Habitué du football roumain, mes tribulations dans l’est m’ont amené jusqu’en Serbie, plus précisément dans la capitale. Sachant pertinemment que le Partizan accueillait en tour préliminaire de la Ligue des Champions les bulgares du Ludogorets. À travers le récit de cet événement se terminant sur un match nul deux partout, qualifiant les bulgares, je vais tenter de vous peindre le portrait d’un match de Ligue des Champions en Serbie.

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Le stade du Partizan se remplit sous l’œil de la religion

16h. Je me décide sur le tard à acheter mes billets. Me rendant au stade afin d’obtenir le précieux sésame, je m’étonne de voir déjà aux abords du Stade du Partizan de nombreux supporters habillés en noir et blanc vêtus de leurs habits correspondant à leur club de supporter. Quinze euros plus tard, me voici en possession d’une place dans la tribune Ouest, réputée la plus tranquille. On verra par la suite que ce n’était pas forcément la meilleure place pour ce match.

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Maillot, écharpe et billet

Me voici autour du stade. La ferveur des supporters est palpable. On connaît les supporters du Partizan de réputation comme ayant des « ultras » violents notamment suite au décès d’un supporter toulousain, tué en 2009 aux abords de ce stade. Mais ici, ce n’est pas ce qui prédomine. Des familles se pressent autour des portes d’entrées au stade, et leurs supposés « ultras » sont à l’extérieur très calmes. J’entre donc et me place en attendant le début de la partie. Je remarque ainsi de très nombreux maillots floqués au nom de Zvonimir Vukic, le défenseur vedette du club. Nombreux sont aussi les maillots célébrant le lien très fort entre le Partizan et le PAOK, affublés de l’annotation « orthodox brothers ».

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« Orthodox brothers »

20h45. Après des chants à la gloire du Partizan, le match commence dans une ambiance électrique, et l’équipe jouant à domicile est poussée du mieux possible par son public. Hélas cela ne suffira pas, et si Vukic fait preuve d’un sens défensif indéniable, le manque de pressing coûte dès la 19ème minute cher au Partizan, qui encaisse le premier but par Marcelinho. En ballottage favorable après le match nul 0-0 en Bulgarie, la tendance s’inverse et les joueurs du Partizan semblent paniqués. Cette panique défensive ira leur coûter un second but seulement trois minutes plus tard, par le même bourreau. La frustration des supporters se transforme en colère, et un supporter que je suppose président d’un groupe d’ultras escalade trois gradins pour invectiver le président du club présent dans la loge juste au dessus de mon siège. Bientôt suivi par d’autres supporters, l’ambiance se fait tendue et une bouteille éclate sur la loge à quelques centimètres de mon visage. Heureusement, le public ne se décourage pas et soutient ses joueurs avec toujours la même ferveur, ce qui leur permet 9 minutes plus tard de revenir à 1-2 grâce à Skuletic. Ce but calme la fronde des supporters, et à la 35ème minute l’égalisation par ce même Skuletic semble remettre le Partizan dans la voie de la victoire.

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À droite, la tribune Nord reconnu comme la plus fervente

Hélas, un geste d’humeur ridicule de Trajkovic le voit expulsé logiquement à la 41ème minute. Son équipe qui semblait pourtant dans la bonne voie ne fera plus qu’essayer de retenir les assauts de Ludogorets. La seconde période se voit entièrement dominée par les bulgares, qui frappent sur la même action deux fois les poteaux et qui se voient refuser un but signalé hors-jeu. Le Partizan plie mais ne rompt pas, ce qui ne l’empêchera pas de voir sa qualification s’envoler, au plus grand plaisir des quelques supporters (pas plus d’une dizaine) de Ludogorets, harcelés par les supporters du Partizan au point qu’un cordon de police fut déployé dans la tribune. Le public de Belgrade applaudit tout de même son équipe, et l’on sent à la fin de ce match toute la ferveur de supporters qui n’abandonneront jamais ce club ancré dans leur vie. Des mines tristes me suivront jusqu’à mon hôtel, jusqu’au réceptionniste qui me lancera ce regard compatissant à la vue de mon maillot.

Si l’histoire se termine pour le Partizan, un gros challenge attend l’équipe de Ludogorets qui devra se défaire du champion en titre de Roumanie, le Steaua Bucarest.

Pour conclure, il est important de souligner la sécurité de ce stade. Le football dans les pays de l’Est peut parfois pour certaines affiches importantes comme des derbys trouver le stade comme espace d’affrontements entre hooligans. Ici en Serbie, comme en Europe de l’Ouest le football est ouvert à tous et toutes et chacun peut venir vivre sa passion sans crainte, et c’est à mon sens indispensable pour de telles équipes historiques.

Hadrian Stoian

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