Comme à l’accoutumée, il s’est passé beaucoup de choses lors de ces six premiers mois de football en Grèce. De l’émergence de certains jeunes talents,aux changements de coachs, en passant par la lente dégringolade du Pana, la belle histoire de José Anigo à Levadiakos et les débuts poussifs de l’Olympiakos, bien rares sont ceux qui se sont ennuyés. Alors que le championnat s’apprête à redémarrer pour une deuxième phase palpitante, il est temps de faire le point sur la situation.
L’Olympiakos s’est bien repris
Il y a comme un air de déjà vu avec cet Olympiakos version 2017-2018. Une fin de saison dernière plutôt chaotique, avec un Takis Lemonis jouant les pompiers de service afin d’assurer la conquête du titre. Un été placé sous le signe de la reconstruction, et le choix (contesté) de Besnik Hasi au poste d’entraîneur. Des recrues en nombre (sans doute trop grand, d’ailleurs), puis des tours préliminaires réussis, avec une qualification à la clé. Avant l’issue fatale, mais à laquelle tout le monde s’attendait : le limogeage du technicien albanais, à la fin septembre, consécutif à un derby piteusement perdu face à l’AEK (3-2), malgré un avantage de 2-0. Et là, on retrouve un schéma vu et revu : Takis Lemonis qui revient de derrière les fagots pour redresser le navire, tout en devant gérer un effectif pléthorique où certains joueurs n’ont pas été inscrits en Ligue des Champions (à l’image d’Ansarifard ou Cissé).
Il faut dire que l’ancien coach d’Anderlecht avait fait des choix forts, en bâtissant une équipe à forte connotation belge : Guillaume Gillet, Silvio Proto, Bjorn Engels, Mehdi Carcela ou encore Vadis Odija-Ofoe sont venus garnir les rangs du club grec cet été, rejoints par des éléments de Superleague, comme Risvanis ou Siopis, ainsi que d’autres paris, comme Djurdjevic (Partizan), Vukovic (Konyaspor), ou Milic (Fiorentina), sans oublier le très onéreux (mais très décevant) Emenike. Des arrivées massives, qui s’expliquent notamment par la vente record de Panagiotis Retsos à Leverkusen, pour une indemnité dépassant les 15 millions d’euros. Mais, évidemment, tout ne s’est pas passé comme prévu. Si l’objectif principal – aller en phase de poules de Ligue des Champions (où l’Olympiakos terminera 4e du groupe derrière le Barça, la Juve et le Sporting) – a été accompli en écartant le Partizan et Rijeka de la route, les affaires courantes en championnat ont été bien plus compliquées.
Dès la quatrième journée, en étant accroché face à Xanthi, l’Olympiakos initie une série bien inhabituelle : quatre journées de rang sans gagner, avec deux nuls et deux défaites. Hasi écarté, Lemonis est donc rappelé à la rescousse pour que la situation ne s’aggrave pas davatange, avec un PAOK et un AEK en grande forme. Si l’ancien joueur du club démarre avec une défaite contre l’Atromitos (qui réalise une très belle saison, comme on le verra ci-dessous), le changement sera perceptible : tactiquement, l’équipe semble retrouvée, même sans afficher un jeu chatoyant. Certaines recrues du mercato estival, comme Emenike, Milic, Carcela, Gillet ou Vukovic, ne sont pas utilisées, faute d’un rendement suffisant. D’autres, comme Kapino, sont écartés du noyau professionnel, et poussés vers la sortie. Et d’autres émergent, comme le Sénégalais Cissé, impérial en défense centrale, ou l’Iranien Ansarifard, buteur très efficace. Les chiffres seront d’ailleurs là pour le traduire : l’Olympiakos boucle la phase aller avec six victoires consécutives, et une place de leader retrouvée. Sans briller, l’équipe du Pirée a limité la casse, et aborde le mercato hivernal avec la ferme envie de dégraisser, puis de combler les manques d’un été chaotique qui aurait pu avoir bien plus de conséquences. Pour aller chercher une 44e couronne ?
