Footballski a eu l’occasion d’échanger avec Benjamin Morel, désormais ancien joueur du NK Domzale. Un joueur au parcours atypique, n’ayant connu aucun centre de formation, passé par petits boulots, CFA et DH avant de signer avec le Stade Malherbe de Caen. Ce dernier a réussi à lancer sa carrière à l’Est par l’intermédiaire d’un service internet en ligne proposé par le site Foot National. Interview avec un passionné du ballon rond.

Cette interview a été réalisée avant que Benjamin ne quitte Domzale il y a quelques jours d’un commun accord pour revenir dans sa Normandie de cœur s’occuper de sa famille.

Comment es-tu arrivé au foot ?

Au début, avec mon grand frère gardien de but. Je lui faisais des frappes dans le jardin. On jouait avec les grands aussi, pas loin de là où on habitait. Je jouais dans les petits clubs amateurs de la banlieue de Caen en CFA2, DH. J’ai signé tard à Malherbe, vers 22 ans. À un moment donné, l’entraîneur de mon club en CFA2  était ami avec le directeur du centre de formation de Caen et il avait proposé de me prendre à l’entraînement. Je leur ai plu, donc ils m’ont proposé un contrat amateur. J’ai joué en CFA au départ et six mois plus tard, j’ai signé pro. Je ne suis pas passé un centre de formation, mais, au final, je pense que ce n’est pas forcément l’idéal de ne faire que du centre de formation. À la base, c’est bien quand tu es dedans, mais les joueurs sont dans une bulle. Quand ils sont remerciés, ils voient ce qu’est la vraie vie. Et c’est difficile pour les jeunes qui sortent de ces centres. J’ai des amis sur lesquels trop d’espoirs ont été fondés ; quand ça n’allait plus, ils se sont retrouvés tout seuls. Après ça, c’est dur de se reconstruire.

J’ai connu la vie active. J’ai bossé dans le bâtiment, en commençant par la peinture, puis l’étanchéité.

Tu bossais, toi ?

Oui, j’ai connu la vie active. J’ai bossé dans le bâtiment, en commençant par la peinture, puis l’étanchéité. Après, j’ai arrêté. Je me suis mis dans la tête qu’il y avait moyen de gagner ma vie qu’avec le football grâce aux contrats CAE en amateur. J’ai commencé à gagner ma vie par le football dans les divisions inférieures.

Du coup, tu es arrivé à Caen.

J’ai fait 8 matchs en Ligue 1 avec Caen, 15 à Clermont en Ligue 2 avant la dégringolade à Amiens. Le club venait de descendre en National et beaucoup de joueurs venaient d’arriver. Les résultats n’étaient pas là, l’ambiance était mauvaise. J’ai été viré pour faute grave, mais cela ne s’est pas passé comme on peut le dire. Dans ces cas-là, c’est la parole du joueur contre la parole du président. La preuve, il n’est jamais venu  aux entretiens préalables.

Quand on est passé devant la commission, il ne s’est même pas déplacé, rien. En plus, il savait très bien que je ne trouverais rien derrière. Et pas qu’en France. Des clubs belges et même un club bulgare s’étaient renseignés sur moi. Ils avaient appelé Amiens qui leur avait dit de ne pas me prendre. Après je suis rentré chez moi en Basse-Normandie, à Bayeux, pour garder la forme. Mais ce n’était pas trop ça, je n’avais pas le moral. Quand t’appelles les clubs, ils te disent tous la même chose, c’est décevant. Puis je suis allé à Granville avec un coach que je connaissais de nom. Il y avait un ancien pro qui était arrivé à Malherbe comme moi et qui a un peu le même caractère que moi, un battant avec une mauvaise image. Deux autres anciens pros étaient venus : un gardien et un milieu. On avait une belle équipe, en DH.

Le projet était de monter en CFA sur 4 ans. On a fini avec 20 points d’avance, meilleure attaque, meilleure défense. Le club était amateur, mais avec un fonctionnement de National, même un préparateur physique et on s’entraînait tous les jours. Cela m’a redonné le goût du football, de l’effort, de l’envie. Le projet marche toujours d’ailleurs. Ils sont actuellement en CFA avec un beau parcours en coupe l’an dernier contre Marseille. Je les suis toujours !

