Avec un seul point en trois rencontres et une sortie par une toute petite porte, l’Autriche est totalement passé à côté de son Euro 2016. Si le tournoi de 2008 était un échec car l’équipe n’avait tout simplement pas le niveau, cet Euro-là laissera un goût très amer. En qualifications, les hommes de Marcel Koller s’étaient montrés impitoyables (neuf victoires et un nul) pour au final trois prestations indignes du niveau international. Footballski revient sur cette compétition ratée par la Wunderteam.

Il est important dans un premier temps de réaliser notre Mea Culpa. Dans la présentation de cette équipe autrichienne pour l’Euro 2016, nous étions convaincus que cette équipe pleine de promesses pouvait facilement s’extirper de ce groupe F. Battue dans l’envie et l’efficacité par l’Islande et la Hongrie, l’Autriche a tenté de sauver les meubles par un match nul 0-0 sans saveur contre le Portugal. Le constat est fielleux, l’échec total.

David Alaba gourmand et insuffisant

Deuxième minute de la rencontre face à la Hongrie. Après une récupération haute aux 30 mètres, la latéral du Bayern, replacé pour l’occasion en milieu défensif, décoche une superbe frappe qui vient heurter le poteau de Kiraly. Et après ? Plus grand chose à se mettre sous la dent. La star autrichienne a traversé cet Euro comme un fantôme et a beaucoup déçu. Il y a eu énormément de générosité de sa part mais cette envie n’a malheureusement abouti sur rien de concret. Replacé en numéro dix face à l’Islande, il a livré une prestation plus sérieuse mais le latéral de formation avait-il les épaules pour porter cette sélection qui s’est avérée au final plus que médiocre ?

En deuxième période contre la Hongrie, après l’expulsion de Dragovic, Baumgartlinger tente de combler les brèches comme il peut tandis que Koller ne fait pas rentrer de défenseur supplémentaire afin de revenir au score. Alaba a souvent délaissé sa zone afin d’apporter le plus possible le danger. Un choix périlleux puisque le milieu autrichien a été totalement désorganisé, laissant les Hongrois se régaler en contre, à l’image du deuxième but inscrit par Stieber.

Face au Portugal, Alaba n’est resté que 60 minutes sur la pelouse. La raison ? Marcel Koller avait opté pour une défense très regroupée face aux lusitaniens. Ilsanker et Baumgartlinger, deux combattants, étaient alignés en sentinelle. Alaba, positionné juste derrière l’attaquant, était sensé avoir plus de libertés offensives et mener le jeu autrichien à la place de Junuzovic, blessé. Avec seulement 37 ballons touchés et 50% de passes réussies, ce pari fut un échec et l’Autriche conserva tant bien que mal le point du nul, après les ratés de Cristiano Ronaldo.

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Contre l’Islande, rebelote. En position zidanesque, David Alaba doit cette fois-ci faire face à un bloc bas retranché dans ses trente mètres. Beaucoup plus actif et entreprenant, le joueur du Bayern a apporté le danger sur les buts de Halldorsson mais sans jamais véritablement trouver la faille. Un seul geste inspiré, sur l’égalisation quand il sert parfaitement Schöpf qui s’en va tromper le portier nordique. Insuffisant tout de même pour éviter la défaite et une élimination qui laissera des traces. David Alaba a connu des échecs avec le Bayern et à 24 ans, aucun doute qu’il saura se relever. Dans cette équipe limitée, il ne pouvait tout simplement pas endosser le rôle de sauveur de la nation après une longue saison épuisante.

Où sont passés les artistes ?

Avant le début de l’Euro, l’Autriche pouvait se vanter d’avoir un carré offensif en grande forme lors des éliminatoires, avec quatre joueurs qui se connaissent parfaitement depuis quelques années en sélection : Janko en pointe, Junuzovic en dix et deux ailiers, Arnautovic et Harnik. Le plan de jeu a plutôt bien marché en première période face à la Hongrie avec de nombreuses occasions mais un réel manque de réalisme. À l’heure de jeu, la sortie de Junuzovic, blessé à la cheville, doublé de l’expulsion de Dragovic, a bousculé les plans de Koller. Après cette rencontre, les « quatre fantastiques » de Vienne ne seront plus alignés ensemble et l’Autriche a constamment péché dans le secteur offensif.

Ici avec Nani, Marko Arnautovic a fait un flop durant cet Euro. @gettyimages
Ici avec Nani, Marko Arnautovic a fait un flop durant cet Euro. | © Matthias Hangst/Getty Images

Junuzovic ne s’est jamais remis de sa douleur à la cheville et avec cette perte, sans doute sous-estimée, Marcel Koller a perdu l’un de ses principaux animateurs dans le jeu. Régulier en sélection et bon tireur de coup-francs, le joueur du Werder Brême aurait pu être l’une des révélations de cet Euro 2016. À 29 ans, c’était sans doute l’une de ses dernières occasions de briller en sélection. Les qualifications pour le Mondial 2018 représenteront sans doute son ultime chance d’offrir une belle épopée à son pays, avec la Russie en ligne de mire.

« On a commis beaucoup trop d’erreurs et connu trop de déchet dans notre jeu. C’est pour ça qu’on n’a pas pu exercer le pressing voulu. Certains joueurs étaient trop en confiance et d’autres pas assez. » – Marcel Koller, le sélectionneur.

