Les problèmes financiers s’accumulent pour les clubs ukrainiens et le plus concerné en ce début de saison est le Metallurg Zaporozhye (ou Metalurg Zaporizhya en ukrainien). Ainsi, le management du club a annoncé son départ forcé, avec pour conséquences le fait que le club ne serait plus financé et qu’il se retirait donc du championnat. Depuis, de nombreuses forces sont utilisées en vue de maintenir le club en vie et, pour le moment, il va continuer au moins jusqu’à l’hiver avec des joueurs et un staff ayant accepté le fait de ne plus être payé à partir du 1er octobre.

Des difficultés prévisibles et prévues

Metalurg_Zaporizhia
© Wikipedia

Sportivement, tout n’était déjà pas rose pour le club de la ville des Cosaques Zaporogues ces dernières saisons. Il faut se souvenir que le club avait terminé dernier en 2013 et en 2014, seulement sauvé par le retrait financier ou politique (départ de la Crimée) de certains autres clubs ; mais il avait réussi l’an dernier à terminer à une septième place pour le moins inespérée. Le club a, de ce fait, vu partir certains de ses meilleurs éléments comme Rudyka et Lyopa, partis pour le non-moins en difficulté Metalist Kharkov ; et la saison 2015/2016 s’est ouverte difficilement. A ce jour, ils n’ont obtenu que trois points en tenant en échec le Metalist, le Vorskla (belle performance) ainsi que Goverla, une autre équipe de bas de tableau.

Historiquement, il s’agit d’une équipe assez jeune au plus haut niveau. Bien que fondée en 1935, elle n’a rejoint que dans les années 80 le deuxième échelon soviétique pour être promu en Première Ligue pour la dernière saison de ce championnat. Depuis, à une année près, elle n’a pas quitté le championnat d’Ukraine, sans toutefois ne faire mieux qu’une quatrième place ainsi qu’une finale de coupe dans son histoire.

Mais revenons-en aux problèmes actuels qui ne sont une surprise pour personne. Ainsi, des rumeurs faisaient déjà état d’une possible dissolution du club dès cet été mais celles-ci ont été démenties de manière assez opaque et peu crédible tant les acteurs concernés ne semblaient au courant de rien. Le 30 septembre, l’attaquant Ruslan Platon confirmait l’existence d’un état de confusion mais semblait optimiste, pensant que pour le 85e anniversaire du club, rien de catastrophique ne pourrait être annoncé. Nous n’étions pourtant que la veille de la décision qui allait bouleversé tout le football local. Il faut rappeler que nous sommes dans l’est de l’Ukraine où rien n’est facile pour le football actuellement : les voisins du Donbass sont confrontés à la guerre, le Kryvbas Kryvoy-Rog a disparu voilà deux années et seul le Dnipro surnage dans cette région industrielle (le Stal Dniprodzerzhinsk a lui pu accéder à l’UPL grâce à un concours de circonstance et une fusion avec l’expirant Metallurg Donetsk).

Soutien de la part des ultras du Metallist Kharkov
Soutien de la part des ultras du Metallist Kharkov | © Footballski

Il n’en fallait donc pas plus pour déclencher une mobilisation très forte, pour ne pas dire « hors du commun » pour du football en Ukraine en ces temps troublés. Le hashtag « #SaveFCMZ » est donc né et a été largement repris, comme à Kharkov où nous nous trouvions alors pour un match. Le soutien était également très visible dans la Slavutich Arena qui résonne assez souvent creux pourtant et l’entraîneur Anatolyi Chantsev déclarait justement qu’il n’avait jamais vu un tel soutien. De son côté, l’entraîneur de l’Olimpik Donetsk, sorti victorieux de la confrontation, déclarait : « le Metallurg a ce que nous n’avons pas, un vrai public« . Un beau compliment il est vrai, même s’il est difficile d’interpréter ses propos : faisait-il allusion au fait que l’Olimpik n’a pas de public à cause de la délocalisation et de la guerre ? Ou seulement car c’est un club jeune qui n’a jamais vraiment pu compter sur un soutien populaire dans la ville du Shakhtar et de « quasi-feu » le Metallurg (encore un !) ?

Un avenir incertain entre promesses et rebondissements

Le fait que le club se maintienne jusqu’en hiver était déjà indispensable pour une survie future pour la simple raison que nous sommes en période électorale en Ukraine. Des élections locales donc qui sont très importantes lorsque l’on sait que la plupart des équipes du pays ne survivent que grâce aux aides des pouvoirs politiques en place. C’est exactement pour cela que personne ne va s’avancer à aider le club avant d’être sûr d’être toujours aux commandes après les élections. C’est d’ailleurs ce qui pousse la mairie actuelle à l’immobilisme au moment même où le Metallurg menace de sombrer définitivement en emmenant avec lui le football professionnel de l’Oblast (maigre lot de consolation, les Zaporogues peuvent assister à la Slavutich-Arena aux matchs du Zorya Lugansk qui s’est délocalisé dans la cité).

Le club survit donc « grâce » à la mairie qui ne paye pourtant pas les joueurs comme déjà évoqué et les gens en coulisses s’activent pour sauver le club avec de nombreux appels « aux gens qui ne sont pas insensibles à la cause du club et de ses équipes de jeunes ». Et de nombreuses voix se sont faites entendre devant les caméras pour parler d’une possible aide voire reprise du club.

Mais visiblement il s’agit plus de vent et de promesses face-caméra pour se faire de la publicité que de propositions constructives pour sauver et reconstruire le club, ce dont ce dernier aurait besoin. Il n’y a donc pas d’offre concrète, comme l’annonçait encore hier le président Andrey Shevchuk. L’entraînement a même été annulé le 9 puis le 10 octobre ; et les joueurs sont donc en vacances car ils n’ont rien pour s’entraîner et ne sont pas payés comme nous l’avons déjà dit, ce qui représente plus particulièrement un problème pour ceux qui sont originaires de régions différentes.

Pourtant le Metallurg devrait se présenter sur le terrain à Odessa dimanche, à moins que d’autres rebondissements ne viennent perturber un club où décidément plus rien ne ressemble à de la tranquillité. L’UPL se retrouve donc confronté à la possible désertion d’un club alors que bien d’autres sont englués dans les problèmes (Metalist, Goverla, Chernomorets…). Les rêves d’un retour à 18 clubs ressemblent donc de plus en plus à un mirage pour la fédération qui pourrait bien devoir faire avec douze éléments pour la saison prochaine.

Adrien Laëthier


Photo à la une : © photofact

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