Comment t’es tu retrouvé en Slovénie après ça ?

Le coach de Domzale, Luka Elsner, a vécu en France une dizaine d’années. Il parle français comme toi et moi. Il travaille avec le site footnational en France. Il a des contacts là-bas et fait venir des joueurs français à l’essai. Le club n’a pas les moyens alors il mise sur des joueurs à relancer qui sont en train de louper leur carrière. Mon agent avait mis mon CV en ligne sur le site et Elsner m’a contacté trois jours plus tard. On a parlé de ce qu’il s’est passé avec Amiens et il m’a dit : «Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, cela ne me regarde pas. Je crois que tu as droit à une deuxième chance.» Tout de suite, il m’a mis en confiance en me disant que ce qui lui importe c’est le présent, pas le passé. C’était le premier à me donner ce discours, alors qu’habituellement on me disait toujours que, malgré mes qualités de joueurs de foot, j’étais ingérable.

© rtvslo.si
© rtvslo.si

Et cet essai alors ?

Je me suis dit : « je n’ai rien à perdre, je vais faire un essai. » Qui s’est plutôt bien passé malgré la barrière de la langue étant donné que je ne parlais pas du tout anglais en arrivant. Le coach parlait français donc ça allait, je passais par lui. Et même avec cette barrière, les joueurs du groupe étaient ouverts. Ils n’hésitaient pas à venir vers moi en essayant de se faire comprendre, à me demander si tout allait bien pour moi. C’était cool de leur part. L’essai a été concluant, ils m’ont proposé un contrat d’un an. J’ai accepté directement. Pourtant, je n’ai pas eu de chance lors de ce stage, qui était en fait une pré-saison. Quand je suis arrivé, on a joué un match amical en Croatie, j’ai joué une mi-temps. Sauf que je n’avais pas de préparation, j’étais en vacances à Marrakech quand ils m’ont appelé pour venir à l’essai ! J’étais rentré en catastrophe en France pour prendre mes affaires. Dès le lendemain, je partais pour la Slovénie. C’était un peu chaud. Heureusement, ça s’est bien passé pour moi. On perd 2-1, mais je marque et je livre une bonne prestation. Puis, j’attrape un virus de fatigue, avec le changement de nourriture aussi. Pendant cinq jours, j’étais au lit. J’ai repris l’entraînement deux jours et j’ai refait un match amical où j’ai été moyen. Mais le coach a apprécié ce que j’avais fait à l’entraînement. Il avait parlé avec le président et l’histoire s’est bien finie.

Comment se sont passés tes débuts slovènes ?

J’ai dû faire une préparation entière vu que j’étais en retard sur les autres. En plus, je venais de la DH, donc le rythme n’avait rien à voir. Surtout qu’ici, techniquement, c’est bon et il faut être vachement prêt physiquement. Il n’y a pas souvent de temps mort. Si tu n’es pas prêt physiquement, tu ne pourras rien faire ici. Je ne faisais que des bouts de matchs, 5, 10 minutes. Puis dès que j’ai été prêt physiquement, je n’ai plus quitté l’équipe. En décembre, ils m’ont proposé une prolongation de contrat et j’ai prolongé pour deux ans de plus.

J’ai eu de la chance de tomber dans un bon pays, avec de bons mecs pour ma première expérience à l’étranger.

Ton arrivée au pays ?

Pour être franc, je ne connaissais pas du tout la Slovénie. Je me demandais même où c’était. Quand j’ai regardé sur la carte, j’ai vu que c’était entre l’Italie, la Croatie, l’Autriche. Je me suis dit : «Ah tiens, ce n’est pas si loin que ça !» C’est un petit pays de 2 millions d’habitants, mais c’est hyper agréable d’y vivre. Tout le monde parle anglais, que ce soit à la station-service, au café, … C’est d’ailleurs en écoutant les gens et en essayant de parler que j’ai appris l’anglais. Comme ça, sur le tas. Je n’ai jamais pris de cours ! Le fait que les gens soient ouverts et agréables m’a beaucoup aidé.

