Temps de lecture 7 minutesSaison 2015-2016 : Un an de football à Chypre

Le championnat chypriote s’est achevé le week-end dernier après une année pleine de suspens et de rebondissements. L’APOEL Nicosie a été sacré champion pour la quatrième fois consécutive mais a néanmoins connu une année difficile après l’élimination en Europa Ligue. A noter d’ailleurs la belle saison de l’AEK Larnaca, classé deuxième, qui ne fait que de progresser d’année en année. Retour sur cette saison 2015-2016.

Un combat acharné pour le titre

Depuis mars, l’APOEL Nicosie et l’AEK Larnaca survolent le championnat. Avec plus de dix points d’avance sur les autres prétendants au titre, ces deux clubs ont une large avance sur leurs poursuivants et bataillent pour remporter le titre. C’est finalement l’APOEL qui l’emporte grâce à de meilleures sorties lors des deux derniers mois et à des faux-pas de l’AEK, qui échoue à la deuxième place. Analysons la saison des deux clubs.

Comme on vous l’expliquait dernièrement, (dans notre article Les entraîneurs passent à l’APOEL) l’APOEL Nicosie connaît une première moitié de saison très mitigée. Malgré l’élimination houleuse contre Astana en barrage de Ligue des Champions, le club de la capitale fait un début de saison remarquable avec dix matchs sans défaite jusqu’en octobre. Les deux mois suivants sont eux calamiteux. Bon dernier de son groupe d’Europa League – composé de Schalke, de l’Asteras Tripolis et du Sparta Prague – l’APOEL connaît en championnat nombre de matchs nuls, voire de défaites, face à des clubs qui visent le maintien. Autant dire que l’APOEL a bien failli finir KO.

© NICOS SAVVIDES/AFP/Getty Images
© NICOS SAVVIDES/AFP/Getty Images

Cette mauvaise passe a bien évidemment eu un impact au classement. De la première place fin octobre, l’APOEL se retrouve à la troisième place durant la trêve hivernale avec quatre points de retard sur le leader, l’AEK Larnaca. Pour remédier à cette situation, le club décide de se faire très présent durant le mercato hivernal. Le joueur chypriote Makrides est renvoyé du club et trois joueurs, le Bulgare Zhivko Milanov (ex-Vaslui et Levski Sofia), le Grec Gianniotas (prêté par l’Olympiakos) et le Chypriote Merkis (en provenance de l’Apollon Limassol) rejoignent l’effectif. Des changements positifs pour l’APOEL alors que les premiers mois de l’année 2016 sont synonymes de victoire à Limassol. Avec neuf victoires en dix matchs de championnat, et grâce à des faux pas de ses concurrents (AEK et Apollon) en fin de saison régulière, l’APOEL parvient néanmoins à arracher la première place à ses concurrents juste avant le début des play-offs.

L’AEK débute de son côté parfaitement sa première moitié de saison, malgré une élimination au troisième tour préliminaire d’Europa League contre Bordeaux. Présent sur la première place durant la trêve hivernale, ne concédant qu’une seule défaite et trois matchs nuls après 16 journées, le club de Larnaca montre une nouvelle fois qu’il n’est plus une surprise du haut du classement. Côté mercato, très peu de changements. Thomas Christiansen préfère garder un groupe stable afin de construire une équipe sur la durée. Ivan Trickovski est toutefois un apport notable dans l’effecitf durant le mercato hivernal. Un attaquant habitué du championnat chypriote puisqu’il y a joué sous le maillot de l’APOEL de 2010 à 2012. Malgré cette période des transferts plutôt bien gérée, l’AEK Larnaca connait des mois de janvier et février mitigés, où le club n’obtient qu’une seule petite victoire et un match nul sur quatre matchs joués. Trop léger pour pouvoir postuler au titre.

C’est avec un léger avantage de deux points d’avance sur son premier poursuivant que l’APOEL Nicosie entame donc les play-offs. Une seconde partie de saison qui démarre on ne peut mieux, puisque avec trois victoires en autant de matchs, il conforte sa première place avec sept points d’avance sur le deuxième, l’AEK, qui concède de son côté deux défaites et nul. Une situation qui va brusquement changer.

