Temps de lecture 21 minutesSaison 2015-2016 – Un an de football en Russie (Partie 2/2)

Après cette saison haletante, et un final en apothéose conclu par la relégation de certains clubs historiques, nous revenons sur le bas du tableau de la saison en Russie. N’hésitez pas à relire la première partie, ainsi que notre équipe type de la saison.

Neuvième : Krylya Sovetov Samara – 35 points

La saison :

De retour en RPL après une saison passée en FNL, le Krylia Sovetov, poussé par toute la ville de Samara, était attendu au tournant. Plus connu en France grâce à l’arrivée de Yohan Mollo sous forme de prêt l’été dernier, le Krylia a commencé la saison sur les chapeaux de roues avec notamment une victoire 3-1 sur la pelouse du Zenit Saint-Pétersbourg, permettant au club d’être la petite sensation de début de saison. Malheureusement, l’euphorie va être stoppée nette, et le club enregistrera de nombreuses contre-performances avant la trêve, comme cette défaite 1-0 contre Ufa, ou bien la fessée au Stadium Metalurg contre Krasnodar, 4-0. Condamné à jouer finalement le maintien, voire le milieu de tableau, le club de la ville de Samara va se ressaisir grâce au recrutement de Gianni Bruno, l’ancien joueur d’Evian, et va se sauver assez rapidement. Éliminé assez tôt en coupe contre le Dinamo Moscou, le Krylia a globalement bien géré sa saison.

Les tops :

Yohan Mollo était attendu au tournant en Russie et il n’a pas déçu. Très important dans l’équipe du Krylia, il a pesé sur les matchs qu’il a disputés comme lors de la victoire contre le Zenit et ses trois passes décisives. Avec un total de six offrandes au cours de la saison, le Français a réalisé un épisode 2015-2016 plein, et devrait revenir de façon définitive en Russie la saison prochaine. En effet, certains médias russes l’annoncent au FK Krasnodar !

Les flops :

Le seul vrai flop de cette saison est Anton Bobyor. Revenu dans son club formateur, le Krylia, en provenance du Mordovia Saransk, le milieu offensif n’a pas disputé une seule minute sous les couleurs bleues et blanches. Déception pour Bober qui revenait au Krylia pour y apporter son expérience et sera transféré dès la trêve hivernale au Mordovia Saransk, où il disputera dix rencontres.

La surprise : Giorgi Loria

Deux surprises dans cet effectif du Krylia. Tout d’abord, le portier géorgien Giorgi Loria qui a su s’imposer en fin de saison pour prendre la place de l’ex-numéro 1, Evgeny Konyukhov. Décisif sur la ligne, il a réalisé un match incroyable contre le Dinamo Moscou et a sauvé les siens à de multiples reprises. L’ancien joueur du Dinamo Tbilisi aura sans doute une place de titulaire la saison prochaine. L’autre surprise est Belge, et vient de Gianni Bruno. C’était une petite surprise de retrouver cet ancien pensionnaire de Ligue 1 dans notre belle RPL. Intéressant offensivement, il a scoré à deux reprises, et s’est surtout très bien entendu avec son compère d’attaque, Adis Jahovic.

© Epsilon/Getty Images
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Le coach : Franck Vercauteren

Franck Vercauteren et son staff belge ont donné une vision défensive au Krylia. La stratégie de la prise de risque minimale a finalement porté ses fruits, puisque le club s’est maintenu assez rapidement. Avec un jeu pauvre offensivement, le club de Samara a fini pire attaque de RPL avec seulement 19 buts inscrits en 30 matchs! À voir si cette stratégie sera remise en place la saison prochaine, certains médias belges l’envoyant déjà à Anderlecht.

Les supporters :

L’une des meilleures affluences de Premier League. Avec une moyenne de 11.000 spectateurs, le public a répondu présent, notamment lors du match contre le CSKA en début de saison qui s’était joué à guichets fermés. La livraison du nouveau stade prévue en 2017 devrait booster de manière assez considérable les recettes.

L’avenir :

L’objectif de la saison prochaine sera le maintien, et rien que le maintien, afin d’installer une stabilité. La coupe passera au premier plan avec, pourquoi pas, une surprise comme celle de Rostov il y a deux saisons ?


