20 journées se sont déjà écoulées en Hongrie, où le championnat a repris à la mi-janvier. L’occasion de faire le point sur les douze équipes qui composent l’OTP Bank Liga, et qui se portent plutôt bien malgré la crise du Covid-19; celles-ci ont même eu la chance de remplir leurs stades en début de saison ! Première partie avec le Top 6 du championnat hongrois.

1. Ferencváros – 50 points

Le début de saison s’annonçait piégeux pour le champion en titre, engagé dans une campagne de Ligue des Champions à rallonge (merci les quatre tours préliminaires en septembre !) et devant intégrer de nombreux nouveaux joueurs. Finalement, en dehors d’un léger accroc dans le plus vieux derby hongrois contre le MTK Budapest en ouverture du championnat, la machine s’est mise en route plutôt tranquillement. 

Si les recrues star ont déçues, à l’image de Myrto Uzuni acheté 1,8 millions d’euros au Lokomotiv Zagreb et de l’ancien du Zenit Robert Mak, abonné au banc, l’expérimenté bosnien Adnan Kovacevic en provenance du Korona Kielce a considérablement renforcé l’assise défensive. Avant la trêve, Fradi n’avait encaissé que sept buts et n’avait jamais pris plus d’un but dans un match. Combiné à une attaque certes peu efficace mais qui accumule énormément d’occasions (seulement trois matches sur cette première phase où le FTC n’a marqué qu’une fois), le cocktail a donné un résultat comptable exceptionnel de 12 victoires et 2 matches nuls – avec deux matches de retard à la trêve. Seul le MOL Vidi a réussi à rivaliser autant dans le score que dans le jeu, dans son antre, avec un match nul 1-1 à la clé. 

Le derby contre Ujpest restera dans les annales pour ses tribunes pleines à craquer qui ont battu le record européen d’affluence cette saison; moins pour ce qu’il s’est passé sur le terrain (2-0), l’écart entre les deux équipes n’ayant jamais été si grand. Malgré tout, Ferencváros n’était pas aussi impressionnant cet automne que ce que les chiffres montrent; le manque d’efficacité offensive s’est clairement fait ressentir dans les matches face à des équipes plus ambitieuses que la norme. La bande à Sergueï Rebrov peut ainsi s’estimer heureuse de s’en être si bien sortie face à Kisvarda ou à Zalaegerszeg: d’ailleurs, le fait que l’ailier Tokmac Nguen soit le meilleur buteur de l’équipe (7 réalisations) n’est pas anodin. 

Le retour du bâton est finalement arrivé à la reprise. En comptant les deux matches en retard joués en janvier, le Ferenc n’a gagné qu’une seule fois sur les quatre premières rencontres, face au voisin de Budafoki (3-0). Pire, le leader a perdu son premier match de la saison contre la lanterne rouge Diósgyőri (0-1), avant d’être tenu en échec par deux aspirants aux places européennes (Kisvárda et la Puskás Akadémia). Le renfort de deux pépites hongroises du MTK, Dániel Gera et Máté Katona arrivés gratuit en janvier, ainsi que du latéral américain Henry Wingo (ex-Molde) ne devrait pas leur être de trop pour cette deuxième partie de saison qu’ils peuvent tout de même voir arriver sereinement, avec un matelas de 14 points d’avance sur son plus proche poursuivant. En effet, la belle mécanique budapestoise a été retrouvée au bon moment, pour les deux confrontations les plus importantes de la saison face à Ujpest (4-0) et le MOL Fehérvár (2-0), avant de subir un nouveau match nul le weekend dernier après avoir mené 2 à 0 contre Mezőkövesd. 

Tokmac Nguen, star du championnat

2. Puskás Akadémia – 36 points

Montée de toute pièce par Viktor Orbán et son entourage dans son village natal de Felcsút (même pas 2000 habitants), la Puskás Akadémia était dans les années 2000 un projet de club satellite pour les jeunes de Videoton. Considérablement développé depuis que le premier ministre actuel est revenu au pouvoir en 2010, comme le symbolise la construction de sa magnifique enceinte de la Pancho Aréna (designée par le célèbre architecte Imre Makowecz), l’équipe progresse de saison en saison. La troisième place obtenue en 2019-2020 grâce à une fin de championnat canon a permis d’élever les ambitions d’un club qui visait avant tout le top 6 ces dernières années, d’autant plus que le magicien Zsolt Hornyak a décidé de continuer l’aventure après cette première saison réussie sur le banc de la Puskás. 

