Footballski vous présente aujourd’hui l’histoire de deux frères que le football a décidé d’unir jusqu’à la consécration. Les frères jumeaux Paixão sont des footballeurs atypiques tout d’abord par leur carrière mais aussi par leur complémentarité sur le terrain qui fait le plaisir des inconditionnels supporters du Śląsk Wrocław. Comment ont-ils réussi à conquérir le cœur des soldats verts « Slansky » ?

Selon leur entourage, ces deux-là ne se quittent jamais. Vacances à Valence en Espagne, entraînements au quotidien, interviews de fin de match et temps libre à la découverte des délices culinaires de Wroclaw, les Paixão sont décidément inséparables. Inséparables depuis leur naissance à Sesimbra, petit village de pêcheurs près de Lisbonne, ils ont connu les joies et les peines ensemble partout où ils sont passés.

Du Portugal avec le Porto B, de club en club les amenant en seconde division espagnole en passant par une expérience enrichissante sur les terres écossaises avec le Hamilton Academy, club désormais pensionnaire de Scottish Premiership, puis en Iran en première division dans des contextes politiques difficiles et conflictuels, les frères ne se sont quasiment jamais séparés. Une union dans la vie qui se remarque aussi sur le terrain, le plus remarquable chez eux étant cette capacité d’adaptation et une force mentale indéniable qui font aujourd’hui des Paixão leur renommée en terre polonaise.

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« Trainspotting »

C’est en 2013, après une excellente année en première division chypriote pour l’Ethnikos Achna avec 15 réalisations toutes compétitions confondues que Marco pris la décision de rejoindre le Slask Wroclaw et de s’éloigner de son frère afin de retrouver ses sensations d’excellent finisseur. En seulement une année, il explosa son record personnel en scorant pas moins de 21 fois lors de l’exercice 2013-2014 ainsi que cinq réalisations en C3 (Europa League). Un début prometteur pour le portugais puisqu’il aura le droit de recevoir les acclamations du public Slansky comme étant la recrue idéale pour le club. Le début d’une histoire d’amour entre la famille Paixão et le public polonais.

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« O Soldado Paixão »

En observant son frère depuis l’Iran, Flávio Emanuel songea de plus en plus à lui aussi prendre son envol pour les terres polonaises, un choix qui s’avéra définitif après les conseils de son frère Marco sur le niveau du championnat et le club polonais. Le retour du duo prodigue se profilait. Idolâtré au Tractor Sazi, il aida le club à remporter le trophée Hazfi Cup qui permis un accès direct en AFC Champions League, une récompense bienvenue le club étant le seul représentant iranien de la ligue des champions asiatique, et la seconde place du championnat. D’ailleurs, ce club n’est pas totalement inconnu aux spectateurs français, ce dernier ayant fait « le buzz » après avoir fêté son titre avant de se rendre compte qu’il ne l’avait pas gagné.

Cette reformation du duo, les supporteurs du Śląsk la voyaient tous d’un bon œil. Un frère en cachant un autre, la nouvelle recrue ne tardera pas à prendre le même chemin que son frère Marco. Armé de ses jumeaux, les Slansky se lancèrent à la conquête du championnat mais surtout du titre du meilleur buteur de l’Ekstraklasa. Un titre pour lequel les deux frères auraient pu se tirer la bourre si Marco n’avait pas été longtemps blessé, heureusement, Flávio , lui, répondit directement présent. Auteur de seize buts en championnat, son acclimatation fut remarquée et applaudit par les nombreux observateurs du championnat au point de déclencher déjà des rumeurs de transferts vers d’autres cieux. Des rumeurs que nos jumeaux préférés balayent d’un revers de main. Quand on est Slansky, on reste Slansky.

Qui de mieux placé pour parler de cette association que Flávio Paixão lui-même ?  Ça tombe bien, Footballski a eu la chance de s’entretenir avec ce dernier afin de revenir sur son arrivée à Wroclaw, son parcours, sa relation avec son frère ainsi que son premier quadruplé lors de la rencontre Lechia Gdańsk – Śląsk Wrocław :

 

Vous venez d’un petite village de pêcheurs appelé Sesimbra, proche de Lisbonne, une région peu connue en France. Comment était votre enfance ?

Que de bons souvenirs ! Depuis tout petit, chaque jour, nous étions sur les terres battues, mon frère et moi. Je me souviens de voir Marco courir après la sortie de l’école pour aller jouer au football dans la rue. Nous avons toujours voulu être professionnels. Nous aimions jouer dans la rue, qui fut notre terrain de jeu. Nous avons alors commencé à jouer en club à Sesimbra, c’est ici que tout a commencé pour nous. J’ai d’excellents souvenirs de mon enfance, je ferais tout pour la revivre de nouveau.

Après vos expériences mutuelles au Portugal (Porto B), Espagne, Ecosse, Iran et maintenant la Pologne, vous êtes considérés comme les « inséparables du football » ?

Ce sont les aléas du football. Nous avons eu la joie de jouer ensemble dans de nombreuses équipes. Maintenant nous sommes en Pologne de nouveau réunis, le football est un sport imprévisible. Un jour, tu aimes ce que tu as, un jour, non. J’espère continuer ainsi et avoir mon frère à mes côtés. Cela a toujours été un rêve depuis tout petit.

Comment as-tu été accueilli par le Śląsk Wrocław ?

Très bien en vérité. Mon frère était déjà ici. Le staff m’a super bien accueilli, de plus ici, il y a des joueurs qui parlent espagnol et brésilien. Ce fût le petit plus pour mon intégration.