Lire aussi: On a discuté avec Frank Vercauteren, entraîneur du Krylia Sovetov et On a discuté avec Yohan Mollo, attaquant du Krylia Sovetov


Dixième : Rubin Kazan – 33 points

La saison :

33 points en 30 journées et une dixième place. Le bilan comptable du Rubin est tout bêtement famélique pour un effectif identique, voire renforcé par rapport à la saison dernière (48 points et cinquième place). Il faut dire que la saison n’a pas débuté sous les meilleurs auspices, avec 4 défaites consécutives en ouverture sans aucun but marqué et huit défaites dans les onze premiers matchs (malgré une belle victoire contre le Lokomotiv Moscou, seul point d’éclaircie de ce début de saison). L’entraîneur Rinat Bilyaletdinov, qui avait bâti une équipe compétitive la saison dernière, a été licencié après une défaite catastrophique contre le Mordovia Saransk. L’entraîneur-adjoint Valeriy Chaly (natif de Sebastopol, récemment naturalisé russe après les événements que l’on sait) lui a succédé et est parvenu à redresser un peu l’équipe pendant la fin de l’automne, avec quatre victoires en cinq matchs (pour une défaite honorable contre le FK Krasnodar). Au retour de la trêve hivernale, le Rubin remporte quelques victoires convaincantes et perd sans démériter contre les grands clubs, mais connaît une fin de saison catastrophique avec aucune victoire dans les six derniers matchs. Au final, une dixième place qui ne reflète pas du tout la qualité de l’effectif et les capacités de cette équipe.

Les tops :

Parmi les tops, on donnera le turc Gökdeniz Karadeniz qui aura été l’un des joueurs les plus remuants cette saison dans cet effectif, et qui aura réellement tenté d’apporter le danger à plusieurs reprises. Oleg Kuzmin a tenté de sauver autant que possible l’équipe de la déroute dans la première moitié de saison. Marko Devic peut aussi être cité. Plus efficace que Portnyagin, il est directement impliqué dans la remontée du Rubin pendant l’automne, bien que l’on puisse lui reprocher de ne pas avoir été plus efficace sur penalty. Sergei Ryzhikov, hormis une expulsion catastrophique contre le Mordovia Saransk, est l’un des hommes forts de la saison, et a contribué à l’obtention d’un nul prestigieux à Liverpool sur la scène européenne. 61 % des fans Kamni ont voté pour le portier au titre de meilleur joueur de la saison. Tkachuk a fait un début tonitruant au retour de la trêve hivernale avant de s’éteindre progressivement. Caktas et Ozdoev ont fait du bon boulot. Dans l’ensemble, la plupart des joueurs ont montré des qualités, mais les défauts qui ont valu au Rubin de finir si bas se trouvent sans doute dans un collectif plus global.

Les flops :

La faillite étant d’origine plutôt collective, il est possible de citer un peu tout le monde dans cette section (même certains parmi les tops, bien que cela puisse apparaître un peu paradoxal). En tout cas, tous ceux qui avaient grandement contribué à la bonne 5ème place du Rubin la saison dernière qui se sont éteints. Portnyagin en première position n’a pas eu la même finition et s’est montré très inefficace. Ainsi, le voir aligné à la place de Marko Devic a souvent inquiété les supporters tatars cette saison. On peut reprocher à Kislyak et Nabiullin un manque de maîtrise technique cette saison, tandis que Mauricio Lemos a constitué l’une des failles de l’équipe et il est difficile de comprendre comment des clubs du calibre de Barcelone, Manchester City et Everton peuvent s’y intéresser. Les défenseurs Kverkvelia et Cotugno ont pris l’eau dans de nombreuses rencontres. Diniyar Bilyaletdinov a été, quant à lui, à des années-lumière de son niveau d’antan.

La surprise : Emil Bergström

Tkachuk aurait pu être inclus ici, mais pour celui que l’on peut considérer comme la bonne surprise du Rubin cette saison, on optera plutôt pour la recrue de l’hiver Emil Bergström (dont les performances n’ont toutefois pas suffi à convaincre l’entraîneur suédois à le sélectionner pour l’Euro 2016, une surprise en Russie). Ce joueur, qui bénéficie d’une grosse qualité technique, s’est révélé indispensable pour l’ensemble de la deuxième partie de saison et s’est offert le luxe d’inscrire un but lors d’une victoire contre l’Ural.

© Epsilon/Getty Images
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Le coach : Valeriy Chaly

À cause du début catastrophique du club, Rinat Bilyaletdinov, l’entraîneur qui avait complètement relancé le Rubin la saison dernière, a pris la porte au début de saison. Valeriy Chaly lui a succédé et a assuré l’intérim. Il a eu le mérite de redresser progressivement la barre pendant l’automne et d’accrocher un match nul prestigieux sur la pelouse de Liverpool. Quelques bons matchs contre le Dinamo ou le Zenit, et puis c’est tout. La saison du Rubin est très difficile à déchiffrer et le rôle joué par le coaching l’est encore plus, les choix de l’entraîneur n’apparaissant pas spécialement absurdes. Un avenir plus radieux se dresse néanmoins puisque Javi Gracia a été nommé coach pour la saison prochaine.