Ici, tous les étrangers sont bien reçus. Que ce soit moi ou d’autres. Les gars de l’équipe sont vraiment ouverts. L’ambiance s’est faite tout seul. Je me suis fait plein d’amis. Pour mon pot de départ, les gars étaient tous venus, m’avaient tous payés un petit truc. C’était super gentil de leur part. Quand j’étais en Bulgarie, on s’appelait, on se donnait des nouvelles. Et quand je suis revenu, ils étaient tous contents. Ce sont vraiment des bons mecs. Même quand t’as besoin de quelque chose, tu peux leur demander, ils viennent avec toi, prennent le soin de bien t’expliquer ou d’appeler pour toi. J’ai eu de la chance de tomber dans un bon pays, avec de bons mecs pour ma première expérience à l’étranger.

J’ai été convoqué dans le bureau et on me dit qu’il faut qu’on se sépare à l’amiable, que c’est mieux pour tout le monde. […] Ici, tout dépend de ton agent, si t’as une valeur marchande ou non. Je pense que ça avait joué en ma défaveur. Mais je ne devais pas être un si mauvais garçon puisqu’ils m’ont rappelé six mois plus tard…

L’idylle s’est pourtant terminée une première fois avec une embrouille dans les vestiaires ?

Après un match chez nous contre Maribor, on était un peu à cran. L’attaquant Antonio Mance m’avait mal parlé pendant le match et je lui avais dit qu’on se verrait dans le vestiaire après le match. Il est venu direct après le match me casser la tête. J’avais joué tout le match, lui avait été sorti avant. Il voulait me parler dès le coup de sifflet final. Je lui ai dit, «attend on va parler après, dans le vestiaire, t’inquiètes pas !» Il a commencé à mal me parler, je l’ai poussé et il a essayé de me mettre un coup de pied. Les autres l’ont rattrapé. Sauf qu’on avait oublié qu’il y avait des caméras. Bon, le coach m’avait dit qu’il avait vu tout ce qu’il s’était passé. Donc, je ne m’inquiétais pas trop. Le lendemain, j’ai été convoqué dans le bureau. On me dit qu’il faut qu’on se sépare à l’amiable, que c’est mieux pour tout le monde. Alors que la veille, ils me disaient que c’était de sa faute, qu’il avait de mauvaises réactions. Ici, tout dépend de ton agent, si t’as une valeur marchande ou non. Je pense que ça avait joué en ma défaveur. Mais je ne devais pas être un si mauvais garçon puisqu’ils m’ont rappelé six mois plus tard…

Le coach m’a pris dans le bureau le jour même de la rupture pour me dire de continuer dans le football, que j’avais d’énormes qualités, de ne rien lâcher. Il avait aussi étudié des pistes pour moi. C’était gentil de sa part. On a toujours eu une bonne relation.

C’est plutôt avec le président que ça ne se passait pas bien ?

Le président, pour ne pas se mentir, on ne le voit quasiment jamais. Il nous a un peu parlé en début de saison et pour l’Europa League, mais sinon… Le directeur sportif c’est pareil. Ils ne prennent pas la parole, ne viennent pas dans le vestiaire.

Cette rupture de contrat, ce n’était pas un moyen de te faire partir à cause des problèmes financiers du club ?

En fait, si tu veux, ici, il n’y a pas vraiment de problèmes d’argent. Quoi qu’il arrive, tu auras ton salaire. Quand il y a des retards sur les salaires, c’est parce que le club ne veut jamais être dans le négatif. Dans ce cas, il attend d’avoir des rentrées d’argent pour payer les joueurs. Cette saison, cela ne devrait plus arriver avec le parcours que l’on a fait en Europa League et les transferts, comme notre capitaine qui est parti en Turquie pour un bon prix.

J’étais dans la chambre avec un Bulgare lors des mises au vert. Pendant deux jours, on ne s’est pas décroché un mot ! Franchement, tu n’as même pas envie d’y aller dans ces conditions.

