Une semaine après mon aventure footballistique dans la capitale, me voici plutôt par hasard dans la grisaille de Lviv à l’ouest du pays. A Lviv, il y a le club local, le Karpaty, club formateur qui envoie ses jeunes en Espagne dès l’âge de 18 ans, mais club aux abois qui vient juste d’atteindre la barre des 0 point en championnat (pénalité oblige). La région est formatrice d’ailleurs car le Skala Stryy a de très bon résultats dans les championnats de jeunes. Mais Lviv, ou Lvov en russe, est depuis deux ans la terre d’adoption du Shakhtar Donetsk, club originaire de l’autre opposée du pays, quasiment une culture opposée même.

L'Arena Lviv | © Adrien Laëthier
L’Arena Lviv | © Adrien Laëthier

Cette délocalisation a fait débat, notamment sur le fait que le club a l’impression de jouer à l’extérieur car quasiment n’importe quelle autre équipe est plus soutenue qu’elle dans cette ville durant le championnat. Si le Metalist avait disparu plus tôt, peut-être que la solution Kharkov serait apparue pour les Orange mais à l’époque seul Lviv avait un stade capable d’accueillir une telle équipe et ses matchs de Coupe d’Europe. C’est d’ailleurs le principal point positif, l’affluence sur la scène continentale car le Shakhtar a su attirer les amateurs de ballon rond de la ville, voire de tout l’ouest pour vivre (enfin) des grandes soirées européennes.

Cet après-midi là, c’est le Volyn Lutsk qui se présente à l’Arena Lviv pour y défier le Shakhtar. Volyn, autre équipe de l’ouest, autre équipe en difficulté. Les joueurs à la croix de Volhyinie ne gagnent quasiment plus un match et ce malgré des finances assainies après plusieurs problèmes qui ont poussé la direction à liquider une équipe talentueuse qui avait amené le club à des hauteurs qu’il n’avait jamais atteint. C’est d’ailleurs plutôt en victime que se présente les hommes de Vitaly Kvartsiany qui a rebâti son effectif avec des jeunes : trois joueurs de plus de 23 ans sont titulaires. Oleg Gerasimyuk, revenu dans son club formateur et âgé de 30 ans, est le doyen sur le terrain alors que le seul non-jeune sur le banc est le gardien remplaçant de 34 ans qui est au club depuis 2005.

Yaroslav Deda, 17 ans, est lui titulaire sur le côté gauche, ce qui peut paraître assez léger pour une équipe comme le Shakhtar, même remaniée. D’autant plus qu’il est opposé à un arrière droit une nouvelle fois intenable en la personne de Bogdan Butko qui m’a personnellement impressionné durant ce match. Marlos et Fred sont au repos tandis que Ferreyra, Taison, Bernard et Kovalenko anime l’attaque des Mineurs devant un bloc équipe qui n’a jamais été aussi ukrainien, ou en tout cas pas depuis bien longtemps. Malgré une première attaque dès le coup d’envoi, le Volyn va subir dans un match que les hommes de Paulo Fonseca vont jouer en marchant, surtout les Brésiliens, donnant l’impression de ne pas avoir envie de jouer contre un adversaire trop faible pour eux. Seul Kovalenko se montre assez nerveux alors que ses coéquipiers vont rater tout ce qui est possible jusqu’à ce qu’Artem Kychak, l’ancien gardien du Dynamo (surtout du Dynamo-2) face une erreur et marque contre son camp. Cruel pour un gardien jusque-là parfait et pour les Ultras du Volyn venus en nombre pour encourager les leurs.

Le parcage du Volyn | © Adrien Laëthier
Le parcage du Volyn | © Adrien Laëthier

Côté Shakhtar, le soutien est très diffus. Les Ultras (à l’exception d’une grosse dizaine) ne sont pas là pour un tel match et par un tel temps, néanmoins la plupart des spectateurs présents dans les latérales semblent acquis à leur cause. Je me risquerais même à penser que ce sont surtout des gens venus de l’Est du pays vivre à Lviv pour différentes raisons au vu de la prédominance de la langue russe dans leurs échanges, ce qui est assez rare dans cette ville. L’affluence est de 1678 spectateurs officiellement et j’ai oublié de préciser que ce match était arbitré par une femme, Katerina Monzul, promue dans l’élite du football ukrainien en avril dernier.

