C’est le 21 septembre ! Le 21 septembre à 16h00 heure locale, 13h00 pour nous en France, que le deuxième match des seizièmes de finale de la Coupe de Russie débutera, quelques heures après un très intéressant SKA Khabarovsk – Spartak Moscou (les deux équipes sont très en forme, et si vous n’avez rien à faire le matin, je vous le conseille). Mais c’est ce deuxième match qui va faire vibrer mon âme de passionné de football russe pour enfin suivre ce que je n’ai jamais eu la chance de voir au stade : un vrai derby de l’Oural entre deux des huit plus grandes villes du pays.

FK Chelyabinsk – Ural Ekaterinbourg!

Au Tsentralny Stadion (Stade Central), le FK Chelyabinsk reçoit l’Ural Ekaterinburg, club du voisin parfois trop encombrant. Le deuxième de D2 Zone Oural-Privolzhie (Cis-Volga) reçoit le douzième de RPL. Ce n’est pas forcément une affiche inédite car les deux villes sont tellement proches (environ 200 kilomètres) que les deux équipes s’affrontent quasiment tous les ans en préparation d’avant-saison et pendant la trêve. Cet été d’ailleurs, la différence n’avait pas été si importante avec une victoire des Orange sur le score de 1-0, ce qui laissait peut-être présager un des meilleurs débuts de saison des joueurs de l’Oural du Sud depuis bien des années.

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Échauffement avant un match de coupe en 2011. © Adrien Laëthier

Pour ceux qui se demandent encore pourquoi je vous parle autant de cette ville industrielle, huitième ville de Russie, capitale de l’Oural du Sud connue pour ses tanks et tracteurs ainsi que pour sa météorite, c’est tout simplement que j’y ai vécu. Et que j’ai passé une bonne partie de mes mardis et jeudis après-midi à supporter ce club une année durant dans la monotonie des matchs de milieu de tableau du troisième niveau russe. Alors j’ai vu passer des Tyumen, Spartak Yoshkar-Ola, KAMAZ Naberezhnye Chelny, Akademia Togliatti, Neftekhimik Nizhnekamsk, Gornyak Uchaly, Syzran-2003, Rubin Kazan II avec même des futurs pensionnaires de RPL comme Ufa ou le Gazovik Orenburg. Mais jamais je n’y ai vu d’équipe de RPL (ni-même de FNL soit dit en passant) et pour cause, ce n’était plus arrivé depuis le 15 juillet 2009.

Ce jour-là, au même stade de la compétition, Chelyabinsk avait éliminé le Krylya Sovetov Samara de Leonid Slutskiy avant de perdre au tour suivant sur ce même terrain contre le leader de son groupe de D2, le Mordovia Saransk qui était à l’époque en plein développement et qui avait inscrit deux buts en deux minutes grâce à sa légende Mukhametshin. Les images de la victoire contre le Krylya Sovetov sont disponibles ici :

https://www.youtube.com/watch?v=JbOoLFG7V-M

Un football oublié

C’est aussi ça qui donne envie de voir ce match, de voir enfin ce stade plein, qui est de très bonne qualité d’ailleurs en Russie et ferait pâlir d’envie certaines équipes de RPL. Nul ne sait si le stade sera aussi plein qu’il y a sept ans car le désamour du football en Russie ne fait que grandir, mais on est à peu près sûr que l’affluence habituelle d’environ 1 000 personnes sera très largement battue. Car là est le drame à Chelyabinsk: dans une ville d’au moins 1 200 000 âmes (la huitième de Russie tout de même), on est incapable de remplir un stade de football et même si les horaires des matchs (en journée) pendant la semaine de travail ne facilitent pas la venue des spectateurs et autres supporters, c’est loin d’être la seule raison. Chelyabinsk, et plus largement l’Oural, est une terre de hockey et nombreux sont ceux qui vont jusqu’à ignorer l’existence de ce club de football, alors même que le stade est situé en plein centre ville, au cœur du très beau Parc Gagarine, où à peu près tous les couples et familles se promènent plusieurs fois par mois.

