Résultats en baisse, manque de compétitivité sur la scène européenne, absence d’innovation tactique, spectacle inoffensif et même crise identitaire… Voici les symptômes qui résument la situation compliquée dans laquelle les deux clubs de Vienne, l’Austria et le Rapid, sont actuellement après plusieurs années de régression sur le plan sportif avec notamment l’émergence de Salzbourg. Footballski décrypte pour vous les raisons de cette dégradation.

Dans l’ombre de l’ogre Red Bull sur le plan national

Depuis 2007 et l’émergence du nouveau riche Salzbourg les deux clubs de Vienne n’ont remporté que 2 titres sur les 8 mis en jeu, tandis que le Red Bull en raflait 5 (le Sturm Graz a réussi à s’immiscer dans cette lutte de colosses en remportant la Bundesliga en 2001). Pour les deux équipes les plus titrées d’Autriche on assiste ainsi à un renversement des puissances où le Rapid (32 titres) et l’Austria (24 titres) sont maintenant en position de faiblesse par rapport à la manne financière de Salzbourg.

Au bout de 13 journées le Red Bull est en tête du championnat, à égalité de points avec Wolsberger l’excellente surprise de ce début de saison qui réussit de très belles performances. En effet le Rapid pointe à six points ce qui est honorable mais l’Austria avec ses seize points n’est que 5ème, payant ainsi un très mauvais début de saison. Seul motif d’espoir : la victoire des hommes de Gérald Baumgartner, coach de l’Austria, sur le terrain du Red bull le 21 septembre dernier. Compte tenu des équipes alignées et de la dynamique sportive c’est un plus gros exploit que le saut de 20 km réalisé par son homonyme. Alors qu’on vient de disputer un tiers des rencontres le constat est déjà évident, les deux clubs de Vienne vont devoir se battre cette saison pour un tour préliminaire de Ligue Europa … Et encore Wolfsberger, Altach et Graz semblent bien partis pour jouer les trouble-fêtes.

Des coupes européennes abandonnées

L’Autriche peut dire un grand merci au Red Bull qui assume de tout son poids l’indice UEFA de son pays. Classé 16e actuellement le pays est menacé par la Croatie, Chypre ou la Biélorussie qui compte cette saison plus de ressortissants en coupe d’Europe que l’Autriche. Pour ce qui est de nos clubs de Vienne, les compétitions continentales représentent une utopie tant leur participation ressemble à du bénévolat. L’Austria a fait de la figuration l’an passé en Ligue des champions en terminant quatrième derrière Porto, l’Atlético et le Zénit, et cela malgré une belle victoire contre les russes 4-1 au Ernst-Happel Stadion.

© JBD
© JBD

Pour le Rapid la 2ème place obtenue en 2013/2014 n’aura servi à rien puisque le club s’est fait sortir en qualifications de l’Europa League par l’ogre finlandais Helsingin Jalkapalloklubi (5-4 sur l’ensemble des deux matchs). Les coéquipiers du vétéran Steffen Hofmann, 8 ans au club, n’ont aucune excuse car ils avaient déjà dans les jambes 5 matchs de Bundesliga. Il est bien loin le temps où le Rapid jouait une finale de Coupe des Coupes face à la bande de Luis Fernandez …

Une fuite des cerveaux accentuée

Le premier but en France de Philipp Hosiner avec le Stade Rennais ce mercredi face à l’OM a sans doute permis aux supporters de l’Austria de se rappeler du bon vieux temps, celui où ils étaient champions en 2012-2013 avec un Hosiner qui plantait but sur but (30 réalisations en 35 matchs ce qui est assez prodigieux). Malheureusement pour les fanatiques de la Generali Arena cette courte période dorée est à classer dans les archives, les meilleurs éléments de l’équipe sont partis et les jeunes peinent à s’imposer comme des valeurs sures. Martin Harrer, Marco Mellinger et Christian Ramsebner sont des exemples de ce manque de renouvellement à l’Austria. Des joueurs performants en jeunes et en réserve mais qui ne parviennent pas à se montrer en professionnel. Afin de garder un certain équilibre dans l’équipe les dirigeants de l’Austria ont donc décidé de recruter avec Vance Sikov le macédonien en défense et l’israélien Damari en pointe, deux choix pour le moment pertinents.

