Après 16 années d’attentes et de déceptions, le Kairat Almaty a retrouvé la couronne de champion alors qu’Astana s’est totalement écroulé. Ce championnat 2020 restera forcément dans les annales – comme partout ailleurs – car le championnat avait à peine débuté lorsque la première coupure ovid est intervenue, et à peine reparti lorsque la deuxième est arrivée !

1 – Kairat Almaty – 45 pts

Almaty est redevenue la capitale kazakhe, et pas uniquement au niveau des résultats. Après la coupure due au covid, la ville du sud a accueilli une douzaine de clubs d’autres villes grâce à ses bonnes structures footballistiques. Ce qui a forcément avantagé les joueurs du Kairat qui recevaient à chaque match. Il fallait tout de même assurer sur le terrain et les joueurs l’ont fait. Enfin, surtout Vagner Love ! Oui, on parle bien de l’ancien joueur du CSKA Moscou, qui jouait donc encore au football au Brésil avant de débarquer en juillet. Lors de plusieurs affrontements contre des concurrents directs, le vétéran brésilien a été le leader technique et mental de toute l’équipe.

On peut tout de même parler de l’effondrement du niveau global du championnat pour justifier ce renouveau du Kairat, qui n’a d’ailleurs pas brillé en Europe. Les prétendants au titre ont tous déçu, Astana et Ordabasy en tête. Tobol, dauphin, est resté dans ses standards, ce qui est toujours insuffisant.

© fckairat.kz

2 – Tobol Kostanay – 38 pts

Ce n’est pas toutes les saisons que Kostanay termine aussi haut (la dernière remonte à 10 ans) mais n’y aurait-il pas un goût d’inachevé ? L’équipe est ultra expérimentée, et l’arrivée de Fonseca et Manzorro à l’été ont encore consolidé un effectif qui pouvait clairement viser la première place. Mais la faiblesse de l’équipe est toujours la même : l’animation offensive et l’efficacité (26 buts marqués en 20 matchs). Le coach Babayan, auteur de la dernière belle aventure européenne d’Astana, s’il n’a pas su trouver les remèdes, a au moins conservé la solidité que ses prédécesseurs avaient mis en place. Tobol a craqué contre ses concurrents directs, avec des défaites contre Kairat (2), Astana (1), Ordabasy (1). Malgré tout, l’inusable Jaba Kankava règne toujours en maître sur cette équipe !

3 – Astana – 36 pts

Après six années de domination sans partage du football national, Astana s’est démantelé, et de quelle façon !

Le changement d’entraîneur n’a pas eu les effets escomptés. Si Grigorchuk était décrié, que peut-on dire de son successeur Bilek, qui était aussi en charge de la sélection ? Le direction du club a semblé naviguer à vue, les personnes arrivant à diverses fonctions du club n’ayant pas forcément les compétences nécessaires, encore moins l’expérience.

Les transferts ratés, le manque d’organisation lors de la délocalisation à Almaty, le fond de jeu inexistant, le manque de leaders et le peu d’envie ont été symbolisés par cette série de trois défaites consécutives contre le Kairat, Taraz et Karaganda (!) en novembre et par un fiasco total en Europe (deux défaites en deux matchs : 6-3 contre le Dynamo Brest puis 1-0 contre le Buducnost Podgorica !!).

En coulisses ou sur le terrain, le manque de cohésion et les décisions partant dans tous les sens ont fini de disloquer le club qui faisait la fierté du Kazakhstan à l’échelle européenne. Et l’on se demande bien comment Astana va se relever…

4 – Shakhter Karaganda – 32 pts

Les mineurs sont de retour ! Malgré une direction calamiteuse, le Shakhter a réussi à se qualifier pour l’Europe, son grand retour après avoir été le pionnier kazakh il y a quelques années.

L’hiver dernier, la nomination de Vyacheslav Grozny au poste d’entraîneur ainsi que le recrutement d’un grand groupe de joueurs russes sur-âgés soulevaient de nombreuses questions. Combinés à l’historique d’une direction jamais avare de décision absurde, cela ne présageait rien de bon. Cela semblait se confirmer en début de saison quand l’Akym (gouverneur) de la région exprimait le souhait de voir plus de joueurs locaux sur le terrain avec le Shakhter, désavouant publiquement les choix de Grozny. Après deux matchs dont une victoire contre le Kairat, Grozny est débarqué pour laisser la place à un novice : Konstantin Gorovenko.

Le nouveau coach met doucement ses principes en place et l’alchimie finit par prendre. Le jeu pratiqué est agréable mais pas toujours efficace jusqu’à une fin de saison en trombe (cinq victoires en six matchs). Ordabasy, pourtant mieux armé, se fait voler sa place européenne. Il faudra voir comment se déroule l’intersaison, mais on a hâte de voir la suite de l’aventure !

5 – Ordabasy Shymkent – 31 pts

Renforcé (à minima pas diminué) par rapport à la saison dernière, Shymkent avait l’occasion de se battre pour le titre cette année. Résultat ?Pour la première fois depuis 2013, le club est propulsé hors du Top 4 et n’a jamais semblé en mesure de rivaliser avec les plus forts (une victoire en six matchs contre le top 3). Le point positif est que l’on aura pas besoin de suivre sa performance européenne la saison prochaine.