Signe de ses nouveaux rêves de hauteurs, la stratégie de recrutement a changé. En plus de l’habituelle ribambelle de jeunes arrivants (qui n’ont eu que très peu de temps de jeu), l’entraîneur slovaque d’origine hongroise a misé durant le mercato estival sur des joueurs en milieu de carrière, déjà confirmés et pouvant donc apporter une véritable plus-value à la qualité de l’effectif. Si le défenseur central portuguais de 25 ans Joao Nunes (arrivé du Panathinaïkos), le milieu albanais Liridon Latifi (27 ans, ex-Sheriff Tiraspol) et l’ailier droit roumain Alexandru Baluta (27 ans, en provenance du Slavia Prague) n’ont pas réussi à s’imposer, l’avant-centre croate Antonio Mance (25 ans, venu d’Osijek) – meilleur buteur de l’équipe avec neuf réalisations en 21 rencontres – et le jeune ailier gauche Tamás Baiser (20 ans, trois buts en 24 matches), débarqué de Diósgyőri, ont eux réussi à passer devant la concurrence. Baluta serait d’ailleurs également titulaire sans la présence à son poste de l’excellent néerlandais Luciano Slagveer, recruté en janvier 2020 et acteur majeur du fabuleux finish de la Puskás la saison dernière.  

Si les recrues n’ont véritablement été intégrées à l’équipe que fin septembre, le onze d’Hornyak a réussi un début de championnat de haute volée, avec trois victoires pour une seule défaite dans l’enceinte du MOL Fehérvár. Octobre ne fut pas du même acabit avec quatre défaites en autant de rencontres, et dix buts encaissés pour seulement deux marqués, avant que la Puskás Akadémia ne reprenne son rythme de croisière en fin d’année: quatre victoires, deux nuls et deux défaites en novembre et décembre. A peine renforcés au mercato hivernal par l’arrivée de Krisztián Géresi, l’ailier gauche de 26 ans (ex-MOL) ne semblant destiné qu’à jouer les second rôles derrière Tamás Baiser, les protégés d’Orbán ont pourtant entamé 2021 de la meilleure des manières. En effet, il s’agit de la seule équipe invaincue depuis la reprise du championnat; après un nul 1-1 face au leader, Felcsút a depuis enchaîné par quatre victoires convaincantes, de quoi doubler un Videoton à la ramasse et se poser en principal challenger des fradistas. 

Le fabuleux Zsolt Hornyak

3. MOL Fehérvár FC – 33 points

Seul véritable rival du Ferencváros ces dernières saisons en ce qui concerne la course au titre, le deuxième club de Hongrie en termes de budget et d’ambitions a déçu lors de la première phase du championnat, et encore plus en 2021. Même s’il le suit au classement, le MOL Fehérvár (ex-Videoton) est déjà largué par son ennemi budapestois à la mi-saison. Le recrutement prometteur a peiné à porter ses fruits, puisqu’en dehors du gardien serbo-hongrois Emil Rockov (arrivé du FK Vojvodina), aucun arrivant ne s’est imposé dans le 11. Certes, le milieu brésilien Alef (ancien de Braga) et l’attaquant géorgien Zivzivadze (ex-Mezőkövesd-Zsóry) ont progressé dans la rotation de l’effectif, jusqu’à enchaîner plusieurs matches en tant que titulaires depuis novembre. En revanche, l’ailier brésilien Evandro da Silva (24 ans) en provenance du CSKA Sofia a complètement disparu des radars après avoir débuté tous les matches en tant que titulaire lors des premières journées. 

Redoutables offensivement avec la meilleure attaque sur les douze équipes engagées (42 buts), le MOL Fehérvár a été capable d’écraser deux tiers de ses adversaires. Malheureusement, un départ poussif (2 matches nuls contre Zalaegerszeg et Paksi) et une incapacité chronique à battre les aspirants au top 6 l’ont empêché de mettre la pression au leader vert et blanc; Videoton n’a pris que 9 points sur 24 possibles contre Ferencváros, le MTK, Kisvárda, Puskás Akadémia et Paksi. Le club de Székesfehérvár ne doit son avance sur les concurrents qu’à un quasi-plein face aux formations les plus faibles du championnat; en confrontation directe nous avons pu observer que le niveau du MOL n’est pas bien supérieur à celui des équipes citées plus haut. 

