Quelques jours après avoir discuté avec l’aîné de la fratrie Bamba Fousseni, Footballski est parti à la découverte de son petit frère, Yacouba, qui a également pas mal voyagé dans nos contrées. Entre Moldavie, Biélorussie et Russie, découverte d’un petit nouveau en Premier League russe.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Yacouba Bamba, footballeur professionnel depuis 4 ans. Je suis né en 1991, milieu offensif, mais je peux également évoluer en tant qu’ailier.

Tu es arrivé en France en même temps que ton frère ?

Non, je suis resté en Côte d’Ivoire. Je ne l’ai pas suivi étant donné que je jouais dans le championnat ivoirien, puis j’ai eu la chance de partir en Europe.

Fousseni est ton grand frère, a-t-il été un moteur pour ta carrière ? C’est lui qui t’a lancé dans le monde du foot ou cela s’est fait naturellement ?

Oui. Il a eu une bonne influence sur ma carrière. Déjà, car c’est mon grand frère, puis, en tant que footballeur, il a vécu plus de choses que moi. Du coup, il me donne pas mal de conseils, il m’oriente, il a joué un rôle important dans ma carrière. Mes débuts dans le football se sont faits naturellement. Comme tout jeune Africain, j’ai commencé à jouer dans la rue, puis je suis passé dans des petites académies dans des quartiers. Par la suite j’ai eu la chance de jouer dans le championnat ivoirien, dans la plus grande équipe du pays, l’ASEC Mimosas. J’y suis resté trois saisons.

En 2014, tu signes à l’AS Denguelé, puis, en fin de saison, tu t’envoles vers l’Europe.

Pour moi, j’avais fait le tour de ce que j’avais à faire à l’ASEC. Ici, j’ai gagné des titres, des coupes, mais c’était devenu une sorte de routine et je suis entré dans un «confort», disons. L’opportunité Denguelé est alors venue à moi, et j’ai décidé de tenter l’aventure pour sortir de mon train-train quotidien. J’y ai signé deux ans, mais je n’y ai joué qu’une année au final étant donné que, par la suite, les portes de l’Europe se sont ouvertes à moi. Quitter l’ASEC était le choix qu’il fallait faire, j’étais trop confortablement installé dans l’équipe là-bas, je devais tenter autre chose pour espérer jouer un joueur en Europe.

Direction la Moldavie, un pays que les gens ne connaissent pas forcément. Pourquoi ce choix ?

Le choix s’est un peu imposé à moi, la proposition que j’ai reçue était la plus concrète. Vous savez, en Afrique, c’est assez difficile d’être repéré et de partir un jour en Europe. Du coup, je suis parti en Moldavie, c’est une étape. Au début, c’était difficile, c’était un vrai choc pour moi, car je ne comprenais pas la langue et je parlais très peu anglais. Au fil des mois, je me suis adapté et ça s’est bien mieux passé par la suite en m’imposant dans ce championnat.

Comment es-tu arrivé à Saxan ? En même temps que d’autres joueurs ivoiriens qui ont rejoint le club à la même période ?

Oui, quand je suis arrivé au club il y avait déjà deux joueurs ivoiriens qui avaient déjà fait un ou deux mois sous le maillot de Saxan avant moi. Ce fut une chance pour moi d’avoir d’autres Ivoiriens dans l’effectif, surtout pour mon intégration dans le club. Il y avait aussi deux Nigérians dans l’équipe. Entre Africains, on s’entendait bien et c’était super pour commencer à faire mes gammes en Europe.

Tu réalises une bonne saison avec le Saxan, après avoir joué l’Europa League as-tu reçu quelques offres ?

Après la saison avec Saxan, j’ai eu des offres, mais surtout une en Biélorussie qui m’a beaucoup intéressée. Juste après les barrages de l’Europa League, j’y ai signé d’ailleurs.

Durant ta période au Saxan, tu vivais à Chisinau ou près de Ceadir Lunga ?

J’habitais à Chisinau au début. Quand je suis arrivé, nous étions tous dans un hôtel et nous nous entraînions à la capitale. Pour la deuxième partie du championnat, le club a emménagé dans sa ville et j’ai donc emménagé à Ceadir Lunga.

Finalement, comme tu l’as dit, tu reçois une offre biélorusse et signes à Slutsk où tu joues six mois avant de te retrouver libre de tout contrat…

Quand j’arrive à Slutsk, le club est pratiquement relégable. J’ai réussi à m’imposer assez facilement et le club a pu remonter au classement. On finit au milieu de tableau et avec les stats que j’ai eues dans mon club, je peux dire que ça s’est super bien passé ! J’ai pu évoluer au poste que j’aime, c’est à dire derrière l’attaquant. J’ai fait une très bonne fin de saison en m’imposant dans l’effectif. Suite à ça, le club voulait me prolonger, mais il y a eu des problèmes administratifs et comme je ne pouvais pas rester sans jouer, j’ai décidé de repartir en Moldavie pour finir la saison avec le Zaria. Bien sûr, Slutsk voulait me prolonger. J’ai fini meilleur joueur de mon équipe et quatrième meilleur joueur du championnat, je n’ai pas voulu m’attarder sur les problèmes administratifs et j’ai finalement reçu une proposition pour finir le championnat en Moldavie. Là-bas ça se passe super bien, j’ai joué seulement deux-trois mois, mais le club arrive à arracher une place en Europa League et même à remporter la coupe nationale !

