Temps de lecture 5 minutesCoupe du Monde 2018 – Russie : Andreas Granqvist, de Krasnodar à la Suède, capitaine et leader

Elle est là : la Coupe du Monde 2018. La vôtre… et la nôtre. Pour fêter cette compétition, chez nous, dans nos contrées russes, notre rédaction a décidé de faire les choses comme il faut en vous offrant différentes séries d’articles. Il est temps de passer à l’heure russe !

Ce samedi 7 juillet, la Suède affronte l’Angleterre à 16h00 heure française. Un match où un homme très important pour la sélection suédoise aurait pu être absent, tout comme ça aurait pu l’être contre la Suède. La raison ? Andreas Granqvist, capitaine des Blågult qui a succédé à ce poste au mondialement célèbre Zlatan Ibrahimovic, est devenu papa dans la nuit du jeudi 5 juillet au vendredi 6.

Joueur modèle, Granqvist a passé les cinq dernières années de sa carrière au FK Krasnodar où il a été rejoint plus récemment par Viktor Claesson. La Russie n’est donc pas un pays qui lui est inconnu et le grand suédois ne pouvait pas s’imaginer autre part cet été. Coup sur coup, la Suède a battu la France et écarté la Bulgarie, les Pays-Bas, l’Italie, la Corée du Sud, l’Allemagne, le Mexique, la Suisse et peut-être bien l’Angleterre ce samedi après-midi.

De la Suède à la Russie en passant par l’Europe

Andreas Granqvist est né le 16 avril 1985 (ce qui lui fait un âge avancé de 33 ans) à Påarp, petite bourgade de la municipalité de Helsingborg dans la province de Skåne.  Il rejoint le club local du Påarps GIF où il y a débute dans un premier temps comme milieu offensif avant d’être transféré à Helsingborgs IF en 2004 et de commencer sa carrière professionnelle. Il réalise ainsi ses débuts en Allsvenskan et marque quatre buts en douze apparitions. En 2005, il porte son total à dix-huit buts en 37 apparitions, puis seize en 23 en 2006. Cette année-là, Andreas Granqvist est capitaine de son équipe qui remporte sa troisième Coupe de Suède après une victoire contre Gefle (2-0).

Le futur capitaine de Krasnodar et de la Suède quitte son pays natal en 2007 et signe pour le Wigan Athletic. Le montant du transfert est estimé à £750 000. Pendant la saison 2007-2008, il réalise seize apparitions mais ne marque pas de but, Granqvist étant placé en position de défenseur central. Après un bref retour au Helsingborgs IF, l’homme d’un mètre quatre-vingt douze est transféré à Groningen aux Pays-Bas pour £600 000 où il signe un contrat de quatre ans. Il y marque un but de toute beauté contre Utrecht le 14 août 2008 :

Ce type d’accélération victorieuse, qu’il soit conclu par un but de lui, d’un coéquipier ou plus simplement une occasion, reste une caractéristique forte de son jeu à Krasnodar. Les marques de son passé de milieu offensif sont visibles et le joueur apporte toujours une forte touche offensive au jeu en plus de bien défendre. Il inscrit un but similaire le 10 mai 2009 à la toute fin de la saison d’Eredivisie :

Titulaire indiscutable du club, il dispute 33 matchs en 2008-2009 (cinq buts), 34 matchs en 2009-2010 (sept buts) et 37 matchs en 2010-2011 (douze buts).

En 2011, Granen (en suédois : épinette), comme il est souvent surnommé dans son pays (Granqvist signifie en suédois brindille d’épinette), est transféré en Italie à Genoa. Son contrat dure quatre ans, mais le Suédois ne reste en Italie que deux saisons en ayant toutefois été à nouveau un titulaire indiscutable avec 30 et 36 apparitions (deux buts au total, un par saison). Un an plus tard, Granqvist signe à Krasnodar.

Le capitaine du FK Krasnodar

C’est en 2013 qu’Andreas Granqvist est approché par la Russie. Il signe un contrat au FK Krasnodar qui n’est à l’époque qu’un club de milieu de tableau russe avec seulement cinq ans d’histoire. À son arrivée, Oleg Kononov vient d’arriver au club qu’il emmène à une qualification européenne en fin de saison. C’était la première fois que Granqvist allait vivre une expérience européenne en club. Rejoint par l’Islandais Ragnar Sigurdsson au milieu de la saison 2013-2014, le duo scandinave allait devenir un symbole emblématique de la progression du club qui allait se qualifier pour l’Europe les quatre années suivantes.

