Footballski vous propose de découvrir une nouvelle rubrique avec « Ma vie à l’Est. » Le principe est simple : rentrer dans la vie d’un joueur de football tout le long de sa saison, et lui laisser carte blanche afin qu’il puisse s’expliquer sur tous les sujets qui peuvent l’intéresser. Du football en passant par la musique ou la nourriture, vous saurez tout d’eux. Pour lancer la rubrique, nous avons décidé de choisir Mathias Coureur, ancien joueur du Cherno More Varna, du Dinamo Tbilissi et désormais du Lokomotiv Gorna Oryahovitsa. En effet, ce dernier s’est engagé il y a de cela quelques semaines au Kazakhstan, pour revêtir le maillot du Kaisar Kyzylorda. C’est dire si les aventures du Martiniquais à l’Est sont riches. Des aventures à découvrir à travers ses écrits.


Қайырлы таң. Мен оралдым.

Ça faisait longtemps que l’on ne s’était plus vu, vous et moi. Voilà, c’est fait, je suis de retour après quelques vacances et un retour au bercail du côté de Paris. Des voyages qui font du bien et me rappellent mes principaux buts.

Qu’on se le dise, la vie de footballeur peut parfois sembler parfaite. Nous ne sommes pas les plus à plaindre, loin de là. Malgré tout, nous avons aussi des familles, des proches, et voyager à tout bout de champ de pays en pays, de ville en ville, devoir faire des déplacements à l’autre bout du Kazakhstan durant trois jours pour y jouer un match nous fatigue petit à petit. Physiquement, mais aussi mentalement. Quand bien même l’argent, la « gloire » ou une quelconque reconnaissance et réussite vient avec, la vie ne se résume pas qu’à ça. Loin de là. À bientôt 30 ans, j’en prends de plus en plus conscience et mes dernières expériences ne font que confirmer cela.

Au fond, je n’ai jamais eu l’occasion de connaître cette sensation simple d’une vie calme, stable. Celle d’une routine quotidienne où la famille y est pilier. Petit à petit, je me dis qu’il est aussi temps pour tout homme, footballeur ou non, de se stabiliser et d’apprendre à se connaitre pour mieux vivre. Alors voilà, ma carrière est plus proche de la fin. Encore quelques années à tirer, certainement une dernière pige étrangère où le but sera, sans le cacher, d’engranger le plus d’argent possible. De l’argent pour mieux repartir. Reconstruire. Et puis ? Qui sait.

Je ne pense pas quitter le monde du football. Ou peut-être que si. Après tout, ce que certains considèrent comme un simple sport reste pour moi l’un des éléments majeurs de ma vie. Celui qui m’a fait grandir. Être l’Homme que je suis aujourd’hui. Fermer une porte inclut d’en ouvrir une autre sur des objectifs neufs, une nouvelle vision de ce sport, ce métier. Voire une nouvelle vision de la vie. Finalement, je vais peut-être bien quitter ce monde du ballon rond. Pour évoluer. Me prouver à moi-même que non, je ne suis pas fait que pour être sur un terrain ou parler tactique. Me donner de nouvelles limites, découvrir une nouvelle sphère et grandir intérieurement. Je ne sais pas encore vraiment vers quoi me diriger à vrai dire. Je ne ferme aucune porte. Ni dans le football ni dans d’autres formations. Un seul objectif futur : s’épanouir.

Mais avant tout cela, il y a le Kazakhstan, son football, ses trésors et ses défauts. Passons les problèmes racistes récurrents dans les petites villes du pays –dont j’ai déjà eu l’occasion de parler dans d’autres épisodes- ; j’ai, durant ces derniers mois, eu l’occasion de découvrir une nouvelle fois de nouveaux aspects de ce qu’est le Kazakhstan. L’un d’eux se trouve être le désert du Kyzylkoum. Derrière ce nom barbare pour le non-habitué à l’Est se trouve certainement l’un des spots privilégiés pour toute personne souhaitant découvrir ce pays en dehors des traditionnels Astana et Almaty.

© rauline.fr

Au programme ? Le grand air. De longues étendues de sable rouge – « Kyzylkoum » se traduisant littéralement par « sable rouge », ou encore la possibilité de se rendre dans trois pays différents (Kazakhstan, Ouzbékistan et Turkménistan), de dormir dans des yourtes, le tout dans une ambiance authentique et le lac Aydar-Kul comme principale attraction. Oui, je vous avais prévenu, ça tranche avec la vie nocturne d’Astana.

Bon. Et sinon le football dans tout cela ? Eh bien, ce n’est pas forcément la grande joie au niveau des résultats. Actuellement septièmes au classement, nous avons l’objectif de finir dans les six premiers à la fin de ce championnat se terminant dans quelques semaines seulement. Heureusement, après une période délicate sur le plan comptable, nous avons réussi à relancer la machine en remportant trois de nos quatre derniers matchs – le dernier, ce week-end, se soldant par une belle victoire quatre buts à un face à Atyrau avec un doublé personnel à la clé.

Durant ces quelques mois de vacances, j’ai également eu l’occasion de venir faire la promotion de ce football à travers quelques médias français, que ce soit France Football ou l’After sur RMC. Des expériences assez plaisantes dans lesquelles j’ai malgré tout pu constater une certaine méconnaissance de ce qu’est la réalité du football mondial, et notamment en Europe de l’Est et au Kazakhstan. Au point de voir quelques têtes surprises au moment de rappeler les salaires plus que conséquents offerts par les gros clubs kazakhs. Espérons que les mentalités changent petit à petit suite aux récentes performances européennes de ces clubs.

Mathias Coureur / Propos recueillis et retranscrits par Pierre Vuillemot


Image à la une : © fckaysar.kz

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