Le champion en titre d’Autriche, l’Austria Vienne, vit une saison 2013-2014 assez mitigée. Entre une expérience européenne intéressante, une équipe qui a perdu de sa superbe dans son mano a mano en Bundesliga face à Salzbourg et un changement d’entraineur : le croate Nenad Bjelica ayant été remplacé par Herbert Gager; le club n’a pas connu la stabilité qui a fait son succès l’année précédente. Footballski décrypte pour vous les succès et échecs de cet Austria version 2013-2014.

L’Austria, ses forces, ses faiblesses, sa tactique

L’Austria a une tactique très mouvante, elle varie du 4-5-1 au 4-3-3 en passant par le 4-2-3-1 ou le 4-4-2. Les entraîneurs changent leurs dispositifs selon les adversaires et non selon la forme des joueurs. Bjelica et maintenant Gager ne se cachent pas ce sont des grands adeptes des séances vidéos avec une étude approfondie de l’équipe en face. Ainsi vous pouvez être surs que d’un match à l’autre le système va forcément comporter 1-2 modifications mêmes mineures.

Ces bouleversements tactiques ont sans doute perturbé les joueurs en championnat. Ils savaient pertinemment qu’à chaque entrainement il fallait travailler un nouveau dispositif avec la mise en place de combinaisons et décalages inédits. La création d’automatisme fut complexe tout au long de la saison. Il est ainsi difficile de dégager une équipe type avec ces nombreuses rotations, on peut cependant mettre sur le papier ceux qui ont le plus joué cette saison :

Lindner – Koch ; Ortlechner ; Rotpuller ; Suttner – Stankovic ; Holland ; Royer – Jun ; Hosiner ; Kienast.

Dans les remplaçants qui intègrent le plus souvent le onze de départ on retrouve :

Dilaver, Kaja Rojulh, Murg, Gorgon, Grunwald, Salamon, Leovac et Ramsebner.

Elle possède un jeune gardien très prometteur formé au club : Heinz Lindner, il compte actuellement 4 sélections avec l’équipe nationale autrichienne. Il a de très bons réflexes sur sa ligne et n’hésite pas à sortir au-devant des attaquants. Son jeu au pied est perfectible. Les latéraux sont incontestablement un atout majeur pour l’Austria, que ce soit Kock, Suttner ou Dilaver ils savent tous alterner jeu long/jeu court pour avoir des variations de rythme efficaces. Ils n’hésitent pas à prendre leur couloir fonctionnant comme de véritables ailiers supplémentaires. Leurs capacités de débordements en font de potentiels passeurs intéressants pour les attaquants. Les métronomes de  l’équipe sont Holland et Stankovic, assurément les deux joueurs les plus techniques de l’Austria. Ils ne cherchent pas tellement à construire mais plutôt à délivrer des ballons précieux pour les phases offensives. Dans la bataille de l’entrejeu ils sont essentiels car ce sont eux qui vont savoir garder le cuir dans les moments chauds. Devant Hosiner réalise une saison honnête avec 10 buts en championnat (bien loin de ses 30 réalisations de l’an passé) et 2 en ligue des champions. C’est un buteur né, malgré sa taille modeste (1m78) il n’hésite pas à aller au duel pour récupérer les ballons de la tête. Il reste cependant bien trop souvent isolé durant les matchs de l’Austria pour pouvoir exprimer tout son talent d’attaquant qui combine régulièrement.

