Âgé de 28 ans, Sasha Huet-Baranov est agent de joueur. Il s’est créé sa réputation en Europe de l’Est, où il entretient de bonnes relations et des liens solides dans plusieurs clubs de Bulgarie, Russie, Serbie, Albanie, Pologne, Ukraine ou encore au Kazakhstan. Bien qu’il soit jeune, il a déjà eu l’occasion de vivre dans plusieurs pays, quitter Genève pour vivre notamment en Serbie, en Italie, en Angleterre et même quelques mois en Moldavie. Un esprit Footballski.

Ancien joueur en sport étude – à un niveau très moyen comme il le reconnaît modestement -, il s’est parachuté dans l’univers du foot par le biais de son meilleur ami Wesley Ngo Baheng. Ce dernier a pu signer en Angleterre, à Newcastle, en 2007. Sasha Huet-Baranov le suit dans cette aventure, l’année où de nombreux Russes venaient signer dans le pays, notamment Arshavin ou Pavlyuchenko.

Il a commencé à s’ouvrir des premières portes en tant qu’intermédiaire ou parfois même simple traducteur, à rentrer dans ses premières discussions, ses premiers transferts, et jouer un rôle de bref intermédiaire sur certains dossiers, comme celui de Valon Behrami en 2008 à West Ham. De plus, via un de ses oncles qui est proche de tout le milieu politique en Russie et en Moldavie, en Transnistrie essentiellement, certaines portes se sont ouvertes plus facilement. Dans certains de ces pays, où l’envers du décor montre les liens du football, tantôt avec la politique, le crime organisé où parfois même les services secrets, se faire une place dans certains de ces clubs-là n’est pas toujours chose simple pour ne pas dire impossible quand on est seul. A l’occasion de l’Euro, et de la qualification de l’Albanie, nous sommes allés à sa rencontre, pour parler de ce pays qu’il connaît si bien.

Toi qui as l’occasion de côtoyer le football albanais de l’intérieur, quel est ton avis sur le football local et son évolution ?

Il y a une très grande évolution dans le football albanais, déjà vis-à-vis de la sélection nationale. Puis, dans le football local, on a vu Skënderbeu se qualifier en Europa League la saison dernière en n’étant pas très loin d’accrocher la Ligue des Champions. Il y a quand même une grande évolution, après, bien sûr, il y a toujours du travail à faire. Mais sur les trois dernières années, notamment depuis l’arrivée de De Biasi, il y a eu un gros travail qui a été fait. On voit aussi le rôle de Lorik Cana dans cette évolution du football.

Si on n’a pas forcément cette image en France, il fait bien plus que son rôle de capitaine de la sélection, il est très investi pour le football du pays et pour la sélection. C’est un ambassadeur du football albanais. Evidemment, le fait qu’on ait appelé un certain nombre de joueurs issus de la diaspora a permis d’élever le niveau. Grâce à ça, on peut voir une nouvelle perspective. Le fait de voir ces joueurs venir porter le maillot de l’Albanie pourrait aussi avoir un impact dans le football local en donnant envie à certaines personnes d’investir dans le football albanais et d’y croire pour continuer à évoluer.

On voit dans le championnat, et ce n’est pas le seul, une grande différence dans le niveau et les moyens des équipes, non ? On a Skënderbeu qui est la locomotive du moment, auquel on peut rajouter le Partizani, mais derrière, c’est aussi à la traîne ?

Oui, il y a quand même un grand écart. On peut aussi parler de Kukësi qui fait des belles choses et qui était en Europe l’année dernière sans être ridicule, même si leurs ultras ont eu l’occasion de jeter une pierre sur Duda du Legia. Pour revenir au plan sportif, il y a une belle évolution avec des clubs qui montent. Mais bien sûr, il y a aussi des clubs avec des fonctionnements très amateurs, notamment en bas de tableau. Après, t’as Skënderbeu qui crève l’écran et fait son trou. Le Partizani essaye de s’accrocher. Je sais que le KF Tirana a aussi un projet pour tenter de suivre tout ce monde là. Donc il y a quand même une évolution et obligatoirement, si un club arrive augmenter le niveau d’un championnat, derrière il y a des retombés positives pour le championnat dans sa globalité et les autres équipes essayent aussi de se rendre meilleure.