A part le meilleur buteur de KPL, Joao Paulo, qui a profité du manque d’avant-centre, le reste des individualités n’a pas été au niveau attendu et le jeu collectif en a pâti. La fin de cycle n’est pas loin pour une équipe qui n’a jamais pu faire mieux que troisième, malgré des moyens intéressants et de l’ambition.

Les autres

Cinquième surprise du dernier championnat, Zhetysu a su réitérer une belle saison malgré un budget réduit. Il faut dire que la cellule de recrutement a souvent de très bonnes idées. Sa filiale biélorusse fonctionne bien et l’acquisition du portugais Pedro Eugenio en provenance de Bulgarie s’est révélée être une ingénieuse idée. Offensivement, l’équipe a montré de belles choses mais s’est montrée trop naïve face aux gros (cinq défaites et un nul contre le Top 3). Récemment, une nouvelel réduction des coûts a déjà été annoncée pour la saison prochaine : Zhetysu pourrait vite redescendre dans la hiérarchie du football kazakh.

Pour sa première participation à la Coupe d’Europe, le Kaisar Kyzylorda, pas aidé par le manque de rythme, n’a rien pu faire contre l’APOEL (défaite 4-1). L’effectif ne s’était pas suffisamment renforcé par rapport à la saison dernière. Pour sa quatrième année sur le banc des loups, Mladenov n’a pas semblé pouvoir allumer l’étincelle, en témoigne le faible nombre de buts marqués (20) et le jeu souvent morne de son équipe. Trop insuffisant pour viser les places européennes Avec une réduction du budget la saison prochaine, le Kaisar aura plus de mal à attirer des étrangers, déjà peu enclins à venir dans cette partie isolée du pays.

En plus d’admirer son joyau Zaynutdinov briller en Russie, Taraz a réussi à figurer de manière honorable dans ce championnat. D’autant plus que la direction du club n’a pas facilité les choses en étant réticente à se mettre d’accord avec les joueurs sur les conditions financières. Les étrangers ont d’ailleurs déclaré ne plus vouloir jouer pour le club. Dommage : quand on voit les prestations toujours très intéressantes face aux gros, on se dit que Taraz aurait pu viser nettement plus haut…

Kyzyl-Zhar n’a pas enthousiasmé les foules, loin de là. Le plan, tous derrière, a pourtant fonctionné puisque le club a fini sans trop stresser pour son maintien. Au vu de la pauvreté de l’effectif et des mouvements de joueurs (l’international roumain Enache arrivé et reparti après cinq matchs et deux buts, Tsetskhladze arrivé et reparti après trois matchs, Bezlikhotnov arrivé de Russie le 9 septembre, reparti le 13 octobre… sans parler du mystérieux Nurlan Daurenbekov, arrivé à 31 ans sans avoir joué en pro, qui n’a même pas figuré avec la réserve), le classement est plutôt flatteur.

Avant le début de saison, personne n’aurait misé un seul tenge sur le maintien d’Aktau, de retour après 20 ans. Sans argent et avec une équipe qui n’avait pas du tout l’air compétitive pour ce niveau, les Marins ont réussi l’impossible. Si les responsables politiques régionaux ont tout fait pour faire couler le club pendant la coupure due au coronavirus en ne respectant aucun engagement et en communiquant de la pire manière possible, l’équipe totalement remaniée, elle, a montré de la discipline et de la volonté sur le terrain, suffisamment pour lutter à armes presque égales et à remporter des points.

On n’attendait pas Okzhetpes à la dernière place. Beaucoup plus stable et mieux armé que ses concurrents, Okzhetpes aura finalement sombré de bout en bout. Malgré pléthore d’attaquants, c’est le défenseur central de l’équipe qui finit meilleur buteur. Il faut dire que le vrai-faux départ de leur coach, quittant le club pour être candidat à la succession de Bylek à Astana puis revenant après avoir échoué, a probablement eu un effet négatif sur l’effectif.

L’Irtysh Pavlodar, quintuple champion du Kazakhstan, n’a pas repris la saison après la première coupure covid, « en raison des personnes qui ne pensaient pas au club mais à leurs propres intêrets avant tout, » comme le disait Dimitar Dimitrov, ancien coach mythique de l’Irtysh. « Le management du club et le précédent Akim sont à fustiger. Regardez les dettes accumulées depuis deux ans ! J’ai été viré car je ne souhaitais pas participer à ce genre de choses. » Des millions de dollars volés chaque année des caisses du club et de l’escroquerie en bande organisée auront eu raison du mythique club de Pavlodar. A contrario, on se félicitera du retour d’un autre club mythique, Aktobe, revenu sans douleur après une année de purgatoire en deuxième division.

Nul doute que l’an prochain, le championnat kazakh sera différent. Le président du pays lui-même a annoncé qu’il y avait beaucoup trop d’argent public alloué au football professionnel. Et quand on sait que tous les clubs kazakhs (excepté Kairat) sont perfusés aux deniers publics… Les temps risquent d’être durs. Il faut dire que, mis à part Astana, tout cet argent public donné depuis longtemps n’a pas permis au championnat de progresser malgré les arrivées massives d’étrangers et les énormes salaires donnés.

Damien F.

Image à la Une © fckairat.kz

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