L’équipe nationale de Roumanie affrontera la France en match d’ouverture de l’Euro 2016. En vue de cet événement, l’équipe roumaine se construit, et pourrait bien compter sur ses jeunes joueurs pour faire la différence. Celui qui intéresse le plus les observateurs, c’est Florin Andone. Actuel meilleur buteur de son club, le Cordoba CF qui joue les premières places de la seconde division espagnole et vise une remontée en Liga, Florin Andone fait sensation en Espagne. Afin de mieux comprendre son état d’esprit et ses liens avec son pays d’origine, Footballski est allé à Cordoba le rencontrer au Stade Nuevo Arcangel.

Comment est ta vie ici à Cordoba, en comparaison aux autres villes espagnoles dans lesquelles tu as vécu ?

Vraiment calme. Je vis ici avec ma compagne, et je mène une vie très calme. Je mène une vie très professionnelle en réalité, complètement dédiée au football. En comparaison avec les autres villes, j’ai vécu par exemple à Palma de Majorque pendant un an quand je jouais aux Baléares, à l’Atlético, et c’est vrai que cela n’a rien à voir avec Cordoba. Là-bas il y a la plage, la mer, c’est un endroit très fréquenté où les gens vont et viennent. Ici c’est plus convivial, plus détendu. C’est une bonne chose. Mais je préférais vivre là-bas pour toutes ces raisons. C’est plus beau. Mais ici, je suis très bien aussi.

Je considère l’Espagne comme mon pays, et je suis très content d’être ici.

Comment t’entends-tu avec tes collègues ici au CCF ?

Très bien. Nous avons une relation très familiale, c’est une vraie communauté. Je pense que cela explique en partie la réussite du club cette saison. On est tous solidaires et c’est génial. Je m’entends bien avec tout le monde, je n’ai de problèmes avec personne. On a tous le même objectif au quotidien, ce qui est très important. C’est aussi pour cela que tout se passe pour le mieux.

La seule chose qui me lie aujourd’hui à la Roumanie, c’est la sélection nationale.

Tu es arrivé très jeune en Espagne. Quelle relation entretiens-tu aujourd’hui avec ton pays d’origine la Roumanie ?

Je suis arrivé en Espagne à l’âge de douze ans. Mon père est décédé quand j’avais dix ans, et ma mère a rencontré quelqu’un d’autre, roumain aussi, qui est aujourd’hui mon beau-père. Un an après leur rencontre, nous sommes venus en Espagne, mon frère, ma mère et moi. J’ai vécu dans la région de Castillon dès mon arrivée. Cela fait déjà dix ans que je vis ici en Espagne, mais pas que pour le football. Je considère l’Espagne comme mon pays, et je suis très content d’être ici.

© Jorge Guerrero/AFP/Getty Images
© Jorge Guerrero/AFP/Getty Images

Concernant la Roumanie, je n’ai pratiquement aucun lien avec le pays. La seule chose qui me lie aujourd’hui à la Roumanie, c’est la sélection nationale. Je suis très heureux d’être dans cette sélection, mais je ne vais quasiment pas en Roumanie en dehors des rencontres, je n’entretiens pas de relations avec des gens vivant en Roumanie actuellement. J’ai été élevé ici en Espagne, j’ai mes amis ici, ma vie professionnelle aussi, ma famille vit à Castillon… Il n’y a rien qui me manque qui serait en Roumanie, et même si j’y suis né, l’Espagne reste mon pays à mes yeux. J’ai encore un peu de famille en Roumanie, mais je suis très bien ici.

Dans le football, tu rencontres beaucoup de personnes mais c’est difficile de trouver de véritables amis.

As-tu des liens avec des joueurs roumains ou évoluant dans le championnat roumain ?

Oui, je connais ceux qui sont dans l’équipe nationale, mais c’est une relation simplement cordiale, mais pas aussi forte qu’avec mes collègues de Cordoba. Je n’ai pas de relation avec eux, je ne leur parle pas en dehors de la sélection, c’est une amitié professionnelle que j’entretiens avec eux. Après les matchs, je rentre en Espagne, j’ai toute ma vie ici. Même si je m’entends très bien avec certains, par exemple Razvan Raț qui est capitaine de la sélection. On s’appelle de temps en temps, il prend de mes nouvelles, j’ai suivi son opération récente à l’épaule… Mais à part lui et une ou deux autres personnes, c’est tout ce que je conserve comme relation avec les joueurs roumains. Dans le football, tu rencontres beaucoup de personnes mais c’est difficile de trouver de véritables amis. L’objectif reste avant tout professionnel, et j’essaie de ne pas prendre de risques.

Aimerais-tu aller jouer un jour en Roumanie ?

Pas pour l’instant, non. Pour l’instant je suis très bien ici, j’aimerais rester en Espagne toute ma vie. Comme je l’ai déjà mentionné, l’Espagne, c’est mon pays. Ce n’est pas que lié au football, quand je sors dans la rue je me sens bien ici. Je parle bien la langue, les gens sont très agréables… La Roumanie est un pays différent : moi j’ai été élevé ici, j’aime le mode de vie d’ici, et si cela ne dépendait que de moi, je jouerais ici toute ma vie.

