Footballski vous propose de suivre à travers de nouvelles chroniques « La Russie prépare son Mondial », la série préparatif de la Sbornaya ! Quatrième épisode déjà, où l’on revient sur le match amical disputé contre l’Iran, meilleure équipe d’Asie au classement FIFA (et, probablement aussi, sur le terrain).
Approche tactique
XI Russie (4-2-3-1) : Lunyov – Fernandes, Kutepov, Vasin, Kudryashov – Al Miranchuk, Tarasov – Erokhin, Kokorin, Rausch – Smolov
XI Iran (4-5-1) : Beiranvand – Ghafouri, Hosseini, Pouraliganji, Hajsafi – Jahanbakhsh, Ebrahimi, Ezatolahi, Amiri, Taremi – Azmoun
Après une composition expérimentale contre la Corée du Sud, Cherchesov revient pour ce match à un système plus standard avec le retour d’une défense à quatre tout en conservant un système dense au milieu de terrain. Le onze aligné semble toutefois encore relativement éloigné de la composition finale pour la Coupe du Monde. Le jeune et prometteur Lunyov du Zenit est titularisé à la place d’Akinfeev et la valeur sûre Dzhikiya n’est pas alignée en défense, laissant sa place à Fernandes et Kutepov. En attaque, le système passe de deux pointes à une seule, Smolov étant placé seul devant, soutenu par Kokorin, Aleksei Miranchuk (buteur contre la Corée du Sud) et Rausch, titularisé pour la première fois. À noter la titularisation au poste de milieu défensif de Tarasov, qui était entré en jeu lors du match précédent. Avec cette composition, on pouvait espérer que la Russie étouffe son adversaire au milieu de terrain tout en étant plus solide défensivement. Nous avions annoncé qu’un passage par l’axe était préférable plutôt que sur les ailes (sans pour autant négliger ces dernières), autre point sur lequel la formation semble judicieuse. L’on peut ainsi dire de ce onze russe que son schéma tactique est astucieux et flexible, mais que les choix postes par postes, assez remaniés, posent bien des questions.
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— vaskin.vyacheslav (@vaskin1982) October 10, 2017
En face, l’Iran aligne une formation plutôt défensive en 4-5-1, avec une présence massive au milieu de terrain sensée empêcher le développement du jeu russe. L’enjeu pour l’Iran est double: la solidité de la défense, domaine où elle a excellé en qualifications, et la rapidité d’exécution au milieu pour servir l’unique attaquant de pointe. Et quel attaquant de pointe, puisque les Iraniens se présentent avec le célèbre joueur de RPL : Azmoun. Si l’expérimenté Ghoochannejhad est de son côté mis sur le banc, u n autre expatrié en Russie est titularisé: Ezatolahi, occupant le milieu de terrain axial. Sur quasiment tous les postes, la composition iranienne semble sérieuse puisque des grands contributeurs à la qualification sont disséminés un peu partout dans le onze, quelques jours après un match remporté contre le Togo avec une équipe presque « gag ».
La logique d’un point de vue purement stratégique est ainsi que la Russie ait la possession mais que l’Iran exploite au mieux chacun de ses contres. La Sbornaïa se doit également de soigner son irrégularité en pleine rencontre et de ne pas dépendre uniquement de temps forts éphémères (ou d’improbables erreurs adverses comme au match précédent).
Lire aussi : #3 La préparation de la Sbornaïa : Russie vs. Iran
Résumé de la rencontre
Ce match amical est l’occasion pour la Russie de se mesurer à une opposition plus solide en défense et le challenge a été important. La partie est restée indécise pendant tout son déroulement, les deux équipes parvenant à se créer des occasions mais se montrant souvent maladroites.
Le match commence doucement. Malgré une première occasion rapide de la Russie sur l’aile gauche, le rythme ralentit très rapidement pendant les quarante premières minutes. Pour se créer, les occasions doivent attendre que les Russes se mettent à commettre beaucoup de fautes dans leur camp à partir de la 20e minute de jeu, permettant aux visiteurs de se tester sur coups-francs. Les Russes peinent longtemps à porter le danger dans le camp adverse et se procurent une seule occasion de but sur un coup de pied arrêté où Erokhin manque de réflexe en expédiant hors des cages un ballon revenu à bout portant. On commence alors à se dire que la Russie galère encore dans la possession, domaine où elle devrait être capable de bien mieux faire, mais la partie s’accélère soudainement dans les cinq dernières minutes de la première période. Les observateurs peuvent notamment remarquer les transmissions profondes de Rausch vers l’axe depuis son couloir gauche, mais, sur sa meilleure action, le joueur à la réception manque à nouveau de réflexe à bout portant. Ce n’est pas pour autant que l’Iran cesse ses contres. Lunyov réalise un beau travail dans ses cages et intervient correctement par deux fois.
