Temps de lecture 6 minutesEn route pour la Russie #16 : La Russie, bête noire de la Suisse ?

Notre dispositif Coupe du Monde se met en place et cette nouvelle série d’articles va vous accompagner de manière hebdomadaire jusqu’à l’ouverture de la compétition. Chaque semaine, nous faisons le lien entre un pays qualifié pour la compétition et le pays organisateur. Place ce jeudi à la Suisse et ses difficultés en terre russe. 


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Certaines affiches entre équipes nationales peuvent susciter de fortes attentions de la part des observateurs. L’un des facteurs influençant l’excitation du public est l’historique des confrontations entre les deux équipes. Ainsi, pour de nombreuses sélections, certaines rencontres ont tourné à l’affiche de légende. On a ainsi souvent entendu parler de l’Italie comme bête noire de l’Allemagne, de la Croatie comme bête noire de l’Italie, de l’Allemagne comme bête noire de la France, de la France, de l’Allemagne et de la Grèce comme bêtes noires du Portugal, du Portugal comme bête noire de la Turquie et de la Bosnie-Herzégovine, du Ghana comme bête noire des États-Unis, ou encore de la Belgique comme bête noire de la Russie. Et la Russie, est-elle la bête noire de quelqu’un ? Bien qu’il ne s’agisse pas d’une affiche particulièrement connue (même entre les supporters de ces équipes), la nation la plus à même d’être ce quelqu’un est la Suisse.

Depuis 1966, la Russie et la Suisse se sont rencontrées à treize reprises (pour huit victoires russes) dont neuf fois en matchs de compétitions (pour sept victoires russes) et cinq fois depuis la chute de l’Union soviétique (pour quatre victoires russes). Il est possible de mettre fin à des séries. Ainsi, la Suisse a battu l’Espagne pour la première fois de son histoire au Mondial 2010 après dix-huit rencontres infructueuses. De même, à l’Euro 2016, le Portugal a battu la France qui a battu l’Allemagne qui a battu l’Italie ce qui a marqué la rupture de séries historiques. À ce jour, il demeure plusieurs adversaires contre qui la Russie n’a jamais perdu. Évidemment, les Russes ont toujours battu les Liechtenstein, Luxembourg, Saint-Marin, Andorre, etc. L’intérêt de ces séries vient de celles perçues comme « illogiques » alors qu’un nombre significatif de matchs aurait pu la briser. Il peut s’agir d’une équipe forte qui perd tout le temps contre une plus faible, mais aussi deux équipes de niveau équivalent avec une seule qui remporte tous ses matchs contre l’autre. Dans cette catégorie-là, l’adversaire qui se rapproche le plus de l’équipe dont la Russie est la bête noire est la Nati.

Historique des rencontres

20 avril 1966 : Suisse vs. URSS (2 – 2)

1966 est fut une belle année footballistique pour le foot russe/soviétique. Cette année-là, l’équipe rouge a accédé aux demi-finales du Mondial 1966. Les Soviétiques ont disputé leur première rencontre contre l’équipe de Suisse à Bâle lors de leur préparation avant le meilleur Mondial qu’ils n’auront jamais réalisé pour un match nul prolifique (2-2).

1er octobre 1967 : URSS vs. Suisse (2 – 2)

Un an et demi après leur première rencontre, l’URSS et la Suisse se retrouvent encore en match de préparation avant une grande compétition. Les Soviétiques devaient préparer l’Euro 1968 qui se profilait en Italie. Les ancêtres de la Russie recevaient la Suisse pour la première fois dans leur antre à Moscou. Nouveau match nul sur le même score (2-2) et quelques mois plus tard, l’Union soviétique allait être éliminée en demi-finales après un tirage au sort face au pays hôte, seul moyen à l’époque de départager deux nations qui s’étaient neutralisées.

12 octobre 1975 : Suisse vs. URSS (0 – 1)

C’est lors de la troisième rencontre face à la Suisse que l’URSS/la Russie a ouvert son compteur de victoires et il s’agit paradoxalement du moment où les Soviétiques ont commencé à rentrer dans le rang après l’âge d’or des années 60. Les deux nations, tirées dans le même groupe de qualification pour l’Euro 1976 avec l’Irlande et la Turquie, devaient s’affronter en matchs aller-retour. Le match aller est en Suisse à Zürich. Il voit l’Union soviétique triompher de la Suisse sur la plus petite des marges grâce à un but de Vladimir Muntian (Ukrainien d’origine roumaine) pour le premier match de compétition entre ces deux équipes.

12 novembre 1975 : URSS vs. Suisse (4 – 1)

Le match retour des éliminatoires de l’Euro 1976 entre l’URSS et la Suisse a lieu un mois après le match aller et il est organisé à Kiev. L’équipe soviétique s’impose assez largement face à la Nati. Avec quatre buts marqués par Anatoli Konkov, Vladimir Onischenko et Volodymyr Veremeyev (Ukrainiens), l’Union soviétique valide sa première place dans son groupe. Elle ne se qualifiera malheureusement pas pour la compétition, éliminée en barrages par la Tchécoslovaquie.

13 avril 1983 : Suisse vs. URSS (0 – 1)

Union soviétique et Suisse se retrouvent en avril 1983 pour un match amical organisé à Lausanne. Les deux équipes sont en plein éliminatoires pour l’Euro 1984. L’Armée rouge venait juste de participer au Mondial 1982 et tentait de se redonner un nouveau vent de fraîcheur. Elle ne va échouer qu’à un seul point de la qualification, devancée par le Portugal. La Suisse va aussi terminer à la seconde place de son groupe derrière la Belgique, mais devant l’Allemagne de l’Est et l’Écosse. Lors de cet amical, l’Union soviétique l’emporte en Suisse.