Depuis la reprise, Vidi n’a pas réussi à profiter des contre-performances de Fradi avec une seule victoire pour un nul et deux défaites sur les quatre premiers matches, dont le premier faux-pas à domicile face à un Honvéd contre qui les fehérváriens n’y arrivent décidément pas cette saison (1 point pris sur 6 possibles). Plus inquiétant, l’ex-Videoton a perdu toute illusion de titre – et sa place de dauphin – lors des deux dernières journées en date à cause d’une défaite sans appel contre le Ferencváros (2-0) suivie d’un match inquiétant à domicile contre un MTK qui l’a donc déjà battu deux fois (1-2). Ces résultats en dents de scie s’expliquent par une défense trop perméable, avec treize buts encaissés de plus que le leader – et seulement 4 cleans sheets en 20 rencontres. Arrivé en juillet, Gabor Martón a mis en place un jeu fait de prises de risques avec un bloc très haut dans la lignée de ce qu’il proposait l’an dernier à Zalaegerszeg. Avec plus de moyens, sa philosophie entraîne un style tout feu tout flamme où les ailiers s’illustrent particulièrement, à l’image de l’ukrainien Ivan Petryak (recruté au Shaktar à l’été 2019) et ses 8 buts et 3 passes décisives. Les buteurs ne sont pas en reste avec en alternance le duo Nikolics-Zivzivadze (respectivement 7 buts/3 passes décisives et 5 buts/6 passes décisives) aussi présent dans le jeu courant qu’à la finition. 

Ivan Petryak, le meilleur buteur du club

4. MTK Budapest – 32 points

Le promu budapestois en a surpris plus d’un, et ce dès le début du championnat avec un match nul en ouverture face à Ferencváros et une victoire dans l’autre derby historique contre Honvéd. Doté d’un groupe majoritairement composé de locaux et notamment de jeunes formés au club, Michael Boris a aligné huit hongrois d’entrée et sept joueurs de 23 ans ou moins sur le premier match. Le technicien allemand s’est appuyé dès septembre sur la solidarité et la solidité défensive de son effectif. Pour faire mal à l’adversaire, il a pu compter sur la vitesse et l’efficacité de ses attaquants en contre. 

Installé au Lantos Mihály Sportközpont à Zugló depuis 2015, Dániel Gera a évolué à son meilleur niveau pour porter dès les première rencontres l’attaque budapestoise, avec deux ouvertures du score contre Ferencváros et Honvéd. 

Certains jeunes hongrois issus de la formation estampillée MTK comme le milieu Szabolcs Mezei (20 ans) ont été titularisés en début de saison avant d’entrer dans la rotation, mais seul Zsombor Nagy (22 ans) a réussi à garder sa place de titulaire indiscutable dans la lignée de son excellente saison en d2 la saison dernière. L’ancien de l’Ajax Szabolcs Schön (20 ans, ailier gauche) a quant à lui régulièrement été titularisé tout au long de cette première partie de saison. 

Des quelques renforts étrangers arrivés au club à l’intersaison -essentiellement des joueurs libres- le gardien monténégrin Milan Mijatovic (33 ans, ex-Levski Sofia) s’est rapidement imposé tout comme l’arrière gauche colombien Sebastián Herrera Cardona (26 ans, ancien de Rabotnicki). L’avant-centre brésilien Myke Ramos (28 ans) a débuté la saison dans le costume de buteur. De retour de prêt de l’Ittihad Kalba, il connaît bien l’OTP Bank Liga pour avoir débarqué de son pays natal à Putnok (deuxième division) en 2013. Au MTK depuis 2014, il a depuis été constamment prêté, à Kisvárda puis à Haladas. A partir d’octobre, la recrue phare Bojan Miovski (21 ans, arrivé de son pays à Renova en Macédoine du Nord) s’est imposé à la place de Ramos – c’est le meilleur buteur de l’équipe avec 6 buts, auxquels on peut ajouter 3 passes décisives. D’autres étrangers fraîchement arrivés comme Tiago Ferreira (sans club) ou Patrick Ikenne-King (retour de prêt au Honvéd) ont également été intégrés plus tardivement. 

