Angelo Henriquez aurait pu se retrouver à Wimbledon, tout de blanc vêtu. Au lieu de cela, il a gagné la Copa America sur ses terres car il a eu le bon goût de préférer le football au tennis. Cela lui a permis de vivre un moment inoubliable en rentrant en jeu quelques minutes lors de la finale historique pour son pays contre l’Argentine.
Angelo Henriquez a longtemps privilégié le tennis pendant son enfance. Porté par les exploits de Fernando González et Nicolás Massú, il décide de se mettre très sérieusement à la petite balle jaune. A 11 ans, il entre à l’académie de Tobalaba et s’entraîne tous les jours. Malgré son bon niveau, l’ennui gagne progressivement le gamin. Il n’en faudra pas plus au papa Alfredo, ancien footballeur professionnel, pour le pousser vers le football. Par chance, l’aîné César, joueur de Palestino, a son réseau à l’Universidad de Chile pour y avoir joué plusieurs années. Suffisant pour proposer un test au petit frère. L’arrivée à la U. à 13 ans lance la carrière d’Angelo qui abandonne définitivement la raquette. Pas question pour autant d’en faire de même avec les études. Le jeune chilien intègre dès 15 ans la British Royal School, motivé par l’intérêt de Manchester United qui lui propose un stage.
« Il est intelligent, issu d’une famille qui se soucie de son développement. Il est doué pour le football, discipliné et respectueux», assure Juan Guttierez, formateur à la U.
Cette même année, en 2009, Angelo Henriquez dispute la Nike Manchester United Premier Cup avec son club de la U. S’il n’est pas couronné champion, il impressionne les scouts des Red Devils grâce à son explosivité et son efficacité devant le but. Cela suffit pour que deux recruteurs suivent tous ses matchs en ligue de jeunes et en profitent pour bavarder un peu avec l’adolescent. En 2010, convaincu, Manchester United décide d’investir sur lui en passant un pré-contrat valable jusqu’en 20114 avec son club d’Universidad de Chile pour un montant de 4.5 millions d’euros. Les scouts envoient ainsi des rapports mensuels qui vont directement sur le bureau d’Alex Ferguson, impatient de voir cette nouvelle pépite. De plus, deux fois par an, Manchester United l’emmène en stage informel à Carrington. Ce qui ne sera plus possible en 2012, année où Henriquez se révèle avec la U. et enchaîne les buts (15), grâce à Jorge Sampaoli qui le fait jouer à un poste de titulaire de plus en plus souvent. Avec pour point d’orgue le quatrième but de son équipe qu’il marque lors la victoire inoubliable 5-0 contre Colo-Colo. Devant l’intérêt naissant de Manchester City, United lève l’option. Il devient ainsi le premier joueur chilien de l’histoire à porter le maillot des Reds Devils et le deuxième joueur le plus cher de la U.
Alex Ferguson : « Henriquez est terriblement rapide et est un grand finisseur »
Sauf qu’il est plus aisé de s’imposer à Universidad de Chile qu’à Manchester United ! Au vu de la concurrence, Angelo Henriquez est prié de faire ses gammes avec l’équipe de jeunes. Ce qui n’enchante pas le garçon qui sera prêté à Wigan, puis à Saragosse en Liga Adelante. Pour autant, il ne laissera pas une trace indélébile dans ces deux clubs. Le chilien connait son premier boom européen en étant prêté cette fois-ci au Dinamo Zagreb, où il marque 30 buts toutes compétitions confondues. Mais quels sont les facteurs qui ont déclenché l’épanouissement d’Henriquez à Zagreb ? Son frère Cesar a une petite idée là-dessus : « Il se sent heureux et à l’aise dans la ville. Il adore Zagreb et ça se voit. Ses prêts lui ont aussi donné une maturité qui lui sert à mieux s’adapter dans le groupe et le jeu de l’équipe ». Alfredo, le père, ajoute aussi que la présence de Junior Fernandes, compagnon de chambrée à l’Universidad de Chile, a été la clé du succès de l’attaquant en Croatie : « Angelo est très heureux dans son nouveau club. Junior l’a très bien reçu et a facilité son intégration. Nous espérons que cela continuera ».
Vœu exaucé… Bien avant l’euphorie d’un troisième titre remporté dans sa jeune carrière (après un championnat avec la U. et une FA Cup avec Wigan), Angelo Henriquez n’a pas fait de mystères sur son avenir assurant à plusieurs reprises que son souhait était de poursuivre avec le Dinamo Zagreb et de disputer la Ligue des Champions avec le club croate : « Mon prêt expire à la fin de la saison mais je sais que le Dinamo voudrait m’acheter. J’ai de très bonnes sensations sur et en dehors du terrain, donc je veux rester encore ici. Les gens m’ont bien accepté, je me suis fait beaucoup d’amis et Zagreb est une très belle ville ». Malgré l’avis du gestionnaire de sa carrière, l’influent agent chilien Fernando Felicevich, qui souhaitait l’envoyer à la Juventus, le jeune homme a laissé parler son cœur et restera bien à Zagreb qui l’a racheté à Manchester United.
Pour couronner cette belle saison qui a fait de lui le meilleur buteur chilien de la saison tous pays confondus, Angelo Henriquez a été convoqué pour disputer la Copa America au Chili. Jorge Sampaoli, qui connaît le talent du garçon pour l’avoir entraîné à la U., a décidé d’en faire le remplaçant de l’incontournable Eduardo Vargas. Seul hic, son ami Junior Fernandes n’a pas été sélectionné dans les 23 malgré sa présence sur la liste des 30. Pourtant, les deux garçons formaient le seul tandem offensif chilien jouant ensemble dans un club européen en 2014/2015. Dans tous les cas, tout le monde au Dinamo s’est déclaré fier de savoir qu’un de leurs protégés allait disputer la Copa America. Bien que cela pénalise le club pour le début de saison, le club lui a souhaité d’aller au bout. Un présage qui lui portera chance, le Chili remportant la Coupe avec l’entrée d’Angelo en finale à la place de Vargas au début des prolongations.
Une victoire qu’a savourée Junior Fernandes, présent à l’hôtel Livada, en Slovénie, où le Dinamo se trouvait en préparation estivale. Pendant que les frères Mamic (Lire aussi: La nouvelle lubie des frères Mamic et Mamic, magouilles et compagnies), rattrapés par les affaires, devaient se rendre à Zagreb, Livada était devenu l’endroit le plus ennuyeux de la planète. Heureusement, ce samedi soir-là, dans la chambre 221, la télévision retransmettait la finale de la Copa America. Fernandes et l’argentin Sigali, étaient assis de part et d’autres du canapé, entre leur copain espagnol Dani Olmo, neutre comme un suisse. Chaque action du Chili provoquait des rugissements de joie de Fernandes, quand chaque raté argentin entraînait des cris de désespoir de Sigali… Les cris des deux compères provoquèrent l’inquiétude du personnel au rez de chaussée. Sigali, beau joueur, déclara : « Je suis très déçu mais bravo à Angelo, qui a participé au match ». Le footballeur argentin pourra tenter de prendre sa revanche au tennis, lui qui partage le même hobby que son camarade.
Pour des tas d’informations sur le football chilien, allez donc faire un tour du côté de chez Lucarne Opposée, qui a vécu la Copa America.
Damien Goulagovitch
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