17 avril 1985 : Suisse vs. URSS (2 – 2)

Les choses sérieuses reprennent en 1985 lorsque la Suisse et l’URSS (qui était à l’époque une équipe en pleine relance avec un fort accent ukrainien) sont tirées dans le même groupe de qualification pour le Mondial 1986. Les Soviétiques ont pourtant mal commencé après avoir perdu contre l’Irlande et avoir été tenus en échec par la Norvège. Les Suisses, vainqueurs de leurs deux premiers matchs, espèrent profiter de l’accueil à Berne d’une Armée rouge mal en point pour remporter leur première victoire contre cet adversaire, mais menée par deux buts de Gavrilov et Demyanenko, la Suisse ne peut que se sauver d’une défaite dans le temps additionnel.

2 mai 1985 : URSS vs. Suisse (4 – 0)

Le match retour entre l’URSS et la Suisse pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 1986 est joué à Moscou. Devant 85 000 spectateurs, l’Union soviétique transforme son adversaire en purée par deux doublés de Protasov (Ukrainien) et Kondratiev (Biélorusse). La Suisse paie au prix fort cette défaite puisqu’elle va la priver de Mondial au classement final avec deux points de retard sur l’URSS (qui ira jusqu’en huitièmes de finale avec ce match acharné contre la Belgique). C’était la dernière fois que les équipes se rencontraient sous l’ère soviétique.

10 février 1997 : Russie vs. Suisse (2 – 1)

On pourrait être tenté de penser que les bonnes séries soviétiques étaient dues à la présence des Ukrainiens (la Suisse n’a d’ailleurs jamais battu l’Ukraine indépendante non plus), mais même la Russie indépendante, pourtant bien plus faible que l’URSS, a continué de gagner contre la Suisse. Néanmoins, en 1997, on trouve encore des Ukrainiens dans la sélection russe. Cette année-là, les deux équipes jouent la finale de la Lunar New Year Cup (ou Carlsberg Cup) à Hong Kong et c’est la Russie qui l’emporte grâce à deux buts marqués par Igor Simutenkov. La réduction du score suisse de Patrick Thuler sera vaine.

2 septembre 2000 : Suisse vs. Russie (0 – 1)

Les deux équipes sont tirées ensemble lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2002. Elles se rencontrent à Zürich dès la première journée. D’entrée, la Russie, qui comporte de moins en moins de joueurs ukrainiens, s’impose par un but de Beschastnykh. Le rythme a été lancé. Au tableau final, la Russie terminera première et se qualifiera pour cette Coupe du Monde.

6 octobre 2001 : Russie vs. Suisse (4 – 0)

Un an plus tard, la Russie accueille la Suisse à Moscou pour le compte de la dernière journée des éliminatoires du Mondial 2002. Elle n’a besoin que d’un nul pour valider sa première place, mais elle a fait mieux. Un triplé de Beschastnykh et un quatrième but de Yegor Titov ont envoyé la Sbornaïa au Japon et en Corée du Sud tandis que le sort de la Suisse était déjà quasiment fixé avant le coup d’envoi.

7 juin 2003 : Suisse vs. Russie (2 – 2)

Suisse et Russie se retrouvent encore pour les éliminatoires de l’Euro 2004 dans le groupe 10. Cette fois, la Suisse est favorite de la rencontre. En effet, les Russes restent sur deux déplacements catastrophiques conclus sur des défaites contre l’Albanie et la Géorgie. Alors que la Suisse avait marqué deux buts dans le premier quart d’heure et qu’elle était en voie de remporter sa première victoire sur la Russie/URSS, elle a encore laissé la victoire échapper, un Russe s’offrant un doublé pour égaliser. Le nom du buteur ? C’est quelqu’un de bien connu et qui était encore un joueur de la Sbornaïa jusqu’à il y a peu, un joueur emblématique qui allait intégrer la défense centrale du CSKA Moscou pour y rester encore à ce jour : un certain Sergey Ignashevich !

10 septembre 2003 : Russie vs. Suisse (4 – 1)

Après le match aller entre Russie et Suisse pour les qualifications à l’Euro 2004, la Russie doit rattraper du retard sur la Suisse après un énième faux-pas en Irlande. À Moscou, malgré une frayeur sur un CSC de Karyaka dès la douzième minute, un triplé de Dmitry Bulykin et un quatrième but d’Aleksandr Mostovoi ont ramené la Sbornaïa à un seul point de la Nati. Celle-ci s’imposera contre l’Irlande et validera sa première place tandis que la Russie se qualifiera par les barrages.

27 juin 2007 : Suisse vs. Russie (1 – 1)

La Suisse s’apprête à coorganiser l’Euro 2008 et dispute des matchs amicaux. Elle affronte sa bête noire dans l’un d’eux, un an avant que la compétition ne soit disputée. Elle échouera une fois de plus à s’imposer face à une formation russe coachée par Guus Hiddink qui allait accéder aux demi-finales de l’Euro 2008 en battant les Pays-Bas… en terre suisse ! Cette rencontre reste la dernière à ce jour entre les deux formations. À noter que depuis, la Russie s’est payé le luxe d’écraser l’Italie en Suisse une semaine avant le coup d’envoi de l’Euro 2012.

Philipe Ray

 

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