Après cette entame encourageante, le promu budapestois a explosé au Nandor Hidegkuti Stadium face à Zalaegerszeg (0-3) puis à Paksi (4-0), avant de se faire humilier à domicile contre l’autre promu du Budafoki MTE (1-2) – à 11 contre 10. Le MTK s’est revigoré en battant une Puskás Akadémia (3-0) qui n’avait perdue que contre Fradi. Après un nul au goût de victoire face à Kisvárda (1-1) compte tenu de la forme étincelante affichée par les adversaires, le plus vieux club hongrois a enchaîné sa meilleure série de victoires: Ujpest écrasé 4-0 avec huit hongrois titulaires, Mezőkövesd maîtrisé 1-0 et cerise sur le gâteau la meilleure performance de ce début de saison en battant le MOL Fehérvár 3-1. La fin d’année 2020 a été moins régulière mais le bilan reste correct: deux victoires arrachées (DVTK et Paksi), un nul (Honvéd) et deux défaites (Ferencváros et Zalaegerszeg). 

Orphelin de ses tauliers Dániel Gera et Máté Katona (jeune milieu de 23 ans qui s’est imposé depuis plusieurs saisons) tous deux partis chez son rival leader et tenant du titre, le MTK Budapest a entamé sa deuxième partie de saison dans la douleur. Deux défaites à domicile contre Honvéd et Puskás sur la plus petite des marges, ainsi qu’un nul face à un Budafoki réduit à 10 ont mis la pression à Michael Boris et ses joueurs avant le duel décisif à Kisvárda, remporté 2-0 par une équipe qui a su encaisser tous les coups. C’est bien cette résilience qui pourrait leur permettre d’aller chercher des sommets inespérés, et pourquoi pas l’Europa League ! Malheureusement, le MTK n’arrive plus à enchaîner les bonnes performances, comme l’illustre sa rechute à domicile contre Ujpest (1-3) suivi d’une victoire 2-1 à Székesfehérvár le weekend dernier …

Bojan Miovski, grand espoir monténégrin du MTK

5 – Kisvárda FC – 31 points

Originaire d’une petite bourgade de 16 000 habitants, le Kisvárda FC est un club historique des divisions inférieures hongroises: existant depuis 1911, il jongle depuis entre le troisième échelon national et les championnats provinciaux. Stabilisé en deuxième division dans les années 2010 grâce à l’arrivée d’un sponsor majeur (Master-Good, entreprise de transportation de volaille) Várda a obtenu le graal de la montée en d1 pour la première fois en 2018/2019. Le travail remarquable réalisé par l’ex-coach aujourd’hui directeur sportif Attila Révész porte ses fruits, marqué du sceau de l’ambition, que ce soit en terme de jeu ou de résultats. Le recrutement de l’expérimenté Attila Supka (un des entraîneurs hongrois les plus titrés du 21ème siècle) et l’intégration de nombreuses recrues ont annoncé la couleur. Le discours conquérant prôné par le coach et son effectif n’a pas été entamé par un début de championnat compliqué avec deux défaites en trois matches, contre Budafoki dans des conditions climatiques extrêmes puis la Puskás Akadémia sur un score de 3-0 bien flatteur pour les visiteurs. 

Tout compte fait, les joueurs arrivés au mercato d’été ont profité de ces matches largement perfectibles pour s’intégrer au collectif. Si Niko Datkovic (débarqué du Cracovia) a peiné en défense centrale avant de devenir un maillon important de la solidité kisvárdienne, Jaroslav Navratil (ex-Go Ahead Eagles) s’est montré bouillant dès sa première titularisation contre Puskas. Lazar Zlicic (milieu offensif, arrivé de Vozdovac) et Driton Camaj (ailier gauche venu de l’Iskra Danilovgrad) n’ont eux pas réussi à s’imposer même s’ils font partie de la rotation – Camaj ayant eu de nombreuses occasions de s’illustrer en début de saison avant d’être progressivement rétrogradé dans la hiérarchie. 

