Nous avons discuté avec Kristina Kozel, femme journaliste, présentatrice TV et spécialiste de football en Biélorussie. Elle tient un blog où elle poste ses reportages vidéos dans lesquels elle discute avec tous les acteurs du football biélorusse, et où elle leur pose des questions venues de fans ou de spectateurs. Reportages qui passent désormais également dans son émission de télévision. Mais le mieux, c’est que ce soit cette femme courageuse et optimiste qui présente elle-même son travail.
Bonjour Kristina, est-ce que vous pourriez présenter votre travail pour nos lecteurs ? Comment vous est venue cette idée de faire de courts reportages vidéos ?
L’amour pour le football, je l’ai depuis mon enfance. Papa voulait un garçon mais c’est moi qui suis née. Du coup, il m’a emmené au match, au stade même quand il jouait avec ses amis. Du coup je suis devenue intéressée. Une fan lambda. Mais après avoir terminé l’Université Technique Nationale de Biélorussie (BNTU), alors que j’étais en doctorat et que j’enseignais l’économie dans cette même université; j’ai commencé à travailler pour le journal « Bсе о Футболе » (Tout sur le football). J’ai travaillé là-bas un peu plus de deux ans et puis j’ai passé un casting pour être présentatrice télé dans la plus grande holding média du pays. Au début, j’ai été embauchée comme stagiaire dans le département sport et l’on m’a demandé de faire des programmes sur le football au format internet. Bien sûr j’ai accepté. Ils ont trouvé un nom intéressant qui reprenait mon nom : « Kozel pro Futbol » (Il s’agit d’un jeu de mots entre mon nom et celui d’un animal. En accentuant le nom de famille KOzel différemment. On obtient koZËl qui veut dire bouc en russe. [Bouc/Kozel sur le football]). L’idée a plu à la direction. La première saison en 2013 ne fut diffusée que sur internet mais c’est ensuite devenu le premier média du pays à passer d’internet à la télévision. Aujourd’hui, les spectateurs peuvent le voir aussi bien sur leur ordinateur que sur leur télé.
La principale idée du projet, c’est de populariser le football biélorusse. Dans notre pays, nous avons un problème d’affluence. Il arrive même qu’il n’y ait pas 1 000 spectateurs dans le stade pour des matchs de Première Ligue. C’est pourquoi nous avons décidé, avec l’aide de mon programme, de montrer que notre football était intéressant, digne d’être regardé et d’y porter attention. Pendant le tournage, nous essayons d’attirer les spectateurs: durant la première saison, nous interviewions les fans pendant l’avant-match; avec la deuxième, nous organisions un concours de pronostic entre les spectateurs. Voilà, cette année, nous leur permettons de poser leurs questions aux joueurs sur les réseaux sociaux, et nous transmettons ensuite la question au joueur visé. En conclusion, notre programme est le seul à permettre aux spectateurs d’y prendre part.
Dans le monde du football, il y a toujours des problèmes de sexisme et il est dur pour les femmes de percer dans ce milieu ! Avez-vous été confrontée à ces problèmes en Biélorussie ?
Au début, bien sûr ! C’est une chose qui existe dans le monde entier. Quand je suis venue travailler pour le journal, on m’a même proposé un pseudonyme masculin car ils disaient que personne ne croirait une femme qui écrit sur le football. Mais j’ai refusé et j’ai gardé mon nom pour écrire et bien entendu j’ai été confrontée à des interrogations sur ma crédibilité. Surtout si l’on considère que j’étais la seule femme dans toute la presse spécialisée. Mais après, ils se sont habitués; sans doute car ils ont vu que je ne me suis pas découragée. (Sourire)
En plus de cela, je n’ai jamais essayé d’en tirer avantage: toujours un maquillage strict, jamais de tenues suggestives au travail. Retenue et sérieux. Pour résumer, maintenant je me suis complètement adaptée, mais quand une fille vient me demander des conseils pour travailler dans ce milieu, je la préviens toujours qu’il faut être prête à faire face à pas mal de difficultés. Là où un homme a besoin de faire un pas, toi tu dois en faire cinq. C’est la vérité objective et il n’y a pas la place pour la bouderie.
