Footballski vous propose de découvrir une nouvelle rubrique avec « Ma vie à l’Est. » Le principe est simple : rentrer dans la vie d’un joueur de football tout le long de sa saison, et lui laisser carte blanche afin qu’il puisse s’expliquer sur tous les sujets qui peuvent l’intéresser. Du football en passant par la musique ou la nourriture, vous saurez tout d’eux. Pour lancer la rubrique, nous avons décidé de choisir Mathias Coureur, ancien joueur du Cherno More Varna, du Dinamo Tbilissi et désormais du Lokomotiv Gorna Oryahovitsa. En effet, ce dernier s’est engagé il y a de cela quelques semaines au Kazakhstan, pour revêtir le maillot du Kaisar Kyzylorda. C’est dire si les aventures du Martiniquais à l’Est sont riches. Des aventures à découvrir à travers ses écrits.


Enfin. Enfin une victoire. Après quasiment un mois et demi de galère, de défaites, de matchs nuls et surtout d’une incapacité à marquer le moindre but, enfin nous l’avons emporté, face à Atyrau, dans un stade plein, avec en prime mon second but de la saison. Une victoire logique, sur le score de deux buts à zéro, acquise notamment grâce à nos nouvelles arrivées offensives, que ce soit le local Tokhtar Zhangylyshbay, longuement applaudi pour sa première, et Franck Dja Djedjé, arrivé au club en provenance d’Irtysh. Trois arrivées offensives symboles de notre méforme collective devant le but, le club n’ayant toujours pas dépassé les vingt buts marqués après vingt journées de championnat. Une victoire laissant la ville euphorique, au point de recevoir des courses de taxi gratuites. Une nouvelle preuve de la place du football dans nos sociétés, et ce qu’importe le niveau.

© fckaysar.kz

Mais avant ça, il y avait Astana. Défait logiquement sur le terrain, j’ai eu le plaisir de passer quelques jours dans la capitale kazakhe aux côtés notamment de Junior Kabananga, actuel meilleur buteur du championnat certainement connu des amateurs de Jupiler League. Autant vous le dire, si vous souhaitez voyager au pays, préférez Astana à Kyzylorda. Véritable Dubaï de l’Est, cette ville vous offre l’espace de quelques jours de nombreux moments de détente, de loisirs et de découvertes culturelles. Loin des regards moqueurs aux relents racistes que l’on peut retrouver dans les villes plus reculées, Astana et ses habitants m’ont ouvert ses bras.

Une ville où l’on peut y rencontrer quelques personnes improbables, comme ce gérant de restaurant marocain, marié et installé au Kazakhstan depuis des années maintenant. De quoi discuter de ses multiples péripéties au pays, tout en lâchant quelques conseils de vie au Kazakhstan. C’est ainsi que, si jamais vous avez le plaisir de vous rendre dans une datcha lors de vos vacances hivernales, n’oubliez jamais de faire couler l’eau chaude durant toute la nuit, afin d’éviter les mauvaises surprises des -40° C des délicieux hivers kazakhs. Au risque d’écourter ses vacances.

© Mathias Coureur / Footballski

Astana m’a aussi offert une journée dans la grande exposition de la ville, Expo 2017, en place depuis juin, et ce jusqu’au 10 septembre. Vaste en termes de superficie, cette dernière est divisée en plusieurs bâtiments suggérant divers continents. Un voyage gratuit autour du monde, passant de l’Afrique à l’Europe de l’Est ou encore à l’Amérique du Sud, avec, en guise de guides, quelques personnes locales pour chaque pays de cette Expo 2017. Axées sur les changements climatiques et les énergies vertes, les rencontres avec ces diverses personnes nous permettent de prendre conscience au fil des minutes des multiples enjeux environnementaux de notre Terre, mais aussi de la foule de solutions possibles et déjà utilisées chez certains. C’est ainsi que les représentants locaux du Chili m’expliquaient que leur pays devrait dans un futur proche être alimenté uniquement par l’énergie solaire. De même, cette visite me permit aussi de rencontrer quelques représentants des îles, et notamment d’Haïti, avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger en français et créole.

© mabetex.eu

Et entre ça, pour occuper mes nuits, le football faisait une nouvelle fois son apparition. À des milliers de kilomètres d’Astana et Kyzylorda, la sélection martiniquaise, elle, jouait la compétition reine de la région : la Gold Cup. Si le niveau intrinsèque de cette dernière n’est pas le des plus fameux, elle reste néanmoins importante pour les Martiniquais et la plupart des sélections engagées. De quoi vous faire comprendre mon dépit vis-à-vis de notre football et des résultats de cette sélection, éliminée durant cette phase de groupes. Des résultats mettant une nouvelle fois en lumière, à mon sens, l’impasse dans laquelle le football martiniquais se trouve. Un football gangrené par les choix personnels et politiques – et je sais de quoi je parle. Des personnes chez qui la passion du football a laissé sa place au paraître et aux vocations carriéristes.

Évidemment, ce n’est pas le cas de tous. Mais aujourd’hui, le temps est venu de remettre en cause notre football pour enfin avancer. Avancer avec des amoureux de la Martinique, de son football et de ses joueurs.

Mathias Coureur / Propos recueillis et retranscrits par Pierre Vuillemot


Image à la une : © fckaysar.kz

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