L’AEK et le PAOK peuvent y croire
Quiconque suit de près ou de loin cette belle Superleague s’est déjà posé cette question : mais qui sera la prochaine équipe à priver l’Olympiakos du titre ? Cette année, il se pourrait bien que cela change, puisque l’AEK et le PAOK semblent plus armés que jamais pour le faire. Le PAOK, pourtant, a encore vécu un été particulier. Dans la foulée d’une saison achevée sur un succès en Coupe, face à … l’AEK, les dirigeants choisissent Aleksandar Stanojević pour remplacer Vladimir Ivic, parti en juin. Mais le mandat du coach serbe, dont le CV n’inspirait pas confiance, sera désastreux, avec une élimination lors des tours préliminaires de Ligue Europa face à Östersunds, malgré une confortable victoire 3-1 à l’aller, et un mandat de 57 petits jours. Paradoxalement, c’est ce qui pourrait bien mener le PAOK au titre, puisque Razvan Lucescu, nommé à la fin de l’été, peut se concentrer uniquement sur la Superleague, tout en gérant sa rotation en Coupe. La première partie de saison a d’ailleurs été plutôt enthousiasmante, mis à part deux accrocs face à l’Olympiakos et l’AEK (deux fois 1-0). Le recrutement, lui, semble avoir été judicieux (retour de Vieirinha, Mauricio qui arrive libre, Rey dans les buts) – si l’on exclut le cas de Dorian Lévêque, harcelé par les blessures depuis son arrivée -, et l’effectif global est de qualité et quantité suffisante pour espérer aller au bout. Surtout que la Toumba a enfin été libérée de son huis clos, et que ce douzième homme sera très utile pour ces six prochains mois, notamment pour les derbys qui devraient être cruciaux pour l’issue de cette Superleague. À condition de bien gérer ce mercato hivernal qui démarre, avec notamment le cas de Prijovic, dont la côte ne cesse de grimper, et qui pourrait être dur à retenir si une belle offre anglaise ou chinoise venait à se présenter sur la table. Mais les jeunes, comme nous le verrons ci-dessous, sont déjà là, et poussent derrière. Jusqu’au titre ?
Du côté de l’AEK, ce serait plutôt la force tranquille. Une équipe qu’on avait déjà sentie retrouvée l’an dernier, sous la houlette de Manolo Jimenez, et qui continue de progresser cette saison, notamment sur la scène européenne avec deux matchs nuls face au Milan, toujours avec une recette qui lui sied parfaitement : une base arrière très solide, un milieu de grande qualité, et une attaque pas forcément très prolifique, mais qui sait marquer au bon moment. On aurait pourtant pu penser que l’élimination lors des tours préliminaires de la Ligue des Champions, face au CSKA Moscou, allait marquer un coup d’arrêt. La déception s’est pourtant vite dissipée, laissant place au travail et à un recrutement encore très intelligent : le retour d’Araujo en prêt, épaulé de son compère de Las Palmas Livaja, Cosic en défense centrale ou encore Helder Lopes sur l’aile gauche de la défense. Des joueurs pas forcément clinquants, mais efficaces, et surtout dotés d’une mentalité exemplaire : celle de morts de faim, parés au combat. En championnat, l’AEK a réalisé un début presque parfait, avec, en point d’orgue, cette belle victoire face à l’Olympiakos (5e journée), avec ce coup-franc magistral de Lazaros. Mais l’équipe athénienne a aussi affiché une limite : une peur au moment de prendre cette place de leader durablement, et de creuser l’écart. La preuve ? Trois résultats négatifs (défaite à l’Asteras, nul à Xanthi et défaite à domicile face à l’Atromitos) alors même que l’Olympiakos était au plus mal. De précieux points lâchés en route, ce qui explique aussi que l’AEK n’ait pas bouclé cette première phase en tant que leader. Autre élément qui aura son importance : les deux graves blessures de Petros Mantalos et Jakob Johansson, touchés au genou, et qui sont, sans doute, les deux meilleurs joueurs de l’AEK. Pour cela, Masoud Shojaei (Panionios) et Erik Moran (Leganés) ont rejoint le navire début janvier, histoire de garnir un effectif qui devra jouer sur plusieurs tableaux, et notamment celui de la Ligue Europa, avec une double confrontation face au Dynamo Kiev. Pour six mois de folie ?
