L’œil du recruteur revient et c’est toujours le même principe. Un rapport détaillé, technico-tactique d’un joueur de nos championnats, tous les quinze jours, qui mériterait de jouer à un niveau un peu plus élevé qu’il ne le fait actuellement. L’occasion aussi de vous faire découvrir un joueur qui pourrait débarquer dans un grand championnat d’ici quelques mois. Aujourd’hui, Panagiotis Retsos de l’Olympiakos.

PANAGIOTIS RETSOS

Nom complet : Panagiotis Retsos
Né le : 9 août 1998 à Athènes
Pays : Grèce
Taille : 1.85 m
Poste (pied) : Défenseur central
Autre(s) poste(s) : Latéral droit ou gauche
Club : Olympiakos – Superleague, Grèce
sélections, 0 but avec la Grèce U19

CARRIÈRE

La carrière de Panagiotis Retsos a véritablement pris une autre tournure le 25 août 2016. Ce soir-là, le jeune défenseur grec de 18 ans, qui n’a même pas son permis de conduire, était choisi par Paulo Bento pour occuper le couloir droit de la défense de l’Olympiakos face aux Portugais d’Arouca, dans un match ultra-important : le match retour du dernier tour des éliminatoires de l’Europa League. C’est-à-dire un match à énorme enjeu, puisque son club avait déjà lamentablement été sorti par l’Hapoel Be’er Sheva de la course à la Ligue des Champions, et n’avait déjà plus le droit à l’erreur. Et, fort d’une très belle prestation du haut de son tout jeune âge, le jeune Retsos avait impressionné. Il avait même fini en larmes au coup de sifflet final, dans les bras de François Modesto (le directeur sportif) en compagnie de son camarade et ami Giorgos Manthatis (19 ans), entré en jeu. Comme si la pression retombait subitement…

Jusque-là, sa carrière suivait un cheminement plutôt logique. Natif de la capitale grecque, le jeune homme d’1m85 a intégré les équipes de jeunes de l’Olympiakos assez vite, pour y progresser petit à petit. En 2014-2015, il se contente de quelques bancs en Youth League. L’année d’après, il participe aux 6 journées de celle-ci, participant aux deux victoires contre le Bayern et celle contre Arsenal avec ses camarades U19, qui manquent de peu la qualification. En parallèle, il gratte 3 bancs avec les pros, un en championnat, contre l’Atromitos, et deux autres lors des deux rencontres du quart de finale de Coupe de Grèce contre l’Asteras. Il a déjà un petit pied dans ce groupe très élargi, et effectue quelques entraînements avec l’équipe première. Son potentiel n’échappe à personne, et on l’annonce alors comme un espoir en devenir.

Mais c’est cette saison 2016-2017 qui marque son entrée dans le vrai. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Figueiras peu convaincant, De La Bella blessé : voilà Panagiotis Retsos installé dans le onze titulaire, à 18 piges à peine. Costaud. Très costaud, même, quand on connaît le peu de crédit accordé aux talents locaux par les différents coachs qui se succèdent à la tête du club. Mais Paulo Bento a confiance en lui. Et n’hésite pas à le réaligner après son retour de suspension suite à son carton rouge contre Panionios à la mi-octobre. 5 matchs de championnat, 2 d’Europa League (+1 d’éliminatoires) et 1 en Coupe : son temps de jeu ne cesse de croître. Et ça ne semble pas près de s’arrêter, vu la qualité de ses performances. Cela ne fait que commencer, même.

Niveau sélection, Panagiotis Retsos n’a pas brûlé les étapes. U16, puis u17, où il a notamment participé à l’Euro 2015, U18 et, enfin, U19 depuis mars dernier, où il porte désormais le brassard de capitaine sous les ordres de Giannis Goumas, avec une équipe qualifiée pour le prochain Tour Élite. Né en août 1998, il a encore le temps de voir venir de ce côté-là. Mais s’il parvient à s’installer durablement, le désert causé par la retraite internationale de José Holebas pourrait bien le mener chez les A assez rapidement.