Janko, Harnik et Arnautovic sont passés à côté de leur tournoi. Il sera impossible de déterminer si c’est par la pression, la crispation ou l’inexpérience de ce niveau que ces trois joueurs ont totalement déjoué, n’inscrivant pas le moindre petit but et en ne pesant absolument pas sur les défenses adverses. Arnautovic, capable de gestes géniaux et inattendus avec Stoke City, s’est contenté de crochets courts et de passes latérales qui n’ont pas eu l’effet escompté. Ce sont les remplaçants Sabitzer et Schöpf qui ont porté le danger pour l’Autriche malgré un temps de jeu réduit. Unique buteur autrichien de cet Euro, Alessandro Schöpf peut-être l’un des futurs cadres de cette sélection s’il gagne en constance dans ses dribbles et ses gestes dans les 25 derniers mètres.

Une défense plus aussi intraitable

Avec seulement cinq buts encaissés en dix rencontres lors des éliminatoires, l’Autriche semblait avoir trouvé des certitudes derrière. Un feu de paille au final, puisque l’équipe a cédé à quatre reprises, en montrant surtout de nombreux signes inquiétants. Dragovic, exclu dès le premier match face à la Hongrie, s’est montré très nerveux pendant tout le tournoi. Rude sur l’homme, le solide défenseur du Dynamo Kiev a même coûté cher à son pays face à l’Islande. Avec son penalty raté, sur le poteau, il a mis en difficulté ses camarades qui avaient l’opportunité de mettre les nordiques sous pression dès la première mi-temps. Il n’a surtout gagné que 25% de ses duels, à ce niveau-là, c’est fatal.

Le jeune défenseur du Dynamo Kiev a couté cher à son équipe avec une expulsion et un penalty raté. @gettyimages
Le jeune défenseur du Dynamo Kiev a couté cher à son équipe avec une expulsion et un penalty raté. | © Clive Mason/Getty Images

Auréolé d’une très belle saison à Leicester, avec le titre de champion d’Angleterre, Christian Fuchs s’est sans doute trop dépensé cette année. Très imprécis (seulement 70% de passes réussies), le capitaine autrichien a manqué de carburants et a seulement apporté sur les corners, qu’il tire toujours aussi bien. Les deux buts hongrois sont venus de son côté et le but salvateur des Islandais, dans les arrêts de jeu, également. Toujours volontaire sur son couloir, son entente pleine d’espoirs avec Arnautovic est restée lettre morte. À 30 ans, l’ancien latéral de Schalke a annoncé sa retraite internationale.

Chez les autres défenseurs, Klein, Hinteregger et Prödl, on pourrait attribuer une sorte de mention passable. Ces joueurs-là ne sont pas les stars de l’équipe mais ils ont fait le boulot avec les moyens qui sont les leurs. De la combativité, de la disponibilité mais une relance qui reste à désirer et surtout peu de duels gagnés, ce qui a coûté cher face à la furie islandaise et à la justesse hongroises.

Baumgartlinger, rescapé du naufrage

Avec le gardien Robert Almer, auteur de nombreux arrêts décisifs lors de cet Euro, le milieu de Mayence mérite une mention spéciale ici. Il a disputé l’intégralité des trois rencontres, et s’est toujours battu, parfois dans le vent certes, mais n’a jamais renoncé. Placé en sentinelle dans un 4-2-3-1, il a changé de partenaire en cours de route. Stefan Ilsanker a succédé à David Alaba mais le brave Julian a continué à redoubler d’efforts, comme le prouve sa longue chevelure frisée pleine de sueur à chaque coup de sifflet final.

Ici à la lutte avec l'Islandais Sigthorsson, le milieu de Mayence a gratté de nombreux ballons durant cet Euro.
Ici à la lutte avec l’Islandais Sigthorsson, le milieu de Mayence a gratté de nombreux ballons durant cet Euro. | © Shaun Botterill/Getty Images

Sa plus grosse prestation reste son pressing incessant face au Portugal de Cristiano Ronaldo. Il a constamment gêné l’entre-jeu des Lusitaniens en marquant de près Moutinho, Andre Gomes et Quaresma. Avec près de deux tiers de duels gagnés, il a également permis à son équipe de récupérer de précieux ballons et d’avancer en bloc. Insuffisant malgré tout, puisque Baumgartlinger ne s’est jamais approché des trente derniers mètres adverses, laissant ce travail à des joueurs censés être plus compétents que lui dans ce secteur.

Remobilisation impérative pour la Russie

équipe 2018

Engagés dans le groupe D avec le Pays de Galles, l’Irlande, la Moldavie, la Serbie et la Géorgie, les hommes de Marcel Koller bénéficient de cinq équipes à leur portée et la qualification pour la Coupe du Monde 2018 est tout à fait possible. Il faudra cependant régénérer l’effectif et véritablement trouver l’équilibre dans un collectif, afin d’évacuer le traumatisme de cet Euro 2016. Voici une possible composition d’équipe pour réussir cet objectif, avec un renouvellement des cadres.

Adrien Mathieu


Image à la une : © Dennis Grombkowski/Getty Images

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