Les supporters :

En dehors de la finale de la Coupe de Russie (à laquelle le Rubin ne participait pas) et de la réception de Liverpool, le Rubin, qui ne bénéficiait déjà pas d’un énorme soutien la saison dernière malgré sa bonne saison, a été complètement délaissé par ses supporters malgré un stade flambant neuf. Le taux de remplissage de l’enceinte a rarement dépassé les 40 %. Un beau symbole de ce que les supporters ont pensé de la saison.

L’Europe :

L’Europe s’est terminée par une petite déception pour le Rubin. Tout d’abord, Kazan n’était pas supposé y participer et a dû compter sur l’exclusion du Dinamo Moscou de toutes compétitions européennes. Sans briller, le Rubin a participé à la rupture de la malédiction des barrages de la Ligue Europa pour les clubs russes. D’abord difficile vainqueur du Sturm Graz au troisième tour (victoire 3-2 en Autriche et nul 1-1 à domicile), le Rubin a empêché la Macédoine d’avoir un premier représentant en Europe en éliminant Rabotnicki, qui avait fait tomber Trabzonspor précédemment (nul 1-1 en Macédoine en supériorité numérique, et victoire 1-0 à domicile).

En phase de groupe, le Rubin tombe dans un groupe difficile avec Liverpool, les Girondins de Bordeaux et le FC Sion. Sa forme calamiteuse en championnat ne le rendait pas favori de la poule. Le premier match en Suisse contre Sion est désastreux. Le Rubin perd et voit ses espoirs douchés (défaite 2-1). Les deux rencontres suivantes seront bien meilleures, contre Bordeaux (nul 0-0) et surtout à Liverpool (nul 1-1 en infériorité numérique pendant la majeure partie du match). Le Rubin ne confirmera pas lors de la réception de Liverpool et perd (défaite 0-1). En plein redressement en championnat, Kazan prend sa revanche sur le FC Sion (victoire 2-0) et conserve une chance de qualification en cas de victoire à Bordeaux, déjà éliminé, et de défaite à domicile de Sion contre Liverpool. Malgré l’ouverture du score, le Rubin concède un nul 2-2 et est éliminé. Une victoire n’aurait toutefois rien changé, puisque Sion a tenu Liverpool en échec.

L’avenir :

Après une saison décevante, on ne peut pas imaginer pire pour la saison prochaine. Javi Gracia sera le nouvel entraîneur de Kazan. Avec les retours de prêts de Sardar Azmoun et Yann M’Vila (qui pourraient bien repartir dès cet été), le Rubin pourrait avoir une équipe très compétitive la saison prochaine, mais à l’heure actuelle, il y a trop d’incertitudes sur le mercato estival. Quels seront les joueurs prêtés ? Quels seront les joueurs achetés ? Le Rubin ne devrait pas avoir de mal à se maintenir si les choses se passent bien. Quant à la possibilité de le voir se battre pour l’Europe, wait and see…

Onzième : Amkar Perm – 31 points

La saison :

Une saison où les hommes de Gadzhiev ont cherché le maintien et l’ont trouvé. Côté résultats, c’est franchement mitigé avec seulement 7 victoires, 10 nuls et 13 défaites. Des résultats principalement en première partie de saison, face des équipes de bas de tableau (à noter la victoire 2-0 contre le CSKA lors de la 18eme journée). Et heureusement, car en deuxième partie de saison, Amkar n’a empoché que 2 victoires… Pour leur défense, on peut avancer le fait que lors de la majorité des matchs nuls, l’Amkar menait au score sans pour autant ramener les trois points. La faute à une défense qui encaisse peu de buts, et à une attaque qui finit avant-dernière attaque de RPL avec seulement 22 buts marqués. Une équipe d’Amkar au final à sa place

Les tops :

Le plus de la saison côté Amkar, c’est ce beau parcours en Coupe de Russie. Une défaite amère durant la séance des pénaltys contre le Zenit, futur vainqueur de la compétition. Mais encore là, Amkar menait au score jusqu’à l’égalisation de Xavi Garcia… Après avoir éliminé le Spartak Nalchik (0-2), le Lokomotiv Moscou (0-1) et le Dinamo Moscou (3-1), l’Amkar n’est pas passé loin de l’exploit. Un parcours qui a illuminé cette saison, sans aucun doute.