Granqvist succède à Martynovitch comme capitaine du club, statut qu’il conserve jusqu’à son départ en 2018. À l’âge de 33 ans, l’expérimenté suédois veut terminer sa carrière dans son pays natal. Un accord a été conclu avec Helsingborgs IF, depuis relégué en deuxième division après l’échec de la saison 2016. À son départ, Krasnodar est un club de haut de tableau ; il a accompli beaucoup de réalisations comme la qualification historique contre la Real Sociedad en 2014, les victoires prestigieuses contre Everton en 2014 et surtout le Borussia Dortmund en 2015 ou encore les victoires successives contre tous les gros du pays.

Sur le terrain, Andreas Granqvist pratiquE, comme son coéquipier Ragnar Sigurdsson, un football très physique et solide, mettant de l’impact dans les duels et proposant des solutions offensives grâce à des accélérations (exemple récent : le but du 3-1 contre Rostov) et des passes de qualité. Même pour les matchs soi-disant ratés de Krasnodar, le Suédois est systématiquement un remonte-moyenne comme lors des matchs retour contre le Celta de Vigo et l’Étoile rouge de Belgrade en 2017 (se procurant dans ce dernier cas une énorme occasion à la toute fin du match qui aurait pu sauver les siens). De plus, en symbole de la confiance accordée au joueur, Granqvist tire beaucoup de penaltys importants (il était l’un des trois tireurs avec Smolov et Mamaev) comme ceux qui relancent Krasnodar contre Wolfsbourg en 2014 et contre l’Étoile rouge en 2017.

Ce n’est toutefois pas le seul domaine où Granqvist excelle. Le capitaine est en effet un modèle de fair-play. Charismatique et inspirant, il a la capacité de désamorcer rapidement les échauffourées sur le terrain et suit tous ses coéquipiers à l’entraînement, prenant la peine de se déplacer pour voir tout le monde même quand il n’a pas obligation de s’y rendre ; considérant que tout le monde mérite de l’attention. Ses interventions devant la presse témoignent de sa capacité à lire le jeu par des déclarations souvent pertinentes. Comme un symbole, à la dernière journée de chapionnat, Krasnodar a rendu un vibrant hommage au Suédois en même temps qu’à un autre joueur historique (Joãozinho) avec une cérémonie d’adieux dans l’amphithéâtre du nouveau parc de Krasnodar et un jardinage grandiose de T-shirts avec le numéro 6 caractéristique du joueur sur la pelouse du Krasnodar Stadion à l’occasion du dernier match.

L’homme qui a transformé une Suède dans la tourmente ?

Capitaine du FK Krasnodar, Granqvist succède à Ibrahimovic comme capitaine de la Suède après l’échec de l’Euro 2016. Depuis, la Suède réalise un grand nombre d’exploits ; de la victoire face à la France à se qualifier pour les quarts de finale en passant par l’élimination des Pays-Bas et de l’Allemagne et par la victoire sur l’Italie en barrages, la Suède apparaît bien plus collective et cohésive que sous l’ère d’Ibrahimovic. Se peut-il que Granqvist joue un grand rôle comme capitaine dans ces réussites ? Sans l’ombre d’un doute !

D’une part, là où Ibrahimovic suscite de fortes divisions chez les observateurs entre les uns admirant son talent exceptionnel et les autres l’accusant d’être profondément arrogant, Granqvist jouit au contraire d’une popularité quasi-unilatérale bien que moins célèbre à l’étranger. À bien des égards, Granqvist est l’anti-Ibrahimovic. En effet, le capitaine suédois en 2018 ne s’est jamais permis de déclarer qu’une Coupe du Monde sans lui n’était pas une Coupe du Monde, ni que la Suède méritait plus de se qualifier que le Portugal pour la Coupe du Monde 2014 parce que la Suède avait l’Allemagne dans son groupe alors que le Portugal n’avait que la Russie.

La confiance et la popularité qui lui sont accordés à Krasnodar s’étendent à la Suède. Granqvist a déjà tiré deux penalties importants dans cette Coupe du Monde contre la Corée du Sud (1-0) et le Mexique (3-0, but du 2-0). On ne manque pas de préciser que le capitaine suédois, l’un des meilleurs sur le terrain lors de l’exploit contre l’Italie, s’est gentiment fait raser la tête sous les applaudissements euphoriques des autres joueurs par son coéquipier de la Suède et de Krasnodar Viktor Claesson. Symboliquement, Andreas Granqvist a mis fin à l’hégémonie de Zlatan au Guldbollen (Ballon d’Or) qui durait depuis plus de dix ans en récoltant le trophée à la fin de l’année 2017. Oui, Andreas Granqvist est bien l’un des pionniers du renouveau suédois !

Philippe Ray

 

 

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