La défense centrale aura été un chantier constant pour l’Austria cette année : Ortlechner a 33 ans et a disputé presque l’intégralité de toutes les rencontres du club. Le prometteur stoppeur Rotpuller s’est gravement blessé en septembre et n’est revenu que tout récemment dans le groupe. Les autres centraux : Kaja Rogulj ou Ramsebner n’ont pas vraiment donné de garanties suffisantes au cours de la saison. Du coup les attaquants adverses ont souvent profité des espaces dans leur dos car ils sont tous assez lents et ne peuvent compenser ce déficit de vitesse par des tacles propres car cela se termine souvent en carton rouge pour une position de dernier défenseur. Les ailiers ne pèsent pas assez sur les défenses cette saison, les soutiens d’Hosiner ont des stats modestes en championnat et ils ne semblent plus aussi fringants que la saison passée. Des jeunes comme Salomon ou Murg poitent le bout de leur nez ce qui n’est pas plus mal. On peut également noter régulièrement l’absence d’un véritable numéro 10 pouvant effectuer la liaison entre les milieux et Hosiner. Ce fameux 10 joue soit en position de second attaquant qui redescend très peu chercher le ballon comme Kienast soit en 3e milieu de terrain dans une forme de triangle, ce qui est souvent le cas de Daniel Royer.

Une campagne européenne enrichissante

Les autrichiens ont dû franchir deux tours de barrages pour accéder à la phase de poule. Au début du mois d’aout les hommes de Bjelica ont battu sur la plus petite des marges les islandais du FH Hafnarfjördur. Le seul but fut inscrit à l’aller en Autriche par Daniel Royer. Ce petit succès a pourtant soudé les coéquipiers de James Holland, ils ont pris conscience qu’ils n’étaient plus qu’à 180 minutes d’une grosse aventure. Sur leur passage se dresse un autre club historique de l’Europe de l’est : le Dinamo Zagreb. A l’aller en Croatie les autrichiens l’emportent 2-0 avec des réalisations de Leovac et Stankovic. Au retour les joueurs de Vienne s’en sortent à la suite d’un scénario rocambolesque. Menés 3-1 à la 85e ils étaient quasiment éliminés par un Dynamo revanchard avant que Kienast ne délivre l’Austria Arena. Le club de Vienne se qualifie pour une phase finale de LDC pour la première fois depuis la saison 1993/1994 (élimination au second tour par le Barcelone de Koeman.

© Werner100359
© Werner100359

Au niveau de la phase de groupe l’Austria se retrouve dans un groupe G relevé avec l’Atlético Madrid, le Zenit Saint-Pétersbourg et le FC Porto. L’opposition face au club madrilène entraîné par Diego Simeone a clairement démontré les limites de ces joueurs qui découvraient tous la coupe aux grandes oreilles. Une défaite 3-0 à Vienne et un 4-0 cinglant pris au Vicente Calderon. Vu le parcours actuel des coéquipiers de Diego Costa, il n’y a aucune discussion possible tant l’écart est grand. Face aux portugais et aux russes la donne fut différente. L’Austria a lutté admirablement à la maison contre Porto mais a fini par céder sur un but de Lucho Gonzalez. Au retour Bjelica avait décidé de blinder l’arrière-garde viennoise. Pari tactique vainqueur puisque l’Austria ramène un point (1-1 Kienast avait ouvert la marque, Jackson Martinez avait égalisé) de son déplacement au Portugal malgré une domination écrasante 23 tirs pour les portugais contre 3 pour les autrichiens. C’est face au Zenit que l’Austria va réussir deux jolis coups, d’abord à l’aller en ramenant le 0-0 de Russie. Le capitaine Manuel Ortlechner a livré un grand match et a montré la voie aux siens dans une partie très équilibrée (16 tirs pour le Zenit, 18 pour l’Austria). Pour le 6e et dernier match les autrichiens vont se lâcher et offrir un grand spectacle au Ernst-Happel-Stadion avec une victoire 4-1. Malgré l’ouverture du score de Kerzhakov, l’Austria va écraser son adversaire du soir avec un doublé de Phillip Hosiner et des buts de Jun et Kienast. Ce succès probant marque aussi la fin de la campagne des autrichiens. Cette 4e place revêt un caractère frustrant tant l’Austria ne fut pas ridicule aux yeux de l’Europe.