Skënderbeu a vraiment creusé l’écart. Ils ont encore gagné le titre cette année, le président est très investi, ils ont aussi eu l’occasion de vendre le joueur le plus cher de l’histoire du championnat avec le départ de Peter Olayinka à La Gantoise. Ils ont eu l’occasion de sortir aussi Berisha qui est parti à l’Anzhi en janvier. Plus globalement, pour la sélection, on ne va pas se mentir, le fait que l’Euro passe à 24 a aussi permis d’accélérer le processus. Sans ça, l’Albanie ne se serait pas qualifiée pour la complétion.

© Footballski
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Tu n’as pas des craintes avec les derniers événements et la reconnaissance du Kosovo à la FIFA et à l’UEFA ? Ça ne pourrait pas ralentir ce processus d’amélioration du football albanais ? Certains joueurs risqueraient plutôt de préférer porter le maillot kosovar qu’albanais dans le futur ?

Je pense oui. C’est une bonne chose pour le Kosovo, ils ont fait des efforts pour en arriver là, ils le méritent. Mais maintenant, le Kosovo, c’est une région devenue un état indépendant. C’est difficile à comprendre géopolitiquement, mais c’est une région peuplée d’Albanais et de Serbes. Même si certaines personnes peuvent te dire qu’il y a une petite différence entre les Albanais du Kosovo et les Albanais d’Albanie, ça reste quand même le même peuple à la base et c’est vrai que, je pense, ils vont préférer jouer pour une sélection, ou pour une autre.

Maintenant, si le Kosovo arrive avec un beau projet, comme l’Albanie est en train de le faire, tu as beaucoup de joueurs qui vont avoir un long temps de réflexion. C’est certain. Quand tu peux jouer avec ton pays, c’est toujours quelque chose de bien. En fait, on peut comparer cette situation avec celle de l’Algérie et les binationaux. Il y a quelques années, l’Algérie n’était pas au top, mais là, depuis 2010 et la venue des Yebda et compagnie, on se retrouve avec une équipe attractive qui peut très vite monter en niveau, car ils ont de supers joueurs. Ils ont déjà des supers joueurs, mais quand on voit ce qui se passe en France avec Benzema ou Nasri, je pense que le futur Benzema et le futur Nasri, il aura peut-être plus tendance à choisir l’Algérie que la France.

Pour l’Albanie, c’est un peu la même situation. Sauf que là, avec le Kosovo, il va y avoir une triple « bataille » pour prendre le joueur. Du coup, c’est bien pour le Kosovo, mais pour la sélection albanaise, ce n’est pas forcément le mieux.

Du coup, tu penses que ce pari de miser sur des binationaux dans la sélection albanaise va en prendre un coup et la progression risque d’être ralentie ?

C’est ça. L’Albanie a misé sur les binationaux, ce que je trouve bien. À un moment donné, si tu veux renforcer l’équipe et si la formation au pays ne suit pas, il faut miser sur ça. Le problème, c’est que les binationaux, la plupart, ils sont Albanais du Kosovo. Donc, il y a ceux qui vont vouloir jouer pour l’Albanie, ceux qui vont jouer pour le Kosovo et ceux qui vont vouloir jouer pour leur pays d’immigration ou d’adoption. Donc, certains joueurs vont avoir le choix de choisir entre trois équipes. Mais, après, est-ce que c’est véritablement un frein, peut-être pas.

Là, ils ont peut-être pris conscience du potentiel en Albanie et font un vrai travail dans la formation locale afin de sortir des joueurs. On en revient donc aux clubs, c’est à eux de faire le boulot. Ils doivent se dire qu’il y a du talent au pays quand on voit ce qu’ont pu devenir les immigrés qui sont en Suisse, en France, en Suède ou en Allemagne. Si eux arrivent à se mettre aux normes avec un vrai modèle de formation, on peut faire des choses intéressantes. Il faudra travailler sur ça, mais il ne faudra pas se rater.

Au niveau de la formation, tu as pu voir des changements à l’intérieur des clubs ou un club en particulier qui n’est pas mauvais là dedans ?