Vous posez donc aux joueurs des questions écrites par les téléspectateurs après le match. Ils n’y répondent pas toujours exactement, mais visiblement le font sans rechigner. A quel point cela a été difficile de leur faire accepter ce système ?
La particularité de nos joueurs biélorusses, c’est qu’ils ne reçoivent pas l’intérêt de la presse qu’ils mériteraient. Il y a des joueurs importants, reconnus comme tels, et la presse va automatiquement vers eux. Mais il y a des gars qui sont timides, modestes ou qui ont une expérience avec la presse très limitée et pas toujours glorieuse. Avec eux, le plus important c’est d’être soi-même. Si tu travailles honnêtement, tôt ou tard, ils comprennent et ils n’auront plus peur de faire des commentaires. Au début, avec moi, comme avec tous les débutants, ils se comportaient avec méfiance et quelques fois ils refusaient de parler mais les années de travail ont changé la situation. Désormais, si une interview est impossible, ce n’est que pour une seule raison: le joueur n’a pas le moral ou pas d’envie de parler, cela arrive. Je considère que le travail de footballeur, comme il est public, demande de ne pas être guidé par l’humeur; mais nous avons tous nos petites faiblesses. Vous savez, chez nous, à part les news, nous n’avons que deux émissions sur le football et cela ne permet de parler et d’être écouté souvent alors que nous joueurs sont, pour la plupart, des interlocuteurs intéressants et intelligents.
Quelles sont les ambitions des clubs biélorusses en Coupe d’Europe ?
Bien sûr, les clubs biélorusses veulent jouer de manière valeureuse en Coupe d’Europe. L’année dernière notre multiple champion, le BATE, est une nouvelle fois arrivé à la phase de poules de la C1; le Dinamo Minsk est lui arrivé pour la première fois jusqu’en phase de poules de Ligue Europa. Le Shakhtyor Soligorsk s’en est lui arrêté à ses portes. Ces équipes veulent répéter, voire, améliorer ces performances et tout autre résultat serait pour ces équipes une déception. Nos leaders ont un fort caractère alors que nos supporters sont beaucoup plus présents dans le soutien dès qu’il s’agit de la scène européenne. J’espère de tout cœur que cette saison sera meilleure que la précédente. C’est ce que je souhaite à nos équipes.
Comment jugez-vous la saison 2015 en Biélorussie ?
En ce moment, c’est le milieu du championnat. Cette année, avec le changement de formule, il y a quatorze clubs au lieu de douze et donc seulement 26 journées au lieu de 32. Le championnat va se finir un mois plus tôt. Déjà aujourd’hui, le BATE est premier et vole vers son douzième titre avec une avance importante sur le deuxième. Rien de fondamentalement nouveau ou de sensationnel cette saison; à part peut-être la performance du Belshina Bobruisk qui peut sembler un peu étonnante. Mais nous avons de nombreuses équipes fortes en milieu de tableau et il est encore tôt pour en tirer des conclusions.
Quelle est la place du football dans la vie sportive du pays ? Par rapport au hockey ? Quel est le sport le plus populaire ?
Il faut préciser que le championnat de football se passe sur un format « printemps – automne » alors que le hockey se joue en « automne – printemps ». Du coup, les deux sports ne se font pas réellement concurrence. Ils sont tous les deux très populaires. Je dirais que le football est plus un sport de masse alors que le hockey représente la fierté de notre pays.
Il est visible que le championnat biélorusse cherche de nouvelles idées pour se développer et s’améliorer: un nouveau format, plus de matchs télévisés. Qu’est-ce qui serait pour vous indispensables encore pour l’améliorer ?
