მოგესალმებით საქართველოში ! Comment ça ? C’est mieux en français ? Bienvenue en Géorgie ! Terre natale du grand Kakha Kaladze et du bel homme Jaba Kankava, le championnat local est en pleine période d’hibernation et ne reprendra ses droits qu’à la mi-février. Alors, le grand Dinamo Tbilissi est-il en pole position dans la course au titre ou le Dila Gori est bien parti pour recréer l’exploit retentissant de l’année dernière ? Retour sur 6 mois de football en Géorgie !
Les croisés en vacances
Dans un groupe très relevé avec l’Allemagne, la Pologne, l’Écosse, l’Irlande et Gibraltar, la sélection géorgienne, emmenée par Kakhaber Tskhadadze, n’a pu réaliser l’exploit de se qualifier pour l’Euro en France. Terminant à une avant-dernière place logique, Jaba Kankava et les siens auraient pu espérer mieux mais les deux défaites en ouverture contre l’Irlande et l’Écosse, deux concurrents pour la troisième place du groupe, avaient déjà pratiquement condamné la sélection. Malgré de bons matchs face à l’Allemagne et en Écosse, l’avenir s’annonce encore bien flou. La solution pourrait passer par un rajeunissement considérable de la sélection, exploitant l’éclosion en champion de nombreux jeunes joueurs, certains ayant un potentiel non négligeable, et ce même sur le plan international.
Ces changements pourraient se faire dans un court laps de temps, notamment en vue de la Coupe du Monde 2018 en Russie. Le tirage du tour préliminaire de qualification a attribué aux Géorgiens l’Irlande, la Serbie, la Moldavie, le Pays de Galles et l’Autriche. Dans ce groupe relevé, mais très homogène, la Géorgie aura une vraie occasion de tirer son épingle du jeu si des ajustements sont faits et que la dynamique de la fin des qualifications pour l’Euro est conservée. Si c’est le cas, la nation géorgienne pourra avoir de vrais espoirs dans une qualification historique pour une compétition internationale d’envergure, chose qui reste un vrai parcours du combattant pour un petit pays de football.
Le leader Tbilissi
Après une précédente édition surprenante qui a vu Dila Gori remporter le championnat, le Dinamo Tbilissi se devait de reprendre les choses en main pour confirmer leur grand retour sur le plan national. Si la saison a (mal) débuté sur une élimination en barrage d’Europa League contre Qäbälä, où l’équipe fut balayée à l’aller comme au retour, ce ne fut pas la même musique en Umaglesi Liga.
Quinze matchs, treize victoires, un nul et une défaite. Le Dinamo est de retour et ne se prive pas d’exploser tout ce qui se met sur son chemin, offrant par la même occasion à ses supporteurs des victoires éclatantes contre Sioni , Kolkheti Poti ou encore contre le Dinamo Batumi.
En cette nouvelle saison, le Dinamo Tbilissi assoit sa domination de journée en journée. Une domination simplement entachée par une défaite fâcheuse à domicile contre l’outsider et champion sortant Dila Gori ainsi qu’un nul face au rival, le Torpedo Koutaïssi.
Cette première partie de saison pleine de réussite a aussi permis au club de sortir quelques belles surprises avec de jeunes joueurs comme, par exemple, Giorgi Kvilitaia. Ce jeune attaquant de 22 ans formé au club pèse énormément sur les défenses adverses avec, à son compteur, 13 buts en 15 matchs ainsi que 4 passes décisives.
Jaba Jirauri, ailier droit et autre leader offensif de l’équipe de Tbilissi, comptabilise lui 9 buts et 2 passes décisives. Un duo qui se montre décisif et qui peut aussi compter sur l’appui du jeune milieu défensif Mate Tsintsadze qui démontre toute sa classe et sa hargne au milieu du terrain. De plus, nous pouvons également citer le vétéran Alexander Iashvili qui fait aujourd’hui office de supersub en se montrant décisif à chaque sortie de banc, et ce malgré ses 38 printemps !
Cependant, une petite zone d’ombre subsiste due à une relative fragilité défensive. Malgré le gros travail de Mate Tsintsadze dans ce rôle au milieu ainsi que la belle demi-saison de Rene en défense centrale, l’équipe ne respire pas la confiance. Chaque match est ainsi synonyme de fébrilité défensive et de quelques frayeurs pour les supporters du club. Une fragilité qui, heureusement, ne se voit pas dans les résultats comptables du club grâce, d’une part, à une nette domination au milieu de terrain, mais aussi et surtout, grâce à la relative frilosité des équipes adverses, bien souvent plus enclines à défendre ses buts qu’à attaquer et tenter de déstabiliser le leader. Un leader qui, lui, n’a aucun scrupule à claquer 3 buts par match en moyenne.