Le Pana y va tout droit
Il était dur d’imaginer, au moment du départ de Djibril Cissé lors de son passage fabuleux au Pana, que le club allait lentement sombrer vers les méandres du football grec. La saison dernière, pourtant, avait déjà été bien sombre, avec des transferts aussi foireux qu’onéreux, et un coach – Andrea Stramaccioni – qui a contribué largement à plomber les finances du navire vert à coups de signatures de joueurs cramés, comme Samba ou Essien. Et cet été fut particulièrement déchirant, avec le départ de Zeca vers le Danemark, et celui un peu moins classe de Marcus Berg dans les Émirats. Deux éléments majeurs – qui ont aisément leur place au panthéon du club – jamais remplacés, et certainement pas par Andrés Chavez, arrivé en grande pompe d’Argentine, pour un fiasco sportif et financier d’envergure. Une illustration de plus de ce qui ne va pas du côté des Verts. Sportivement, il fut bien délicat pour Marinos Ouzounidis, à la volonté pourtant énorme, de mettre de côté un climat délétère, où les retards de salaire ont largement contribué à parasiter les Verts sur le terrain. Tant et si bien que le Pana boucle cette première phase à la huitème place, rang indigne d’un tel club. Mais en étant aussi fébrile à l’extérieur (0 succès en 8 déplacements), le Pana ne pouvait rien espérer de mieux. Le derby remporté face à l’Olympiakos, sur un but de Villafañez (voir vidéo ci-dessous), restera sans doute la seule éclaircie de ces six premiers mois bien inquiétants. Mais c’est trop peu.
Surtout que le mercato hivernal approchant sera celui de la grande braderie, avec une nécessité absolue de faire rentrer de l’argent dans les caisses pour que la machine continue de tourner, même au ralenti. Certains prêts, comme celui de Sylla (Rennes), Cabezas (Atalanta) ou Hiljemark (Genoa), ont vite été rompus, tandis que Hult, Coulibaly, Lod, Kourbelis, Moledo ou même Villafañez représentent la seule manière de payer les sommes astronomiques d’arriérés (salaires et primes), à condition de parvenir à les vendre rapidement. Sans oublier Odisseas Vlachodimos, qui s’est déjà engagé avec Benfica qu’il pourrait rallier dès janvier. L’équation est donc simple : éviter une relégation administrative qui pend pourtant au nez, et sauver ce qui peut encore l’être sur le terrain,puisque qu’une relégation sportive, qui semble assez difficile à envisager, n’est pas impossible. Pour cela, Ouzounidis pourra s’appuyer sur plusieurs soldats grecs, parés à la difficile tâche de la reconstruction : Dioudis dans les buts, Avlonitis en défense centrale, Kourbelis (s’il reste) au milieu ou même le jeune Pispas devant, que l’on voit de plus en plus. Parce qu’il serait terrible de voir ce monument du football grec sombrer encore plus bas. Mais parfois, repartir de zéro est la seule solution viable pour se délester des errements de gestion des années précédentes…
L’Atromitos : les revanchards ont la dalle
C’est dur à croire, et pourtant : l’Atromitos n’a rien dépensé durant ce mercato estival, et boucle cette demi-saison à la quatrième place, avec une seule défaite et en étant la meilleure équipe à l’extérieur. Mais quelle a été la recette miracle, du coup ? Miser sur le surplus de joueurs (souvent grecs et assez jeunes) évoluant dans les « gros » de Superleague, et qui étaient désespérément à la recherche de temps de jeu. Risvanis (Olympiakos), Giannoulis et Chatziisaias (PAOK) sont arrivés en prêt pour renforcer la défense, tandis qu’Andreas Gianniotis, libéré par l’Olympiakos, s’est lui engagé définitivement dans les buts. Un choix payant, puisque l’Atromitos n’a encaissé que 8 buts sur ces 15 premières journées et a même, quelques journées durant, occupé la place de leader. L’alchimie fut aussi rapide avec les autres recrues, comme le Brésilien Madson et le Bosniaque Azer Busuladzic au milieu de terrain, mais surtout le fantasque Amr Warda (5 réalisations et deux passes décisives), prêté par le PAOK et qui a régalé l’ensemble des spectateurs avisés de ce championnat.