Après ces performances, l’APOEL concède deux matchs nuls face à l’Apollon et l’Anorthosis alors que dans le même temps, l’AEK remporte ses deux matchs. En quelques semaines, l’écart n’est plus que de deux points à quelques journées de la fin d’un championnat haletant. Pour couronner le tout, le club de la capitale connait une mini-crise avec une élimination en demi-finale de Coupe et le renvoi de l’entraîneur Temuri Ketsbaia. Remplacé par le duo Giorgos Kostis-Marinos Satsias, l’APOEL remporte sereinement ses deux matchs suivants et se prépare pour le match décisif contre l’AEK pour le sacre. Devant 18 000 supporteurs, le club de la capitale chypriote maîtrise et joue de toute son expérience pour sortir victorieux 2-0. Au terme d’un championnat à suspens, l’APOEL Nicosie est officiellement champion pour la quatrième fois consécutive.

« C’était l’une des saisons les plus dures » déclare le défenseur de l’APOEL, Nektarios Alexandrou, à la fin du choc face à l’AEK Larnaca. Et il n’a pas totalement tort. L’APOEL Nicosie est, pour l’occasion, qualifié pour les matchs préliminaires de la Ligue des Champions tandis que l’AEK est qualifié pour ceux de l’Europa League. une équipe de Larnaca qui montre une nouvelle fois qu’elle n’est plus une simple surprise, mais bel et bien un club qui vise le titre. Il ne faudra pas s’étonner si, dans les années à venir, ce club parvient à empocher le premier titre de champion de son histoire.

Les places européennes

Omonia Nicosie

L’Omonia a connu une année à rebondissements. Après un début de saison désastreux où les « trifili » (« Trèfles » en référence au logo du club) sont éliminés de l’Europa League lors du troisième tour préliminaire et ne s’impose qu’une fois sur les quatre premières rencontres de championnat, l’Omonia change rapidement d’entraîneur pour se remettre sur le droit chemin. Exit Kostas Kaifas, remplacé par Vladan Milojević. Un changement qui s’avère payant et réussit à stabiliser la situation. Si les victoires apparaissent sous la houlette du serbe, l’irrégularité ne permet pas au club de viser le titre. Malgré tout, lors de la seconde partie de saison, le coaching et les entraînements s’avèrent payants puisque de janvier à mars, l’Omonia ne connaît que deux défaites en dix matchs, dont l’une contre l’APOEL. Une réussite qui lui permet de se classer troisième juste avant d’entamer les plays-offs.

Avec plus de dix points de retards sur les deux clubs de tête, l’Omonia Nicosie a pour seul objectif de garder sa troisième place, synonyme de qualification pour le deuxième tour préliminaire d’Europa League. Emmené par Schembri et Sheridan, deux attaquants en réussite, l’Omonia remporte cinq matchs, parvient à s’assurer une présence européenne à deux journées de la fin de la saison. Malgré tout, les hommes de Milojević chutent lors de leur tout dernier match, et passent à une quatrième place qui les envoie toujours en Europa League, mais au premier tour préliminaire.

© FABRICE COFFRINI/AFP/Getty Images
© FABRICE COFFRINI/AFP/Getty Images

Apollon Limassol

L’Apollon est un club habitué du haut tableau depuis plusieurs années maintenant. Ne concédant qu’une défaite en 15 matchs, le club de Limassol est quatrième après une première partie de saison parfaitement gérée. L’Apollon continuent sur ces bases solides au retour de la trêve, malgré trois défaites cruciales contre trois autres prétendants au titre, à savoir l’AEK (6-1), l’APOEL (1-0) et l’Anorthosis (3-2). Trois défaites qui coûtent au club de Limassol sa place dans le top 3 du classement à l’issue du championnat régulier. Lors des play-offs, l’Apollon réussit un parcours extraordinaire où les hommes de Pedro Emanuel se seraient classés premiers si l’on ne prenait en compte que les matchs de cette seconde partie de saison! De quoi chiper la troisième place à l’Omonia Nicosie et retrouver l’Europe. Pour couronner le tout, l’Apollon remporte la Coupe de Chypre, là encore aux dépens de l’Omonia, après la séance de tirs au but.

