C’est l’histoire un peu paradoxale d’un club fondé le 14 décembre 1948 dans une ville qui ne s’appelait auparavant pas Zabrze mais Hindenburg, dans une région qui fut longtemps plus Allemande que Polonaise. Un club qui devait fédérer cette ville meurtrie par la guerre située entre Wrocław et Kraków, entourée de mines de charbon pleines à craquer. Dans cette ambiance de labeur noirci, des nuits froides et sombres d’un totalitarisme déchu puis renaissant, le Górnik Zabrze est devenu lumière. Gornik, les mineurs, le club des ouvriers, le symbole de la classe ouvrière polonaise.

Des tunnels crasseux des mines de Silésie aux lumières scintillantes du stade du Prater à Vienne. Un club si grand qu’il est le seul club polonais à avoir atteint une finale de Coupe d’Europe et à avoir remporté plus de championnats qu’il y a d’apôtres au pays de Karol Wojtyla. Et ceci en ayant régné en ogre presque sans partage sur le football de son pays durant ses trente plus belles années de 1957 à 1988.

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Entre Gliwice et Bytom, l’antre du Górnik Zabrze sera le point de départ de notre voyage dans le temps à travers les vertes plaines et les Carpates naissantes dans la brume, de cette Silésie cher à Adam Małysz fervent supporter des Trójkolorowi. Lui qui vola sur Zakopane comme Lubański autrefois sur la grasse pelouse de Zabrze. Son stade, le Ernest-Pohl Stadion vous ouvre ses portes (vous pouvez d’ailleurs lire notre au stade), asseyez-vous, commencez votre Tatra tiède et laissez-vous porter par la lumière et l’obscurité.

Un stade de l’Histoire et pour l’histoire

Ce vieux stade comme posé là, au milieu des champs sur la Ulica Roosvelta est en rénovation depuis quatre longues années, il n’est déjà plus ce stade vétuste mais chargé d’histoire accueillant plus de 50 000 personnes le 22 septembre 1957 pour un match contre le Gwardia de Varsovie. Un stade où les Polonais de l’après-guerre se ruaient pour admirer Pohl, Lubański, Szarmach ou Roman Lentner.

Assistant au couronnement de leur roi, le roi Lubański avec sa gueule d’empereur romain, son aisance insolente et ses quatre couronnes de meilleur buteur de l’Ekstraklasa entre 1966 et 1969. Un monarque qui sera cinq fois consécutivement champion de Pologne entre 1963 et 1967 avec Zabrze et qui aura marqué ce stade de ses buts comme d’autres ont pu marquer, plus tristement cette petite antre qui n’était pas encore le terrain de jeu du Górnik trente ans auparavant

Istanbul eut deux noms avant celui que nous connaissons: Byzance et Constantinople, signes des tournants et tourments de l’Histoire. Le Ernest-Pohl-Stadion lui aussi. Et comme pour Istanbul, ce stade champêtre connut bien des aventures.

Avant Ernerst-Pohl, il fut le bien nommé « Stade Municipal » de 1946 à 2005. Un nom neutre pour effacer des mémoires, pour repartir dans la douceur et la sagesse. Un stade municipal c’est agréable, ça sent les matchs du dimanche matin, le béton des gradins entourés par des arbres surplombant de peu les tribunes, la montagne au loin que l’on peut apercevoir de temps à autre selon l’humeur des cieux, une petite cabane de bois surannée vendant kanapka, pierogis et kabanos, un public de mineurs venant par poignées encourager des joueurs du cru. En fait, ce nom passe-partout n’était sans doute pas de trop pour faire oublier le précédent et son immense empreinte.

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Son premier nom fut … le «Adolf-Hitler-Kampfbahn» (Stade Adolf Hitler pour les non germaniques), nom du stade de 1934 à 1946 qui laisse un petit gout amer. Pinochet supportait Colo-Colo, Nicu Caucescu (fils de) le Steaua Bucarest, Adolf Hitler eut donc l’honneur d’un stade magnifique à Zabrze, ou plutôt Hindenburg à cette époque. Ceci n’aurait pu être qu’une simple anecdote si le Górnik ne s’était pas installé dans le petit stade et qu’il n’avait pas atteint en 1970 la finale de la Coupe des Coupes, jouée … en Autriche, pays de naissance du dictateur, à Vienne plus précisément. C’était donc une revanche à prendre pour le petit stade, pour les Trójkolorowi et pour la Pologne tout entière ce soir du 29 avril 1970.

Le temps des couronnes

Avant l’épopée européenne et cette finale restée dans les mémoires des Polonais pour être la seule d’un club polonais en coupe d’Europe. Je voulais vous parler de l’autre visage de cette équipe prophète en son pays et empereur guerrier sur son football pendant presque trente ans. Laissant çà et là par mansuétude quelques miettes au Ruch, au Lech Poznan et au Legia. Sa moisson les « Trójkolorowi » auraient pu la commencer dès 1956 et une finale de coupe de Pologne perdue contre le grand CWKS Varsovie qui ajoutera Legia à son nom un an plus tard. Mais cette première défaite en finale de Puchar Polski fut le point de départ de l’épopée d’une équipe qui dominera bientôt le football polonais ne laissant que trois championnats à ses rivaux entre 1957 et 1965.