Un championnat à l’ombre du Red Bull Salzbourg et du rival viennois

Il est difficile d’exister cette saison face à un tel rouleau compresseur. Après 28 journées l’équipe de Roberto Soriano compte actuellement 27 points d’avance sur le second le SV Grodig avec 22 victoires, 4 nuls et 2 défaites ; 98 buts marqués contre 23 encaissés. Le parcours en Ligue des champions a clairement joué sur la dynamique en championnat. Le bilan à 10 journées de la fin est assez médiocre : 11 victoires, 9 nuls et 8 défaites. Seulement 45 buts inscrits pour 35 encaissés. La comparaison permet d’observer l’écart saisissant qu’il y a eu cette saison entre l’Austria et Salzbourg. Cette différence n’est pas seulement comptable, elle se vérifie aussi sur le terrain. Avant l’affiche du mercredi 26 mars, en 3 matchs Salzbourg s’est imposé 3 fois dont deux raclées à domicile : 5-1 et 4-0. Le premier était assez saisissant pour la 2e journée en plein mois de juillet, les joueurs de l’Austria sont entrés dans l’enceinte de Salzbourg avec le trophée de la Bundesliga 2012-2013 ce qui a réveillé l’orgueil des locaux. Fatale erreur ce fut une grosse punition qui a donné une indication sur le réel niveau des deux équipes.

Dans une saison de Bundesliga autrichienne via la formule de deux allers-retours vous pouvez ainsi voir quatre derbys de Vienne opposant l’Austria au Rapid. Ce sont des matchs toujours cruciaux pour les supporters même si la tension est retombée depuis que les ultras extrémistes et les hooligans ont été interdis de stade de part et d’autre. Il faut savoir qu’au niveau des identités sociales, le bassin ouvrier est plutôt favorable au Rapid tandis que la bourgeoisie viennoise soutient l’Austria.Les incidents de 2011 (envahissement de fans violents du Rapid) ont peu de chance de se reproduire vue la sécurité drastique que la mairie met en place pour ces derbys. Cette saison avant la dernière opposition qui a lieu dans un mois, la tendance est nettement favorable au Rapid avec deux victoires (1-0 et 3-1) et 1 nul. Malgré cette supériorité locale l’Austria compte aujourd’hui le même nombre de point que le Rapid avant un sprint final qui s’annonce alléchant.

Le changement d’entraineur ; le tournant de la saison ?

Le 16 février 2014 le club annonce que l’entraineur Nenad Bjelica est démis de ses fonctions auprès de l’équipe première. C’est le coach de l’équipe des jeunes de l’Austria qui prend alors la relève : Herbert Gager un autrichien de 45 ans. Ce choix a été un véritable coup dur car le club a toujours soutenu la politique d’intégration des jeunes impulsée par Bjelica mais les mauvais résultats ont forcé la main des dirigeants. L’équipe souffre également d’un cruel manque de réalisme offensif devant les buts, le spectacle s’en ressent et les matchs spectaculaires sont beaucoup plus rares que la saison passée. Les supporters ont également joué leur rôle, ils n’ont pas supporté les différentes humiliations face au Rapid et à Salzbourg. L’hésitation fut grande entre Gager et Adolf Hutter l’entraîneur du surprenant second le SV Grodig qui prône un jeu alléchant. Finalement miser sur Gager est un signe : il est le lien entre l’équipe A et les U19 de l’Austria.Il devrait continuer à faire monter des jeunes qui ont réalisé de bonnes performances en Youth Champion’s League (Défaite en 8e face au Benifca)

Depuis l’arrivée de Gager les coéquipiers de Stankovic ont pris 10 points sur 15 possibles en se rassurant avant tout défensivement. Pour le beau jeu il faudra repasser, Heger mise avant tout sur les fondamentaux pour permettre à l’Austria d’accrocher une seconde place synonyme de barrage en ligue des champions. Cette saison représente une régression par rapport à la précédente mais l’accumulation d’expérience européenne et quelques retouches à l’intersaison devrait permettre à l’Austria d’être un sérieux concurrent pour Salzbourg dans l’optique de la Bundesliga 2014/2015.

Adrien Mathieu


Photo à la une : © Werner100359

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