Une nouvelle lubie a accaparé l’esprit des frères Mamic. Ces derniers ont réfléchi à une doctrine pour leur club : fonder les bases de la construction d’une équipe presque exclusivement constituée de joueurs de leur propre école de football. Le président Zdravko Mamic a ainsi assuré dans une interview :

« Le temps est venu des enfants du Dinamo. Je vous garantis que dans les prochaines années nous aurons une équipe constituée de 95% de joueurs formés au club. Cette nouvelle vision valorisera nos bonnes infrastructures et ce que nous avons déjà accompli pour l’école de football ».

Ces mots résonnent comme une douce mélodie pour toutes les âmes romantiques qui rêvent d’une équipe constituée uniquement de gars du cru, à l’instar de Bilbao. Et cela irait à contre courant d’une des plus vigoureuses critiques du spectateur de football moderne qui souhaite pas que son club ne soit plus un havre de paix pour mercenaires insouciants qui n’ont aucune relation affective avec le club ou la ville et qui ne connaissent pas la valeur du maillot qu’ils portent.

Une idée populiste plus que réaliste

Malgré tous ses déboires, il y a une chose que l’on ne peut pas reprocher au Dinamo Zagreb : son académie qui est l’une des plus performantes d’Europe. Financée depuis tant d’années avec l’argent des contribuables croates (tous les clubs n’ont pas ce luxe), elle ne cesse de produire des stars avérées ou potentielles d’année en année. Signe de ses infrastructures de qualité, le club n’a pas besoin de recruter des garçons venus de loin puisque la très grande majorité des membres de l’académie sont des habitants de Zagreb ou ses alentours. Ils pourraient recruter très tôt des jeunes prometteurs de toute l’ex Yougoslavie en employant les parents à Zagreb – Mamic n’aura pas de problèmes pour trouver étant donné son réseau-. Et sa filiale du Lokomotiv pourrait être l’endroit propice sur lequel développer les jeunes talents. Le Dinamo pourrait donc réellement construire une équipe complète à partir de son académie. Mais alors, pourquoi dépenser chaque année des millions d’euros en transfert comme l’été dernier ?

La réponse est simple : l’académie ne produit pas des joueurs pour le Dinamo mais pour l’exportation. Les trois principales sources de revenus du club sont la vente des joueurs, les primes de l’UEFA et les revenus des contribuables. Ces trois postes représentaient 90% des recettes au cours de l’année 2014. Seulement, le Dinamo devrait perdre l’argent des contribuables une fois que la législation nationale se sera mise en conformité avec l’Europe. Pour ce qui est des primes de l’UEFA, cela dépend de l’issue des compétitions. Or, pour la deuxième fois consécutive, le Dinamo a échoué à se qualifier pour la lucrative poule de Ligue des Champions. Le club a ainsi perdu un tiers de son budget. Il ne reste donc plus que la vente de joueurs pour survivre. La dure réalité est là.

Le problème avec le Dinamo est qu’il achète ou récupère des matières premières et non pas un produit fini. La qualité des joueurs se base sur le potentiel et non les performances réelles. La stabilité financière du club et son niveau de présence sur la scène européenne influencent fortement les prix de vente des joueurs : ce n’est pas un hasard si Marcelo Brozovic et Duje Cop sont partis tous deux cet hiver pour un maigre total de 4,5 millions. Les meilleurs acheteurs, eux, accaparent les adolescents avant qu’ils deviennent des éléments essentiels du jeu de l’équipe, comme ce fut le cas avec Kovacic, Jedvaj et Halilovic. Mamic déclarait qu’il était prêt à fonctionner avec un budget divisé par deux (donc 15 millions d’euros). Pour cela, soit le Dinamo devra se qualifier en Ligue des Champions chaque année, soit augmenter leurs ventes de 10 millions par an, ce qui signifierait un affaiblissement conséquent de l’équipe. De l’effectif actuel, il ne resterait que des joueurs comme Pivaric et Antolic, ceux qui ne sont pas assez bons pour être vendus.

Jouer avec une équipe composée de 95% de joueurs formés au club serait un cas unique inédit en Europe. Même l’Athletic Bilbao qui fait jouer uniquement des basques (ou des descendants de basques) ne possède que 50% de joueurs formés au club. Sans renforts venus de l’étranger, le Dinamo Zagreb aurait très peu de chance de réussir. Et cette nouvelle doctrine sera remise en question, aussi vite qu’elle est apparue dans la tête des maîtres penseurs du Dinamo.

Damien Goulagovitch 

1 Comment

  1. Pingback: Angelo Henriquez, une histoire de destins - Footballski

Leave A Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.