Quand la FNL fait sa reprise, c’est toute la Sibérie qui se met à trembler ! En montant dans le bus qui va directement au stade couvert Zarya, la section Footballski de Novossibirsk se retrouve tassée comme il faut au milieu des habitants locaux. Certes, la plupart d’entre eux n’en a rien a faire du FC Sibir, comme ces trois gamins venus d’une autre ville pour un tournoi de basket. Pas de folie ni de chants dans le bus. Ici c’est pas Gijon… bref, vous avez compris le message.

Avec un autre adepte Footballski, Adrien, un grand fan du Fakel Voronezh séparé de son club de FNL favori depuis des années, nous décidons de descendre un peu en avance pour faire un petit tour du quartier Zapadnyi. Si les matchs du Sibir se jouent d’habitude en centre ville, le club prend ses quartiers d’hiver (novembre-avril) sur la rive gauche depuis la construction du manège Zarya. Première défaillance de la logistique sur le chemin du stade : la fonte des neiges est en avance cette année, et cette combinaison sournoise de verglas et de flaques de boue oblige à quelques détours par les cours d’immeubles.

En quittant cette jungle de béton et de briques, nous apercevons l’arène, un bâtiment assez moderne qui n’a même pas dix ans. Juste devant l’entrée, une grand affiche de Fernando Torres salue le visiteur, comme si l’attaquant espagnol avait passé ses meilleures années sur les bords de l’Ob. C’est ici que le FC Sibir va affronter le Sokol Saratov (« le Faucon de Saratov »), un club qui a connu de meilleurs jours au début des années 2000.

Aujourd’hui, le Sokol et le FC Sibir se battent pour le maintien en FNL. Les deux formations n’ont sans doute aucune envie d’aller goûter aux joies de la PFL, mais les uns et les autres n’ont pas vraiment le budget pour viser plus haut. Le FC Sibir, par exemple, est uniquement sponsorisé par le gouvernement local qui se tourne bien souvent vers les entreprises du coin pour faire un « don » au foot professionnel, une pratique courante dans les régions russes.

Il y a de bons joueurs chez les Orly (« les Aigles ») de Novossibirsk, mais il ne sont pas nombreux. Le meilleur d’entre eux est absent car il a été convoqué pour jouer les éliminatoires avec la Moldavie. C’est Eugeniu Cebotaru, un milieu défensif qui apporte quelques garanties à cet effectif limité, mais sans lui, la tâche s’annonce ardue. Le vétéran du club Tomas Vykhodil (40 ans passés !) est lui indisponible à cause d’une blessure. Une seule ambition : sauver sa peau en FNL, quelle que soit la manière !

© Mark Neugasimov et Adrien Morvan / Footballski

Tout cela explique que les foules ne se soient pas déplacées pour remplir les 5500 places du manège, ce qui laisse un grand choix de billets même à 15 minutes du coup d’envoi. En tout et pour tout, les gradins seront remplis à peine à la moitié de leur capacité. Pour 200 roubles (environ 3,50 euros) par billet, nous sommes très bien placés. Même pour les Sibériens qui n’ont pas le même niveau de salaire que les Européens, ce n’est pas cher du tout.

Un seul contrôle à l’entrée, c’est peu pour les stades russes, mais c’est plus intensif que dans certains stades en France par exemple. Les agents de sécurité ont bien vérifié le sac à dos et surtout la sacoche de l’appareil photo. Ça a pris peut-être 30 secondes, mais sinon aucun problème. Un petit conseil : si vous êtes venus au stade Zarya et que vous voulez acheter le programme du match, il faudra le faire avant d’entrer. À l’intérieur, les vendeurs de maillots et de petits souvenirs n’en ont pas et les agents de sécurité ne vont pas vous laisser quitter le bâtiment avant le coup d’envoi. Sacrée Russie !