Le ventre mou

L’Anorthosis et Nea Salamina, à deux doigts d’une place européenne

Triste émotion pour l’Anorthosis Famagouste et le Nea Salamina qui n’ont pas pu décrocher une place européenne malgré leur apparition dans le groupe 1 des play-offs. Les deux clubs faisaient pourtant partie des tops du championnat en début de saison. Comme nous l’avons expliqué en janvier dernier (Lire aussi : 2015 – Six mois de football à Chypre), l’entraîneur André Paus a fait des miracles. Le Néerlandais a réussi à construire une équipe solide autour du gardien Koprivec et un beau mélange entre expérience et jeunesse avec des joueurs comme Laifis ou Makris. Classé quatrième lors de la trêve hivernale, le club a dégringolé après la trêve hivernale avec quatre victoires en neuf matchs et une seule en dix matchs de play-offs. L’Anorthosis ne peut ainsi faire mieux qu’une modeste cinquième place à l’arrivée. Du côté du Nea Salamina, le parcours est pratiquement identique à celui du club de Famagouste avec une première partie de saison excellente puis une chute vertigineuse durant la seconde partie de saison le club avec une seule victoire en cinq mois!

Les autres clubs qui se maintiennent en première division

Ce sont six clubs qui se sont battus pendant trois mois pour pouvoir rester en première division l’année prochaine. Parmi eux, seulement cinq ont pu rester dans l’élite du football chypriote, à savoir l’AEL Limassol, Doxa Katakopias, Ethnikos Achnas, l’ERMIS et l’Aris Limassol. Une saison catastrophique pour l’AEL qui jouait ces dernières années le titre ainsi que pour l’Ermis qui était encore sixième l’an dernier. D’autres, comme le Doxa Katakopias ou l’Ethnikos Achnas sont des habitués de la première division, créant souvent la surprise en championnat en embêtant quelques gros. A noter la saison excellente de l’Aris Limassol qui se classe septième, et qui, rappelons le, jouait en deuxième division lors de la précédente édition.

Les relégables

Trois clubs descendent en deuxième division l’année prochaine, avec, en premier lieu, l’Agia Napa. Lanterne rouge en fin de saison régulière, le club, auteur d’une belle saison l’an dernier avec une dixième place, n’a su s’en relever. Second relégué, le promu EN Paralamni termine treizième et retourne à l’échelon inférieur dès la fin de la saison régulière. Enfin, dernier larron, le Pafos F.C, créé en juin 2014 après fusion entre l’AE Kouklia et l’APEP Pafos, parvient à terminer la saison régulière en dixième position mais craque totalement lors des playdowns, lors desquels il ne s’impose qu’à deux reprises. Ces trois clubs seront remplacés la saison prochaine par Karmiotissa Pano Polemidion, champion de D2 devant l’AEZ Zakakiou et l’Anagennisi Deryneia, qui doit en partie sa troisième place synonyme de promotion à la pénalité de trois points reçue par l’Olympiakos Nicosie, avec lequel il termine à égalité de points et de différence de buts!

Stéphane Meyer


Image à la une : © NICOS SAVVIDES/AFP/Getty Images

5 Comments

  1. Stughi 23 mai 2016 at 18 h 15 min

    Merci pour l’article !

    Deux questions :
    – Y a-t-il des équipes qui jouent bien au foot?
    – Est-ce que Zahavi a beaucoup d’influence sur le championnat local ou non?

    Reply
    1. Stéphane Meyer 23 mai 2016 at 21 h 29 min

      Bonsoir Stughi,
      Pour répondre à la première question, il est intéressant de voir qu’il y a pas mal d’équipes qui jouent bien. Je dirai que le top 5 du championnat actuel sont les clubs qui jouent le mieux, que ce soit dans le jeu ou dans la technique. Une des raisons c’est, pour l’APOEL par exemple, la plupart de ses joueurs étaient auparavant dans des « bons » clubs européens ou hors Europe (ex : Morais à Chelsea, Gianniotas et De Vincenti à l’Olympiakos, Cavenaghi à River Plate). L’ AEK de son côté, a 7 joueurs espagnols dans son effectif. Le fait d’avoir d’un côté plusieurs joueurs qui ont de l’expérience, et de l’autre une bonne entente, c’est un point positif sur le jeu que l’équipe propose. Et d’ailleurs, ces 5 clubs ont connu ces trois dernières années des compétitions européennes : La Ligue des Champions (2014) et l’Europa League pour l’APOEL (2015), l »Apollon en Europa League (2013), l’AEK et l’Omonia eux aussi en Europa League (ils se sont fait éliminer aux portes des phases de groupe l’été dernier, l’AEK d’ailleurs contre Bordeaux). Cela montre le vrai niveau des équipes.