D’abord il nous faudrait comprendre que notre championnat est de bon niveau. Si l’on prend nos voisins: Lettonie, Lituanie, Pologne, Ukraine et Russie et que l’on regarde les équipes où jouent en majorité des joueurs du cru, nous faisons jeu égal sans problème. Seuls les clubs comme le Zenit ou le Shakhtar sont au-dessus, mais ils sont formés en majorité de légionnaires, ce que nos clubs ne peuvent pas se permettre financièrement. Nous ne sommes pas conscients de notre importance. Depuis 2008, à part une année, le BATE est toujours en coupe d’Europe, l’an dernier nous avons même eu deux clubs. Je ne pense pas que toutes les nations européennes puissent s’enorgueillir de tels résultats mais chez nous on en veut plus. On ne se rend pas compte de ce que l’on a déjà. Si nos joueurs et spécialistes, plutôt que d’envier les autres, commençaient par s’aimer et s’estimer eux-mêmes, tout irait déjà beaucoup mieux. Il ne faut pas attendre qu’arrivent de nouveaux enfants, mais plus souvent se rendre compte que nous sommes une nation géniale.
Il y a encore quelque chose, c’est le travail sur soi-même que ce soit pour les débutants ou les professionnels. Nous comprenons tous que le travail de sportif, ce n’est pas seulement l’entraînement et les matchs. Il faut entraîner le corps et la tête, se nourrir correctement, apprendre des langues, améliorer ses réactions, etc. Mais ce problème renvoie au premier, si tu ne te connais pas, tu ne t’estimes pas à ta juste valeur; alors tu ne te fixes pas d’objectifs hauts, tu n’essayes pas d’aller toujours plus haut et en conséquence tu te reposes sur ce que tu as. Et au moment où tu te permets de te relâcher, alors tu n’es pas un sportif. S’il n’y a pas de véritables athlètes alors le niveau restera faible.
Quelle note donneriez-vous au travail de la Fédération de Biélorussie ?
La fédération crée de nouvelles choses tous les ans pour permettre à notre football de se développer. Comme partout, il y a des accords et des désaccords mais ce qui est évident c’est qu’il y a un mouvement vers l’avant. Ils ont un très bon contact avec la presse et leurs portes sont toujours ouvertes pour discuter. Avec les clubs, le travail est également très lié. Actuellement, se construit le nouveau centre d’entraînement pour la sélection que notre représentant Sergey Rumas a coordonnée avec Michel Platini. Si je dois juger objectivement, je dirais 8 sur 10 et c’est seulement car on peut toujours aller encore plus de l’avant.
Y-a-t-il des problèmes de corruption dans le football biélorusse comme dans d’autres championnats d’Europe de l’Est ?
Pour répondre à cette question, j’ai regardé spécialement des informations provenant de sources différentes car chez nous c’est tellement calme à ce niveau qu’il n’y a rien que l’on puisse même se rappeler. Je peux dire avec assurance que nous n’avons pas de problème de ce genre en Biélorussie.
Comment vous voyez l’avenir du football biélorusse ?
Je pense que nous allons continuer notre développement et renforcer notre position dans la hiérarchie européenne. Nous avons une nouvelle génération de joueurs intéressants qui grandit et qui doit se montrer à son avantage. Nous avons désormais des éducateurs de jeunes ambitieux qui ont un salaire décent et la volonté de faire devenir stars certains de leurs jeunes. Ils travaillent avec les enfants d’une manière nouvelle, plus « à l’européenne ». De plus, à la tête des clubs se trouvent de plus en plus de jeunes spécialistes ou footballeurs d’hier pour qui il est plus facile de garder contact avec l’équipe et de mettre en place de nouveaux systèmes. Il faut espérer que les clubs, lentement mais sûrement, apprennent à générer des revenus suffisants d’eux-mêmes. Ainsi, je pense que sur cette voie-là, nous obtiendrons des résultats tangibles d’ici dix à vingt ans.
A votre avis, quelle équipe pourrait mettre fin à la domination du BATE et quand ?