Comment comparerais-tu ces deux championnats ?

Ce sont deux très bons championnats. En Biélorussie, on retrouve néanmoins beaucoup plus de joueurs expérimentés qu’en Moldavie et c’est ce qui fait quand même la différence. Ce sont des championnats techniques qui me convenaient parfaitement, la maturité était tout de même plus importante dans le championnat biélorusse.

Ton frère a d’ailleurs joué à Slutsk quelque temps plus tard, c’est toi qui lui as conseillé ?

Oui j’ai parlé un peu de lui là-bas et, avec ses performances, il a été repéré. J’ai eu un petit malaise, ça aurait été plus intéressant si j’avais pu être là pour jouer dans la même équipe que lui, ça aurait pu être sympa. Mais bon, ça s’est super bien passé pour lui là-bas !

Arrivé au Zaria, vous faites une bonne fin de saison et gagnez la coupe.

Oui, la victoire en coupe, c’est mon premier trophée européen ! Quand j’arrive au Zaria, le club est cinquième et on lutte pour une place sur le podium. Je joue tous les matchs et on finit quatrième finalement. Mais on a tout de même gagné la coupe nationale en battant Milsami en finale, et surtout on a battu le Sheriff Tiraspol, chez eux, en demi-finale ! Ce fut un grand plaisir de finir cette saison par un trophée.

Quelles étaient tes sensations ?

Je me sentais bien. C’était un championnat que je connaissais, où j’avais laissé une trace. Les gens se souvenaient de moi et ça s’est super bien passé, surtout du fait que je n’ai pas eu besoin de période d’adaptation.

Sentais-tu que l’équipe et le club faisaient des progrès ?

Oui, j’ai senti que l’équipe progressait. La preuve, on est remonté au classement. En plus, quand je suis parti de Moldavie pour la Biélorussie, le Zaria était un club qui ne jouait pas le haut de tableau, mais plus le ventre mou. Signe que le club a bien progressé.

Comment as-tu vécu le changement soudain de ligne directrice du club, préférant les joueurs du cru aux légionnaires ?

Moi, j’avais signé jusqu’à la fin de saison, mais d’autres joueurs étaient en fin de contrat et n’ont pas forcément été prolongés ou n’ont tout simplement pas voulu renouveler. Moi, j’étais aussi dans ce cas. Le club voulait me prolonger, mais j’avais des propositions intéressantes et d’autres objectifs, donc je suis parti.

Le club vous a-t-il aidé à chercher un nouvel employeur après ?

Les joueurs africains que je connaissais ont reçu, pour la majorité, des offres, mais je ne pense pas que le club a joué un rôle là-dedans.

Puis cet été tu files dans l’élite du football russe : Orenbourg !

C’est un nouveau départ, j’arrive dans un championnat plus huppé et plus difficile. C’est une grande chance pour moi, surtout après tout ce que j’ai vécu ! Je suis très heureux d’en être là où je suis aujourd’hui.

Comment trouves-tu le niveau du football russe ?

C’est un très très bon championnat, les matchs sont plus engagés et plus serrés. Le championnat est beaucoup plus compétitif et on retrouve des joueurs qui ont beaucoup d’expérience, comme par exemple avec Alex Song qui a une grande expérience dans le football et qui a connu de grands clubs comme Barcelone et Arsenal. La barre est plus haute que par le passé.

Quel club, joueur, t’a le plus impressionné ?

Je n’ai pas pu jouer contre toutes les équipes encore. Mais il y a de très bons joueurs et de très bonnes équipes. Dans chaque équipe, on peut retrouver des joueurs clés, c’est pour ça qu’il y a de très gros joueurs dans ce championnat. Pour le moment, je dirais le CSKA Moscou, c’était une très grande fierté de jouer contre cette équipe qui dispute chaque année la Champions League.

Vous connaissez pour le moment une saison difficile, quels sont les objectifs du club ?

C’est vrai qu’on a un peu de mal en ce début de saison, surtout en fin de match où on encaisse beaucoup de buts qui nous font perdre des points. Pour un club qui joue sa première saison dans l’élite, je trouve ça pas mal pour l’instant, même si l’objectif va être, bien sûr, d’accrocher le maintien.

On parle souvent des soucis d’affluence en Russie, le ressens-tu ?

Franchement, à Orenbourg, on ne le ressent pas. Après c’est clair que le stade n’est pas très grand, mais il est bien rempli à chaque rencontre et on a joué à guichets fermés contre le CSKA. Bien sûr, quand les résultats seront meilleurs, il y aura encore plus de monde au stade.

Quels sont tes projets ?

Pour le moment je me focalise sur ma saison avec Orenbourg, on verra bien par l’avenir !

Pas trop dur d’être joueur de couleur à l’Est ?

Non, ça va. Je n’ai jamais vraiment eu de soucis de racisme, même si parfois, surtout dans la province, on me dévisage dans la rue.

Le meilleur souvenir de ta carrière ?

Bien évidemment, la coupe de Moldavie avec le Zaria Balti ! Cela restera comme le moment fort de ma carrière et j’espère remporter d’autres trophées par la suite !

Merci beaucoup à Yacouba de nous avoir accordé cette interview. Nous lui souhaitons tout le meilleur pour la suite de sa carrière et une bonne saison avec Orenbourg.

Antoine Jarrige


Image à la une : © capture d’écran / vimeo.com

2 Comments

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