Une autre issue qu’un nouveau titre pour le Red Bull Salzbourg est-elle possible en Autriche ? Depuis quelques années, ce championnat semble se diriger vers un modèle à la grecque où une grosse équipe écrase tout tandis que ses poursuivants doivent se contenter des miettes. Pourtant les deux clubs de Vienne montrent des signes encourageants, que ce soit dans leur recrutement ou leur gestion sportive. D’autres équipes, comme le Sturm Graz et Wolfsberger se sont également renforcés. Pour espérer gagner un 7e titre dans l’ère Red Bull, les coéquipiers de Jonathan Soriano vont devoir être plus forts que jamais.

Red Bull Salzbourg (1er avec 73 points, 99 buts marqués, 42 encaissés)

Le mercato a été relativement agité dans la ville de naissance de Mozart. De nombreux mouvements sont venus perturber l’intersaison, avec un effectif renouvelé à 40%. Malgré de très bons résultats en championnat, la direction a voulu renforcer l’équipe afin de la rendre plus compétitive en Europe. On pense notamment au fameux barrage de ligue des champions, cap que n’ont jamais franchi les hommes d’Adolf Hutter. Justement, ce mercredi ils affrontent les suédois de Malmö … qui les avaient éliminés l’an passé. Afin de répondre aux exigences de la compétition, Salzbourg a enrôlé plusieurs joueurs, et comme d’habitude ils sont souvent jeunes. Upamecano de Valenciennes (16 ans), Oberlin du FC Zürich (17 ans), Okugawa du Kyoto Sanga (19 ans), Airton de la Juventude (21 ans) et Lainer de Ried (22 ans). Le RB a dépensé au total pas moins de 8 millions d’euros sur le mercato. Il était impératif de compenser de nombreuses pertes, notamment liées à la filiale Red Bull de Leipzig, située en D2 allemande. Ilsanker, Gulacsi et Quaschner sont ainsi partis dans ce nouvel eldorado tout comme Sabitzer (meilleur passeur l’an passé tout de même), Bredlow et Bruno qui étaient prêtés par Leipzig. Pour la première fois depuis la révolution Red Bull, Salzbourg doit faire face à un véritable changement de cycle. La pression en sera d’autant plus forte.

Rapid Vienne (2e avec 67 points, 68 buts marqués, 38 encaissés)

Le plus vieux club pensionnaire de Bundesliga (depuis 1911) s’est refait une santé la saison dernière en réunissant à tenir tête au leader Salzbourg jusqu’à la fin du mois d’avril. S’appuyant sur de nombreux jeunes du centre de formation (Pavelic, Schaub, Starkl et Behrendt) mais également des étrangers de qualité (Béric, Petsos et le vétéran Hofmann), le club a su proposer un jeu à la fois spectaculaire et efficace l’an passé. Les dirigeants l’ont bien compris, ils n’ont pas trop bouleversé l’effectif lors de cette intersaison. Seul Marko Maric, le prometteur gardien croate a quitté le navire pour Hoffenheim. Son départ a été compensé par l’arrivée de Strebinger, le portier de la réserve du Werder Brême (acheté 500 000 €). Le club a signé quelques seconds couteaux pour étoffer son banc, tous libres : Huspek, Correa et Nutz sont arrivés de Grodig tandis que l’arrière droit Auer débarque en provenance de l’Admira Wacker. La saison du Rapid sera également déterminée par ses performances européennes, si le club réussit à passer le test de l’Ajax Amsterdam en tour préliminaire de Ligue des champions. Un match qui sent bon les années 70 …

SC Rheindorf Altach (3e avec 59 points, 50 buts marques, 49 encaissés)

Terminer troisième avec une différence de buts de seulement +1 est peu courant en Autriche. Ce qui est encore plus un exploit, c’est réussir à décrocher cette place dans une petite bourgade de 600 habitants, à l’extrême ouest du pays. Altach a su s’appuyer l’an passé sur une défense très solide et une relative efficacité de ses attaquants devant, de quoi assurer une place sur le podium amplement méritée. L’effectif n’a pas été bouleversé, faute de moyens financiers (budget de 2 millions d’€) mais également une volonté de stabilité. En effet le SC Alatch n’est présent en Bundesliga que depuis … un an ! Ce qui vous laisse imaginer le travail accompli par le staff et les joueurs, afin d’offrir la première qualification européenne de l’histoire du club (contre les portugais de Guimarães, jeudi prochain). Quelques infos mercato : le club n’a engagé que des joueurs libres : le latéral Schilling du FC Wacker en D2, Juan Barrera, un ailier hondurien du real Esteli et Hofbauer, un milieu défensif du Wiener Neustadt, le club relégué. Sur le plan des départs Altach a perdu plusieurs éléments importants comme Gercaliu son latéral expérimenté qui a signé au KF Tirana, son milieu Bodul qui s’est engagé avec Dundee United en Ecosse et son prometteur arrière gauche, Tajouri, qui a signé libre à l’Austria Vienne. A eux de démentir le dicton : la seconde saison est toujours la plus compliquée pour un promu …