Es-tu content du tirage de la Roumanie pour l’Euro, notamment le match d’ouverture face à la France ?

Cela sera un match difficile. Je ne peux pas dire que je suis content, j’aurais aimé jouer contre une autre équipe car l’équipe de France est une grande sélection, les joueurs français sont de classe internationale… Mais il faudra y passer, on verra comment cela se passera une fois arrivé en France, et on fera tout pour gagner ce premier match. On doit garder à l’esprit qu’il faut tout faire pour gagner, et même si il serait probable que nous perdions, nous avons nos atouts et on fera notre maximum afin d’obtenir un résultat favorable.

BOLOGNA, ITALY - NOVEMBER 17: Florin Andone of Romania #9 celebrates after scoring the second goal during the international friendly match between Italy and Romania at Stadio Renato Dall'Ara on November 17, 2015 in Bologna, Italy. (Photo by Claudio Villa/Getty Images)
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Que penses-tu des chances de qualification de la Roumanie dans ce groupe ?

Je crois que nous avons nos chances. Même si le favori reste bien sûr la France, avec la Suisse et l’Albanie tout reste possible. Si cela dépendait de moi, je souhaiterais évidemment que nous sortions premiers du groupe, et je pense que l’équipe s’est beaucoup améliorée depuis ces dernières années et est maintenant difficile à battre. Mais il faut rester conscient que la France a une très bonne équipe et je serais content si nous pouvions arracher la deuxième place. Si nous arrivions seconds, nous passerions les phases de poules et nous pourrions nous qualifier, ce qui serait très satisfaisant et à la hauteur des espoirs placés en nous par les supporters.

Si je devais te citer un club que j’admire, c’est le CCF car c’est lui qui me permet de vivre aujourd’hui, d’être connu.

Que penses-tu de l’état actuel du championnat roumain ? Le suis-tu ?

Quasiment pas. Je suis le classement, je regarde de temps en temps les statistiques des joueurs, des buteurs, etc. mais je ne regarde pas les matchs de Liga I. Toutefois c’est aussi le cas pour le championnat espagnol, je regarde très peu de football. Moi ce qui m’intéresse, c’est de jouer. Évidemment, je manque rarement les clasico, mais je ne regarde pas les Levante – Rayo Vallecano, cela ne m’intéresse pas.

Atletico Madrid's Uruguayan defender Jose Maria Gimenez (topL) vies with Cordoba's Romanian forward Florin Andone during during the Spanish league football match Cordoba CF vs Club Atletico de Madrid at El Nuevo Arcangel stadium in Cordoba on April 4, 2015. AFP PHOTO/ JORGE GUERRERO (Photo credit should read Jorge Guerrero/AFP/Getty Images)
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J’aime cependant en Roumanie le Rapid București, qui est en seconde division. C’était le club que je supportais quand j’étais plus jeune en Roumanie. Mais maintenant, en grandissant, tu te rends compte que ces équipes que tu supportes ne t’apportent rien de concret. C’est pas eux qui vont te permettre de manger, c’est toi et ton travail qui te permettent de vivre, l’équipe dans laquelle tu joues. Quand tu es petit, tu dis « wow » à tout : « wow, le Real, wow le Barça »… Tu te berces énormément d’illusions. Mais quand tu es plus âgé, ce n’est plus la même chose. Donc si je devais te citer un club que j’admire, c’est le CCF car c’est lui qui me permet de vivre aujourd’hui, d’être connu. Donc, aujourd’hui, je suis à la fois joueur et supporter du Cordoba.

Penses-tu à la montée en première division cette saison avec le CCF ? Penses-tu que cela serait une bonne opportunité pour toi de te faire connaître à l’Espagne et au monde ?

Les chances de montée du CCF sont fortes. Nous avons un bon collectif, un groupe très uni, le club s’est amélioré par rapport à l’année passée et je pense que les choses sont de bon augure pour accéder à la première division. Il nous reste une quinzaine de journées encore, beaucoup de choses peuvent se passer : on peut passer de la dixième à la première place très rapidement, on ne peut pas prévoir ce qui va se passer en Liga Adelante. Mais j’ai confiance en nos chances, pour moi ce qui importe c’est d’être premier. Pas forcément monter, mais de terminer premier. Je veux gagner la Liga et monter avec le CCF, je ne vois pas d’équipes bien meilleures que nous dans le championnat, il y a simplement des jours avec et des jours sans. Mais en ce qui nous concerne, je pense que nous avons toutes nos chances. Concernant ma carrière, je pense que c’est une année qui pourrait s’avérer décisive. Aussi bien pour jouer, avoir du temps de jeu, réussir ce que j’entreprends… et aussi bien achever mes objectifs en tant que joueur et en tant que personne. Je pense qu’un joueur s’améliore seulement quand il joue, si il ne joue pas il va stagner toute sa vie. Tu peux être au Real sans jouer, tu serais mieux à jouer à Levante. Ici j’ai la possibilité d’évoluer, et je pense pouvoir faire encore mieux.

Hadrian Stoian, interprétation de l’espagnol par Anaïs B


Image à la une : © Hadrian Stoian / Footballski

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