Entre la rupture de contrat et cette nouvelle saison, tu es parti en Bulgarie pour six mois. Cela s’est mal passé ?

On m’a proposé Beroe, à l’essai. J’avais des pistes au Kazakhstan, mais rien de concret ou qui aurait abouti, donc je suis parti faire l’essai. Tout de suite, j’ai compris que quelque chose ne tournait pas rond. Déjà, l’agent me dit : « tu vas là-bas pour faire un essai de trois jours. » C’est ce que je fais ; une fois que c’est fini je rappelle l’agent en lui demandant des retours. Il me dit qu’ils souhaitent que je joue en amical le lendemain. Je ne voulais pas, car c’est risqué. Si je me blesse, je suis cuit. Je l’avais pourtant dit avant à l’agent en question.

Au final, on a une réunion avec l’agent et les deux coachs. Et là, j’apprends que l’agent qui m’a envoyé ici était au courant qu’il fallait que je joue. Il a essayé de me mettre une disquette. Bref, je décide de jouer une mi-temps, ça se passe bien. On me signale qu’en attendant qu’ils prennent la décision je peux rentrer en France, ça a duré une semaine. Ils n’ont chipoté pour pas grand-chose. J’ai signé là-bas parce que je n’avais rien et on était le 28 janvier.

J’arrive et on part 10 jours en Turquie. Cela faisait deux mois que je n’avais plus joué, je n’avais pas de préparation dans les jambes. J’ai demandé à en faire une, on m’a répondu que je n’en avais pas besoin. Or, j’ai besoin d’être prêt physiquement pour exprimer mon potentiel. Si je ne suis pas au point physiquement, ma technique ne me sert à rien : mes dribbles ne passent pas, mes passes ne sont pas fluides. Donc, je n’étais pas prêt pour la reprise. Là-bas, en plus, personne ne parlait anglais ni le coach ni le coach adjoint ! Les joueurs n’étaient pas du tout ouverts, ils ne me parlaient jamais. C’était Igor Djoman, un Franco-Ivoirien qui parlait un peu le bulgare, qui me traduisait. Une fois ou deux, quand Igor était suspendu, j’étais dans la chambre avec un Bulgare lors des mises au vert. Pendant deux jours, on ne s’est pas décroché un mot ! Franchement, tu n’as même pas envie d’y aller dans ces conditions.

Globalement, je n’en retire quand même pas beaucoup de positif. À la fin, je prétextais des excuses pour ne plus aller aux mises au vert tellement je n’avais aucune affinité là bas. Me taper cinq heures de bus pour rester enfermé dans l’hôtel et ne pas jouer une minute.

En plus, tu as peu joué.

35 minutes en 4 mois ! Dont 25 contre l’équipe à Mathias Coureur. Puis avec les mauvais résultats, le coach s’est fait virer. Les supporters commençaient à foutre le bordel, à bloquer les joueurs. Le seul avantage, c’est que l’on était payé en temps et en heure. À côté du foot, j’étais avec ma copine, mais on n’a pas trop bougé. C’était galère, je n’avais pas voiture, je me déplaçais en taxi. Globalement, je n’en retire quand même pas beaucoup de positif. À la fin, je prétextais des excuses pour ne plus aller aux mises au vert tellement je n’avais aucune affinité là bas. Me taper cinq heures de bus pour rester enfermé dans l’hôtel et ne pas jouer une minute, pfff…

Pour te montrer la confiance qu’ils me montraient, on a joué le match du centenaire contre le Partizan. L’attaquant ne voulait pas jouer, alors ils se sont dit « On va mettre Benjamin ! » C’est trop facile, lui ne veut plus jouer pour vous, alors on me met. Puis après, quand il a voulu rejouer, ils l’ont remis. Heureusement, j’avais signé un contrat pour six mois. Je savais qu’il fallait que je me méfie de la Bulgarie. J’avais des copains qui y étaient, ils m’avaient dit de ne pas m’inquiéter financièrement, mais plutôt pour l’ambiance.

Et du coup tu es revenu à Domzale sans que personne ne s’y attende. Comment cela s’est passé après l’embrouille qu’il y avait eu ?