© Bogdan Zajac / Football.ua
Louis Schaub | © Bogdan Zajac / Football.ua

Coté Rapid le club a réussi à garder sa jeune pépite Louis Schaub qui avec ses 19 ans est devenu le patron du milieu des vert et blanc en à peine une saison. Le Rapid possède sans doute le meilleur centre de formation en attendant que celui du Rapid émerge. Sur les 24 joueurs de son effectif, 9 ont été formés au club ce qui démontre la qualité des éducateurs du Rapid. Une belle génération 91-92 s’impose petit à petit avec notamment Maximilian Hofmann en défense qui grappille du temps de jeu, Pavelic un latéral gauche très offensif qui est titulaire depuis le début de la saison et le puissant Brain Behrendt au milieu. Pour que ces jeunes passent un cap dans leur carrière ils seront obligés de quitter leur cocon du Rapid tant que le club se satisfera de sa médiocrité tendancielle depuis quelques années.

Un manque d’audace dans le jeu 

Pour que vous vous fassiez une idée, le niveau de la Bundesliga autrichienne hormis l’exception Salzbourg se situe dans le haut de tableau de la deuxième division allemande. La plupart des équipes proposent un jeu basé sur un bloc défensif compact avec la volonté de se projeter rapidement vers l’avant en comptant sur la vélocité de ses attaquants. À part le Red Bull qui dispose de joueurs au-dessus de la moyenne, toutes les équipes pratiquent à peu près le même football. Les deux clubs de Vienne se confortent dans ces idées tactiques, malgré plusieurs techniciens de qualité dans leurs effectifs. Concrètement le Rapid en est à 22 buts tandis que l’Austria en est à 16. Cela parait tout de suite très faible quand on met ces chiffres en comparaison avec les 45 réalisations du leader Salzbourg. Plus que des statistiques ce sont des impressions flagrantes qui ressortent, des formations qui jouent pour ne pas perdre avant tout, des équipes qui vivent sur un palmarès désormais…

Les observateurs comptent maintenant sur Wolfseberger pour maintenir un semblant de concurrence. La petite formation fait bien mieux que les deux cadors viennois en terme de jeu pratiqué, on se régale plus devant les jeunes loups de Carinthie que les prétendus ténors de la capitale. Cela dit malgré les carences du début de saison le Rapid devrait rapidement remonter la pente pour logiquement terminer deuxième. Les troupes de Zoran Barisic ont notamment laissé une belle impression lors de leur dernière sortie en triomphant du Sturm Graz sur son terrain (qui a la particularité de jouer avec Stankovic en attaque, l’ancien milieu défensif de l’Austria). Pour les mauves le faible spectacle offensif et les 3 victoires en 13 matchs ne rassurent personne, l’équipe reste de qualité avec des joueurs régulièrement appelés en sélection internationale comme Lindner, Grunwald et Royer chez les A autrichiens, Holland avec les australiens ou Damari en Israel. L’équipe ressemble plus maintenant à une bande de sénateurs qui vit sur ses positions et qui ne cherche pas à avancer. Une révolution sur le long terme est clairement attendue… ou un beau parcours en coupe OFB pour vite retrouver l’Europe.

Les deux clubs de Vienne sont effectivement rentrés dans le rang depuis quelques années et doivent maintenant penser à leur avenir pour ne pas devenir de simples suppôts du Red Bull. Il subsiste des motifs d’espoir comme la formation des jeunes et la fidélité inconditionnelle de leurs supporters, les bases du renouvellement de ces clubs passeront forcément par là.

Adrien Mth


Photo à la une : © Steindy

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