Dans le trolleybus qui nous amène au stade, peu de couleurs rouge-jaune-bleu, si ce n’est les deux écharpes portées par les deux gosses russophones devant nous. Pourtant, l’arrêt devant le stade siphonne les passagers qui se rendent donc tous au dernier match officiel de l’année pour l’équipe nationale moldave, face au Liechtenstein, pour le compte des Éliminatoires de l’Euro 2016.

Nous entrons donc dans l’arène et contournons le stade pour se rendre dans notre secteur. Sur le chemin, quelques stands avec des écharpes tricolores, des répliques de la couronne (en frigolite) de Ştefan cel Mare, des pop-corn, pipas, chips, hot-dog froids et malgré la présence d’un portique vantant la bere Chişinău locale, les seules boissons houblonnées qui sont vendues ne contiennent pas d’alcool.

Bere Chisinau
Le portique Chişinău blondă pour un stade sans alcool.

Pendant que Kurteyan aligne un 3-5-2 offensif de circonstance, le Zimbru Stadium affiche un 6843 – 24, à la grosse louche, sans savoir si les supporters visiteurs se sont déplacés exprès pour ce match ou s’il s’agit des proches des joueurs ou du staff. Cela, sans compter les quelques chanceux qui, habitant la barre soviétique jouxtant le stade, assistent gratuitement au match.

Dans les tribunes, les plus intelligents ont amené leur coussin de siège et leur couverture, car le thermomètre affiche +3°C. Un petit parcage ultras se fait déjà entendre avant le début du match, à coup de Hai Moldova et de chants calqués sur ceux du Zimbru. Le speaker demande à la foule de se lever pour l’hymne du Liechtenstein, avant que la foule n’entonne à son tour le Limba noastră national dont les paroles défilent sur l’écran principal du stade. Le toss est effectué, le stade est bien rempli et le coup d’envoi de la partie peut être donné.

 L’hymne national moldave (en partie) – Limba Noastră de Alexei Mateevici :
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Va savoir si le loyer comprend l'abonnement annuel au FC Zimbru.
Va savoir si le loyer comprend l’abonnement annuel au FC Zimbru.

La Moldavie a le contrôle du ballon, tente de trouver Racu sur le côté droit, se procure des occasions mais ne marque pas. Le capitaine Epureanu dirige le navire, dans un poste de libéro à l’ancienne qui aimante tous les ballons. L’italien Artur Ioniţă place quelques banderilles mais le keeper Buchel veille au grain et stoppe ses tentatives. Le portier moldave Ilie Cebanu n’est pas refroidi pour autant lorsqu’il stoppe à bout portant la frappe de Christen, recueillant des applaudissements nourris de toute l’arène. La première période s’achève sur un 0-0 encourageant pour les Moldaves, les chants s’arrêtent le temps d’aller chercher une bière NA, des chips s’il en reste ou un petit thé revigorant.

Pour le deuxième couplet, les Moldaves attaquent face au parcage des ultras, qui s’en donnent à cœur joie pour foutre le boxon à coup de pogos bon enfant et de chants incessants. Ils lancent également quelques tentatives de ola! malheureusement infructueuses à cause d’une tribune VIP qui ne suit pas le mouvement. Nos yeux se délectent davantage de ces ambiances de gradins car le terrain n’offre plus autant de spectacle qu’en première période. Et le scénario typique du favori qui ne concrétise pas ses temps forts de se dessiner à la 74’, lorsque le capitaine Burgmeier envoie la gonfle en pleine lucarne, sur un coup-franc qui représente la seule occasion du Liechtenstein en seconde période.

La tribune visiteurs, au grand complet.
La tribune visiteurs, au grand complet.

Les ultras donnent un souffle d’encouragement aux leurs en enlevant leurs t-shirts, mais difficile de trouver un angle de tir quand 10 joueurs défendent dans leur surface. Alors que les spectateurs quittent petit à petit le terrain dès la 85’, laissant à leurs pieds des tonnes de coques de pipas, la Moldavie signe une défaite malvenue sous les sifflets unanimes de l’ensemble du stade. Elle chipe donc la dernière place du groupe à son adversaire du soir, qui a le loisir de célébrer dans le rond central une victoire à l’extérieur aussi inhabituelle que savoureuse. « C’est ça le football », concédera un Kurteyan assez amer en conférence d’après-match.

Le prochain match des Tricolori étant prévu pour mars, face à la bande à Zlatan, il n’a pas fallu longtemps aux ultras pour revenir à la réalité locale et hurler leur amour des jaunes et verts : « Cea mai buna este Zimbru hé, hé ! » (= La meilleure – équipe – est le Zimbru, hé, hé !) résonnaient à la sortie du stade.

Thomas Ghislain

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