Le Dinamo Tbilissi est donc bien parti pour reprendre place sur son trône perdu l’an passé, mais la prudence est de mise car le chasseur de Gori veille et n’hésitera pas à surprendre le club de la capitale en cas de faux pas.
Le chasseur Gori
À seulement 5 petits points du Dinamo se trouve donc le champion en titre, Dila Gori. À l’affût du moindre faux pas du leader, le club de Gori se montre toujours aussi solide défensivement en étant, pour le moment, la meilleure défense du championnat avec seulement douze buts encaissés… dont cinq dans le même match.
Si l’année dernière, le club avait su surprendre son monde grâce à un enthousiasme et une rigueur extrême, cette année, le sérieux et la discipline sont les maîtres mots. Solide et affûtée, l’équipe pose un vrai dilemme à ses adversaires, souvent noyé physiquement face à cette équipe à cause, notamment, de l’impérial milieu défensif Gogita Gogua.
Cependant, contrairement à l’année dernière où le club avait pu profiter de la forme médiocre du Dinamo, il faudra être, cette saison, plus régulier et concentré pour prétendre sérieusement au titre. Avec un match nul fâcheux contre Zugdidi, un club qui lutte pour le maintien, et de lourdes défaites dans des matchs importants face à Shukura et Samtredia, la lutte pour le titre semble être compliquée mais toujours accessible mathématiquement. Un parcours qui est malgré tout marqué par des victoires convaincantes à Tbilissi contre le Dinamo et face à son poursuivant le plus sérieux, le FC Tskhinvali.
Toujours aussi surprenant, le Dila Gori continue de mener sa barque avec brio et de se faire une place, journée après journée, dans le paysage footballistique géorgien. Avec en point de mire, un doublé.
Le poursuivant Tskhinvali. Sioni et Batumi en embuscade
Passons maintenant au troisième du championnat, le Spartak Tskhinvali. Que dis-je, le FC Tskhinvali ! Alors que l’équipe est en très bonne position à un petit point du Dila Gori, le feu Spartak a cédé à contrecœur son prometteur attaquant Chyprio-Géorgien Nika Kacharava au FK Rostov contre la somme de 300K€. Il devra donc sans doute revoir ses ambitions à la baisse au risque de se retrouver déçu en fin de saison. Avec treize buts en quinze matchs, Kacharava était la pièce essentielle de l’équipe et laisse maintenant orphelin l’autre diamant de l’équipe, Irakli Lekvtadze. C’est donc sur lui que le club Sud-Ossète va devoir compter exclusivement en cette fin de saison. Cependant, l’équipe possède une excellente colonne vertébrale mais surtout un encadrement sportif expérimenté et talentueux. Le FC Tskhinvali va donc devoir se méfier de ses poursuivants et le plus immédiat, le Sioni Bolnisi, n’est qu’à trois points.
Le Sioni, c’est la grosse surprise du début de saison. Une équipe qui a embêté tout le monde et qui commence à rêver d’Europa League. Il pourrait réitérer la performance du Dinamo Batumi, l’an passé, qui s’était qualifié en Europe après une fin de saison extraordinaire leur permettant même de dépasser le Dinamo Tbilissi en fin de saison alors qu’il n’était que promu. L’équipe de Batumi est d’ailleurs toujours au rendez-vous cette saison et les places européennes restent à portée de tire pour ce club. Le Dinamo Batumi se trouve en compagnie de Shikhura et de Samtredia, mais cette saison l’effet de surprise a disparu et la confirmation est plus compliquée.
La terre du milieu
Le ventre mou en Géorgie avait autrefois une particularité qui était assez rare dans le monde du football. En effet, la Géorgie comptait en milieu de classement des équipes autrefois glorieuses mais en difficultés financières qui avaient mis de côté leurs ambitions pour ne pas risquer la faillite.
Elles y côtoyaient un groupe de surprenants promus. Cela avait entraîné la création d’un véritable groupe d’équipes qui restaient constantes dans leur classement, faisant d’ailleurs descendre plusieurs anciens champions récents et certains ex-champions alors que les promus passaient en deux ans de la D2 aux sommets. Les exemples les plus probants sont Batumi ou Tskhinvali : ces deux équipes se sont retrouvées sur le podium peu après avoir atteint l’élite, bien que la prospérité financière de la deuxième équipe citée l’ait fortement aidée à être compétitive.
Cette saison, la compétition a enfin repris le dessus avec une hiérarchie plus définie et des équipes plus ambitieuses. Les dizaines de matchs soporifiques (et arrangés) des années précédentes sont derrière nous et nous avons enfin une vraie lutte en milieu de tableau.
