C’est déjà la trêve depuis quelques semaines en Roumanie, et cette première partie de Liga I nous a d’ores et déjà offert de nombreuses surprises. Avant de revenir sur ces dernières, repartons au début de la saison pour comprendre ce classement à la trêve qui voit l’Astra devancer le champion en titre, le Steaua Bucarest, de quatre places, ainsi que la dernière place du Petrolul Ploieşti, qualifié en Europe l’année passée.

Des équipes pénalisées

Avant même que le premier coup de pied ne soit donné sur un terrain de Liga I, certaines équipes ont vu leurs ambitions au mieux à la baisse, au pire s’envoler complètement. Après étude des dossiers des équipes ayant fait des demandes de licences pour la saison 2015-2016, le tribunal de première instance a remarqué de nombreuses irrégularités et une non-conformation aux règles financières imposées par la FRF.

Ainsi, les équipes incriminées se voient affublées d’un retard fluctuant en fonction du degré de non-conformation au règlement. Le Ceahlăul Piatra Neamţ et l’Oţelul Galaţi, déjà sportivement rétrogradés en Liga II, partent avec respectivement un retard de 9 et 3 points. De plus, le Metalul Reşiţa n’est pas promu et accuse lui aussi une pénalité de 9 points. Concernant les clubs de Liga I, le Petrolul Ploieşti et le CFR Cluj accusent un retard de 6 points, alors qu’en Liga II le Rapid, le FC Braşov et l’Universitatea Cluj débutent avec 3 points de pénalité.

Cette décision choc remet tout en question dans cette saison qui se jouera en play-offs pour les clubs des six premières places du classement, et en play-downs pour les huit autres clubs. Revenons sur les clubs sur le devant de la scène pour cette nouvelle saison.

FC Steaua Bucuresti : de la tourmente au renouveau?

Il semble évident que le tenant du titre fasse office de favori au début de cette saison en Roumanie. Pourtant, tout n’est pas rose pour le club de la capitale.

En effet, le Steaua se voit incapable de continuer à louer son stade de Ghencea depuis l’année dernière, et évolue donc au début de la saison au stade de l’équipe nationale, l’Arena Natională. Néanmoins, la tragédie du Colectiv (boîte de nuit de la capitale ayant pris feu, entraînant la mort de centaines de personnes) a remis l’accent sur les normes de sécurité, et ce stade bâti il y a à peine cinq ans s’avère ne pas être aux normes européennes et menace aujourd’hui d’être détruit.

Dès lors, plusieurs possibilités s’offraient pour Becali et son équipe : trouver un stade plus modeste à Bucarest, ou s’exporter. C’est le second choix qui prima dans un premier temps, forçant le Steaua à jouer à… Cluj-Napoca, à 450km de là ! Le stade Dr. Constantin Rădulescu abritera donc quelques matchs du Steaua, en plus d’être l’antre du CFR Cluj. Sans supporters ou presque, le Steaua s’acquittera dès novembre de cette situation quelque peu ubuesque en allant jouer au stade Nicolae Dobrin de Pitești, situé en banlieue de Bucarest. Un mal pour un bien, car le boycott du club par ses supporters semble petit à petit s’estomper et l’ambiance revient autour du « FCSB » comme à l’époque du Steaua București.

Coté football, de nombreuses arrivées ont étés observées au Steaua en début de saison : Tadé et Muniru du CFR Cluj, Bawab, Tahar, Tudorie et Alcenat d’autres clubs roumains pour les plus importants. Pourtant les résultats ne sont pas à la hauteur.

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Marica sous le maillot du FCSB, face aux Young Boys de Berne en amical |© prosport.ro

Après avoir éliminé le club slovaque de Trencin en deuxième tour de qualification de Ligue des Champions, une défaite 2-4 à domicile face au Partizan reverse le Steaua en Europa League. Au terme de deux matchs catastrophiques, le Steaua est éliminé par Rosenborg. Les résultats de Mirel Radoi à la tête de l’équipe et ses frictions avec Becali vont l’amener à vouloir démissionner. Démission d’abord refusée par Becali, puis quelques mois après, voyant les résultats en championnat devenir inquiétants, acceptée pour laisser la place à un entraîneur bien connu et apprécié des fans stelistes : Laurentiu Reghecampf.