Le jeune gardien poursuit sur sa lancée dans la seconde mi-temps, bien plus riche en actions que la première. Sentant son équipe menacée, Cherchesov fait rentrer Dzhikiya, ce qui ne suffit pas à empêcher la défense russe de laisser des espaces et d’empêcher les offensives iraniennes. Mais avant que la menace ne se fasse vraiment sentir, la Russie bénéficie d’un beau temps fort de dix minutes. Les Russes croient pouvoir ouvrir le score sur une pénétration d’Aleksei Miranchuk, mais l’homme du Lokomotiv Moscou réalise une passe calamiteuse au lieu de simplement tirer. Il sort peu après, remplacé par Poloz. Un peu plus tard, Smolov trouve les gants du gardien alors qu’il peut tirer en se servant de Kokorin comme point d’appui. Entre temps, l’Iran manque de peu de trouver les filets sur un coup-franc rapidement tiré qui prend de vitesse toute la défense russe. Malheureusement, Azmoun expédie le ballon dans les airs. Smolov se heurte ensuite une deuxième fois au portier à la conclusion d’un bon mouvement de Kokorin. La Russie est punie de ce temps fort non-exploité. Sur un alignement calamiteux de l’arrière-garde, Taremi se retrouve libre de tout mouvement, sert un Azmoun laissé seul, lequel ne laisse aucune chance à Lunyov (0-1, 57′). L’attaquant du Rubin Kazan (actuellement en panne de réalisme offensif en club), marque ainsi contre son pays d’adoption.
La Russie passe près de la correctionnelle juste après sur un nouvel alignement affreux de la défense, heureusement compensée par la bonne sortie de Lunyov contre Azmoun. L’Iranien Taremi cause d’énormes problèmes à la défense russe dans cette seconde mi-temps et passe tout près de marquer sur un face-à-face non cadré puis sur un lob lointain rattrapé par Lunyov. Au fur et à mesure que le temps s’écoule, Cherchesov réintroduit ses titulaires, comme Kuzyaev ou Samedov. Smolov manque d’égaliser sur un coup-franc bien rattrapé par Beiranvaud. Il faut néanmoins attendre l’approche du dernier quart d’heure pour que la Russie se réveille réellement, d’abord sur une barre transversale de Samedov, puis une série de longs ballons où Samedov, à la réception d’une longue et bonne passe de Kuzyaev depuis le milieu, place un centre parfait à la volée sur Poloz qui égalise du bout du pied (1-1, 74′). Le match redevient plus calme après l’égalisation. La sortie de Taremi (Azmoun est sorti dix minutes plus tôt) juste après le but met fin aux attaques de l’Iran. Les deux dernières occasions du match sont à l’actif de la Russie dans les dernières minutes. Un centre de Kokorin renvoyé sur Kuzyaev passe au-dessus de la barre, puis un ultime coup-franc repris de la tête par Erokhin termine dans les gants de Beiranvaud. On en reste là pour un match moins riche en événements que le précédent, mais bien plus riche en enseignements.
Enseignements et perspectives
Il n’y avait pas grand-chose à tirer de la victoire contre la Corée du Sud, plus due aux circonstances qu’aux mérite et talents réels de l’équipe, chose qui s’est confirmée par la victoire du Maroc sur les Coréens ce mardi 10 octobre. Pour cette rencontre plus intéressante, la Russie décroche un nul assez moyen face à un adversaire qui n’a pas commis les mêmes erreurs défensives que celui du match précédent. Ainsi, terminés les buts-cadeaux et les CSC chanceux, le but de la Russie a découlé d’une vraie action collective.
Le match a mis en évidence, de façon pas forcément attendue, le potentiel latéral de la Sbornaïa, en particulier du côté droit où Samedov a apporté beaucoup de bien. On note également les bonnes performances de Kuzyaev, Kokorin, Poloz et même Smolov. Les points forts de cette Russie sont clairement offensifs, ce qui rend d’autant plus forte la nécessité de corriger ce problème de régularité importante. Contre l’Iran, la Sbornaïa a de nouveau alterné le bon et le mauvais selon les périodes, eu des temps forts au milieu de longs moments médiocres. Ce défaut devra impérativement être corrigé dans l’avenir sans quoi la Russie ne pourra pas espérer effectuer la promotion du statut d’équipe prometteuse à celui d’une vraie bonne équipe capable de faire bonne figure en compétitions.
L’autre aspect inquiétant concerne la défense. L’arrière-garde russe a multiplié les bourdes défensives qui auraient pu être sanctionnées plus sévèrement qu’elles ne l’ont été. Sur plusieurs actions, l’alignement de la défense est apparu risible. Le secteur défensif en est donc un où la Russie se cherche toujours.
En novembre, la Sbornaïa sera opposée à des adversaires de renom: les sélections d’Argentine et d’Espagne. Si la Russie arrive à corriger les défauts énumérés ci-dessus (ce qui est loin d’être évident), elle pourrait potentiellement surprendre mais le chantier reste énorme à l’heure actuelle.
Philippe Ray
Image à la une : © Maksim Bogodvid / Sputnik via AFP Photos
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A 13 ans, je suis fan (et expert!) sur le football de l’est.
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