Tant et si bien qu’on a cru, durant quelques semaines, que l’Atromitos, où le Français Nicolas Diguiny est une pièce maîtresse, pouvait être une sorte de Leicester à la grecque, en allant chercher un titre qui relèverait de l’exploit. Ce ne sera sans doute pas le cas, malgré les succès obtenus sur la pelouse de l’Olympiakos et de l’AEK (1-0 à chaque fois). Sans doute parce qu’il manque un poil de profondeur à un effectif qui n’était sans doute pas calibré pour cela à la base. Mais les supporters peuvent au moins rêver d’un destin européen à la fin de la saison, puisque le Panionios, actuel cinquième, pointe déjà à huit longueurs, et qu’il paraît bien improbable que ce retard là ne s’amenuise d’un coup. Il faudra, pour cela, garder le cap de ces six premiers mois de feu, et accrocher un ou deux gros au tableau de chasse. Avant de penser à l’avenir de ces nombreux joueurs en prêt, qui s’en iront sans doute retrouver leurs employeurs à la fin de la saison. À moins qu’une épopée européenne ne les retienne au Peristeri Stadium…
Levadiakos : l’effet Anigo
Que vous soyez fan de l’OM, ou même suiveur attentif du football français, il est presque impossible de ne pas avoir un avis sur José Anigo. Tantôt dénicheur de talent et mentor, tantôt escroc et emploi fictif, la figure du technicien marseillais ne laisse guère indifférent. Et son arrivée à Levadiakos, modeste club de Superleague sauvé de justesse l’année dernière, n’allait pas contribuer à réduire cette part de légende qui entoure son nom. Pourtant, avec le recul d’une demi-saison, force est de constater que l’ancien entraîneur de l’OM a fait taire les plus sceptiques. Comment ? En réorganisant tactiquement son nouveau club, avec une formule à trois derrière qui a eu des effets saisissants : deux nuls face au PAOK et au Pana pour démarrer, aucune défaite lors des sept premières journées, et des recrues peu médiatisées mais diablement efficaces, à l’image de Devis Epassy, formé à Rennes et qui s’est révélé comme l’un des tous meilleurs gardiens de Superleague. Le seul couac, finalement, est venu de Brandao, l’autre arrivée détonnante à Levadiakos : le Brésilien s’en est allé après 9 matchs et 2 buts, pointant des promesses non tenues et un amateurisme régnant au club.
Bien installé au milieu du classement, l’équipe à la forte colonie francophone peut voir venir cette deuxième moitié avec sérénité, loin des tracas qui l’animaient l’année dernière. L’Europe sera sans doute impossible à aller chercher, et d’autres formations derrières paraissent bien plus fragiles à l’heure de se disputer le maintien. Anigo pourra ainsi continuer de faire confiance à quelques jeunes éléments, comme Zisis Karachalios au milieu de terrain (21 ans), ou Petros Giakoumakis (25 ans) sur l’aile, qui sont promis à une belle destinée et qui pourraient bien rapporter un peu d’argent à un club qui n’est pas habitué à vendre ses éléments. D’autres, comme Ibrahima Niassé, Mohamed Youssouf ou Chahir Belghazouani, espéreront se monter encore, à quelques mois de la fin de leur bail. Avec un petit objectif : faire un bon parcours en Coupe de Grèce pour, pourquoi pas, écrire les pages de l’histoire de l’APO Levadiakos.
Qui dans la charrette ?