Tous les ans, à la veille du début de saison, il y a des équipes comme le Dynamo Minsk ou le Shakhtyor Soligorsk qui déclarent qu’ils vont batailler pour le titre. Et comme une règle, les mots ne deviennent jamais des faits; et la cause est que dans ces cas-là, la volonté seule suffit rarement. BATE est une équipe gagnante et stable, qui ne fait que peu de changements dans son effectif ainsi que dans son staff. Ses objectifs sont constants et sa situation financière est bonne. Les changements se font dans la douceur et sans mal ni folie. Si d’autres clubs s’engagent enfin dans cette voie-là, alors enfin il sera possible d’interrompre la série du BATE. Mais pour le moment, il est beaucoup trop tôt pour parler de cela, l’an dernier, le Dynamo a fait une bonne saison mais la participation à la C3 leur a enlevé des forces car l’équipe était confrontée pour la première fois à la situation de jouer sur deux tableaux (au contraire du BATE qui y est habitué). Mais cette année, le Dinamo a encore une fois tout changé, et la deuxième place les attend de nouveau, même si le championnat qui n’a pas encore commencé ses matchs retour peut nous réserver des surprises.
Sergey Krivets, joueur de l’équipe nationale mais aussi de Metz n’a pas pu/su montrer l’étendue de son talent en France et a complètement perdu sa place. Comment cela est-il vécu au pays ?
Sans doute qu’il vous ait plu facile de voir comment il a joué en France. Chez nous, on le considère comme un joueur de très haut niveau et l’an dernier il a été élu meilleur joueur de Biélorussie. Il est possible qu’il lui faille encore du temps, de la patience et la confiance du coach. Il faut aussi qu’il apprenne la langue. Sergey n’est pas du genre à baisser les bras et il peut encore se montrer et se révéler à Metz et aider l’équipe à retrouver l’élite. Ici, on croit en lui !
Avez-vous des histoires insolites à nous raconter en lien avec votre travail ?
Tout d’abord, l’an dernier nous offrions des écharpes au nom de l’émission aux vainqueurs des concours de pronostic parmi les fans. J’ai déjà expliqué que mon nom prononcé différemment veut dire « bouc » [NDLR: En russe, cet animal sert aussi à désigner de manière offensante un homme qui ne s’est pas bien comporté]. Alors à l’entrée du stade, le représentant de la sécurité a vu notre écharpe et a demandé qui nous voulions insulter. Il ne connaissait pas l’existence de l’émission et a donc lu « Kozel » de la mauvaise manière. Pour vérifier, il a pris l’écharpe et est allé dans les tribunes pour demander aux spectateurs si notre émission existait vraiment. Il a obtenu la confirmation, on a clos l’incident et gentiment rigolé ensemble.
Ensuite il y en a une autre qui s’est déroulé lors de Biélorussie – Espagne, dans le stade « Dinamo » (aujourd’hui en travaux). Après le match, on attendait la conférence de presse de Vicente Del Bosque qui doit durer exactement quinze minutes, mais dans ce stade la salle de presse se trouve à plus de cinq minutes des vestiaires. Je le cherche donc partout et Del Bosque est introuvable. Comme il ne restait que quatre minutes avant la conférence, j’ai compris que je n’y arriverais pas. Du coup, je suis rentré dans le vestiaire pour le trouver, et les joueurs avaient déjà eu le temps de se déshabiller, j’ai dû donc m’excuser et chercher l’entraîneur. Mais il n’y était pas non plus ! En fait, il avait demandé une pièce spéciale pour pouvoir s’isoler de tous, mais je l’ai trouvé et la presse a pu s’entretenir avec ce grand entraîneur. Avec un peu de retard quand même. (Rires)
Comment jugez-vous le niveau des infrastructures en Biélorussie ?