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Le premier âge d’or du Górnik Zabrze arriva seulement neuf ans après sa fondation alors que le Legia dû attendre près de trente ans pour accéder à sa première couronne nationale. Dès 1957, Zabrze s’empare du titre de champion devant le Gwiarda. Une star âgée seulement de 20 ans remportera son premier titre, son nom est Roman Lentner. Lentner n’était pas seul sur con côté droit, en effet un autre joueur majestueux l’accompagnait c’était Ernest Pohl, dit Nochal, qui donnera par la suite son nom au stade de Zabrze en 2005. A eux deux, ils construiront la base de l’attaque des Trójkolorowi, où viendront se greffer quelques années plus tard Erwin Wilczek et Wlodzimierz Lubański pour la ligne d’attaque, le gardien Kostka comme dernier rempart et le gendre idéal Stanisław Oślizło en défense centrale.

Le Górnik des années 60 est une machine de guerre, une machine à rêve, créatrice d’espaces et d’un jeu collectif sans pareil. Elle remporte sept titres de champion et trois coupes de Pologne sur la décennie et devient un vivier de joueurs inépuisables pour une Pologne qui se rêve en maître du football mondial. Pohl, Lubański, Letner, Kostka, Oślizło, Jankowski, Florenski, Szarmach et compagnie seront les fers-de-lance de la nouvelle génération polonaise et représenteront avec plus ou moins de brio la Pologne devenue au fil des années l’une des plus grandes nations du football mondial.

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C’est un peu, voire beaucoup, grâce au Górnik Zabrze que la Pologne finira troisième de la Coupe du Monde 1974 en Allemagne, après avoir battu l’Argentine de Kempes et l’Italie de Capello lors du premier tour puis la Yougoslavie et enfin le Brésil de Rivellino et Jairzihno. Non pas que le Gornik était sur-représenté dans cette équipe dirigée par Kazimierz Gorski, les seuls joueurs titulaires face au Brésil pour la troisième place étant Gorgon et Szamarch. Mais Gorski le sait après ces passages au Legia Varsovie, si la Pologne en est là, avec ce jeu flamboyant fait de vitesse, dribble et dédoublement, il le doit tant à ses précédents essais au Legia qu’à l’image et l’analyse de ce football « champagne » proposé par le Gornik Zabrze durant toute la décennie précédente sur l’Ekstraklasa. Un football qui, au-delà du spectacle, était dominateur et réaliste. Andrzej Szamarch l’attaquant des Trójkolorowi finira deuxième meilleur buteur de cette coupe du monde avec 5 buts inscrit derrière l’élégant et intouchable Leto.

C’est donc les années 60 qui ont consacré le Górnik Zabrze et son style de jeu, repris, copié mais à jamais inventé dans l’histoire du football polonais par cette attaque qui fit rêver de Lublin à Varsovie, de Gdańsk à Kraków. C’est cette équipe de bellâtres gominés qui fit chavirer les jeunes filles, glorieuses années de ce club de mineurs devenu en si peu de temps l’expression même du football total polonais dans sa splendeur et son renouveau.

Le vrai couronnement de ce football proche de la perfection pratiqué par les Trójkolorowi sera la campagne européenne de 1969/1970 mais ça on en parlera juste à la fin pour vous garder sous le coude et vous laissez le temps de reprendre une Warka.

Les rois dorment aussi parfois

Mais, comme dans tout règne, il y a parfois des moments de doute, des batailles perdues, des traités de paix à signer à contre cœur et le sentiment qu’il faut s’avouer vaincu pour un temps. Mais en ayant toujours à l’esprit qu’a tout instant on puisse espérer repasser du rien au tout, de l’ombre à la lumière. Il y aura donc un long et difficile retour à la réalité pour le club fondé en 1948.

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Le doublé coupe-championnat de 1972 signifie la fin du règne du vieux lion un peu fatigué et de ces joueurs devenus eux aussi de vieux rois languis d’avoir trop régné, Lubański ne retrouvera pas son niveau et s’en ira en 1973, Wilczek, lui, s’en ira du côté de Valenciennes dès 1972, Kostka prendra sa retraite la même année. Le Gornik est mort, vive le Górnik, selon l’adage. Il faudra donc attendre près de 10 ans pour retrouver le club au sommet du football polonais, passant tout près du titre en 1974, il ne pourra éviter la relégation lors de la saison 1977/78 mais remontera aussi tôt. Les entraineurs se succèdent, même Kostka, l’ancienne gloire, dernier rempart et mur quasi impénétrable, tente l’aventure en faisant terminer son équipe de toujours à une honorable 3e place. Mais le réveil aura vraiment lieu lors de la saison 1984/85, un réveil comme un dernier sursaut d’orgueil qui durera près de quatre ans.