Les flops :

C’est l’attaque en général, car comme on a pu le dire, les Permiaques ont la deuxième pire attaque de la ligue et certains recrutements comme celui de Salugin n’ont pas eu l’effet escompté pour l’escouade offensive de l’Amkar.

La surprise : Aleksandr Selikhov

C’est le jeune gardien de 22 ans Alexandre Selikhov. Ayant joué la majeure partie de la saison à la place du vétéran Roman Gerus, il a acquis de l’expérience cette saison. Il effectua sa première titularisation en août 2015 contre Rostov alors que les deux gardiens Roman Gerus et Dmitri Khomich étaient blessés. À confirmer…

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Le coach : Gadzhi Gadzhiev

Est-il nécessaire de le présenter ? À 70 ans, c’est un spécialiste de RPL ! Avec son expérience d’entraineur de l’Anzhi, du Saturn Moscou, son rôle d’assistant avec les sélections nationales jeunes et olympiques, il reprit le club durant la saison précédente, pour finir à la même place qu’aujourd’hui, après une série fantastique de victoires. Il a le don de faire des merveilles avec un effectif limité. Il tient l’Amkar en RPL, et c’est ça l’essentiel.

Les supporters :

Avec un taux de remplissage de 47% sur l’ensemble des matchs à domicile, l’Amkar est septième au classement. Preuve que le stade Zvezda de Perm attire les spectateurs au moins à domicile, ce qui n’est pas le cas partout en RPL.

L’avenir :

Avec Gadzhiev, il semble que la pérennité de l’Amkar en RPL est assurée. Associant bien les jeunes avec les joueurs d’expérience, la RPL me semble encore acquise pour la saison prochaine. Dans le cas où les changements soient plus importants, l’Amkar pourrait faire partie rapidement de la charrette. Il ne faut pas grand-chose pour aller dans la zone rouge.

Douzième : FK Ufa – 27 points

La saison :

La saison des Bashkirs a été longue et difficile, malgré une ouverture encourageante (2-2) sur la pelouse du Spartak (on y était). L’automne sera en nette amélioration et le Krylia, l’Amkar et le Mordovia ont été battus par Ufa. Grâce à cela, Ufa n’était donc pas distancé à la trêve, et on imaginait que la bataille contre la relégation n’allait pas être si difficile, mais après une défaite inaugurale en Coupe, les Bashkirs allaient sombrer au printemps en étant incapables de battre le Mordovia. Pire encore, ils seront la seule victime d’un Dinamo expirant lors de ce même printemps. Il faudra donc attendre avril pour voir les prémices d’un sauvetage avec deux victoires coup sur coup contre les Caucasiens du Terek, puis contre l’Anzhi. Ceci sera immédiatement suivi d’un seul point en cinq matchs, mais la non-compétitivité de ses rivaux lui a offert la possibilité de se maintenir lors de la dernière journée. Occasion saisie face au Spartak (3-1), dans un match qui aura fait polémique.

Les tops :

Shelia, Krotov, Stotskiy, Tumasyan, Paurevic : les tops sont plutôt a prendre au sein des individualités que dans un secteur de jeu en particulier. Certains se sont révélés, d’autres ont confirmé, il est certain qu’Ufa a une bonne base de travail pour les années futures. On retiendra également l’abnégation de l’effectif qui, malgré les résultats contraires (souvent lors de matchs très serrés), a su ne pas abdiquer et c’est sans doute ce qui a permis au club de se sauver.

Les flops

On a tout d’abord la gestion du cas David Yurchenko dont le départ a fait beaucoup parler cet hiver. Il a été écarté avant de rejoindre Anzhi Makhachkala. Le recrutement avait lui aussi quelque peu balbutié cet été, mais le fantôme sur le terrain aura été Marvin Pourie. L’ex-espoir allemand n’aura convaincu personne dans l’Oural, et devrait repartir après avoir marqué deux buts en un peu moins de 600 minutes. Le départ de Frimpong restera également comme quelque chose d’inachevé. Le joueur, pourtant satisfaisant, n’aura pas montré son meilleur niveau et aura été poursuivi par ses réactions face aux attitudes racistes dans les tribunes qui lui auront malheureusement coûté des suspensions et des polémiques.

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La surprise : Oleksandr Zinchenko

On ne peut pas forcément parler d’une surprise à proprement parler, car le jeune espoir ukrainien était attendu depuis un bon moment. Néanmoins, dans de telles conditions, il n’est pas toujours facile de confirmer. Oleksandr aura très bien régulé le jeu d’Ufa, marqué une paire de buts, obtenu sa première sélection en équipe d’Ukraine et même marqué son premier but. Tout cela lui a valu l’intérêt de grosses écuries européennes.