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      1. Alexeï Mikhaïlitchenko 20 juin 2016 at 18 h 51 min

        je pense que Cédric Bardon aurait pu répondre à la question, vu qu’il a évolué à l’Anorthosis Famagouste, club du reste qui s’était qualifié pour la champion’s league!

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  2. Yoann Thomas 17 juin 2016 at 23 h 15 min

    Salut Stéphane,

    Félicitations pour ce magnifique article. Je suis un grand fan de tout ce qui touche a Chypre et je fais mon master en littérature sur les écrits sur la situation politique actuelle, donc c’est un régal de pouvoir lire ces lignes. Juste quelques petites questions, Giannotas est seulement prêté par l’Olympiakos? Je sais qu’il s’est bien relancé, il a été décisif une paire de fois et qu’il a retrouvé une place en équipe nationale. Artymatas et Pieros Sotiriou ont bien progressé je trouve, surtout ce dernier encore jeune et qui a marqué quelques buts intéressants, bien que ce soit loin de Cavenaghi qui a vraiment été monstrueux quand il était là et qui finit tout de même champion. J’espère que Christiansen qui a pris la suite du duo intérimaire arrivera à tirer ce groupe vers le haut comme il l’a fait avec le Larnaca de ce bon vieux Vincent Laban qu’il a réussi à ramener « au pays ». Et ne trouves-tu pas que De Vicenti aspire à jouer dans un plus grand club que l’APOEL en Europe? Ce qu’il a réussi à faire alors qu’il avait le bras dans un état dramatique cette saison était quand même assez impressionnant une fois qu’on sait à quel point il était touché… Je ne parle pas de l’APOEL de façon neutre, parce que j’ai vraiment été bluffé par la passion des supporters – je ne parlerai pas politique, qui n’a pas grand chose à faire dans le football selon moi… J’y ai vécu l’an dernier quand ils ont fait le doublé Coupe-Championnat, j’habitais à deux cents mètres du siège du club – au croisement de Makarios et Griva Digeni, si tu connais Nicosie – et c’était vraiment impressionnant!

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    1. Stéphane Meyer 22 juillet 2016 at 14 h 10 min

      Salut Yoann !
      Merci pour ton commentaire,
      Pour te répondre concernant Gianniotas, en janvier dernier nous l’avons acheté sous forme de prêt (sans possibilité d’option d’achat). Une fois le championnat terminé en mai dernier, il est retourné à l’Olympiakos pour s’entraîner avec le reste de l’équipe attendant la décision de l’entraineur du club de Pirée s’il serait choisi dans l’équipe ou non pour la nouvelle saison. Une fois la décision connue de l’entraineur de ne pas intégrer Gianniotas dans l’équipe, l’APOEL a immédiatement fait une offre pour le récupérer sous forme de prêt. Je crois que l’Olympiakos avait refusé de le transférer, mais seulement de le prêter. Tout le monde aurait cru qu’il serait resté à l’Olympiakos, il a été énorme pendant la seconde partie du champ’, et il a été appelé en sélection.
      Concernant De Vincenti, ce joueur est lui aussi énorme, il est un peu comme Griezmann en EDF. Il est présent dans tout les ballons en attaque, fait des passes décisifs, marque sur coup franc. C’est vrai qu’il a un très bon niveau pour jouer dans un grand championnat. On l’a acheté de l’Olympiakos. Mais il n’y a pas eu cet été d’offre le concernant de clubs européens, il n’y a eu qu’un de l’Arabie Saoudite je crois, mais l’APOEL a refusé.
      Comme t’as pu le remarquer, le siège du club est stratégiquement bien placé! Je passe très souvent sur Nicosie, à chaque rue il doit avoir des milliers de graffiti sur les clubs de foot, on sent l’ambiance d’entrée. C’est sûr que la politique n’a pas sa place dans le football, mais malheureusement à Chypre, beaucoup associent les deux…

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