L'entrée du parc Gagarine.
L’entrée du parc Gagarine. © Adrien Laëthier

Evgeniy Kuznetsov, Nikita Nesterov, Evgeniy Dadonov, Artemiy Panarin. Pas moins de quatre joueurs de l’équipe nationale actuelle de hockey sont nés à Chelyabinsk (alors que Malkin et Kulyomin sont nés dans la région) comme beaucoup d’autres anciens internationaux. Même si le Traktor a quelques difficultés depuis sa finale de Coupe Gagarine en 2013, la ville ne jure que par ce sport de palet et il est ainsi difficile pour le football d’exister dans ce climat. Ainsi, nombres de clubs ont disparu: Avangard et Dinamo depuis bien longtemps, puis le Lokomotiv et enfin le Spartak, club éphémère qui a pourtant connu la FNL il n’y a pas si longtemps avec Torbinskiy, Khagush, Gâțcan et Vitaly Denisov dans ses rangs. Le FK Chelyabinsk est donc le seul club survivant de la ville avec ses bientôt 40 années d’existence, d’abord sous le nom Strela puis ensuite connu comme Zenit Chelyabinsk. Plus sobrement renommé FK Cheyabinsk en 2008, il n’a jamais fait mieux que sa troisième place de 1999, collectionnant les quatrièmes et cinquièmes places, toujours acquises suite à de fantastiques demi-saisons suivies de calamiteux printemps.

Les mauvaises langues disent d’ailleurs que les chutes sont toujours précipitées par le manque de finance du club, qui pousseraient à tout faire pour ne pas acquérir sur le terrain une quelconque montée obligeant le club et l’oblast à financer un budget de FNL. Toujours est-il que cette saison a commencé de très belle manière, malgré un accroc récent face au Nosta Novotroitsk, et que la victoire 3-0 contre le relégué KAMAZ a sans doute apporté à l’équipe la confiance nécessaire pour réaliser l’exploit face à un Ural qui n’a plus gagné le moindre match depuis le 31 juillet. L’exploit est donc à portée de mains et le fidèle capitaine Vladimir Ivanov, qui a pris sa retraite à quarante ans au printemps dernier (mais continue en amateur dans un petit bled minier des alentours : Korkino), serait fier des jeunes joueurs du sud de l’Oural s’ils s’entrouvraient les portes des huitièmes de finale.

Bienvenue en gare de Chelyabinsk, capitale de l'Oural du Sud. © Adrien Laëthier
Bienvenue en gare de Chelyabinsk, capitale de l’Oural du Sud. © Adrien Laëthier

L’équipe en elle-même est plutôt jeune, mais offensive. D’ailleurs Marat Shaymordanov (8 buts) et Aleksey Sazonov (7 buts) sont les deux meilleurs buteurs de la zone Oural en D2. Peu de titulaires ont plus de 25 ans, mais que les deux seuls trentenaires de l’équipe auront leur rôle à jouer dans un tel match. Il s’agit du défenseur Vadim Sergienko (ancien du Sibiryak Bratsk) et de Denis Uvrykov qui était déjà là du temps où j’arpentais les tribunes du Tsentralniy Stadion.

J’espère en tout cas qu’à défaut de vous avoir donné envie de regarder un match auquel vous n’auriez jamais pensé vous intéresser [le match ne sera visiblement pas retransmis finalement], j’ai pu vous faire partager une partie de ma passion pour un club et vous faire découvrir une ville, orpheline de football et oubliée des choix des villes hôtes pour 2018 et récemment écartée des candidates à accueillir un camp de base (car les travaux de rénovation étaient trop cher) mais qui va avoir, ce mercredi, un peu de temps pour retrouver le football et peut-être rendre un peu d’amour à sa vaillante et courageuse équipe.

 

Adrien Laëthier

За победой ! © Adrien Laëthier
За победой ! © Adrien Laëthier

Image à la une : © Adrien Laëthier

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