SK Sturm Graz (4e avec 58 points, 57 buts inscrits, 41 encaissés)

L’historique Sturm Graz semble de retour au premier plan. Après sa bonne saison où il a terminé au pied du podium mais avec plusieurs idées de jeu intéressantes, les blancs et noirs peuvent nourrir de bons espoirs pour la prochaine saison. La deuxième ville d’Autriche a vu ses Blackies de nouveau ambitieux et conquérants sur le terrain, après la difficile succession du titre de 2011. Le club a même su garder plusieurs de ses cadres qui ont été très bons l’an passé. On pense notamment au capitaine Michael Madl qui a attiré les convoitises de plusieurs clubs allemands, l’ailier droit Thorsten Schick (12 passes décisives l’an passé) ou le milieu Anel Hadzic à la récupération. Le club s’est cependant montré actif sur le marché, en enrôlant notamment la pépite de Football Manager Donis Avdijaj, prêté par Schalke. Le Strum a aussi réussi des jolis coups en signant l’autrichien de l’Inter Milan, Lukas Spendlhofer pour renforcer sa défense mais également le gardien Michael Esser qui arrive de Bochum. Pour les départs le club n’a laissé filer que des remplaçants (Pliquett, Beichler, Akiyoshi et Oshchypko), ce qui démontre une réelle volonté de concurrencer l’élite de la Bundesliga. Avant cela il faudra passer le test du Rubin Kazan, en tour préliminaire de l’Europa League.

Wolfsberger AC (5e avec 52 points, 44 buts marqués, 50 encaissés)

La belle histoire du début de championnat (l’équipe a tenu tête au Red Bull Salzbourg jusqu’au début novembre) a fini par craquer au courant de l’hiver avant de se relever à la fin. La modeste équipe de Carinthie est ainsi passée par toutes les émotions. Malgré un modeste budget et une équipe relativement faible, l’équipe a su proposer du jeu et mettre en difficulté ses adversaires dans son champêtre Lavanttal-Arena, de 7 300 places. Avec des joueurs athlétiques mais qui ont su poser le ballon et ne pas balancer bêtement devant, Wolfsberger a su arracher sa place pour l’Europa League. Une qualification qui a obligé le club à démarrer sa saison à la mi-juillet, face aux biélorusses du Shakhtar Soligorsk. Les Wolfs ont su se sortir de ce traquenard avec deux victoires ce qui les amène à rencontrer … Dortmund au prochain tour ! Un match de gala qui donnera de l’expérience et du vécu à un groupe sans véritable passé européen. Sur le plan du recrutement, le club a engagé Zundel (Kalsdorf), Kobleder (Lustenau) et Hellquist (Wiener Neustadt, tous libres mais a perdu Kerhe, Seebacher et surtout Attila Simon, son buteur hongrois.

SV Ried (6e avec 44 points, 49 buts marqués, 51 encaissés)

Malgré un relatif bon exercice en 2014/2015 avec cette sixième place, les dirigeants du SV Ried ont engagé de grandes manœuvres cet été. Heilgi Kolvidsson, l’ancien international islandais, est arrivé comme nouveau coach après la fin de son contrat au Wiener Neustadt. Le club a recruté pas moins de 10 nouveaux joueurs avec notamment 5 jeunes qui arrivent des divisions régionales. A noter l’arrivée de deux espagnols, Alberto Prada de Cadiz et Manuel Gavilan de Zamora, qui peuvent apporter une touche latine à un groupe composé à 80% d’Autrichiens. Au niveau des départs, Stefan Lainer, le prometteur latéral droit, s’est engagé avec le RB Salzbourg. Le club a également perdu son défenseur central allemand, Denis Thomalla, qui est retourné au RB Leipzig. Avec un effectif de qualité et un entraîneur au profil moderne, le SV Ried peut viser les places d’honneur en fin de saison.