La deuxième mi-temps débute comme la première, dans le froid et l’ennui, et c’est Ivan Ordets qui va donner aux « locaux » un avantage plus conséquent de la tête. Le deuxième but de la saison pour le stoppeur. Le Volyn va essayer de se rebiffer mais en vain, et l’entrée du tout jeune Vladislav Dmytrenko (né en 2000 !!!) ne va rien changer à l’affaire. C’est même un nouvel entrant, Boryachuk, qui va clore le score en fin de match : 3-0 pour le Shakhtar qui assoit sa domination sur le championnat. Pour moi, il est temps de passer à la boutique, car oui le Shakhtar a installé sa vaste boutique officielle dans l’enceinte de Lviv, preuve que l’attachement à sa nouvelle terre et durable. Ensuite, direction le centre-ville, car comme je vais vous l’expliquer dans les notes, ce stade est situé loin, très loin, trop loin au sud et un peu au milieu de nulle-part. Voilà aussi peut-être ce qui nuit à l’affluence en championnat d’Ukraine.

La boutique du club délocalisée à Lviv | © Adrien Laëthier
La boutique du club délocalisée à Lviv | © Adrien Laëthier

Les notes Footballski :

shakhtar-volyn

Standing du Stade (4,5/5) :

Un stade construit pour l’Euro 2012 et un stade de très belle facture pour une ville comme Lviv. Pas grand chose à rajouter si ce n’est que l’entrée est un peu alambiquée et que le dégradé de couleurs ciel et jaune dans les travées y sévit comme partout dans les nouveaux stades du pays.

Disponibilité des billets (5/5) :

Il y a toujours des billets de disponibles vu l’absence de spectateurs, de nombreuses caisses fonctionnent au stade comme chez les distributeurs et on peut même les acheter sur internet. Il n’y a donc rien à redire.

Tarifs (5/5) :

Pour un match de catégorie C (la plus basse), j’ai royalement payé 60 Gryvnias (2 euros), soit plus qu’à Kiev mais pour de meilleures places car cela commençait à 20 Gryvnias (70 centimes environ). Les plus chères atteignent 3 euros alors que les places business sont entre 17 et 35 euros. Notons que le tarif tribune est triplé lors de la réception du Dinamo ou du Dnipro, mais de 2 a 10 euros, cela reste abordable.

Ambiance (1,5/5) :

Difficile d’être si dur quand le club joue loin de ses bases et n’est soutenus que par une dizaine d’Ultras, gamins compris comme c’était le cas pour ce match-là. Si vous y allez pour un gros match et qu’il n’y a pas de pluie, vous aurez plus de chances de voir les Ultras se déplacer. Mais en attendant, j’entendais les joueurs parler sur le terrain du milieu de la tribune, malheureusement…

Risque (4,5/5) :

Une note positive standard sans que je n’ai vraiment quelque chose à ajouter. Tout ce que j’ai vu me paraissait inoffensif mais je ne veux pas tomber dans un optimisme béât.

Accessibilité et transports (1,5/5) :

Il y a un bus pour y aller, enfin pour arriver pas loin, le 3a (si me trompe pas) et puis c’est tout. Le stade est au bout du monde ! Vraiment ! Il se situe plus loin que l’aéroport et heureusement que le taxi ne coûte que trois euros. C’est quand même un peu la galère.

Boissons (3,5/5) :

Une buvette classique, avec de la bière mais aussi du vin chaud et quelques autres boissons pour des prix ukrainiens abordables. Un bon point donc de ce côté-là sans pour autant casser la baraque.

Quartier environnant (1/5) :

No comment | © Adrien Laëthier
No comment | © Adrien Laëthier

Même les immeubles soviétiques apparaissent lointains tellement ce stade a été construit au milieu du néant et à la sortie sud de la ville. Rien à faire, quelques terrains vagues, rendus plus tristes par la grisaille. Attention, cependant Lviv n’est pas une ville tellement grande et le (magnifique) centre-ville se trouve à 15/20 minutes en voiture. Ne négligez donc pas cette ville mais soyez prévenus que le stade est à dix kilomètres.

Adrien Laëthier


Image à la une : © Adrien Laëthier

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