Le coach : Evgeniy Perevertaylo

Le redevable et fidèle Igor Kolyvanov ayant été remercié en octobre à cause du mauvais début de saison, c’est l’expérimenté Perevertaylo qui a débarqué après son expérience à Ufa. On ne peut pas vraiment dire que sa mission aura été franchement réussie… C’est sans doute un peu la limite de la méthode qui consiste à rappeler en permanence les vieux spécialistes. Il s’en sera donc allé quelques jours avant le dernier match où son successeur éphémère, Sergey Tomarov, est parvenu à sauver le club.

Les supporters

Ufa est enfin parvenu à jouer à domicile pour une affluence moyenne de 7 000 spectateurs. Pas une réussite totale donc dans une très grande ville où l’affluence moyenne a surtout été gonflée par certains gros matchs, notamment celui du maintien contre le Spartak.

L’avenir

Malgré toute la sympathie que ce club peut attirer, il s’en est sorti miraculeusement et est en passe de perdre Zinchenko. Donc sauf recrutement extrêmement intelligent, les Bashkirs risquent d’être les favoris pour la descente dès l’an prochain.

Treizième : Anzhi Makhachkala – 26 points

Le barrage :

Anzhi a réussi à se sauver après avoir passé la plus grande partie du championnat en position de relégable. Le barrage a été très bien négocié face à une équipe du Volgar Astrakhan sans doute trop faible pour l’élite russe. On retrouvera donc une équipe du Daguestan en RPL l’an prochain.

La saison :

L’opération maintien a commencé de la pire des manières pour l’Anzhi, avec quatre défaites lors des quatre premières journée. L’entraîneur, Yuri Syomin, avait fort à faire avec un effectif remanié en profondeur pour le retour dans l’élite. Les Aigles se retrouvent très vite lanterne rouge, et Syomin, avec un bilan catastrophique d’une victoire, trois nuls et six défaites, démissionne au soir de la dixième journée. Pour le remplacer, le club fait appel à Ruslan Agalarov, une légende locale qui a joué plus de 400 matchs sous le maillot jaune. Les résultats ne vont pas vraiment en s’améliorant, même si l’Anzhi glane deux victoires de prestige contre le Dynamo et le Lokomotiv. Moscou réussit bien aux Caucasiens, puisque que cette année, ils ont pris 40% de leurs points contre les clubs de la capitale. Trois victoires dans les dernières journées permettent à l’Anzhi de se sortir de la zone rouge au détriment du Dynamo en chute libre. Un sauvetage in extremis plutôt mérité, tant les hommes d’Agalarov n’ont jamais refusé le jeu, même contre des équipes a priori hors de leur portée. On souhaite à ce club de nouveau sympathique de viser plus haut l’année prochaine.

© Epsilon/Getty Images
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Les tops :

Le secteur offensif de l’Anzhi a réalisé de jolies choses tout au long de la saison, par intermittence il est vrai. Boli, en pointe, a confirmé sa bonne saison en FNL, avec neuf buts inscrits. Pour le soutenir, les Aigles peuvent compter sur Maksimov, Ebecilio et Berisha, qui forment un milieu tourné vers l’attaque. D’autres clubs, qui se sont maintenus plus facilement grâce à leur triple ligne de défense, feraient bien de s’en inspirer.

Les flops :

Pire défense de Première Ligue à égalité avec le Dinamo, l’Anzhi donne trop souvent le bâton pour se faire battre. Ce n’est pas faute d’avoir recruté dans le secteur, notamment le jeune défenseur serbe Darko Lazić, qui ne s’est réveillé qu’au mois de mai après neuf mois d’hibernation. Plus que jamais, il vaut malheureusement mieux avoir une défense solide qu’une attaque flamboyante pour se sauver en Première Ligue.

La surprise : Bernard Berisha

Transféré au mercato d’hiver depuis le Skënderbeu Korçë, le jeune Kosovar Berisha a remis un peu d’allant dans le secteur offensif de l’Anzhi à un moment où les Aigles étaient à la peine. L’ailier du champion d’Albanie s’était révélé aux yeux du public russe lors de son match de Ligue Europa contre le Lokomotiv. Nul doute qu’il devrait continuer à faire tourner en bourrique les latéraux de Première Ligue la saison prochaine, à l’Anzhi ou ailleurs.