Ancien entraîneur du club, les résultats semblent s’améliorer. En plus de pousser vers la sortie la plupart des signatures de Radoi, Reghecampf a réussi le tour de force de faire signer Ciprian Marica, international roumain en fin de contrat à Getafe. Celui-ci signe gratuitement et sans salaire en dehors des primes de coupe, pour « maximiser [ses] chances de jouer lors de l’Euro 2016 ». On peut s’interroger sur les réelles motivations de cette signature, surtout quand on connaît la puissance du propriétaire Becali sur le territoire roumain. Après une défaite cruelle face au Dinamo (la première depuis quatre ans), le Steaua pointe à la quatrième place du championnat à la trêve.

 

L’Astra ne tombe jamais en panne

Après une saison plus que satisfaisante en Europe l’année dernière, l’Astra se lance bien dans la course au titre cette saison. Avec l’éviction du Petrolul Ploiesti liée à sa dévaluation de début de saison, le podium semblait à la portée de ces joueurs. Mais ces derniers vont faire bien mieux, et se classent aujourd’hui premiers, devançant le Viitorul Constanța de trois points.

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Budescu | © prosport.ro

À la clé de cette réussite, un entraîneur Marius Sumudica qui a su créer une équipe compétitive pour cette saison avec la signature notamment de Daniel Niculae, grande gloire roumaine. Mais si l’Astra est aussi performant, c’est grâce à leur joueur vedette : Constantin Budescu. Auteur de douze buts cette saison et pas moins de dix passes décisives, ces performances remarquables lui ont valu ses premières sélections sous le maillot de l’équipe nationale roumaine. Autre pierre angulaire de cet effectif, Denis Alibec. Le milieu de terrain offensif en est à onze réalisations pour six passes décisives.

Cette puissance offensive a permis au club de s’illustrer une nouvelle fois en Europe, en éliminant le mythique club anglais de West Ham 3-4 en score cumulé. Néanmoins, l’AZ Alkmaar éliminera le club roumain en barrages d’Europa League. Actuellement, l’Astra Giurgiu est favorite pour cette saison, mais talonnée de près par un nouveau venu dans l’élite de la Liga I…

Viitorul Constanța : la fougue de la jeunesse

Connu pour son entraîneur et fondateur mythique Gheorghe Hagi, le Viitorul s’est fait une place dans le football roumain notamment grâce à son équipe de jeunes et son centre de formation moderne et prolifique. Mais cela ne suffit plus à Hagi, et celui-ci semble vouloir voir son équipe compter parmi les plus grands. Sous les projecteurs dans cette équipe, Hagi, mais pas le père. Ianis Hagi âgé de seize ans a été vendu à la Fiorentina mais est prêté à son club formateur cette saison.

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Père et fils | © digisport.ro

Peu utilisé en équipe première en début de saison, celui-ci s’affirme petit à petit malgré son jeune âge et s’est déjà offert son premier but en championnat. Deux joueurs structurent cet effectif du Viitorul : Florin Tanase, qui depuis son retour de prêt au FC Voluntari (qu’il a énormément aidé à monter en première division) a marqué neuf buts pour le Viitorul, à seulement 21 ans.

Mais autour de ces jeunes joueurs, Hagi sait qu’il a besoin d’expérience pour cadrer ses futurs talents. Ainsi, le Viitorul a fait signer l’ancien Nantais Bănel Nicolița et Florin Cernat, deuxième meilleur buteur jusqu’ici au club. Une alchimie entre jeunesse et expérience qui semble porter ses fruits, plaçant le Viitorul à la seconde place du championnat.

