On a eu l’immense honneur de discuter avec Maris Verpakovskis. L’occasion de parler de sa carrière, son présent en tant que président de Liepaja et ses idées concernant le football et la Lettonie.

verpakovskis

Verpakovskis, le voyageur

Vous avez joué de nombreuses années au Dynamo Kiev. Peut-on considérer que c’était la meilleure période de votre carrière ?

Oui, dans ma carrière en club, le temps au Dynamo Kiev a été ma plus belle période. Là-bas, j’ai eu la chance de jouer au plus haut niveau, dans les groupes de Ligue des Champions. Je me souviens toujours du temps passé à Kiev avec une grande joie.

Que pensez-vous de la situation actuelle en Ukraine ? Est-ce que vous pensez que des événements similaires pourraient avoir lieu en Lettonie ?

Ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui est vraiment horrible. J’espère vraiment que la situation va prendre fin rapidement et que l’on ne va pas déboucher sur une guerre civile. J’espère que le citoyen lambda ne va pas souffrir à cause des jeux secrets des politiciens. Je pense que quelque chose comme ça ne pourrait pas arriver en Lettonie, du moins je l’espère. Nous avons une importante communauté russe qui est bien intégrée en Lettonie (1) mais la Russie pourrait, si elle veut, les retourner contre la Lettonie et les Lettons.

Que retenez-vous de votre période à l’Hadjuk Split ?

De Split, j’ai des très bons souvenirs. Tout d’abord, il y avait les fans de l’Hadjuk. Les fans de la Torcida sont incroyables, ils vous suivent et vous supportent partout où l’Hadjuk joue. Une fois, nous avons fait un tournoi à Hong-Kong et une grande partie des fans était arrivée jusque là-bas uniquement pour supporter leur Hadjuk adoré ! Et c’était un tournoi sans aucune importance. Les fans de l’Hadjuk sont très chauds mais aussi très loyaux. Ils sont prêts à tout donner pour une victoire du club. Je me souviens aussi de matchs où nous avions perdu. Dans ces cas, les joueurs ne sortaient pas en ville pour dîner parce que tout le monde avait peur de croiser un fan de la Torcida énervé !

Vous savez sans doute qu’Hafiz Mammadov investit dans un club français. Comme vous l’avez côtoyé au FC Bakou, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce président ?

Le président Mammadov est une TRÈS BONNE personne et un excellent président. Il était prêt à tout faire pour son club, tout ce qui était nécessaire pour que le club ait de bons résultats. Je pense que n’importe quel club serait heureux d’avoir un président comme lui.

verpa ergotelis

Votre dernier club était Ergotelis. Comment cela s’est passé pour vous en Crète ? En tant que joueur, les ambiances grecques doivent être exceptionnelles, non ?

La vie en Crète était fantastique. Ma famille et moi nous sommes régalés là-bas. Le climat est parfait, la nature est belle,  et puis il y a la mer, la bonne nourriture et des gens accueillants. Les supporters en Grèce sont dingues, mais de manière positive. Dans les clubs comme l’Olympiakos, le Panathinaïkos, le PAOK ou l’Aris, les stades sont pleins pour chaque match et le football en Grèce est une vraie religion; tout le monde parle de football tout le temps.

Le retour en Lettonie

Vous êtes rentré en Lettonie début 2014 pour devenir président du FK Liepaja. Pourquoi avez-vous accepté de retourner à Liepaja, votre ville de naissance ?

J’ai choisi de mettre un terme à ma carrière de footballeur pour rentrer à la maison. Cela semblait être un challenge très intéressant et complexe. Si je réussis, j’aurais aidé à sauver le football de haut niveau à Liepaja. La ville et la fédération ont montré un grand intérêt dans la préservation du football à Liepaja et cela fut aussi une source de motivation supplémentaire.

Pouvez-vous nous expliquer concrètement le nouveau projet à Liepaja et le lien avec l’ancien Metalurgs (2) ?

Nous sommes officiellement la suite du SK Liepaja Metalurgs. En Virsliga, nous jouons en tant que FK Liepaja. Le noyau de l’équipe n’a pas changé, l’entraîneur est Viktors Dobrecovs qui était l’adjoint de l’entraîneur la saison dernière. Nous voulons intégrer les espoirs de nos catégories de jeune pour que nos fans puissent s’identifier aux joueurs. C’est aussi une manière de promouvoir notre formation au plus haut niveau en Lettonie. Notre centre de formation comporte 500 enfants, ce qui est un nombre important en Lettonie.

verpa liepaja

Comment êtes-vous parvenus à sécuriser les apports financiers, sans l’argent de l’entreprise Metalurgs ?