Alors que Supka commençait à identifier un peu plus clairement les qualités de son effectif, le collectif s’est affiné et le retour de Claudiu Bumba (meilleur buteur de l’équipe avec 5 réalisations) à la place de Camaj a décuplé le danger apporté par l’attaque. Un but et une passe décisive de son meneur roumain dans les vingt premières minutes de la confrontation face à Ujpest ont définitivement lancé la saison de Kisvárda. La réussite maximale des locaux, qui leur a permis juste avant la mi-temps de revenir à 2-2 malgré l’ultra-domination des rouge et blanc, n’a rien changée rien au résultat final: Kisvárda a remis un coup d’accélerateur en seconde période et a assommé son adversaire grâce à deux coups de pieds arrêtés déposés par Bumba sur la tête de ses coéquipiers. S’est ensuivie une série fructueuse de quatre victoires en cinq matches (2-1 contre Mezőkövesd et Zalaegerszeg, 1-0 face au DVTK et enfin 3-1 dans la confrontation des “petits clubs” ambitieux avec Paksi) pour une défaite 2-0 face à l’équipe plus réaliste et mature qu’est le Ferencváros – sans avoir de quoi rougir pour autant. Kisvárda a évolué à son meilleur niveau durant cette période d’octobre-novembre qui les a vu se rapprocher d’un club comme le Videoton en termes de qualité offensive et de construction. 

Malheureusement, la fin d’année 2020 n’a pas été du même acabit. Sans s’écrouler dans le jeu, Kisvárda a considérablement manqué d’efficacité pour réaliser une série hallucinante de trois 0-0 d’affilée face à Budafoki, la Puskás Akadémia (deux formations contre lesquelles la bande à Attila Supka n’a toujours pas gagné cette saison) et le Budapest Honvéd – autant d’équipes largement dominées pendant 90 minutes. La défaite par hold-up a toutefois été évitée à chaque reprise, avant que cet inévitable scénario n’ait été tout proche de se produire contre Ujpest. En effet, les visiteurs ont ouvert le score à la 85ème après avoir courbé l’échine tout le match … jusqu’à ce que le supersub Richárd Jelena n’égalise dans le temps additionnel. La rupture est finalement arrivée lors du dernier match avant la trêve, avec une défaite 3-0 à Székesfehérvár dans la MOL Aréna Sóstó du Videoton. 

L’intersaison a permit au club de se renforcer avec les achats du central serbe Lazar Cirkovic (sans club), du piston gauche brésilien Matheus Leoni (ex-Arda Kardzhali en Bulgarie) ainsi que du milieu central bulgare Yanis Karabelyov (ancien du Slavia Sofia). Tous les trois ont intégré le onze kisvárdien dès le match de reprise face à Mezőkövesd, pour un nouveau 0-0. Promis à un calendrier d’enfer avec l’affrontement de trois équipes du top 6 en une semaine, Kisvárda s’en est magnifiquement sorti contre MOL Fehérvár (2-1) et Ferencváros (1-1), avant de perdre le match le plus important face au MTK Budapest (2-0). Malgré une nette domination en première période les joueurs de Supka n’ont pas su concrétiser leurs occasions, un mal récurrent depuis quelques mois, manquant ainsi l’occasion de remonter sur le podium et de revenir à deux points de Vidi. Quelque chose semblait s’être cassé à Kisvárda, qui s’est par la suite incliné face à la lanterne rouge DVTK (2-0) … avant de se reprendre dans la douleur le weekend dernier en achevant Zalaegerszeg à la 94ème minute (2-1). 

Attila Supka, un des meilleurs entraîneurs hongrois du 21ème siècle

6. Paksi SE – 29 points

L’équipe la plus séduisante de la saison n’est pas celle qu’on attendait ! Après un été catastrophique qui aura coûté son poste à Gábor Osztermájer, sauveur in extremis d’un Paks morose l’an dernier, l’expérimenté György Bognár a transformé son effectif pour en faire une machine à attaquer et presser l’adversaire. Cette légende de l’équipe nationale (près de cinquante sélections et une participation au Mondial 86) a ensuite eu un parcours atypique, lui qui a principalement charbonné dans des clubs de NB II (excepté un court passage au Honvéd avec moins de 20 matches dirigés) et qui a plus porté le costume de directeur sportif que d’entraîneur ces dernières années. C’est un véritable exploit que d’avoir réussi à développer en si peu de temps, et avec comme seules ‘recrues’ trois joueurs de retour de prêt, un jeu d’une telle qualité – et d’une telle efficacité. 

