Cet article est une traduction de l’anglais de l’article de Manuel Veth présent sur le site Futbolgrad.com et intitulé Yekaterinburg Stadium – Temporary Stands Equal Temporary Problems?


Les images de la nouvelle Yekaterinbourg Arena, fraîchement rénovée, ont fait le tour des réseaux sociaux cette semaine. Dans le cadre de l’organisation de la Coupe du Monde de la FIFA 2018 en Russie, le comité d’organisation a fait ajouter des tribunes temporaires aux deux extrémités du terrain. Pour atteindre le seuil minimal de 35 000 places (nécessaire pour pouvoir accueillir des matchs de la compétition selon les normes de la FIFA), ces tribunes se trouvent en dehors de la structure existante du stade récemment rénové.

Architecturalement, c’est une solution plus qu’étrange, ridiculisée dans les médias sociaux et qualifiée de « solution typicalement russe » par de nombreux médias d’outre-Manche. Certains y voient même une preuve que le Mondial en Russie sera un échec. Cependant, bon nombre des histoires produites sur le Stade Central d’Yekaterinbourg ne montrent pas la bonne image.

Les dessins proposés sur de nombreux sites footballistiques l’été dernier lors de la Coupe des Confédérations de la FIFA 2017 ont déjà fait allusion à cette solution. En outre, un rendu architectural du stade, disponible en ligne, montre que cette utilisation de tribunes temporaires fut depuis le début dans les plans des organisateurs.

Yekaterinbourg Arena – la Russie veut éviter les « éléphants blancs »

La raison en est que le comité d’organisation russe veut éviter de créer des « éléphants blancs » (réalisation d’envergure, plus souvent coûteuse que bénéfique), comme ce fut le cas en Afrique du Sud et au Brésil, ou de payer des sommes colossales pour remettre à niveau des stades après la compétition, à l’image du Stade olympique de Londres. En conséquence, le Stade central fut rénové en gardant intact son ancienne façade stalinienne, qui est protégée de l’installation.

Les architectes ont ensuite choisi de construire un nouveau stade à l’intérieur de l’ancienne installation. Avec des tribunes abruptes et une façade plus haute qui a été placée sur l’ancienne, la capacité du stade pourrait être portée à 23 000 places. La façade à chaque extrémité du terrain a quant à elle été laissée ouverte, permettant la mise en place de tribunes temporaires qui se situent donc à l’extérieur du stade, permettant alors au stade d’Yekaterinbourg de respecter les normes de la FIFA au cours de la compétition.

Après le tournoi, les tribunes temporaires seront enlevées, le stade sera une nouvelle fois rénové et permettra à l’équipe de l’Ural Yekaterinbourg d’évoluer dans une enceinte mélangeant modernité et rétro d’une capacité de 23 000 places.

De nombreux commentaires ont souligné que c’était, en plus d’une idée ridicule, une idée dangereuse !

Ce n’est pas non plus le cas. En fait, ce type de solution fut déjà utilisée dans le passé. Au cours de la Coupe du Monde  2014, le nouveau stade Corinthians de Sao Paulo disposait également d’une tribune temporaire installée en dehors de la structure de base du stade. Un autre exemple ? Le stade de Kobe au Japon, qui lors du Mondial 2002 avait accueilli un Brésil-Belgique.

Dans les deux cas, les tribunes ne correspondaient pas bien à l’architecture de l’installation. Mais comme c’est le cas à Yekaterinbourg, les tribunes permettent à tous les spectateurs d’avoir une vue dégagée de l’ensemble du terrain. L’expérience montre non seulement que ce type d’arrangement est sécurisé, mais garantit également aux spectateurs qu’ils feront partie du spectacle proposé lors de ce Mondial russe.

Yekaterinbourg Arena – plus qu’une solution temporaire ?

Avec tout cela à l’esprit, il devient un peu stupide de critiquer l’hôte. Bien que creuser en profondeur permettrait de déterrer d’autres problèmes… L’installation a beau être prête et en conformité avec toutes les exigences d’un stade pouvant accueillir la Coupe du Monde, il y a de nombreuses questions sur son avenir, qui vont au delà du tournoi et de sa conception architecturale actuelle.

L’Ural Yekaterinbourg a proposé que les tribunes temporaires restent en place après le tournoi. Sur le plan technique, ces tribunes pourraient rester indéfiniment. Logistiquement, ce serait cependant une décision plus que discutable pour le club. Les supporters seraient exposés à l’hiver russe, qui atteint les -40 degrés dans la région au niveau de ces tribunes, contrairement à ceux présents dans l’enceinte de base.

Un autre problème se situe au niveau de l’affluence. L’Ural joue actuellement dans un stade temporaire (la SKB Bank Arena) et ne compte en moyenne de 5319 spectateurs cette saison. Le site russe Sports.ru a spéculé que la raison de cette demande serait financière pour le club. La ville a payé pour la construction des tribunes temporaires mais refuse actuellement de payer le démantèlement des tribunes après le Mondial, qui coûtera un milliard de roubles (15 millions d’euros).

Le contrat de la ville pour gérer le stade se terminera le 31 décembre 2017 et l’incertitude plane sur l’identité du futur repreneur, qui sera normalement l’Ural. La demande du club pourrait, cependant, être comprise comme une manœuvre politique pour forcer la ville à payer les frais d’enlèvement des tribunes du Stade Central. En espérant que cette manœuvre sera couronnée de succès, sinon l’Ural subira d’énormes pertes financières après le Mondial.

Manuel Veth, article traduit de l’anglais par Antoine Jarrige

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