Au début, la ville nous a aidé. Aujourd’hui, le budget provient de sponsors privés.

Que pensez-vous de votre équipe cette saison ?

Nous avons créé une équipe à la dernière minute alors que les autres équipes étaient déjà en train de s’entraîner. C’est pourquoi demander de grands résultats cette saison serait absurde. Dans le futur, nous aurons pour objectif d’être européen chaque saison.

Nous savons que vous vous entraînez et pourriez aider l’équipe sur le terrain. Est-ce que vous pensez avoir un rôle aussi bien sur le terrain qu’en dehors ?

Oui, je m’entraîne de temps en temps avec mon équipe. Je joue aussi quelques fois parce qu’à la fin mai, il y aura la Baltic Cup à Liepaja (3). Ce sera en quelque sorte mon jubilé en sélection nationale et j’ai besoin d’être en forme pour ce jour ! Après la Baltic Cup, je pense que je ne jouerai plus.

Son opinion sur le football letton

Quelle est votre opinion sur le championnat letton cette saison ?

Cette saison, la Virsliga est intéressante car il n’y a pas vraiment de leaders ou outsiders. Les équipes sont très proches qualitativement, seuls le Skonto et Ventspils sont peut-être un peu au-dessus. Toutes les autres équipes se valent et il est difficile de pronostiquer les résultats avant les matchs. Cette saison, il n’y a pas de matchs faciles.

Pourquoi votre génération a réussi à vivre au plus haut niveau au milieu des années 2000 (4) ?

Je pense que nous avons eu de grands résultats parce que nous avions joué de nombreuses années ensemble au Skonto Riga et le sélectionneur Starkovs était aussi l’entraîneur du Skonto. C’est pourquoi nous étions si unis en sélection, nous nous connaissions très bien et savions comment l’autre allait réagir. Les joueurs étaient aussi très bons à cette époque !

De nombreux joueurs de votre génération ont maintenant des responsabilités dans le football letton comme Pahars (sélectionneur de la Lettonie) ou vous. Discutez-vous tous ensemble du futur du football letton ? Vous sentez-vous investis d’une mission vis-à-vis du football letton ?

En effet, toute notre génération reste connectée avec le monde du football letton aujourd’hui. A l’époque, le président de la fédération Indriksons a promis que toute notre génération pourrait travailler à la fédé si nous le souhaitions. Aujourd’hui, vous pouvez voir que nous sommes nombreux dans le milieu du football letton et nous essayons de transmettre notre expérience et nos connaissances à la génération suivante.

Quelle est votre opinion concernant une potentielle ligue baltique réunissant les meilleurs clubs d’Estonie, Lettonie et Lituanie ?

Je pense que l’idée est positive car ce championnat serait de meilleure qualité. Ce serait plus intéressant pour les supporters et les sponsors. Mais à une condition, les championnats nationaux ne peuvent continuer en parallèle. Ce championnat baltique devrait être uni et les places européennes devraient découler de ce championnat, et non plus des championnats nationaux. Sinon cette ligue baltique n’aurait aucun intérêt et les équipes mettraient leurs réserves. Il est difficile de dire comment cela pourrait être en réalité mais un tel format pourrait sans doute fonctionner et offrir de belles perspectives.

Vous êtes toujours le meilleur buteur de l’histoire de la Lettonie avec 29 buts. Que pensez-vous de la nouvelle génération avec des gars comme Sabala, le buteur du Skonto Riga ?

Sabala est un attaquant très talentueux. Il pourra sans doute battre mon record de buts en sélection de Lettonie. Il a une aisance naturelle en tant que buteur. S’il utilise bien ses qualités et travaille, il pourrait devenir une grande menace pour tous les adversaires de la Lettonie. J’espère qu’il pourra prouver son niveau dans un championnat de bon niveau en Europe. Il a tout ce qu’il faut pour réussir s’il fait les efforts nécessaires.

Liels paldies Maris !

Tristan Trasca


(1) – A ce sujet, vous pouvez lire ce fabuleux papier : http://futbolgrad.com/russian-language-in-latvian-football-an-uneasy-reality/

(2) – La mort du FK Liepajas Metalurgs expliquée en français : http://horsjeu.net/a-la-une/la-fin-du-fk-liepajas-metalurgs-histoire-de-lettonie/

(3) – La Baltic Cup est un tournoi amical entre quatre sélections avec la Lettonie, l’Estonie, la Finlande et la Lituanie : http://www.onenilup.com/baltics/latvia/item/158-liepaja-and-ventspils-to-host-baltic-cup-2014

(4) – L’histoire du football letton et notamment l’exploit de 2004 : http://horsjeu.net/fil-info/rendez-vous-en-terrains-connus-le-football-en-lettonie/