Austria Vienne (7e avec 43 points, 45 buts marqués, 51 encaissés)

La grosse déception de la dernière saison. Malgré le deuxième budget du pays et un groupe de qualité, les violets ont vécu un calvaire tout au long de la saison. Cet exercice 2014/2015 est le couronnement d’un manque de cohérence et de politique sportive depuis le titre de 2013, qui a vu en deux saisons pas moins de quatre entraîneurs se succéder sans réussir à remettre à flot l’Austria. Cet été un nouveau coach est arrivé, l’allemand Thorsten Fink, ancienne gloire du Bayern, sort d’une expérience mitigée à l’APOEL Nicosie mais connaît bien l’Autriche pour avoir dirigé la réserve du RB Salzbourg. Un signe encourageant pour l’Austria, le dernier entraineur allemand à avoir dirigé l’équipe est un certain Joachim Low. C’est tout l’effectif qui a été chamboulé, démontrant une véritable révolution de palais chez le club, champion d’Autriche à 24 reprises. Le club a notamment perdu Lindner parti à Francfort pour succéder à Trapp, Suttner (Ingolstadt), James Holland (non conservé), Daniel Royer au Danemark à Midtjylland et Mader à Polten. Ce sont tous là des vestiges du titre de 2013, pour bien prouver qu’il faut évacuer les ruines du titre de 2013. L’Austria a recruté 8 joueurs, tous aux profils bien ciblés. Le nigérian Kayode acheté 800 000 € arrive pour renforcer la défense, Almer le second gardien d’Hanovre prend la suite de Lindner, Vukojevic vient libre du Dynamo Kiev pour stabiliser le milieu tandis que Windbichler, Pechlivanis et Martschinko arrivent pour combler les côtés. Cet Austria Vienne new-look sera l’une des attractions principales de cet Bundesliga 2015/2016.

SV Grodig (8e avec 37 points, 46 buts marqués, 65 encaissés)

Les pensionnaires du plus petit stade de Bundesliga (l’Untersberg-Arena, 3 000 places) ont sur assurer leur maintien à la fin du mois d’avril, malgré quelques difficultés à rivaliser avec les grosses écuries du championnat. Le champion 2013 de Bundesliga.2 continue de se faire une place dans l’élite autrichienne et cela, malgré des moyens limités. L’équipe a été véritablement pilée cet été avec pas moins de 13 départs, soit la moitié de l’effectif pro. Nutz, Correa et Huspek sont partis au Rapid, le portier Stankovic s’est engagé avec le RB Salzbourg, le latéral droit Potzmann a signé au Sturm Graz … Vous l’avez compris, les gros du championnat se sont régalés à Grodig, sans dépenser le moindre centime. Des joueurs libres, c’est également vers ce profil que ce sont tournées les dirigeants du SV. Denner et Kainz arrivent du Wiener Neustadt tandis que Derflinger, un buteur prometteur arrive de la réserve de Hambourg. Ce système D sera-t-il suffisant pour se maintenir ? Pas sûr …

FC Admira Wacker (9e avec 34 points, 32 buts marqués, 61 encaissés)

Avant-dernier et plus faible attaque de Bundesliga, l’équipe du sud de Vienne n’est pas passée loin de la relégation la saison dernière. Elle doit son salut à la faiblesse régulière du Wiener Neustadt. Afin de ne pas connaître le même exercice galère, le club a engagé l’expérimenté Ernst Baumeister (ancien Pasching et Austria) pour mener à bien la mission maintien. Le nouvel entraîneur a ciblé principalement en défense pour renforcer l’équipe. Starkl et Neuhold sont arrivés en prêt, respectivement du Rapid et du LASK. L’Admira a également réussi un joli coup en enrôlant le milieu droit Bajrami, laissé libre par le Rapid. Le club a cependant perdu son jeune le plus prometteur, Stefan Posch, qui a signé à Hoffenheim. La lutte pour rester en Bundesliga s’annonce compliquée pour les rouges et noirs.

SV Mattersburg (1er d’Erste Liga avec 77 points, 69 buts marqués, 36 encaissés)

Le promu de cette saison 2015/2016 revient en Bundesliga après deux saisons dans le purgatoire. L’équipe du Burgenland veut se stabiliser dans le plus haut niveau du football autrichien, sous la houlette d’Ivica Vastic, un jeune coach plutôt novateur et qui s’appuie avant tout sur les jeunes du club. Quoi de mieux que de miser sur la stabilité pour se maintenir ? C’est le pari tenté par les dirigeants du SV Mattersburg qui n’ont perdu aucun joueur cet été. Seykes deux recrues sont à signaler, Templ du LASK et Grgic de Kapfenberg. Plusieurs joueurs seront ainsi scrutés cette saison chez les verts et blancs, Patrick Farkas le capitaine de 22 ans est l’un des piliers des espoirs autrichiens. Karim Onisiwo, Markus Kuster et Sven Sprangler sont également à surveiller, nul doute qu’ils rejoindront de plus fortes écuries dans les années à venir.

Adrien Mathieu

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