Au mois d’avril, le coach Elsner avec qui j’avais gardé contact m’a demandé comment ça allait. Je lui ai dit que ce n’était pas génial, que je voulais bouger. Il m’a demandé si j’étais prêt à retourner en Slovénie. Direct, je lui ai dit oui. Il est allé en parler au directeur sportif et au président qui m’ont accepté. Voilà comme ça s’est passé. J’étais super content, ici je me sens vraiment bien, il y a beaucoup de gens que j’apprécie beaucoup. La relation avec le coach est facile, en plus il me parle français. Pour les consignes collectives, il les donne en slovène. Globalement, je comprends, mais si ce n’est pas clair pour moi, il y aura toujours quelqu’un pour me traduire. Automatiquement, un joueur ou un préparateur physique se met à côté de moi pour m’aider. En Bulgarie, personne ne traduisait, rien !

À Koper, Celje, tu as un public de spectateurs, pas de supporters. Ils commentent le match. Ils ne chantent pas, rien. À Domzale, c’est pareil il n’y a aucun groupe de supporters, que des spectateurs.

L’attaquant avec qui tu t’étais embrouillé était toujours là ?

Oui, je lui ai envoyé un message en lui disant que j’allais surement revenir, que ce qui s’est passé était fini, qu’on avait chacun nos torts. Il m’a dit que c’était oublié et qu’il était content que je revienne. Ça c’est super bien passé. C’était une petite dispute d’après match, tu sais, le genre après qu’on ne te donne pas le ballon par exemple… Après les médias l’amplifient en x1000. Ce genre de trucs qui se passent trois fois par semaine à l’entraînement, mais qui ne pardonnent pas quand tu le fais en match prit par une caméra.

Par rapport à l’atmosphère, c’était comment en Bulgarie ? Mieux qu’en Slovénie, non ?

Notre club avait un groupe de supporters qui mettait l’ambiance, c’était sympa. Mais ce que j’ai adoré, c’était en demi-finales de la coupe de Bulgarie quand on affrontait le CSKA. J’étais dans les tribunes, bien placé. J’ai pris plein de vidéos. Le feu !

C’est vrai que c’est un peu dommage qu’en Slovénie il n’y a pas grand monde dans les stades. C’est un pays de foot, mais les gens ne viennent pas trop au stade. Les supporters de Ljubljana sont pas mal. À Koper, Celje, tu as un public de spectateurs, pas de supporters. Ils commentent le match. Ils ne chantent pas, rien. À Domzale, c’est pareil il n’y a aucun groupe de supporters, que des spectateurs. Après je préfère mille fois être ici qu’en Bulgarie.

Et les pelouses slovènes ?

Ça reste correct. La plus mauvaise pelouse était à Zavrc et ils sont descendus en D2. Ils ont construit un nouveau stade, mais la pelouse est restée celle d’avant. Horrible (rires). À la base, ils se sont maintenus en barrage, mais ils n’ont pas voulu payer la licence donc ils ont été rétrogradés en ligue 2.

Pas mal de suiveurs de l’équipe m’arrêtent pour me parler du match passé ou à venir. C’est plaisant d’échanger avec eux, d’avoir leurs points de vue. De toute façon, quand des gens veulent me parler dans la rue ou aux abords du stade, je suis toujours ouvert à la discussion.

Vous avez une rivalité avec d’autres clubs ?

Avec l’Olimpija, vu qu’on est à 5 minutes de Ljubljana. Maribor et eux racontent pas mal de choses dans les journaux, que l’on est un petit club, … Ils énervent tout le monde ici, car ils n’arrivent pas à reconnaître le travail accompli et les résultats. Après, de grands duels, non. Ce n’est pas comme Maribor et l’Olimpija. Eux, ils se rentrent dedans.

Tu discutes avec les gens qui vous suivent ?

