C’est une histoire pas comme les autres. Celle d’un gardien qui quitte sa Hongrie natale pour poser ses valises sur la terre volcanique islandaise, en plein océan Atlantique. Footballski a eu la chance de pouvoir discuter avec Matus Sandor, le seul et unique joueur hongrois évoluant en Islande, à 50 kilomètres à peine au sud du cercle polaire.

Tout d’abord, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Matus Sandor, j’ai 39 ans et je suis un gardien de but venant de Hongrie. J’habite dans une petite ville islandaise avec ma famille. Je joue au football dans le club du Thor Akureyri, et je travaille également dans la ville de Holdur. J’ai deux enfants, Viktor Smari, Aron Gunnar, qui sont tous les deux baignés dans la culture du football, ainsi que mon épouse Sara Sif.

Mon père était également un joueur de football, donc il n’y avait aucune question à se poser, j’allais devenir footballeur moi aussi.

Comment as-tu découvert le football ?

J’ai commencé à jouer dans ma ville de naissance, à Videoton. Mon père était également un joueur de football, donc il n’y avait aucune question à se poser, j’allais devenir footballeur moi aussi. À l’âge de 10 ans, j’ai participé à mon premier entrainement. Durant cette période, le football hongrois était à un haut niveau, l’équipe nationale participait à la coupe du monde au Mexique (NDLR : sa dernière qualification pour un tournoi international, jusqu’à cet Euro 2016) et Videoton jouait la finale de la coupe de l’UEFA contre le Real Madrid. Malheureusement, par la suite, le football hongrois allait vers une courbe descendante.

Justement, que penses-tu de Viktor Orban et de son implication dans le football national ?

Dès sa nomination en tant que Premier ministre, Viktor Orban a tout fait pour redresser notre football. C’est un homme qui adore ce sport, et qui était aussi un joueur lors de sa jeunesse. Avec son aide et l’argent investi, le football hongrois commence à sortir la tête de l’eau. Ce fut un acteur crucial pour la qualification pour l’Euro 2016 !

Je peux dire que je suis très fier de faire partie de la famille du football islandais !

Comment en es-tu arrivé à passer de la Hongrie à l’Islande ? Ce n’est pas quelque chose de commun.

J’ai commencé ma carrière en Hongrie, mais en 2001, j’ai subi une blessure à mon genou, et mes rêves professionnels se sont envolés … J’ai eu besoin d’une année pour pouvoir reprendre le sport, la rééducation a été très longue, mais je voulais toujours jouer au football, donc j’ai commencé à regarder les offres à droite à gauche. Un jour, j’ai reçu un appel d’un ancien coéquipier, Gabor Arki, qui me proposait de rejoindre la Finlande. J’ai pris mes affaires et je suis parti direction le Rovaniemen Palloseura, en première division finlandaise. En 2004, mon contrat était terminé et j’ai reçu un autre appel, cette fois-ci de Sandor Forizs qui m’invitait à rejoindre l’Islande.

Je n’avais absolument aucune connaissance du pays, mais après avoir bien discuté avec ma famille, j’ai décidé de m’y rendre. Je n’avais absolument aucune idée d’où j’allais, mais, au fond de moi, j’avais un sentiment qui me disait d’essayer cette destination. Ce fut la meilleure décision que j’ai pu prendre dans ma vie. J’ai en effet trouvé un endroit en lequel je peux croire, et un club où je suis respecté sur le terrain. Aujourd’hui, je commence ma treizième saison en Islande, et le football a beaucoup changé ici. J’ai commencé au KA Akureyri, et je joue désormais depuis trois ans dans l’autre club de la ville, le Thor Akureyri en Inkasso Deildin, la deuxième division islandaise. Il y a treize ans, quand les gens me demandaient « mais qu’est ce que tu fais dans un endroit comme Akureyri ? » (NDLR : Akureyri est la quatrième ville du pays ; situé au nord de l’Islande et qui compte environ 17000 habitants), je ne savais pas quoi répondre. Maintenant, je peux dire que je suis très fier de faire partie de la famille du football islandais !

D’ailleurs, qui vas-tu supporter lors de cet Islande-Hongrie ?

Malgré le fait que je joue en Islande depuis 13 ans, je porterais avec fierté le maillot hongrois le 18 juin (sourire).

© isavia.is
© isavia.is

Comment définirais-tu le football islandais, que l’on connaît assez peu ?

En 13 saisons, j’ai pu voir une grande évolution. Les meilleurs clubs actuels sont le KR Reykjavik, Hafnarfjordur et Stjarnan qui se partagent les premières places depuis plusieurs saisons. Ils deviennent de plus intéressants au niveau européen, même si la qualification semble encore bien lointaine. Même si quasiment aucun joueur de la liste des 23 ne joue dans le championnat local, celui-ci devient de plus en plus relevé.

Parfois, je travaille en tant que guide dans certains musées, je suis donc imprégné de la culture islandaise et des sagas telles que Njall le Brûlé et Erik le Rouge.

Comment est la vie de tous les jours à Akureyri ?

La vie à Akureyri n’est pas si différente de la majorité des villes européennes. Nous avons des écoles, l’université, deux équipes de football, une équipe de handball, beaucoup de centres culturels, c’est pourquoi nous recevons beaucoup de touristes l’été ! L’hiver est toujours blanc, parfois il y a tellement de neige que nous restons bloqués dans la maison, mais cela n’arrive pas tous les jours. On roule en 4×4, c’est indispensable en Islande. Parfois, je travaille en tant que guide dans certains musées, je suis donc imprégné de la culture islandaise et des sagas telles que Njall le Brûlé et Erik le Rouge.

Quel est, jusqu’à présent, ton meilleur souvenir dans le football ?

En 2004, nous avons disputé un quart de finale de coupe islandaise contre l’IB Vestmannaeyjar et le score était de 0-0 à la 90ème minute. Il était de 0-0 également après les prolongations, et j’avais donc un rôle extrêmement important pour qualifier mon équipe. Lors de la séance de tirs aux buts, j’ai arrêté les trois premières tentatives, et nous avons converti les trois de notre côté ! Nous avons gagné cette rencontre, et ce fut un moment riche en adrénaline pour moi … À ce que je sache, je suis le seul gardien dans l’histoire du football islandais à ne pas avoir concédé de buts en 120 minutes avec les tirs aux buts !

Pour terminer en douceur, as-tu eu l’opportunité de visiter le fameux musée du phallus islandais ?

Oui, j’ai déjà eu cette chance (rires).

Nous tenions à remercier Matus pour le temps qu’il nous a accordé. Nous lui souhaitons un bon Euro 2016 avec les couleurs hongroises, ainsi qu’une bonne suite de carrière.

Antoine Jarrige

1 Comment

  1. Mamette 15 août 2016 at 16 h 29 min

    Articles très agréables à lire et bien écrits. Continuez.

    Une lectrice des jeux de St Georges de Didonne!

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