Les jeunes de Skënderbeu sont pas mal. Mais après, je le dis toujours, ce peuple a une volonté énorme d’avancer. Ils ont connu tellement de choses, il ne faut pas oublier que l’Albanie était le pays le plus fermé pendant un moment. Donc même sans des moyens énormes, ils ont une telle volonté qu’ils peuvent faire bouger les choses. Il y a aussi les diasporas qui comptent. Je te donne un exemple, quand une personne habite en Allemagne, il va parfois amener un coach allemand en Albanie afin d’apporter une autre vision et une nouvelle approche. Ils font ce qu’ils peuvent avec leurs moyens. C’est déjà exceptionnel ce qu’ils font actuellement avec les moyens que les clubs ont. Skënderbeu, ça part de rien. Tu vas à Korce, tu vas comprendre, limite, t’es dans un village. Mais ils ont vu pour la première fois que l’Albanie pouvait faire quelque chose, on n’est plus dans du rêve, c’est du concret. Dans ma jeunesse, on se disait « imagine l’Albanie à la Coupe du Monde ou à l’Euro. » Aujourd’hui, c’est réel. Il y a encore énormément de travail, on est encore très loin des standards européens.

On voulait tenter de faire venir Brandao au moment de sa suspension, car il aurait pu jouer dans le championnat kosovar. Ainsi que des joueurs comme Djibril Cissé en faisant payer son salaire par une compagnie qui voulait s’introduire au Kosovo.

On est même encore très loin de la formation serbe par exemple.

Ah oui. On est très loin de la Serbie et de la Croatie. Ça, je le dis et je l’assume. Quand tu vois un club comme le Partizan, Zvezda ou le Dinamo Zagreb, la formation albanaise est encore très loin de ces clubs. Très clairement.

Restons au Kosovo, j’ai vu ton nom circuler dans les médias il y a quelque temps au sujet de la reprise d’un club, le KF Vëllaznimi, au final, ça ne s’est pas fait ? C’est une ambition personnelle ?

Oui, c’était un club kosovar. On est venu me chercher, des amis albanais qui avaient l’argent et l’envie pour monter ce projet mais pas forcément les connaissances footballistiques. Malheureusement, la privatisation au Kosovo, ils ne sont pas encore prêts, et notre idée qui plaisait aux supporters et même aux joueurs,n’a pas eu le même succès auprès des politiques. L’idée était de reprendre le club, de créer une académie, et de former les joueurs. L’idée étant que le Kosovo pouvait être reconnu dans les futures années par l’UEFA. Ce qui s’est d’ailleurs passé.

On avait tout qui était prêt pour reconstruire un club, un vrai dossier, avec notamment un partenariat avec un très gros club anglais et si j’arrivais aller au bout du projet, un club français était aussi partant. On voulait même tenter, par exemple, de faire venir Brandao au moment de sa suspension, car il aurait pu jouer dans le championnat kosovar. Ainsi que des joueurs comme Djibril Cissé en faisant payer son salaire par une compagnie qui voulait s’introduire au Kosovo. Elle payait une certaine somme d’euros pour 5 ou 6 mois, en contrepartie les joueurs auraient accepté divers spots publicitaires. Les gens du club étaient avec nous, le capitaine du club est même venu me voir me suppliant presque de faire aboutir le projet, malheureusement, les politiques, eux, ne l’étaient pas forcément.

Ça te tient à cœur d’aider et de promouvoir ce football ?

Ça me tient à cœur, oui, et je sais qu’il y a du talent. Je sais que ce sont des gens qui ont connu des moments difficiles, les petits jeunes qu’il y a maintenant, ils ont connus la guerre enfant. Ce sont des jeunes qui en veulent. Après, le football n’est pas prioritaire. Ils sortent de la guerre, ils pensent surtout à manger à leur faim. Comment tu peux dire aux gens qu’il faut moderniser le football alors que les routes ne ressemblent à rien dans certaines villes. Après oui, j’ai envie de promouvoir le football de l’Est en général.

Skënderbeu vient tout juste d’être banni des compétitions européennes pour un an par l’UEFA après des soupçons de matchs truqués. C’est une décision qui va peser lourd dans la progression du football local et du club ?

Le club était en pleine évolution, ils ont fait une bonne Europa League l’année dernière. Donc là, sans aucun match européen, ça va être compliqué. Il va y avoir un problème général dans le club, pour garder les joueurs, mais aussi pour les vendre. Par exemple, Nimaga, des clubs européens attendaient de le voir dans des matchs européens pour se faire un dernier avis. Là, sans aucune compétition, ça va être compliqué dans l’exposition. Pour monter en budget, en droits TV, ça va être très compliqué et ça va freiner. Les droits TV en Albanie, c’est minable, donc avec la Coupe d’Europe, c’était ce qui faisait le budget du club.