Le coach : Ruslan Agalarov

Yuri Syomin avait été engagé pour son expérience de la Première Ligue, lui qui avait maintenu Saransk en 2015. Hélas, la mayonnaise n’a pas pris, et c’est un élément du cru qui a été choisi pour prendre sa succession. Ruslan Agalarov, à Makhatchkala depuis 1993, a su compenser ses lacunes tactiques par une implication de tous les instants et une détermination communicative dans les moments décisifs. L’Anzhi a peut-être enfin trouvé l’entraîneur qui lui convient.

Les supporters :

Il est loin le temps où l’Anzhi Arena était pleine à craquer pour admirer les exploits des stars achetées à coups de millions par Kerimov. Désormais, l’affluence moyenne tourne autour de 10 000 spectateurs, ce qui reste pas mal du tout pour un club qui lutte pour le maintien, et dont le stade est situé assez loin du centre-ville.

L’avenir :

On n’ira pas jusqu’à dire que l’avenir s’annonce radieux pour l’Anzhi Makhatchkala : on se souvient encore que les finances du club sont pour le moins instables à cause des déboires de son propriétaire Suleyman Kerimov. Néanmoins, avec les quelques espoirs qui s’imposent progressivement en équipe première, les Aigles ont peut-être retrouvé une stratégie de développement plus en accord avec leur identité. Des jeunes comme Tigiev, Lazić, Mkrtchyan, Moutari et Abdulavov seront à suivre avec attention la saison prochaine.

Quatorzième : Kuban Krasnodar – 26 points

Le barrage :

Après une victoire sur penalty grâce à Igor Armas à l’aller, le Kuban a sombré en Sibérie. Battus 2-0 sans être vraiment incisifs, les joueurs du sud de la Russie ont réagi trop tard. Ils auront pourtant marqué un but refusé dans les arrêts de jeu, qui aurait pu les sauver, mais qui n’aurait finalement pu créer qu’une grande polémique poussant les supporters de Kuban à demander à la ligue de faire rejouer le match. Il n’en sera rien, Tom monte et Kuban va continuer son aventure à l’échelon inférieur.

La saison :

Le club de Krasnodar avait passé les fêtes de Noel en tant que relégable et l’équipe d’Igor Osinkin semblait parti tout droit pour une lutte âpre et féroce pour se maintenir. Ce fût le cas, et ce jusqu’à la dernière journée de cette saison et une défaite 2-0 face à Oural qui envoie le club en barrages pour la suite que l’on connaît. La perte de son meilleur buteur, en la personne de Melgarejo au mercato d’hiver, parti au Spartak, ainsi que d’Ignatyev et Tkachyov n’a certainement pas aidé l’équipe. Malgré tout cela, Kuban a néanmoins réussi à sortir de bonnes performances notamment dans les matchs clés.

Les tops :

Il me semble vraiment difficile de trouver des tops dans cette équipe, mais on va penser en premier au gardien de but Aleksandr Belenov, qui a encore une fois sorti une grande saison, même si cela n’a pas été suffisant pour sauver le club. Il devrait pouvoir se relancer dans un club visant plus haut.

Les flops :

Là on ne sait pas quoi choisir ! Le mercato ? Les coachs ? Arshavin et Pavlyuchenko ? Il y en a tellement tant les périodes de transferts ont été mal gérées. Le recrutement d’Arshavin et Pavlyuchenko s’est avéré être un échec retentissant, et le premier s’en est allé au mercato avec quelques minutes jouées alors que le second se sera finalement rendu utile en toute fin de saison avec deux buts marqués qui auraient pu maintenir le club. Le mercato d’hiver a été encore plus mauvais avec le départ de toute la ligne d’attaque et le recrutement de Seleznyov reparti quelques mois et quelques scandales plus tard en ayant marqué quelques buts sur penalty principalement.

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La surprise : Maksim Mayrovich

Cela fut très difficile de trouver une surprise dans cette équipe, donc on retiendra le jeune espoir Mayrovich qui a toujours répondu présent lorsqu’on a eu besoin de lui en fin de saison. À suivre dans le futur.

Le coach : Sergey Tashuev

Depuis le licenciement surprise de Goncharenko l’an passé, la comédie se poursuit à Kuban qui a changé deux fois de coach cette saison. Ni Khokhlov, ni Tashuev n’ont convaincu, si bien que c’est Igor Osinkin qui a fini la saison sans succès. La direction est d’ores et déjà à la recherche d’un coach pour la saison de FNL.