Les sixièmes ex æquo Shikhura et Batumi ne sont séparés que par six petits points de la dixième place qui est occupée par le Torpedo Kutaïsi, tout en étant elles-mêmes à trois points des places européennes. Autant dire que rien n’est joué et que chaque équipe a une chance, ce qui laisse augurer une compétition plus acharnée par rapport à celle des années passées dans ce milieu de tableau géorgien.
Bien que devancé, le Torpedo Kutaïsi a une vraie carte à jouer dans cette seconde partie de saison avec l’éclosion au plus haut niveau de son milieu Data Sichinava mais aussi et surtout celle de Lasha Shindagoridze, lui qui avait décidé de quitter le Dinamo Tbilissi cet été, lassé par le peu de responsabilités qui lui étaient confiées.
Autre surprise, Samtredia qui s’est idéalement placé pour jouer les troubles-fêtes en haut de classement alors que l’équipe était en difficulté ces dernières années. S’appuyant sur un collectif bien huilé (neuf des dix joueurs de champ habituellement titulaires ont marqué durant cette première partie de saison) et un milieu très fourni, Samtredia a pu réussir son début de saison. Ce club a également la particularité de compter deux entraîneurs sur son banc, ce qui peut expliquer la grande évolution tactique de l’équipe.
Dernier dans la terre du milieu, le Kolkheti Poti est trop loin pour espérer quelque chose en haut de classement, mais a tout de même une avance confortable sur la zone de relégation. Il est donc tranquille malgré un niveau de jeu exagérément ennuyeux. C’est finalement le seul club à remplir les critères habituels du ventre mou géorgien. Un seul club dans le ventre mou ? On ne saurait s’en plaindre !
La descente se fait attendre
Après avoir littéralement squatté le milieu de tableau pendant des années, le duo Zugdidi et Martvili est, cette année, celui des clubs les plus menacés par la descente en Pirveli Liga. Ce duo est accompagné d’un promu qui fera tout pour éviter l’ascenseur. Avec quatre petits points en quinze journées, le Merani Martvili signe sans doute la fin de sa présence en première division après avoir tant de fois flirté avec la zone de relégation auparavant. Il faut se souvenir qu’il y a deux ans, ils ont été sauvés par une rétrogradation administrative puis, l’année passée, par une rétrogradation financière d’un de leurs adversaires. Autant dire que cette descente leur pendait au nez.
La seconde place pour la relégation est, elle, plus incertaine car deux équipes sont à égalité : il s’agit de Sapovnela et Zugdidi. Ce dernier, lui aussi coutumier des mauvaises saisons, a néanmoins entamé sa remontée au classement à l’approche de l’hiver, finissant même par accrocher le Dila Gori juste avant la trêve. Pour ce qui est de Sapovnela, le promu n’a clairement pas le niveau pour évoluer en première division, mais il s’est montré accrocheur contre les mal classés, condition sine qua non pour ne pas descendre. Ce fut le cas, par exemple, contre le Lokomotiv Tbilissi, lui aussi promu. Les cheminots avaient écrasé la Pirveli Liga l’an passé, ce qui laissait penser que le Loko allait être la bonne surprise de la saison, mais malheureusement pour eux, l’adaptation à l’élite a été plus difficile que prévu et ils se consoleront avec un maintien qui est probable pour eux.
Le XI des six premiers mois
Gardien : Libor Hrdlicka, Dinamo Tbilissi. Solide sur sa ligne et rassurant dans les airs, l’imposant Slovaque est une pièce incontournable du Dinamo cette saison. L’ancien joueur du Metalurg Zaporijia a aussi su prendre les commandes d’un vestiaire jeune. En une année, il s’est imposé comme le leader de l’équipe.
Arrière gauche : Lasha Shergelashvili, Samtredia. Infatigable latéral, il apporte de l’aide des deux cotés du terrain et se place cette année comme l’un des meilleurs latéraux du championnat. Shergelashvili ne devrait pas rester longtemps insensible aux appels répétés du Dinamo et Dila pour prendre une autre dimension.
Défenseur central : Renê, Dinamo Tbilissi. Solide mais parfois trop engagé, l’ancien joueur du Grémio, passé par le Japon, est un atout majeur et n’est pas étranger au regain de forme de l’équipe de la capitale.
Défenseur central : Lasha Totadze, Saburtalo. Après une belle demi-saison avec Saburtalo en prêt du Dinamo Tbilissi, le joueur formé au Dynamo Kiev a rejoint définitivement la troisième équipe de Tbilissi cet hiver et s’impose comme le leader d’une équipe regorgeant de jeunes joueurs prometteurs. À suivre de près.
Arrière droit : Otar Kakabadze, Dinamo Tbilissi. Le jeune arrière du Dinamo a vite imposé son mètre quatre-vingt-cinq dans le couloir droit en alliant puissance et vitesse, à l’image de la nouvelle génération de latéraux. S’il n’a pas encore un impact énorme sur son équipe, la domination sans partage, aussi bien en défense qu’en attaque, de ses adversaires fait de lui le meilleur latéral du championnat, à seulement 20 ans. Excusez du peu.
