A chaque compétition internationale, la Croatie est porteuse de nombreux espoirs avec un statut d’outsider qu’elle peine néanmoins à prouver sur le terrain. Depuis 1998, les Vatreni ont été éliminés à chaque fois dès l’issue du premier tour, hormis lors de l’Euro 2008 où l’équipe emmenée par Slaven Bilic atteignit les quarts de finale lors d’un match d’anthologie contre la Turquie. Cette année encore, et peut être plus que jamais, les attentes derrière la sélection sont importantes, portées par des leaders arrivés à maturité et un milieu de terrain clairement exceptionnel. Le premier objectif est donc de sortir du groupe D face à la Turquie, la République Tchèque et l’Espagne.
La sélection
Gardiens :
Danijel Subašić (Monaco), Lovre Kalinić (Hajduk), Ivan Vargić (Rijeka)
Défenseurs :
Tin Jedvaj (Bayer Leverkusen), Darijo Srna (Šahtar), Šime Vrsaljko (Sassuolo), Gordon Schildenfeld (Dinamo Zagreb), Vedran Ćorluka (Lokomotiv Moskva), Domagoj Vida (Dynamo Kijev), Ivan Strinić (Napoli)
Milieux :
Mateo Kovačić (Real Madrid), Luka Modrić (Real Madrid), Marcelo Brozović (Inter), Ivan Rakitić (Barcelona), Milan Badelj (Fiorentina), Marko Rog (Dinamo Zagreb), Ante Ćorić (Dinamo Zagreb), Ivan Perišić (Inter)
Attaquants :
Marko Pjaca (Dinamo Zagreb), Mario Mandžukić (Juventus), Nikola Kalinić (Fiorentina), Duje Čop (Malaga), Andrej Kramarić (Hoffenheim)
L’équipe type :
Les points forts
La terre du milieu
Il n’est pas exagéré de considérer le milieu de terrain croate comme ce qu’il se fait de mieux en Europe, en tout cas sur le papier. Dans la pure tradition yougoslave, Luka Modrić et Ivan Rakitić sont voués à être les moteurs de l’équipe grâce à leur technique, leur qualité de passe et leur excellente vision de jeu. Le milieu dans son ensemble est d’ailleurs techniquement excellent au vu des autres joueurs que sont Kovačić, Perišić, Pjaca, Ćorić ou Rog. Avec un tel milieu de terrain, la Croatie devrait pouvoir contrôler le jeu à sa guise et se projeter vite et bien vers l’avant.
Le trident offensif
En pointe, Mario Mandžukić aura la lourde tâche de marquer des buts, appuyé par deux ailiers (ou milieux latéraux) chargés de lui délivrer des ballons. Ivan Perišić, auteur d’une belle saison à l’Inter est indéboulonnable à gauche. Josip Skoblar le considère d’ailleurs comme le meilleur joueur de l’équipe et il n’a pas tort dans le sens où il apporte des solutions à chaque match et dynamise clairement le jeu offensif. A droite, ce sera Marcelo Brozović ou Marko Pjaca. Le second manque d’expérience, il a tout à prouver mais sa capacité de dribble et de changements de rythme semble pouvoir faire la différence. Il ne lui manque plus qu’à prendre les bonnes décisions au moment du dernier geste ! Nikola Kalinić, Andrej Kramarić et la semi-surprise Duje Čop sont les autres buteurs Vatreni au niveau plus que correct. Un nombre d’attaquants qui permettra aussi à Ante Čačić de basculer en 4-4-2 selon les besoins. A noter que les deux ailiers sont parfois inversés pour les encourager à entrer dans l’axe.
