires. Les Ukrainiens ne sont présents que dans une moitié du virage sud. Avant le coup d’envoi, je demande à mes voisins, des supporters polonais, leur pronostic : 3-1 pour Lewandowski et ses coéquipiers. Les jeux sont faits !

En dépit d’une très bonne entame de match, avec deux occasions franches dans les cinq premières minutes, la Pologne laisse ensuite le contrôle du ballon à son adversaire. L’Ukraine aurait mérité d’ouvrir le score mais a fait preuve de maladresse, à l’image de Yarmolenko, qui foire complètement son face-à-face avec Fabiański. Une forme d’inquiétude, voire d’agacement est perceptible parmi les supporters de la Reprezentacja, tandis que ceux de la Zbirna, en qui naît le fol espoir d’inscrire enfin un but dans la compétition, multiplient les clapping (« U-kra-i-na ! »).

Kuba, l’homme providentiel

A la reprise, une salve d’applaudissements salue l’entrée en jeu de Jakub Błaszczykowski, qui se distingue moins de dix minutes plus tard avec un très joli but. Celui-ci a le mérite de réveiller définitivement les Polonais, qui entonnent à plusieurs reprises la Mazurek Dąbrowskiego et insistent pour voir un deuxième but (« Jeszcze jeden ! », « Encore un ! »). Côté ukrainien, les encouragements deviennent très discrets jusqu’au dernier quart d’heure, moment que leurs joueurs choisissent pour entamer un dernier baroud d’honneur et tenter d’égaliser, sans succès. Quant à moi, je peine à en croire mes yeux lorsque je vois Zozulya céder sa place au bon vieux Anatoly Tymoshchuk (37 ans quand même), sans doute davantage pour le symbole que pour faire la différence offensivement.

Le coup de sifflet final libère les « Bialo-Czerwoni ». Emmenée par un Michał Pazdan décidément impressionnant, l’arrière-garde polonaise n’a toujours pas encaissé le moindre but, ce qui compense le rendement offensif relativement faible (deux réalisations seulement). Calamiteuse contre l’Irlande du Nord quelques jours plus tôt, l’Ukraine n’a cette fois pas fait un mauvais match mais quitte néanmoins la France avec zéro point, aucun but marqué et une dernière place peu reluisante. A noter que la plupart des joueurs « Jovto-Blakytni » sont allés saluer leurs supporters à la fin de la rencontre. A l’exception, notamment, d’Andriy Yarmolenko, qui est rentré aux vestiaires sans demander son reste.

Quelques incidents mineurs à déplorer

Stade 4
© Raphaël Brosse / Footballski

En quittant le stade, nous nous arrêtons brièvement à la terrasse d’un café. A la TV, une chaine d’info en continu diffuse des scènes de bagarres s’étant produites à Marseille quelques heures plus tôt. Nous sommes surpris car, comme expliqué plus haut, aucune tension n’était perceptible au Vieux-Port. Après quelques recherches, nous apprenons que des Polonais en sont venus aux mains vers 14h, ce qui a eu pour conséquence quelques interpellations musclées. D’autres incidents ont également éclaté aux abords du stade, une heure et demie avant le coup d’envoi. Pas de quoi, cependant, gâcher la fête qui a suivi.

La nuit tombe sur la cité phocéenne, alors que nous prenons la direction de la gare Saint-Charles. En attendant leur train pour Paris, certains supporters investissent les bars du coin pour y suivre le match entre la Croatie et l’Espagne. Nous montons dans le bus qui doit nous déposer, vers 5h du matin, dans notre chère Ville rose. Pour les Polonais, le prochain rendez-vous est fixé ce samedi, à Saint-Etienne, contre la Suisse.

Raphaël Brosse


Image à la une : © Raphaël Brosse / Footballski

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