Les verts du Slansky Wroclaw sont émerveillés par vos prouesses sur le terrain, vous vous attendiez à une telle ferveur des supporteurs polonais ?

Ce sont des supporteurs qui adorent plus que tout le football et te supportent de tout cœur pendant 90 minutes sans arrêter une seule seconde. C’est une grande énergie pour tous les joueurs du club. On se sent porter par leurs encouragements et ça fait chaud au cœur.

Marco vs. Flavio : quel est le plus technique des deux ? Qui charrie le plus l’autre sur le terrain ?

Tu veux que je me fâche avec mon frère ou quoi ? (rires) Dans le jeu, on se ressemble beaucoup. Mais lui, est un numéro 9 traditionnel et moi je joue dans le couloir, nous jouons dans des positions différentes. Nous essayons toujours de mettre en avant notre technique et notre intelligence du jeu pour aider l’équipe au maximum. L’année passée, Marco a marqué 28 buts et moi, cette année, 17 et ils restent encore de nombreux matchs à jouer. Néanmoins, je pense que l’un comme l’autre, se battent pour le meilleur, pour l’amour du jeu et des supporteurs. Par contre en dehors du terrain, nous sommes très différents. Cependant, nous avons toujours une belle énergie et le sourire à partager.

On dit que les jumeaux manifestent plus leurs émotions dans le monde qui les entoure, tu te sens diffèrent quand ton frère n’est pas sur le terrain ? C’est un moteur pour toi et ta carrière ?

Je ne me sens pas vraiment diffèrent. Avec Marco sur le terrain, c’est le petit plus pour l’équipe puisque tu sais que ton frère est à tes côtés et qu’il te motive encore plus. Nous devons donner le maximum chacun pour atteindre le très haut niveau. Mais oui, je veux jouer tous les matchs avec mon grand frère Marco (rires).

 La France titra dans les journaux « Paixao et son quadruplé magique », une première saison qui te réussit plutôt bien non ?

Ce fut un moment incroyable ! Mais pour cela, tu te dois de travailler dur tous les jours et d’y croire à chaque instant. Tu dois croire en toi, à ton travail au quotidien et ainsi vouloir être le meilleur sur le terrain. L’ambition et le verbe « croire » sont les mots les plus motivants dans le football.

Un an avant la Coupe d’Europe qui se déroulera en France du 10 juin au 10 juillet 2016, deuxième meilleur buteur portugais derrière Cristiano Ronaldo (45 buts en Liga), la sélection se rapproche à grand pas non ?

C’est plus qu’un objectif, c’est le rêve de tous joueurs professionnels. Je suis dans un excellent moment de ma vie de footballeur et je vais me battre pour être dans la liste du Mister Fernando Santos (l’entraîneur actuel de la sélection nationale du Portugal). Me battre jusqu’à la dernière seconde et ne rien lâcher.

Je connais déjà la réponse. Qui représente le mieux la sélection portugaise selon toi aujourd’hui ? Et pourquoi le Portugal avec tous ses talents, n’arrive toujours pas à imposer son jeu sur la scène internationale ?

Bien sûr que tu sais déjà la réponse (rires), je ne vois personne d’autre que Cristiano Ronaldo à l’heure actuelle. Je pense que le Portugal a les meilleurs joueurs au niveau international aujourd’hui et de plus, nous avons aussi les meilleures écoles de football dans le Monde. Il y a beaucoup de talent et je pense que nous atteindrons un niveau exceptionnel pour la prochaine coupe d’Europe et dans l’avenir.

Pauleta, Tiago, Rui Barros, Costinha, aujourd’hui Mountinho et Carvalho à Monaco, de nombreux portugais ont marqué le championnat français. Et pourquoi pas un ultime défi des frères Paixao en ligue 1 ?

Mais pourquoi pas ! (rires) On ne connaît jamais son futur dans le football moderne. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas eu de relation avec la Ligue 1 en France mais le futur nous le dira. C’est l’une des meilleures ligues dans le Monde et les meilleurs joueurs veulent jouer dans les meilleurs championnats. Cependant, nous sommes très bien en Pologne actuellement et nous avons vraiment envie de tout donner pour ce championnat atypique.

La question qui fâche : plutôt Benfica ou Porto ?

Je vais te décevoir mais je vais dire le Sporting Club de Portugal. C’est le club de mon cœur et j’aimerais un jour jouer au sein de ce club. Ce serait le plus beau rêve de ma vie.

Pour conclure, petite question culinaire : plutôt Pierogi ou Bigos ?

Tu sais que les joueurs de Football font attention à leur poids non ? (rires) J’adore les pierogi vraiment, c’est délicieux par contre je te déconseille le Bigos avant les matchs (rires)

 

Voici l’histoire de deux frères hors du commun, vivant une passion commune pour le ballon rond ensemble, loin des strasses et des paillettes, qui continue à jouer avec le même plaisir qu’enfant dans les rues de Sesimbra. Des rues qui pourraient aujourd’hui emmener Flávio et son frère Marco au Portugal afin d’orner pour la première fois la tunique de « Seleção Nacional‏ ». Si leurs rêves d’enfants ne les emmenaient pas en Pologne, c’est aujourd’hui dans l’arène verte du stade Miejski que ces deux frères continuent de faire chavirer les cœurs du peuple Slansky. Une histoire, qui, on l’espère, continuera encore longtemps, marquée par une détermination et un sens du but sans faille pour ces deux talentueux portugais.

 

Pierre Ducrocq

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