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La politique est aussi assez présente dans le football local avec notamment Basha qui est président d’un club. Tu penses que le football reste encore un moyen important pour un politique de se faire voir ou on est plutôt dans l’envie de voir le pays rayonner et se faire connaitre par les personnes en Europe ?

C’est un peu dans tous les pays de l’Est oui. Basha est président du KF Tirana, mais après je ne pense pas que ça soit dans le but de bien se faire voir. C’est des personnes déjà en poste, déjà élues. Je pense que c’est plus dans le but de développer et faire connaitre. On reproche beaucoup de choses aux politiques albanais, ça, c’est un autre débat. Mais dans le monde du football, ils essayent vraiment de faire des choses. On le voit dans les moyens qu’ils ont pu mettre dans la fédération, De Biasi, il fallait aller le chercher par exemple. C’est la fédération qui a été le prendre mais, évidemment, avec l’appui du gouvernement derrière.

Ils essayent de faire évoluer le football par fierté, patriotisme mais aussi pour l’amour du sport. Il y a l’envie de voir le pays rayonner en Europe. Les personnes politiques que j’ai eu l’occasion de rencontrer, c’était vraiment par passion. Le président du KF Tirana, Basha, je peux te dire qu’il a le club pour qu’il y ait un second club dans la ville. Il pourrait faire autre chose de son argent et de son temps mais il tient le club à bout de bras. Il perd même de l’argent sêrement. Après, en Albanie, il y a encore beaucoup de clubs qui ne sont pas privatisés et qui sont encore gérés par le gouvernement ou les mairies.

De Biasi va prendre les joueurs par les tripes. Il serait capable de prendre des vidéos de la guerre notamment pour ceux issus du Kosovo. Tout le monde a perdu quelqu’un de sa famille dans cette guerre.

Toi qui connais bien le pays et les habitants, on connait la ferveur populaire derrière le football et la sélection, tu peux nous en parler ?

C’est un truc de malade. Je te le dis sincèrement, c’est un truc de malade. Je travaille dans le milieu du football en Albanie et au Kosovo depuis 2011 et j’ai toujours vu des personnes fans du football, des grands clubs européens, mais là, depuis que la sélection est au top, c’est de la folie. L’Euro, ça va être grandiose. Si l’Albanie gagne un match, juste un match, je te raconte pas l’ambiance que ça va être dans les villes et les villages. Juste un match. Même si l’Albanie gagne 1-0 contre la Roumanie, il va y avoir 7 jours de fête nationale, ça va être le feu. Qu’importe le résultat, je pense que les joueurs vont être accueillis comme des héros au retour au pays. Ce que les gens veulent, c’est de voir des mecs aller au charbon. Les Albanais savent très bien que la sélection n’est pas la meilleure d’Europe. On veut voir une équipe qui joue ensemble, qui se bat ensemble, qui mouille le maillot ensemble. Ils peuvent perdre. Terminer dernier du groupe. S’ils n’ont pas été ridicules et qu’ils ont tout donné, ce seront des héros. C’est ça que les gens veulent.

Le discours de Cana et du sélectionneur, ça va être ça. De se dire qu’il faut montrer à l’Europe entière que l’Albanie donnera tout et ne sera pas ridicule, qu’importe le résultat. Je pense qu’ils ne se qualifieront pas sans être pessimiste, ou alors très difficilement, j’espère me tromper mais quand tu regardes dans les dernières confrontations, c’est quand même en-dessous, même si dans les éliminatoires l’équipe fait des bons matchs. Quoi qu’il arrive, ce que les gens demandent, c’est de mouiller le maillot. Mais si jamais ils passent le premier tour, c’est comme s’ils avaient gagné l’Euro.

Je pense que les discours d’avant-match vont être très poignants. De Biasi va prendre les joueurs par les tripes. Il serait capable de prendre des vidéos de la guerre notamment pour ceux issus du Kosovo. Tout le monde a perdu quelqu’un de sa famille dans cette guerre. Même si c’est des jeunes, ils savent qu’ils ont perdu des membres de leurs familles. Et on en parle encore beaucoup dans les familles. C’est toujours très présent. Ça peut être une source de détermination en plus.

Tu as une idée du nombre de personnes qui pourraient venir en France ?

C’est compliqué de dire très exactement, il va y avoir de nombreuses diasporas. Donc ça va venir de Suisse, de France, d’Italie, etc. Après, j’ai beaucoup d’amis à Marseille, je sais que le fait que Cana ait joué à Marseille va jouer. Des groupes de supporters de l’OM, qui n’ont rien d’albanais, ont pu me dire qu’ils allaient supporter le pays au Vélodrome à cause de Cana justement. Après, les Albanais vont vouloir montrer qu’ils sont là.