Les supporters :

9 500 personnes de moyenne, ce n’est pas si mal en Russie, mais quand on parle d’une ville de foot comme Krasnodar, c’est assez peu. Surtout quand le rival qui a beaucoup moins d’histoire et donc une base de fans plus faible arrive à faire mieux. L’importance des clubs locaux et en train de changer et le Kuban devrait en pâtir encore dans le futur.

L’avenir :

Avec beaucoup de joueurs en fin de contrat, d’autres (surtout étrangers) ayant une clause pour quitter le club en cas de relégation, il va falloir reconstruire le club totalement avec l’aide de certains éléments. Si le côté financier suit, le Kuban pourrait revenir bientôt, mais si les erreurs continuent, il menace de sombrer surtout que la ville continue d’avoir un club de football dans l’élite…

Quinzième : Dinamo Moscou – 25 points

La saison :

La première partie de championnat laissait présager d’une saison anonyme, dans le ventre mou du classement. La seconde a marqué la chute inexorable du Dinamo Moscou. Les craintes de voir le club s’enliser se sont confirmées : sur la deuxième partie de saison, le Dinamo Moscou n’a remporté qu’un seul match, pour deux nuls et neuf défaites, dont une terrible série de quatre revers de suite pour terminer la saison. Le déclin s’est fait progressivement, le club n’étant entré dans la zone des barragistes que lors de l’avant-dernière journée, avant d’entrer dans la zone rouge au pire moment possible pour terminer la saison. Une quinzième place, cinq victoires, dix nuls et quinze défaites : le bilan est désastreux pour une équipe qui jouait encore le haut de tableau l’an dernier, tout en allant en huitièmes de finale de l’Europa League. Après 78 saisons consécutives de présence dans l’élite, l’ancien club de Lev Yashin descend en FNL. La coupe n’aura même pas permis de sauver la saison, puisque le Dinamo a quitté la compétition en quarts de finale, éliminé par l’Amkar Perm (1-3).

Les tops :

De manière relative, l’éclosion de nombreux jeunes joueurs qui a été permise par le départ des cadres et de la plupart des joueurs étrangers. Ces derniers, vainqueurs du championnat des jeunes en 2014/2015, ont vu leur temps de jeu augmenter et ils devraient prendre davantage de responsabilités la saison prochaine à l’échelon inférieur. Les départs devraient se multiplier et le Dinamo, déjà en difficulté, devrait perdre en attractivité sur le marché des transferts.

Les flops :

La gestion du club avec le départ de Boris Rotenberg en début de saison suite aux sanctions de l’UEFA, la vente de la plupart des joueurs étrangers du club à l’intersaison suivie de celle de deux cadres internationaux russes cet hiver : Kokorin et Zhirkov, tous deux partis au Zenit Saint-Pétersbourg sans que le Dinamo Moscou ne compense par un mercato hivernal efficace (Bećiraj, Dragun, Holmén, Eshchenko…).  En ce qui concerne les joueurs, Pavel Pogrebnyak aura été la déception majeure. Arrivé cet été après six ans d’exil, l’ancien international russe aura traversé la saison 2015/2016 comme un fantôme : seize matchs de RPL pour un seul but marqué.

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La surprise : Grigori Morozov

Grigori Morozov a été l’un des rares joueurs à surnager cette saison. Le latéral droit se sera imposé comme titulaire indiscutable avec 27 matchs joués pour deux buts. Le joueur de 22 ans sera l’un des cadres du club la saison prochaine, s’il n’est pas transféré cet été.

Le coach : Andrei Kobelev

Déjà coach en 2005 puis entre 2006 et 2010, Andrei Kobelev était arrivé en début de saison pour remplacer Stanislav Cherchesov. Ses mauvais résultats et son incapacité à enrayer la chute du club vers la FNL ont entraîné son remplacement, le 10 mai dernier, par Sergei Chikishev. Ce dernier, passé avec succès par les équipes de jeunes du Dinamo, a réussi l’exploit de faire pire avec trois défaites en trois matchs.

Les supporters :

Le Dinamo Moscou n’attirait pas grand monde à l’Arena Khimki, et les mauvais résultats du club n’ont évidemment pas amélioré les choses. On retiendra néanmoins un léger sursaut pour l’ultime journée, avec un peu plus de 12 000 spectateurs pour la rencontre face au Zenit sans que cela n’ait permis au club d’éviter la défaite.

L’avenir :

Pour la première de son histoire en FNL, le Dinamo sera attendu au tournant. Tout autre résultat qu’une remontée immédiate sera considéré comme négatif. Le club devra s’attendre à une vague de départs cet été, et il devra sans doute faire avec des jeunes, encadrés par quelques joueurs expérimentés si le management l’accepte. Ionov, Gabulov et Denisov avaient annoncé leur intention de rester même en cas de descente, mais on sait désormais que Gabulov ne sera plus au club l’an prochain après avoir discuté avec ses dirigeants.