En bas de classement, deux équipes semblent parties pour lutter jusqu’à la dernière seconde pour éviter la relégation : Kerkyra et Platanias. Pourtant, rien ne prédestinait Platanias à avoir autant de difficultés. Club de milieu de tableau par excellence, les Crétois avaient misé sur le renfort de quelques joueurs venant de l’Hexagone – Clarck Nsikulu, Clévid Dikamona, Pierrick Cros et David Oberhauser – pour essayer d’aller gratter la 5e ou 6e place. Mais la mayonnaise n’a pas prise, même si Nsikulu et Dikamona se sont montrés très à leur aise en Superleague, et le club pointe à la dernière place, plombé par 11 défaites en 15 journées. Avec 30 buts encaissés, et seulement 7 inscrits, il va falloir fortement redresser la barre pour rattraper le premier non-relégable, l’Apollon Smyrnis, qui est à six longueurs. Pas insurmontable, certes, mais au vu de ce qui a été réalisé sur cette première moitié d’exercice, il ne faudra pas perdre de temps pour montrer un autre visage…
Pour Kerkyra, c’est un peu moins surprenant. Formation modeste de l’élite, le club de Corfou lutte depuis quelques saisons déjà pour sauver sa peau. Mais cette année, cela semble être encore un peu plus juste que d’habitude. La faute à un Denis Epstein un peu moins en verve, et un Thuram longuement absent, lui qu’on avait vu si intéressant la saison dernière. Ceci étant, les coéquipiers de l’indéboulonnable Mathieu Gomes n’entendent pas se résigner et ont misé sur Sakis Tsiolis, l’entraîneur nommé fin décembre, pour tenter de sauver le navire. Trois équipes – dont deux promus – sont à portée de fusil : l’Apollon Smyrnis (14e), le Panetolikos (13e) et Lamia (12e). Trois formations qui semblent un petit cran au-dessus, mais qui ne sont pas à l’abri de cette lutte acharnée où, grande nouveauté cette saison, tout le monde peut accrocher tout le monde, y compris les équipes de haut de tableau. Et comme pour le titre, les confrontations directes vont valoir de l’or !
Le Panionios déçoit, l’Asteras revit
Dans le reste du paysage footballistique grec, deux formations n’ont pas réussi à confirmer les belles promesses affichées l’année dernière, voire avant : le Panionios et le PAS Giannina. Pour les banlieusards athéniens, la déception est née cet été, avec une élimination frustrante en Ligue Europa face au Maccabi Tel-Aviv. Le début de saison fut plutôt bon, avec trois victoires et deux nuls en cinq journées, mais le Panionios n’a pas su trouver une certaine régularité et a vu l’Atromitos lui prendre cette place de choix derrière les trois grosses écuries qui dominent le championnat. Pourtant, Siopis est arrivé en prêt après un été délicat à l’Olympiakos, tandis que Yaya Banana (Platanias) ou Kotnik (Slovénie) ont été de belles pioches. Mais le problème récurrent de l’attaquant de pointe, où Yesil peine à performer, freine la progression d’un club qui, ces dernières années, affiche une vraie régularité. Mais l’éclosion du jeune Fiorin Durmishaj (21 ans), plutôt en vue, et celle de Lazaros Lamprou, prêté par le PAOK, pourrait bien inverser la tendance.
Pour le PAS, il était difficile de réitérer la belle saison de l’an dernier, où le club avait pris part aux éliminatoires de la Ligue Europa durant l’été. Si le coach Petrakis continue de déployer son système à trois derrière, qui embête toujours autant d’équipes, l’Ajax d’Épire semble avoir perdu un peu de sa flamme. L’attaquant espagnol Pedro Conde, en tête du classement des buteurs avec Karim Ansarifard (7 buts), régale toujours autant, et le jeune Manthatis, prêté par l’Olympiakos, affiche de belles promesses. Mais les soucis financiers apparus cette saison semblent vraiment parasiter un club qui semblait pourtant stable, à l’image du départ de Fonsi Nadales à l’Apollon Smyrnis, qui lutte pourtant pour le maintien. Toutefois, l’événement marquant n’est pas venu du terrain, mais d’un transfert : celui de Konstantinos Mavropanos, jeune défenseur central de 20 ans plein de talent (3 buts sur la demi-saison), vers Arsenal, qui a déboursé plus de 2 millions d’euros. Le Neymar du PAS Giannina, en somme, dont vous pouvez apprécier le talent ci-dessous.
