Qu’elle semble loin la belle époque du Steaua București. Ceux qui ont connu la victoire en Ligue des Champions face à Barcelone en 1986 et la finale de 1989 commencent à trouver le temps long, et il y a bien longtemps que le tirage du Steaua București n’effraie plus les grands clubs européens. Moribond à l’entrée dans le nouveau millénaire, le Steaua ne s’est plus qualifié en Ligue des Champions depuis 1996. Pourtant, un homme va tenter de redorer le blason de l’Étoile de Bucarest : Cosmin Olăroiu. Retour sur le parcours chaotique mais déterminant du dernier grand entraîneur du Steaua.

Cosmin est toujours en poste à Al Ahli
Cosmin est toujours en poste à Al Ahli | © prosport

Joueur moyen, entraîneur convainquant

Issu de la capitale, Olăroiu débutera pourtant dans le football dans la ville de Buzău en 1989. Il passera par deux clubs aujourd’hui disparus de la capitale (respectivement le MECON et la Girueta București) avant d’atterrir en 1992 au National București (aujourd’hui renommé Progresul, et évoluant en 4ème division). Il va y acquérir un statut de titulaire, mais ne marquera pas le club de son empreinte. Même constat à l’Universitatea Craiova où il n’inscrira que deux buts en 37 titularisations. Ne trouvant pas sa place en équipe nationale de Roumanie, Olăroiu s’exile et terminera sa carrière en Asie, jouant pour les Bluewings Samsung en Corée du Sud pendant trois ans, puis sa dernière saison au Japon du coté des JEF United en 2000.

Pourtant, Olăroiu est loin d’en avoir terminé avec le football. Dès la fin de sa carrière de joueur, il est appointé comme manager du National București, son ancien club. Loin d’être un club du haut de tableau, Olăroiu va réussir à classer son équipe septième la première saison. Mais Olăroiu prendra son envergure la saison suivante. Après une saison quasi-parfaite, le National București se retrouve à la lutte pour le titre face au Dinamo. Hélas, une défaite lors de la dernière journée face à l’Universitatea Craiova offrira le titre aux Dinamovistes. Dommage. Mis sous les feux de la rampe par cet exploit obtenu très rapidement avec le National, Olăroiu se voit proposer un poste dans un club autrement plus prestigieux : le Steaua București.

Déchéance et renouveau

Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu pour Olăroiu. Incapable de renouveler son exploit du National, il quitte son poste après seulement sept matchs, le Steaua ayant eu son plus mauvais départ de son histoire en cette année 2002. Les arrivées de Sorin Ghionea, Oprița et Boștină ne suffiront pas à combler ces manques, pourtant ces joueurs seront conservés après le départ de Olăroiu. Au pied du mur, tout est à recommencer pour Olăroiu. La saison étant à peine entamée, il retourne vers son club de toujours, le National où il prendra le poste de gestionnaire jusqu’à la fin de la saison. Le licenciement de Walter Zenga à la tête du National lui permettra de récupérer le poste d’entraîneur en 2003. En même temps du coté du Steaua, c’est l’arrivée à sa tête de Gigi Becali qui marque alors le début du retour en force du club. Pourtant Olăroiu terminera une saison très correcte avec le National, terminant en bas du podium. Malheureusement, il va aussi contribuer à tuer son club de toujours. En effet, durant l’hiver 2004 le Politehnica Timișoara se voit racheté par un grand homme d’affaire roumain, Marian Iancu. Celui-ci veut absolument s’offrir les services de Olăroiu pour entraîner son équipe. Olăroiu accepte, mais décide de faire venir les meilleurs joueurs du National București avec lui. Ainsi, Gabriel Caramarin, Gigel Coman, Marius Popa et Gabriel Canu vont suivre Olăroiu du coté de Timișoara, ce qui marquera le début du déclin permanent du National București, jusqu’à sa chute inéluctable dans les divisions inférieures.