Dinamo București : des décisions drastiques

Le Dinamo București traverse une des meilleures saisons à la trêve depuis bien longtemps. Harlem Gnohéré – dont vous aurez bientôt une interview complète sur Footballski – totalise 12 buts cette saison, soit le double du petit prodige roumain qui peine à exploser: Dorin Rotariu. À noter les performances de Marcel Essombé, qui, en ayant joué presque trois fois moins de temps que Rotariu, a marqué autant de buts, en étant milieu de terrain.

Pourtant, et malgré une victoire face au Steaua qui a ravi les supporters le club décide de changer drastiquement l’équipe en vendant cinq joueurs, dont Alexe, un pilier de cette équipe dinamoviste. En cause, des problèmes financiers qui semblent handicaper le club et ne lui permettront pas de garder des joueurs aussi bien payés. Quelques signatures à ne pas manquer, comme celle de Vlad Olteanu, tout juste relégué avec le FC Brașov, mais la seconde partie de la saison s’annonce plus difficile pour le Dinamo.

Reste à voir si ces derniers pourront arracher cette place devant le Steaua, aussi importante qu’une qualification en Europe.

Le Petrolul Ploiești, vers une fin programmée

« Aujourd’hui, la Roumanie est comme les pays du Golfe : si tu creuses, tu trouves le Petrolul ! » Cette petite plaisanterie sarcastique est bien connue en ce moment en Roumanie.

En effet, rien ne va plus au Petrolul. Le passage du statut de club européen à celui de relégable sans espoir a secoué le club et ses supporters, parmi les plus fervents du pays. Le bar intégré au grand stade Ilie Oana où nous avions pu rencontrer une employée qui nous avait offert les meilleures places du stade lors de notre FootballskiTrip a aujourd’hui fermé, témoin d’une très grande détresse financière liée aux mauvais résultats et au spectre de plus en plus prégnant de la seconde division.

La pelouse du Petrolul avant de recevoir le Steaua
La pelouse du Petrolul avant de recevoir le Steaua | © prosport.ro

La relégation en Roumanie est une véritable tragédie pour la plupart des clubs, comme nous l’avions déjà expliqué cette saison ici. Ainsi, le Petrolul n’est pas en état de garder ses joueurs, et ses meilleurs éléments ont rejoint à titre gratuit la plupart des grands clubs roumains. Alcenat, Filip, Ropotan, Coman, Astafei, Fanchone, Teixeira… tous ces joueurs ont pris le large.

Pourtant, le Petrolul recrute, et recrute français : Benoît Lesoimier, Ludovic Guerriero, Romain Inez, Nicolas Farina, Cheick Diarra, Guillaume Rippert, Jérémy Faugh-Porret… Tous ces Français se sont engagés au Petrolul pour tenter de redresser la barre. Et les choses tendent à s’améliorer : Aujourd’hui le club n’est plus « que » à sept points de son premier adversaire, et ces nouvelles recrues devraient permettre au club d’espérer enchaîner quelques victoires. Tout n’est pas perdu au Petrolul, mais la menace plane toujours…

Terminons par un classement général : 1. Astra Giurgiu 2.Viitorul Constanta 3. Dinamo Bucuresti 4. Steaua Bucuresti 5. Pandurii Targu Jiu 6. Targu Mures 7. CSMS Iasi 8. CS U Craiova 9. Botoșani 10. CFR Cluj 11. ACS Poli Timișoara 12. Concordia Chiajna 13. FC Voluntari 14. Petrolul Ploiesti. 
Meilleurs buteurs du championnat : Ioan Hora (Pandurii) 12 buts; Cristian Lopez (CFR Cluj) 10 buts; Constantin Budescu (Astra Giurgiu) 8 buts; Denis Alibec (Astra Giurgiu) 8 buts, Florin Cernat (Viitorul) 8 buts. 

Hadrian Stoian


Image à la une : © gsp.ro

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