Ⓒ Ayhan Mehmet / ANADOLU AGENCY
Ⓒ Ayhan Mehmet / ANADOLU AGENCY

UTILISATION ACTUELLE

Comme beaucoup de joueurs évoqués dans cette rubrique, Panagiotis Retsos évolue dans une équipe, l’Olympiakos, qui domine assez largement son sujet en championnat. Ce qui est, logiquement, moins le cas sur la scène européenne, bien que l’équipe grecque vise une qualification pour le tour suivant d’Europa League. Il est donc utile et nécessaire de dissocier les deux compétitions à l’heure d’analyser les performances et le rendement de ce joueur.

De base, Panagiotis Retsos est un défenseur central, axe droit pour être précis. C’est à ce poste qu’il a été formé, et où il semble le plus à l’aise, que ce soit dans les phases défensives comme offensives. Il a, par exemple, remplacé un Alberto Botia vite blessé dans l’axe central lors du match d’ouverture du championnat, contre Veria. Mais Paulo Bento joue aussi de sa polyvalence : c’est sur le côté gauche que Retsos s’est fixé, suite à la blessure de De La Bella. Paradoxal, pour un droitier qui a aussi évolué… à droite. Un véritable couteau suisse, que l’on peut placer partout en défense sans altérer son rendement. À l’aise avec son mauvais pied, il ne semble pas gêné par ce poste en « fausse patte ». En sélection, il évolue à son poste de prédilection : axe droit de la défense centrale.

En championnat, son équipe – l’Olympiakos – est assez dominatrice, et joue beaucoup de matchs sans réellement être mise en danger, du moins dans le jeu. Du coup, Retsos peut progresser de manière plus sereine, notamment en profitant des espaces et d’un pressing assez faible pour effectuer des relances propres, dans les pieds, en privilégiant le jeu court. De plus, évoluant le plus souvent dans le couloir gauche, il est à même de profiter de la domination et de la possession de son équipe pour se projeter vers l’avant et apporter le danger, tout en essayant de déborder pour centrer. Il est, par exemple, souvent trouvé dans des renversements de jeu rapides. Bien qu’il ne soit pas gaucher, il sait se rendre disponible et n’a pas forcément besoin de revenir sans cesse sur son pied droit pour passer, centrer ou tirer. On le voit aussi souvent dans la surface adverse, preuve qu’il n’hésite pas à monter pour tenter de marquer. Sur la scène européenne, le schéma est un peu différent. Sa tâche est plutôt défensive, à contenir les attaques adverses.