Des jeunes joueurs très prometteurs
La prochaine génération est déjà dans les starting-blocks comme Šime Vrsaljko, prêt à prendre la relève de Darijo Srna dès la fin du tournoi. Ante Ćorić est l’autre perle qui promet d’exploser très bientôt. Sa première sélection contre la Moldavie en match de préparation a montré qu’il n’avait peur de rien, utilisant sa qualité de frappe pour mettre en danger l’adversaire. Autant dire qu’en cas de défection d’un joueur cadre, les pépites de demain pourront permettre d’avoir un niveau tout à fait acceptable. La liste de 23 a tout de même surpris avec la non-sélection d’Alen Halilović qui, malgré sa technique admirable, paie son jeu trop personnel et son incapacité à jouer simple. Avec un milieu de terrain déjà surchargé, Čačić a fait le choix de prendre des joueurs plus polyvalents (Ćorić et Rog peuvent jouer ailiers) et sans doute plus à même d’entrer dans le collectif.
Les points faibles
Une défense imprévisible
La principale faiblesse croate est sa défense dont le niveau réel est une grande inconnue. A droite, le légendaire Darijo Srna portera le brassard de capitaine pour ses derniers matchs sous le maillot à damiers mais inquiète dans le repli défensif depuis qu’il a plusieurs fois fini « le cul par terre » lors de la terrible défaite contre la Norvège (0-2) durant les éliminatoires. La charnière centrale, sans Dejan Lovren qui voulait l’assurance d’être titulaire, se composera du duo Vedran Ćorluka – Domagoj Vida à l’impact physique non négligeable ! Gordon Schildenfeld est le seul remplaçant d’expérience en défense centrale puisque Tin Jedvaj, encore très jeune, devra attendre son heure avant d’être aligné. Enfin, sur le côté gauche, Ivan Strinić est une solution par défaut puisque Danijel Pranjić est désormais trop vieux et Josip Pivarić s’est fait les croisés cet hiver. Très peu aligné avec le Napoli, il devra compenser son manque de rythme par de la fraicheur et sa connaissance du haut niveau.
Le poste de milieu défensif
La seule véritable faiblesse au centre est l’absence d’un solide milieu défensif depuis la retraite internationale de Niko Kovač en 2008. Milan Badelj était utilisé à ce poste lors des derniers matchs. Il apporte de l’équilibre et pourrait très bien être aligné à côté de Mateo Kovačić. Marcelo Brozović, par son endurance impressionnante peut également jouer ce rôle défensif ou apparaître sur un côté. Les solutions existent donc, même si elles ne portent pas encore entièrement satisfaction. Pour preuve, impossible de donner une équipe type précise au milieu !
Un coach très inquiétant
Ante Čačić n’a aucune expérience du haut niveau et ne doit sa place qu’à son entente avec Mamić. Son management tant humain que sportif est particulièrement décrié. Pour plus d’informations, nous vous conseillons de lire notre prochain article.
L’homme à suivre
On ne fait pas original en nommant Luka Modrić dans cette catégorie au vu de ses qualités. Pour autant, on attend encore qu’il confirme son statut de joueur d’exception en sélection puisqu’il n’a encore jamais réalisé le match référence qui devrait en faire le guide suprême du collectif croate. De plus, en l’absence d’un coach de renom, ce sera à lui de donner à l’équipe la marche à suivre. Son expérience, son leadership naturel et son positionnement font que l’Euro croate dépendra beaucoup de Modrić.
La prévision
L’effectif semble suffisamment complet pour passer le premier tour, avec des profils à l’aise le ballon au pied. Défensivement, c’est beaucoup moins rassurant et il faudra faire des efforts dans le repli et la récupération (propre) pour éviter les déconvenues dès le premier match contre la Turquie, une affiche devenue un classique. Les résultats très irréguliers lors des qualifications, la nomination du nouvel entraîneur qui a déjà essayé plusieurs tactiques et les matchs de préparation à 0 risque (Moldavie, Saint Marin) laissent planer un doute total sur le réel niveau de l’équipe et les chances pour les joueurs de donner leur plein potentiel.
Cédric Maiore, L’actualité du foot croate
Image à la une : © ATTILA KISBENEDEK/AFP/Getty Images
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