Je pense que beaucoup de gens me reconnaissent, car la Slovénie est un petit pays ; alors Domzale, je ne t’en parle pas. Tout le monde se connait. Pas mal de suiveurs de l’équipe m’arrêtent pour me parler du match passé ou à venir. C’est plaisant d’échanger avec eux, d’avoir leurs points de vue. De toute façon, quand des gens veulent me parler dans la rue ou aux abords du stade, je suis toujours ouvert à la discussion, s’ils parlent anglais. Même en slovène on peut se débrouiller, je comprends quelques mots et des gens peuvent me traduire. J’ai essayé d’apprendre le slovène, mais c’est très compliqué, ils conjuguent tout. Comme la plupart des gens parlent anglais, c’est vrai que je ne suis pas dans la nécessité de parler slovène.

T’as pas 10 chances dans ta vie de jouer West Ham, donc tu donnes tout. Dans leur nouveau stade en plus. […] Tout était parfait. Déjà à l’échauffement il y avait beaucoup de monde, comme c’était l’inauguration. Quand t’es dans le tunnel, prêt à rentrer, tu entends les 55 000 supporters chanter le «I’m Forever Blowing Bubbles» ensemble. C’est vraiment grandiose.

Tu n’envisages pas de monter d’un grade en Slovénie, à l’Olimpija ou Maribor ?

Je n’ai jamais eu de contact. Ça aurait pu quand tu vois que Maribor a pris que des locaux cette année. De bons joueurs, mais pas exceptionnels. La plupart ont des stats moins élevées que les miennes quand j’ai quitté la Slovénie. Après ce sont des choix des entraîneurs et directeurs sportifs.

© Grega Wernig
© Grega Wernig

Comment as-tu vécu la coupe d’Europe cette année ?

Franchement, c’était un truc de fou. Déjà quand tu passes le premier tour, t’es super content ! On a joué contre une équipe d’Andorre, du coup on était super content car on est passé au deuxième tour, pas comme l’année d’avant. On a voyagé encore, en Biélorussie, en jouant contre une bonne équipe. Les mecs étaient costauds physiquement. Cela nous permet de voir d’autres équipes. On a réussi à les battre chez nous 2-1 et à faire nul là bas. Avant de jouer le match, on savait contre qui on allait jouer au prochain tour : West Ham. T’as pas 10 chances dans ta vie de jouer West Ham, donc tu donnes tout. Dans leur nouveau stade en plus. On devait jouer le match aller chez eux, mais ils ont demandé à notre club d’inverser pour faire l’inauguration au Stade Olympique. Bien sûr, on a accepté. Même quand ils sont venus à Ljubljana, il y avait une grosse ambiance avec beaucoup de monde. Quand c’est comme ça, tu te sens footballeur, contrairement à quand tu joues en championnat. Quand on est allé là-bas pour jouer le match retour …. c’est juste magnifique. Un stade flambant neuf, une pelouse … tu te demandes si c’est vraiment une pelouse. Tout était parfait. Déjà à l’échauffement il y avait beaucoup de monde, comme c’était l’inauguration. Quand t’es dans le tunnel, prêt à rentrer, tu entends les 55 000 supporters chanter le «I’m Forever Blowing Bubbles» ensemble. C’est vraiment grandiose.

Le club vous avait payé un bon hôtel au moins ?

Ah oui, on avait un hôtel 5 étoiles dans Londres. Au centre-ville, il y avait tout ce qu’il faut. C’était le top. C’est vrai qu’en Ligue 1, même à Caen, j’étais habitué à de bons petits trucs. Quand on allait jouer à Monaco, on avait un bon hôtel, un bon stade. Puis, le prestige. Le football est beaucoup plus populaire en France qu’en Slovénie, donc les moyens ne sont pas les mêmes. Mais franchement, ça ne m’a pas fait trop bizarre, je n’ai pas pensé au décalage. Grâce à ce qui s’est passé en France, j’ai pu découvrir cette expérience. En France, des mecs qui ont des carrières de 10, 12 ans n’ont même pas un match d’Europa League dans les jambes. J’ai eu la chance de jouer dans cette compétition, de battre West Ham au match aller, qu’on aurait du gagner plus largement d’ailleurs. Au final, il y en a pas beaucoup qui peuvent dire ça. Une expérience de dingue, ça servira pour le futur.