Seizième : Mordovia Saransk – 24 points

La saison :

La galère. Voilà comment on pourrait résumer la saison du Mordovia, qui s’est considérablement affaibli l’été dernier et a mis de côté toutes ambitions. Un problème pour une équipe qui s’était pourtant maintenue sans trop de problèmes durant l’édition précédente. Incapables de battre leurs principaux concurrents en début de saison, il faudra attendre fin août pour les voir triompher d’un Rubin à l’agonie. On a bien cru à un redressement lorsqu’ils ont mené 3-0 face au CSKA invaincu après 15 minutes de jeu et en supériorité numérique, mais le match sera perdu 6-4. La bonne période arrivera en fait à la fin de l’automne avec une seule défaite en cinq matchs et leur deuxième victoire de la saison contre Anzhi (4-0).

Néanmoins, la trêve n’a pas fait du bien aux Mordves qui ont vu encore quelques joueurs quitter le bateau, dont Damien Le Tallec, alors que d’autres eurent à faire grève à cause des impayés. Néanmoins, le peuple de Saransk y a cru lorsqu’en mai ils ont privé Rostov du titre en les battant 2-1 avant d’enchaîner sur le même score face au Kuban. Malheureusement, le nombre de victoires restera bloqué à quatre avec trois claques reçues en fin de saison et les sursauts de leurs concurrents les ont envoyés en FNL !

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Les tops :

Pas beaucoup de tops dans une telle saison, on retiendra surtout les belles performances de Shitov sur son aile droite ainsi que de Stevanovic et Lutsenko. Notons également que le vétéran Ruslan Mukhametshin a toujours fait le boulot en inscrivant six buts tout en n’étant pas toujours titulaire.

Les flops :

Le flop, ce sont l’équipe et le recrutement, mais on s’attardera plus particulièrement sur un poste : celui de gardien de but. Kochetkov parti, il fut extrêmement difficile de le remplacer et la recrue Nukri Revishvili n’a absolument pas convaincu. Problème, son remplaçant, le Moldave Ilie Cebanu, n’a pas été meilleur et la défense des Mordves en a largement pâti.

La surprise : Evgeniy Lutsenko

Lutsenko est la principale satisfaction dans cette saison morne. Jamais, à 27 ans, l’attaquant orenbourgeois n’avait inscrit autant de buts en RPL : dix soit le tiers de son équipe. Ce total a d’ailleurs été surtout obtenu en début de saison. Même en FNL avec le Mordovia, Lutsenko était moins efficace alors qu’il semble avoir désormais retrouvé son niveau de l’époque Khabarovsk. À suivre s’il confirme, car il devrait attirer l’intérêt de petits clubs de RPL.

Le coach : Andrey Gordeev

Remplacé par Marat Mustafin en avril, Andrey Gordeev aura échoué dans sa tâche qui était tout de même très lourde, car il devait prendre la suite de Syomin parti à Makhachkala. Le pari est donc raté, car en voulant faire jouer davantage son équipe, Gordeev en a oublié la stabilité défensive qui avait fait la force des Mordves l’an dernier. Résultat, le Mordovia a rarement pu conserver un résultat et n’a obtenu que deux victoires sous sa direction.

Les supporters :

6 000 de moyenne dans un stade pouvant en contenir le double, ce n’est pas ridicule en Russie mais c’est assez faible en sachant que le nouveau stade arrive en vue de la Coupe du Monde. La relégation ne devrait rien arranger. Vous pouvez retrouver mon reportage lors du match contre le Terek Grozny si vous voulez en savoir plus.

L’avenir :

Autant la première relégation avait été pleine d’espoirs, car le projet semblait en marche, autant l’effectif actuel du club de Saransk, ainsi que sa situation financière, laisse présager le pire et j’ai peur que le Mordovia ne soit pas capable de retrouver l’élite de si tôt.

La rédaction Russie de Footballski sous la direction d’Adrien Laëthier (Robin Bjalon, Soviet Xav, Adrien Morvan, Philippe Ray, Antoine Jarrige, Karim Hameg, Vincent Tanguy et Adrien Laëthier). Je vous souhaite d’ailleurs au nom de celle-ci des bonnes vacances d’été au rythme de l’Euro-2016 sur Footballski et vous retrouverez la RPL dès la rentrée fin-juillet.


Image à la une: © Flickr / Piotr Drabik

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