PROFIL

  • Malgré son jeune âge (18 ans), Panagiotis Retsos a un beau gabarit, culminant à 1,85 m. Indispensable pour un défenseur central actuel, notamment pour être efficace dans le duel aérien. S’il semble encore un peu frêle, il n’est pas bougé ni dominé dans l’impact. Nul doute qu’il prendra du coffre et de l’épaisseur physique avec le temps, surtout s’il rejoint un championnat où cet aspect est plus important qu’il peut l’être en Superleague grecque. Mais sa croissance n’est peut-être pas encore terminée…
  • Comme évoqué plus haut, Retsos peut occuper tous les postes de la défense (il l’a déjà fait), ce qui lui confère un profil plutôt avantageux, surtout quand on prend en compte en considération son très jeune âge et l’énorme marge de progression dont il dispose. Pour résumer, c’est un diamant brut qui est en train d’être poli. Qui doit encore l’être. Droitier, mais capable de jouer à gauche, il est très utile pour un entraîneur qui souhaiterait disposer d’une solution de rechange en défense.
  • Malgré sa tête d’enfant de 12 ans et son air enfantin, Retsos fait preuve d’une grosse maturité. Lancé à un moment difficile de l’Olympiakos, il a su transformer la pression qui pesait sur ses épaules en trac positif. En réussissant son baptême du feu dans un environnement où le moindre match raté peut être fatal, et où les coachs sautent très vite si les choses tournent mal, le jeune défenseur s’est déjà blindé, en témoigne son match XXL lors du derby bouillant contre le Pana. Lancé depuis plusieurs matchs maintenant, il semble parfaitement intégré dans le collectif, et n’hésite pas à conseiller et replacer des joueurs plus expérimentés et plus âgés que lui.
  • Que ce soit avec Marco Silva, Victor Sanchez ou Paulo Bento, Retsos a toujours montré une grande envie d’apprendre. Débarquant tout droit de l’équipe U20, il a su grappiller les conseils de ses entraîneurs, tout comme de ses coéquipiers. Cette bonne mentalité est d’ailleurs saluée de tous au club, et explique aussi la confiance grandissante qui lui est accordée au sein de l’Olympiakos. La vitesse à laquelle il s’est fait une place est impressionnante : il donne presque l’impression d’avoir toujours été un titulaire, et de ne pas être ce petit jeune qui débarque.
  • S’il a toujours été considéré comme un gros espoir du club, son passage à l’action avec l’équipe première n’a pas été raté, loin de là. Beaucoup se cassent les ailes à cette étape, surtout en Grèce et à l’Olympiakos. Retsos, lui, a su montrer qu’il pouvait répondre présent quand on fait appel à lui. Appelé à remplacer De La Bella, blessé, il a mis le doute dans l’esprit de Paulo Bento, qui le considère maintenant comme un joueur qui vaut plus qu’un simple remplaçant.
  • Très jeune, il lui arrive encore de concéder des fautes largement évitables, par naïveté. Il a, par exemple, été expulsé contre le Panionios en championnat pour une accumulation de petites fautes (2 cartons jaunes), alors qu’il aurait sans doute, avec plus d’expérience, pu baisser le pied au duel et défendre debout. Mais cela montre aussi une belle force de caractère : Panagiotis Retsos ne se laisse pas marcher sur les pieds, et n’hésite pas à aller chatouiller son adversaire direct s’il le faut. Mais il doit encore prendre du vice et de la roublardise pour devenir plus complet, plus aguerri. Cela viendra avec le temps et l’accumulation des matchs.
  • S’il est bon défensivement, notamment dans le duel où il est plutôt dur à éliminer, Retsos montre aussi de belles capacités offensives. Capable de prendre son couloir – alors qu’il est défenseur central de formation – il n’hésite pas à multiplier les appels, solliciter le ballon et à déborder. Par ailleurs, il n’est pas rare de le voir dédoubler avec son ailier devant, histoire de proposer des solutions. En d’autres termes, ce n’est pas un latéral par défaut, mais bel et bien une plus-value à cette position. Il lui manque encore d’être décisif, que ce soit en marquant ou en délivrant une passe décisive.
  • Retsos défend, la grande partie du temps, debout, sans trop se jeter. S’il manque un poil de vitesse, sans être lent non plus, il compense cela par une très belle anticipation, et un placement souvent adéquat. La répétition des efforts ne le gêne pas : il est très rare de le voir à la ramasse, ou ne pas redescendre après une montée sur son couloir. En défense centrale, il peut évoluer avec un coéquipier au profil varié : plus rapide, plus lent, moins à l’aise techniquement ou meilleur relancer. Retsos est une solution qui offre énormément de possibilités à son entraîneur. Il serait sans doute très à l’aise dans une défense à trois, que ce soit dans l’axe central ou sur le côté.
  • Niveau relance, sa capacité à trouver une solution propre est assez frappante. Jeu court, jeu long : il n’hésite pas à alterner les deux pour tenter de relancer proprement et ne pas balancer en touche. L’illustration parfaite est lors du derby contre le Pana, où sa relance parfaite pour Fortounis amène directement le deuxième but (cf vidéo en dessous, à partir de 40′). Idéal dans une équipe qui a la possession : Retsos n’est pas embêté quand il a le ballon.

https://www.youtube.com/watch?v=fV86kCzW8S8

  • En ce qui concerne les progrès à réaliser, ils ne sont pas bien nombreux : Retsos doit juste enchaîner les matchs, pour gagner du coffre, de l’expérience, surtout sur la scène européenne puisqu’en championnat, son équipe est ultra dominatrice. Mais il semble déjà avoir tout ce dont a besoin un défenseur moderne. À confirmer.

ÉVALUATION

Retsos est probablement, à l’heure actuelle, le plus gros talent grec en devenir. Celui dont on parle beaucoup, en tout cas. Ses débuts à l’Olympiakos ont impressionné tout le monde, que ce soit au sein du club ou dans le reste du pays. Les observateurs sont tous unanimes à son sujet. Il est très rare de voir un jeune formé au pays gagner aussi vite une place dans un club aussi instable et peu enclin à lancer les Grecs en équipe première. La première étape a été réussie, à savoir celle de gratter du temps de jeu en équipe première, et montrer qu’il a largement le niveau pour y figurer régulièrement. Reste maintenant à confirmer et enchaîner.