https://youtu.be/XiabkcrtlO4
L’Asteras, enfin, a vécu six premiers mois fortement contrastés. Des débuts très compliqués, avec une avant-dernière place au soir de la 9e journée, après une défaite face au PAOK et un seul petit succès à se mettre sous la dent. Une folle remontée, ensuite, avec cinq succès de rang et un nul pour terminer 2017 à la sixième place, sur les talons du Panionios. Mais alors, pourquoi ce début si délicat ? Sans doute parce que le duo Kaltsas – Manias a mis un certain temps avant de se trouver, puis de régaler. Tous les deux âgés de 27 ans, ils semblent être à leur meilleur niveau et facturent 9 buts et 3 passes décisives à eux deux. Si le train d’une belle carrière est sans doute déjà passé, celui d’un bon club grec à la fin de saison semble tout à fait envisageable. Il en est de même pour les prometteurs Igor Silva (latéral droit brésilien de 21 ans) et Triantafyllos Pasalidis (défenseur central de 21 ans), que l’ont dit très proche de l’Olympiakos pour l’été prochain. D’ici là, il reste encore six mois à faire avec un rêve un peu fou : aller chercher l’Atromitos, huit points devant. Et garder ce rôle d’arbitre dans la course au titre.
Dernière équipe à mentionner : l’AEL Larissa qui, avec 5 victoires, 5 nuls et 5 défaites, réalise une première partie d’exercice conforme à l’objectif initial : assurer le maintien. Dans un club aussi instable que le président Kougias est excentrique, Ilyas Fintanis, nommé début octobre, semble avoir trouvé une formule qui marche : une équipe expérimentée (la moyenne d’âge du onze de départ tournant autour des 27 ans), avec un Thomas Nazlidis (31 ans) toujours fringant devant et un Sandi Krizman spécialisé dans les buts cruciaux dans le temps additionnel, comme celui inscrit face à Xanthi (1-0). Mais la méfiance est toujours de mise dans cette formation, où tout peut aller très vite et un joueur résilié après une mauvaise performance…
Des jeunes en vue
Pour finir, il était impossible de ne pas mentionner une évolution positive : la place grandissante occupée par les jeunes talents grecs. Que ce soit Koutris à l’Olympiakos, devenu titulaire indiscutable et qui figure parmi les joueurs les plus utilisés, ou même Nikolaou, buteur au Camp Nou, Pispas ou Emmanouilidis, amenés à avoir encore plus de minutes dans un Pana en pleine déliquescence, Liminios, Pelkas et Kolouris, qui se sont fait une place dans le onze du PAOK avec Lucescu, ou encore Galanopoulos, Giannoutsos ou Giousis à l’AEK, ils sont nombreux à montrer que le foot grec reste avant tout une vraie terre de football et de formation. D’autres, comme Androutsos, par exemple, doivent faire les bons choix de carrière en ce mois de janvier. Et dans ces noms-là se cachent sans doute plusieurs destins à la Retsos ou Mavropanos. Les paris sont ouverts !
Bonus : l’équipe type
Gardien : Andreas Gianniotis (Atromitos)
Défenseurs : Matos (PAOK) – Vranjes (AEK) – Risvanis (Atromitos) – Koutris (Olympiakos)
Milieux : Madson (Atromitos) – Simoes (AEK)
Milieux offensifs : Pelkas (PAOK) – Fortounis (Olympiakos) – Warda (Atromitos)
Attaquant : Livaja (AEK)
Martial Debeaux
Photo à la une : © In Time / Argiris Makris