Le match commence doucement. Pas de grosses occasions à signaler en première période, mais le jeu offensif du FC Sibir est plutôt mieux organisé que celui des visiteurs de la Volga. À vrai dire, le moment le plus marquant avant la pause, c’est la grave blessure de Sergei Kachan qui fêtait ce jour-là son anniversaire. Quel cadeau ! Ce sont d’abord les soigneurs et les joueurs de Novossibirsk qui ont entouré le blessé, avant qu’un véritable médecin ne soit appelé. Celui-là ne s’est pas pressé, et finalement, c’est l’ambulance jaune stationnée au bord du terrain qui a emporté Kachan après de longues minutes d’incertitude. Le speaker du stade annoncera à la mi-temps qu’il s’agissait d’une fracture du poignet, avant de passer à un improbable concours Miss FNL qui n’a pas soulevé l’enthousiasme des participantes.

© Mark Neugasimov et Adrien Morvan / Footballski

L’entraîneur des Orly sibériens effectue deux changements à la pause, un pari gagnant qui change la physionomie du match. Artyom Korzhunov prend la place d’ailier gauche et fait son match référence en montrant des étincelles dignes de Joga Bonito dans une défense de Saratov complètement affolée. Des passements de jambe, des petits ponts, des accélérations de folie et une frappe précise pour le seul but de la rencontre (1-0) font de lui l’homme du match sans aucune contestation possible. Et cela en seulement 37 minutes passées sur le terrain.

L’autre attraction du match, c’est le secteur des supporters du Sokol (sur la photo au-dessus) qui comptait deux fondus venus de Saratov qui n’ont pas arrêté de chanter et de danser, leur voix parvenant parfois à faire écho de l’autre côté du stade pendant les silences du kop local, pourtant beaucoup plus garni en supporters. Ils avaient même déplié une bannière à la gloire des faucons de la Volga, qu’ils se sont quand même traînée sur un peu moins de 3000 kilomètres. Respect.

En définitive, un match plaisant dans un stade assez agréable, même si l’ambiance fut très calme. En gagnant contre un concurrent direct pour le maintien, le Sibir réalise une très bonne opération, et ce d’autant plus que certains relégables comme le Baltika ont abordé la reprise avec le couteau entre les dents. Cependant, la route vers la Première Ligue est encore longue !

© Mark Neugasimov et Adrien Morvan / Footballski

Les notes Footballski

Standing du stade 4/5 :

Un stade neuf, chauffé, confortable, des tribunes proches du terrain : le rêve de tout supporter russe devenu réalité !

Disponibilité des billets 4/5 :

La FNL se joue rarement à guichets fermés, donc pas trop de problème pour arriver en touriste avant le début de la rencontre. Pas de boutique sur Internet par contre.

Tarifs 5/5 :

De 100 à 300 roubles (entre 1,50 et 3,50 euros) le billet, 100 roubles le programme, c’est quasiment donné !

Ambiance 2/5 :

Ambiance à la bonne franquette, les ultras se font entendre, mais sans plus.

Risques 1/5 :

Aucun risque au stade, l’individu le plus dangereux du stade est un petit vieux qui ronchonne devant le spectacle proposé. L’ennemi du supporter est avant tout le dégel, qui étend ses flaques de boue sous les pieds des supporters insouciants. Gare à la glissade!

Accessibilité et transport 2/5 :

Le minibus n°12 va de la gare centrale au stade (arrêt « Sportkompleks Zarya ») pour 25 roubles. Mais ça reste très loin, surtout quand on compare avec le stade Spartak.

Boissons 2/5 :

Comme toujours en Russie, pas d’alcool en tribune, et un maigre choix de sodas et de jus sur la table à tréteaux qui fait office de buvette. En même temps, nous ne sommes pas là pour s’enfiler des barquettes de Dobry !

Quartier environnant 1/5 :

Le stade est vraiment loin de tout, il y a des endroits plus intéressants à Novossibirsk.

Mark Neugasimov et Adrien Morvan


Image à la une : © Mark Neugasimov et Adrien Morvan / Footballski

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