Les U19, U17, U15 de chez nous ont fini champion l’an dernier. Quand j’ai un peu de temps, je regarde les matchs des jeunes, c’est intéressant. La plupart sont chez nous depuis des années. Ce n’est donc pas un recrutement, mais les méthodes de travail à la formation qui sont performantes.

Quelles sont les ambitions pour cette saison ?

Minimum, finir dans les trois premiers. Chaque année, le but est d’être européen. Avant notre défaite contre Olimpija, on proposait le meilleur football de Slovénie. Quand tu vois Maribor, ils ne sont pas bons. On a un coup à jouer, mais Maribor comme l’Olimpija ont un budget qui leur permet de recruter s’ils sont moins bien. Par exemple, Maribor a repris le petit Zahovic donc ce sont des clubs qui peuvent se permettre ce genre de coup. Nous, ce sont uniquement des joueurs gratuits qui viennent. Pour te donner un exemple, le plus bas salaire à l’Olimpija doit être de 5 000€ par mois. À Domzale, c’est à peine le plus haut. Mais au-delà de ça, on a vraiment un groupe sain. Cette année, notre effectif pro est composé de 24 joueurs. Même si certains ne jouent pas, ils ne vont pas mettre des bâtons dans les roues de ceux qui jouent ou mettre de l’agressivité à l’entraînement.

Tu ne penses pas que ça va changer avec l’exposition ?

Honnêtement, je ne pense pas. Ce n’est pas la politique du club. Ils préfèrent donner leur chance aux jeunes. Domzale est un gros club formateur. On est premiers en finissant devant Maribor et l’Olimpija dans chaque catégorie quasiment. Les U19, U17, U15 de chez nous ont fini champion l’an dernier. Quand j’ai un peu de temps, je regarde les matchs des jeunes, c’est intéressant. La plupart sont chez nous depuis des années. Ce n’est donc pas un recrutement, mais les méthodes de travail à la formation qui sont performantes.

© Grega Wernig
© Grega Wernig

Environ, trois d’entre eux passent pros chaque année et beaucoup sont incorporés à notre entraînement pendant la saison. Au final, le club a sorti beaucoup de jeunes qui ont été vendus par la suite. Depuis que je suis arrivé, il y a eu 12 joueurs qui sont partis. En fait, tout a changé avec l’arrivée du coach Elsner. On se qualifie toujours pour la coupe d’Europe, on a fait deux fois demi-finale de coupe de Slovénie. Il a la confiance de tout le club, c’était l’ancien capitaine de l’équipe. Les résultats parlent pour lui et il a ramené pas mal d’argent avec les ventes des joueurs. Alors qu’avant les coachs n’étaient pas super, il paraît, et le club était toujours dans le ventre mou.

Leur truc ce sont des musiques des Balkans à l’ancienne. Ce sont des chansons de vieux de 70 ans et ils sont tous à fond sur ça. C’est même pire que si tu mettais du Bruel en France.

Et au niveau des installations ?

Même si on n’a pas des installations dingues, il y a ce qu’il faut : un synthétique, deux terrains d’entraînement en herbe, un terrain principal. Pour ce qui est des soins, on a toutes les machines pour la récupération et le reste. On ne manque de rien.

Au-delà de ton club, j’ai l’impression que tu t’intéresses bien au foot slovène ?

C’est clair. Je m’intéresse à l’équipe nationale, d’autant plus que certains de mon équipe intègrent l’équipe nationale. Quand l’équipe de France ne joue pas en même temps, je regarde la Slovénie. Ça me permet de voir des copains qui sont partis. Je regarde aussi les équipes nationales où on a des jeunes prometteurs.

Il y a bien quelque chose qui te déplaît ici quand même ? Donne-moi une petite anecdote avant de finir l’interview !

Ils écoutent des musiques ici … Ce n’est pas possible ! Tu en écoutes deux , t’es mort ! Leur truc ce sont des musiques des Balkans à l’ancienne. Ce sont des chansons de vieux de 70 ans et ils sont tous à fond sur ça. C’est même pire que si tu mettais du Bruel en France. Du coup, je suis obligé de leur mettre du son français (rires).

Damien F.


Image à la une : © siol.net

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