Objectivement, nous n’avons qu’un seul stade de niveau européen, la Borisov Arena, stade du BATE. Mais dans les capitales régionales ainsi que dans les autres villes, il y a beaucoup d’infrastructures décentes. Bien sûr on vise le meilleur, et on construit de nouveaux stades ainsi que des nouvelles salles. Mais bon, cela ne se réalise pas toujours aussi vite qu’on le souhaiterait…
En tant que femme, j’imagine que l’on vous a souvent poser des questions liées au football féminin. De mon point de vue, il n’est pas suffisamment développé en Europe de l’Est. Qu’en est-il en Biélorussie ? Voudriez-vous qu’il devienne de meilleur niveau ?
Pour être honnête, on ne m’a jamais posé cette question ! Vous êtes le premier. Il est clair que chez nous le football féminin commence à peine à se développer. Dans le championnat, cette saison, il n’y a que six équipes. Mais ici tout est question de finances: la priorité c’est le foot masculin et c’est pour cela que personne ne met d’argent dans le développement du football féminin. Et puis sa popularité est largement inférieure… Mais je sais que la fédération travaille dans ce sens. Le plus intéressant est de savoir quel en sera le résultat dans quelques années.
Quel est votre meilleur souvenir lié au football biélorusse ?
Le premier match de Ligue des Champions sur le sol biélorusse. Quand il y a sept ans, le BATE s’est qualifié pour la phase de poule, c’était une vraie fête, un évènement. Mais tout le monde a réalisé vraiment lorsque dans le stade « Dinamo » a retenti l’hymne de la Ligue des Champions. Ce sentiment ne s’oubliera jamais, en plus nous avons failli gagner. Au final, le match s’est soldé par un match 2-2 contre la Juventus.
Je ne peux pas oublier le match de la sélection contre vous. Nous sommes encore fiers de notre victoire au Stade de France. Et quand trois ans après, la France est venue jouer à Gomel, notre émission existait déjà et j’ai vu de mes yeux un match splendide où nous avons mené deux fois au score ! Encore un souvenir inoubliable !
Enfin, quel est votre avis sur le football français ?
La France fait partie du Top-10 FIFA [enfin elle en faisait partie, il y a quelques semaines au moment de l’interview]. Cela veut tout dire ! La France possède l’un des meilleurs championnats du continent, mais aussi du monde. Beaucoup de buts, la vitesse de jeu, l’imprévisibilité, les infrastructures, l’environnement: c’est tout ce qui attire le regard et le spectateur. Une chaîne câblée retransmet votre championnat chez nous et j’essaye de regarder au moins un match par journée. Sans conteste, le PSG et Ibrahimovic appellent un intérêt plus fort de partout mais vous avez beaucoup d’équipes de pointes et cela rend le championnat encore plus intéressant à regarder. Il est toujours impossible de prévoir l’issue à l’avance, qui va être le meilleur ou le champion.
Je souhaite remercier vivement Kristina pour sa gentillesse, sa disponibilité et la manière positive et complète à laquelle elle a répondu à nos questions. On lui souhaite le meilleur dans sa carrière et pour son émission, qui, a d’inhabituel et de très honorable, qu’elle s’intéresse à tout le monde: supporters comme joueurs; joueurs lambda comme star; champion en titre comme promus. On souhaite également que son optimisme devienne réalité pour l’avenir du football biélorusse (qui d’ailleurs retrouvera la France sur la route de la Russie pour 2018) et nous continuerons à suivre le football biélorusse sur Footballski comme nous le faisons déjà depuis le début. Pour finir, et comme vous avez été au bout de cette longue interview, je vous offre pour le plaisir, ma photo préférée du calendrier 2015 de Kristina Kozel (que vous pouvez retrouver ici).
Adrien Laëthier
Qu’est-ce que la Russie? Ceci est un pays différent
Pourquoi ce commentaire Dima ? Tu as vu quelque chose dans l’interview ?
Bravo pour votre projet et votre travail. Kristina – c’est l’une des rares personnes dans nos médias biélorusses qui cherche qch de nouveau, tente de faire une bonne promotion.
Belle fille)