En effet, les quatres premiers matches dirigés par Osztermájer se sont soldés par trois défaites lamentables (deux fois 1-2 à domicile face à Ujpest et Mezőkövesd, 5-0 à Ferencváros) et un match nul contre un Videoton en rodage (1-1). Le taulier Dániel Böde n’a pas réussi à porter son équipe en attaque, et les contres adverses percent la défense comme dans du beurre. 

Le changement opéré avec l’arrivée de Bognár ne pouvait pas être plus brutalement confirmé que lors du match face au MTK Budapest; défense à 3 (ou à 5 selon l’interprétation), exit Böde et place à János Hahn, pour une victoire furieuse 4 à 0. Métamorphosé, Paksi est parti pour enchaîner les performances spectaculaires et prolifiques pendant deux mois. A la clé, 5 victoires (MTK, Diósgyőr, Zalaegerszeg, Budafoki et Puskás) et 1 match nul (Honvéd) avec 18 buts marqués pour 6 encaissés. 

Bognár trouve match après match la formule, un 3-5-2 avec le capitaine Dániel Böde … en stoppeur ! En tout cas sur les feuilles de match, l’ex-gâchette du Ferencváros évoluant concrètement entre la défense et le milieu. Il tient un rôle de “boussole” dans une équipe à la formation tactique originale, et à l’organisation très libre sur la pelouse. Ce replacement permet de découvrir un nouveau serial buteur en la personne de János Hahn (25 ans, au club depuis 2014). Il joue sa première rencontre pour les débuts de Bognár contre le MTK et inscrit un triplé ! Entre la 5ème et la 10ème journée, Hahn a inscrit la bagatelle de 9 buts; il clôt même ce festival par un quadruplé dans la victoire 6-2 face à la Puskás Akadémia – sommet de cette première partie de saison à Paks. L’état de grâce de son numéro 9 reflète les performances de l’équipe; malheureusement celui-ci est ensuite resté muet près de 3 mois jusqu’à l’affrontement  de Zalaegerszeg le 31 janvier. 

Autant dire que les mois de novembre et décembre ont été très compliqués, avec 4 défaites sur les 6 derniers matches et une égalité peu glorieuse contre Ujpest. Seule la victoire 1-0 contre le MOL Fehérvár début décembre a empêché la dépression complète. Le style de jeu n’a pas changé mais la défense a multipliée les cadeaux en cette période de fêtes et l’attaque s’est arrêtée de flamber, ce qui a donné lieux à des matches prolifiques, mais dans un seul sens. Paksi a ainsi encaissé trois buts ou plus dans chacune de ses défaites: 3-1 à Kisvárda, 4-3 à Mezőkövesd, 1-3 au Stadion PSE face au Ferencváros, et finalement 3-1 au Nandor Hidegkuti Stadion pour clore 2020 avec l’antithèse du festival qui avait inauguré l’ère Bognár. 

La trêve hivernale a fait du bien aux joueurs de Paks qui ont pu se ressourcer. Depuis la reprise, l’efficacité offensive est revenue (János Hahn a retrouvé par deux fois le chemin des filets) et les résultats semblent approcher une forme de stabilité, loin des deux extrêmes de la première partie de saison. En dehors du match-festival contre Zalaegerszeg (4-4), le onze de Paks a été sérieux en défense avec un seul but encaissé dans le nul contre Honvéd (malgré un carton rouge) et surtout au cours des victoires probantes face à Diósgyőri (2-1) et Budafoki (4-1). La fin de saison peut être envisagée avec appétit pour ce club au bord du gouffre début octobre, et maintenant en mesure de viser le podium grâce au miracle Bognár … attention toutefois à regarder derrière car depuis la défaite à Felcsút le weekend dernier, autant de points les séparent du deuxième que du premier relégable. 

Paksi, une bande de potes menée par la légende Daniel Böde

Basile Blin

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