Pour moi, ça va être le pays le plus représenté dans les tribunes en tout cas.

Tout le monde veut dire qu’il y était. Dire que t’étais là quand l’Albanie a joué sa première compétition internationale.

Quel est ton premier grand souvenir par rapport à l’équipe d’Albanie ?

La victoire 2-1 contre la Grèce dans le derby, en 2004. C’était de la folie. J’ai encore souvenir d’un but dans les dernières minutes de jeu, c’était dingue, je regardais le match en Grec en plus, et je peux te dire que les commentaires locaux étaient au bout du rouleau à la fin du match. Et puis là, dernièrement, contre le Portugal. Les dix dernières minutes ont été très dures à vivre pour moi mais je pense que ce match, c’est le déclic. Tout part de là. Sur ce match, ils ne sont pas exceptionnels mais il y a un vrai groupe qui a faim. Sur ce match, tu ne peux pas dire qu’il y a un joueur qui sort du lot. Il y a 11 joueurs qui ont joué ensemble. C’est pour ça qu’à l’Euro, j’ai du mal à croire que l’Albanie puisse sortir au premier tour mais il faut s’appuyer sur ces qualités. Après l’autre question, c’est de savoir comment les Albanais de Suisse vont aborder le match Albanie-Suisse.

© Footballski
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Et avec la Serbie ?

Ouais, y a eu le Portugal, mais peut être même plus ce match contre la Serbie. C’était LE match. Ça a été très mal vécu la défaite à domicile, heureusement que l’Albanie se qualifie quelques jours après. Mais au match aller, t’as des joueurs qui ont risqué leurs vies. Je pense que les mecs qui rentrent sur le terrain, ils devaient avoir des mecs armés. Y a des joueurs, ils ont eu la peur de leur vie. T’as des milliers de personnes qui veulent ta peau, et t’as des groupes de dix, de vingt, qui rentrent sur le terrain. T’as certains CRS qui étaient de mèche, je ne vais pas rentrer dans le débat ni mettre tout le monde dans le même sac, ce sont quelques personnes, mais t’as des joueurs qui m’ont dit qu’ils avaient pris des coups de matraque dans les couloirs.

Tu demandes à n’importe qui, l’Albanie, c’est Lorik Cana. Même avec une saison difficile, les gens veulent qui joue. Même avec les deux bras dans le plâtre, Lorik c’est l’Albanie.

D’ailleurs, comment est perçu ce match dans le pays (Albanie-Suisse) ? Notamment pour les joueurs suisses d’origine albanaise ?

C’est à double tranchant. Tu as ceux qui disent que c’est normal, d’autres qui disent que ce sont des traites. C’est une minorité, mais bien sûr t’as des gens qui le vivent mal. Personnellement, je ne discute pas ces choix-là. C’est une décision personnelle. De l’Euro, ça va être le match le plus attendu, le vrai match des Albanais, ça va être contre la Suisse. Si l’Albanie gagne, les médias vont s’en servir pour répondre aux Albanais de Suisse en disant « vous voyez, l’Albanie est devenue supérieur à la Suisse maintenant. » Et ils l’utiliseront même, je pense, pour récupérer des jeunes joueurs Albano-Suisse.

Au niveau de Lorik Cana, on sait qu’il a eu une saison délicate mais que représente-t-il pour toi ?

C’est son Euro. Tu demandes à n’importe qui, l’Albanie, c’est Lorik Cana. Même avec une saison difficile, les gens veulent qu’il joue. Même avec les deux bras dans le plâtre, Lorik c’est l’Albanie. Après tu te dis, il y a trois match à jouer, peut-être même ses trois derniers matchs de sa carrière, donc il va y aller une motivation folle. Il est obligé d’être là, l’équipe a besoin de lui. C’est lui qui les a emmenés là. Aussi bien dans le vestiaire que sur le terrain, les joueurs ont besoin de lui.

Pour terminer, des joueurs à suivre ?

Je vais dire Hysaj qui est déjà connu, Ergys Kace, Sokol Cikalleshi et Frédéric Veseli peuvent devenir les révélations de la sélection. Je pense que l’Albanie manque de joueurs offensifs par contre.

Pierre Vuillemot / Tous propos recueillis par P.V


Image à la une : © Footballski

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