Milieu défensif : Mate Tsintsadze, Dinamo Tbilissi. Encore un jeune de Tbilissi très prometteur. Ce milieu défensif infatigable récupère énormément de ballons mais a aussi une très bonne relance, notamment dans un petit périmètre. Titulaire à chaque match de championnat, il est d’ores et déjà un élément incontournable du leader.
Milieu central : Gogita Gogua, Dila Gori. Comme le laisse présager son nom aux premiers abords, le gaillard n’est pas un tendre. Véritable terreur des milieux de terrain par son activité et son engagement, Gogua ferait passer Gennaro Gattuso pour Cendrillon. Baroudeur avec 13 clubs en 15 ans (seulement en Géorgie et Russie), Gogua apporte son expérience dans une équipe ambitieuse, se montrant le véritable régulateur du milieu de terrain. Sa courte absence avant la trêve a fait beaucoup de mal au Dila, montrant à quel point il est important.
Ailier gauche : Lasha Shindagoridze, Torpedo Kutaïsi. Intenable sur son flanc gauche, l’ancien joueur du Dinamo est un atout majeur pour le Torpedo malgré des résultats plus que décevants. Buteur et passeur, il organise aussi le jeu faute d’un milieu de terrain créateur, et on peut dire qu’il s’en sort très bien.
Ailier droit : Jaba Jigauri, Dinamo Tbilissi. Encore une perle du Dinamo. Il fait parfaitement la paire avec Kakabadze sur le flanc droit. Remuant et toujours disponible, c’est un ailier buteur enclin à laisser de l’espace à son latéral pour profiter des failles dans la défense. Auteur de onze buts, il réalise une très bonne première partie de saison mais a encore une belle marge de progression devant lui, notamment collective.
Attaquant : Giorgi Kvilitaia, Dinamo Tbilissi. Un mètre 94 au compteur pour ce destructeur de défense. Nul doute que ce nouveau jeune du Dinamo est fait pour le championnat géorgien. Avec un très bon feeling et sens du placement, il excelle aussi dans le rôle de pivot, ce qui lui permet d’empiler 12 buts et 4 passes décisives dans sa première vraie saison au top. Un atout de taille.
Attaquant : Nika Kacharava, FC Tshkinvali. Si Kvilitaia est un géant, Kacharava est une montagne. 100 kilos de muscles pour presque deux mètres. L’attaquant qui a rejoint Rostov cet hiver fut la pièce essentielle de la première partie de saison du nouveau FC Tskhinvali. Très actif, il impose par sa carrure une présence de tous les instants dans la surface et n’hésite pas à faire le ménage pour se frayer un chemin vers le but adverse. Ses 13 buts en 15 matchs vont être un manque important dans la seconde partie de saison de Tshkinvali.
Entraîneur : Ucha Sosiachvili, Dila Gori. Lorsqu’il a repris le Dila il y a deux ans, l’équipe était en perdition. Apportant une rigueur tactique et physique, le Dila a changé de dimension et aujourd’hui est considéré à juste titre comme la seconde meilleure équipe du pays, juste derrière le Dinamo Tbilissi. Et ce malgré des moyens financiers plus faibles et des infrastructures pour jeunes beaucoup moins développées.
Ils auraient pu y être.. : Otar Martsvaladze, Dila Gori. Nika Chanturia, Lokomotiv Tbilissi. Giorgi Papava, Dinamo Tbilissi. Davit Mitivlishvili, Samtredia. Oleksiy Shevchenko, Dila Gori.
L’espoir des 6 premiers mois : Mate Tsintsadze, Dinamo Tbilissi. Parmi la constellation de jeunes prometteurs du Dinamo, Tsintsaszde est certainement le plus apte à réaliser une grande carrière. Possédant déjà de très bonnes qualités dans la passe et la récupération, il possède aussi une grande marge de progression dans ses choix et la régularité au sein d’un match. Déjà un maillon important du Dinamo, il ne manquera pas de se faire remarquer des clubs européens si sa progression continue dans ce sens.
Et enfin, le MVP des 6 premiers mois : Nika Kacharava, FC Tshkinvali. C’est avec un poil de nostalgie que le titre de MVP est décerné à l’attaquant de Tshkinvali, car déjà parti sous d’autres cieux, en l’occurrence en RPL. Meilleur buteur du championnat avec treize réalisations accompagnées de la meilleure moyenne buts/points rapportés, il fut le maillon essentiel de la chaîne qui a permis au Spartak de s’installer dans le trio de tête.
Bastien Cosquer
Image à la une : © fcdinamo.ge