Maintenant qu’il commence à joueur en Europa League, son nom circule sur les rapports de quelques gros clubs européens, comme Arsenal récemment, toujours à l’affût de l’émergence de jeunes pépites. Les scouts viennent le voir. S’il est bien sûr bien trop tôt pour qu’il soit titulaire dans un grand championnat, sa progression est déjà très surveillée. À 18 ans, il offre beaucoup de garanties : propre au duel, polyvalent, bon techniquement et doté d’un bon état d’esprit, tout ce qu’il faut, en somme. Il continue de progresser tout doucement, protégé par son club qui a conscience de son énorme potentiel et du fait qu’il peut être un élément clé sur les prochaines années. Sous contrat jusqu’en 2021, il lui reste encore quelques pages à écrire en Grèce et à l’Olympiakos. Mais s’il confirme tout ce qu’on peut voir pour l’instant, la Superleague sera bien trop petite pour lui, et il faudra alors aller voir ailleurs.

Mis à part une offre énorme, difficile d’imaginer Retsos bouger dans l’immédiat, que ce soit en janvier ou même l’été prochain. L’Olympiakos n’a pas besoin de vendre à tout prix, et entend miser sur un joueur issu de son académie, ce qui est assez rare au sein de ce club. Il ne partira pas pour aller nulle part : à l’Olympiakos, il joue l’Europe et gagne des titres chaque année. Mais il ne serait pas étonnant, par exemple, de voir un très gros club se positionner sur lui, pour le faire venir et l’intégrer à son équipe de jeunes, voire le prêter à l’Olympiakos un ou deux ans histoire qu’il continue à accumuler du temps de jeu. Parce qu’on parle là d’un joueur qui peut aller très très haut, et qui est né en 1998.

Cibles types : Arsenal, Milan, Juventus, Dortmund, Bayern Munich, Manchester United, Manchester City, Porto, Paris Saint-Germain, Barcelone.
Prix : 10-15.000.000 € – Pour l’arracher à l’Olympiakos, qui demande toujours de grosses sommes pour ses joueurs et qui vend plutôt bien, il faudra sortir le chéquier.
Rapport qualité/prix : Bon – c’est un investissement, mais les qualités et le potentiel sont là.
Note du joueur : B
Note du potentiel : A+

Martial Debeaux


Image à la une : Ⓒ olympiacos.org

4 Comments

  1. Blomm 28 novembre 2016 at 11 h 38 min

    Article de fiction totalement inutile , psg, city , arsenal , barca manchester bien sur … perdez pas vot temps à nous faire lire trucs comme ça

    Reply
    1. Martial Debeaux 28 novembre 2016 at 16 h 16 min

      Salut,

      En ce qui concerne les clubs cités, ce n’est pas de l’invention : il s’agit, pour la plupart, de clubs qui ont envoyé des scouts pour superviser Retsos à plusieurs reprises.

      Cf ces quelques articles qui en témoignent

      http://www.tribalfootball.com/articles/man-utd-liverpool-arsenal-watch-olympiakos-kid-panagiotis-retsos-4156558
      http://www.tz.de/sport/fc-bayern/fc-bayern-interesse-an-panagiotis-retsos-von-olympiakos-piraeus-7011529.html
      http://it.blastingnews.com/calcio/2016/11/calciomercato-inter-27-11-in-arrivo-il-primo-acquisto-invernale-001283531.html
      http://www.sport.de/news/ne2516798/bayern-lahm-erbe-aus-griechenland/

      Bonne journée

      Reply
  2. Pingback: L’oeil du recruteur #29 : Athanasios Androutsos - Footballski - Le football de l'est

  3. Hatzivassiliadis 9 juillet 2017 at 9 h 53 min

    Martial Debeaux, félicitation pour vos articles, c’est rare des super articles comme celui ci dessous, vous êtes un grand connaisseur de football, continuez comme ça

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