À Timișoara, Olăroiu renouvelle ses exploits du National : le Poli Timișoara obtient une inespérée quatrième place. Cela attire le regard de Gigi Becali, qui souhaite s’offrir les services de Olăroiu du côté du Steaua pour remplacer Oleg Protasov. Ayant soif de revanche, Olăroiu accepte et se retrouve une nouvelle fois à la tête de l’équipe de football du Steaua București. Champions les deux années passées, on attend beaucoup de Olăroiu côté steliste. Le premier titre d’Olăroiu avec le Steaua viendra un mois plus tard, quand le Steaua s’offre la Supercoupe de Roumanie (1-0 face au Rapid) en juin 2006. Si cette année, le club de Ghencea terminera premier du championnat roumain, Olăroiu restera gravé dans les mémoires pour son parcours européen avec le Steaua.

Le Steaua et l’Europe

Si Zenga fut le premier entraîneur à qualifier une équipe roumaine après les phases de poule de la Coupe de l’UEFA depuis 1993 (la dernière équipe en date était aussi le Steaua), en devançant notamment le Racing Club de Lens, c’est bien Olăroiu qui reste dans les têtes pour son excellent parcours durant les saison 2005/2006 et 2006/2007. Ayant balayé le FC Séville en huitièmes de finale, puis le Rapid București en quarts, le Steaua affrontait le club anglais de Middlesbrough en demi-finale. Victorieux d’un but à rien à l’aller, le Steaua se déplaçait en Angleterre pour le match retour. Tout commençait superbement pour les Stelistes. Dică ouvrait rapidement le score, suivi par Dorin Goian. Mais Middlesbrough revient rapidement dans la partie, et le score de 3-2 pour les locaux à trois minutes de la fin du match qualifiait les Roumains avec la règle du but à l’extérieur. Mais le sort fut cruel, et un coup de tête magnifique à la 88ème minute enterre les espoirs stelistes. Néanmoins, Olăroiu fut encensé pour cet excellent parcours en phase finale d’une coupe européenne.

En ce qui concerne la saison 2006/2007, les choses furent moins dramatiques mais tout aussi extraordinaires. Après dix ans, Olăroiu parvint à qualifier le Steaua București pour les groupes de la Ligue des Champions.  Tombé dans un « groupe de la mort » en Ligue des Champions composé du Real Madrid, du Dynamo Kiev et de l’Olympique Lyonnais, le Steaua termine troisième avec cinq honorables points et est donc repêché pour la Coupe de l’UEFA. À noter la belle victoire face au Dynamo Kiev 1-4 et le match nul un partout à Lyon, grand d’Europe à l’époque. Ainsi, le Steaua se retrouve repêché et joue les seizièmes de finale de Coupe de l’UEFA. Malheureusement, le Betis Seville sera cette fois-ci trop fort pour les Stelistes, qui se font éliminer sur le score cumulé de trois à zéro.

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Le Steaua d’Olăroiu en conférence de presse de Ligue des Champions | © prosport

Le 23 juin 2007, Olăroiu quitte le Steaua București pour l’Arabie Saoudite, où il entraînera Al-Hilal, Al-Sadd, Al-Ain et Al-Ahli où il officie encore actuellement malgré une actualité mouvementée.

Proche de Becali et friand de médias, Olăroiu ne s’est pas privé pour commenter l’évolution du Steaua après son départ, conseillant même à Radoi en 2009, alors que celui-ci était capitaine de « partir du Steaua ! Avec lui, le Steaua va plafonner, alors qu’ils souhaitent montrer qu’ils peuvent prendre les titres des plus grandes équipes européennes ».  Ses relations avec Becali ont permis récemment la signature au Steaua de Houssine Kharja, international franco-marocain qui a été fortement incité par Olăroiu à signer du coté de l’Étoile de Bucarest.

Malgré un retour assez anecdotique pour un interim lors de trois journées à la fin de la saison 2010/2011 et une victoire en Coupe de Roumanie en tant que collaborateur, Olăroiu restera dans les mémoires des plus jeunes comme des plus anciens comme l’entraîneur ayant remis le Steaua București sur la voie de la réussite européenne, espoir qui semblait pourtant perdu depuis de nombreuses années.

Hadrian Stoian


Image à la une : ©  sport.rol.ro

1 Comment

  1. Sancho 28 décembre 2015 at 21 h 21 min

    Je tiens juste à rectifier une chose, le Steaua lors de la coupe UEFA 2005 a éliminé le Betis Seville et non le FC Séville qui a d’ailleurs remporté la coupe 🙂

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