Emmené par son nouvel attaquant vedette, Jan Urban, l’infatigable travailleur Waldemar Matysik, le gardien Wandzik, ou, encore plus tard, l’actuel entraineur Robert Warzycha, jouant alors milieu de terrain, le Górnik Zabrze redevient la tornade et la terreur de l’Ekstrakalasa qu’elle fut encore voilà dix ans auparavant. Il remporte alors quatre fois d’affilée le championnat de 1985 à 1988 et est tout proche du doublé coupe-championnat en 1986 mais le GKS Katowice fera parler la foudre et écrasera les Miniers en finale 4 buts à 1. Mais Zabrze n’est plus ce grand club qu’il eut été, c’est le dernier chant du cygne dans un championnat qui sera incertain dans les années 90 puis dominé outrageusement par l’ogre des années 2000, le Wisła Kraków

Sur ces quatorze titres, les Trójkolorowi ont plus que quiconque rayonné pendant de longues périodes sur le football polonais et son championnat domestique comme nous l’avons vu. En remportant tout d’abord cinq championnats d’affilée entre 1963 et 1967 durant la période la plus faste de son histoire qui s’étala de 1957 à 1972 avant la chute de ses dieux vivants et de son football. Puis, aura vu une seconde apogée, plus courte, mais tout aussi intense, avec quatre championnats de suite entre 1985 et 1988. Aucun autre club dans l’histoire de l’Ekstraklasa n’a réussi une telle série depuis.

Notre Prater

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Nous y voilà enfin, là où tout peut s’écrire, là où tout doit s’écrire et où les rêves de toute une nation, de toute une ville, de tous les mineurs doivent se réaliser. La capitale autrichienne, se prépare doucement pour accueillir la Finale de la Coupe des Coupes de la saison 1969/1970 – Le belvédère est toujours là malgré l’Empire déchu, les cafés viennois sont bondés de journalistes venant de toutes l’Europe, Polonais et Anglais font déjà le match, s’imaginent vainqueurs mais jamais vaincus. Supporters, personnalités, journalistes sont assis aux terrasses, appareils photo en bandoulière buvant café, thé et mangeant doucement leur Sachertorte en attendant le crépuscule, en attendant un match de football, en attendant l’Histoire. La température est agréable ce mercredi 29 Avril, le ciel est cotonneux mais tout donne à croire que c’est un jour, une nuit qui marquera l’Histoire.

Le Stade du Prater, théâtre de cette revanche présente dans toutes les têtes polonaises, cratère bouillant d’une finale pour les esprits entre Manchester City et le Górnik Zabrze. Les Trójkolorowi venant jouer la seule finale d’un club polonais dans l’Histoire des Coupes d’Europe en Autriche là où finalement tout à commencer pour eux et leur stade «Adolf-Hitler». Là où tout a commencé pour la Pologne, tiraillée tant d’années entre ses voisins russes et allemands. Le Prater posé dans cette prairie et pouvant accueillir jusqu’à 85 000 personnes doit être le scintillant théâtre de la revanche de la Pologne tout entière sur l’Europe, sur une Europe qui l’a oubliée et laissée vingt-cinq ans auparavant à la merci du Reich et son espace vital.

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Ce sont aussi deux clubs qui s’affrontent, deux clubs n’ayant jamais connu la gloire européenne. Un match à mort, un match de gladiateurs dont un seul sortira vainqueur. Il est écrit que cette finale doit sacrer le roi Lubański, meilleur buteur de la compétition. Cette finale doit être la sienne. Le Górnik Zabrze a dû éliminer en seizième de finale l’Olympiakos le Pirée dans un match retour qui restera comme l’un des plus aboutis pour les Trójkolorowi passant pas moins de cinq buts aux Grecs.

Puis un huitième de finale totalement maîtrisé contre les Glasgow Rangers, tant à domicile qu’à l’extérieur. Le parcours de nos mineurs, se complique vraiment dès les quarts de finale où Zabrze rencontre le Levski Sofia vainqueurs la saison précédente du championnat et de la coupe de Bulgarie. Cette équipe de Sofia est compacte et rapide posant d’énormes problèmes au Górnik qui finira finalement par se qualifier grâce à ses deux buts inscrits à l’extérieur (par Szoltysik et Banas).

L’Histoire est maintenant en marche et « le joueur polonais le plus doué », Lubański, cité par Lato, va prendre le destin de son équipe, de toute une nation, de sa propre histoire, en main et ce, sous les yeux ébahis des commentateurs polonais. Je pourrai vous conter ces trois matchs incroyables, ces trois AS Rome – Górnik Zabre, cette demi-finale pour l’Histoire, ce match d’appui suffoquant dans le stade de la Meinau, qui, comme un symbole pour le Górnik, fut lui aussi une antre minière dans une région charbonneuse et pleine de ces forçats de la Terre, racines des Trójkolorowi. Mais quoi de plus extraordinaire que de revoir le roi des buteurs à l’œuvre :

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Sur ces trois matchs Lubański marquera trois fois. La trinité, lui le fils de Dieu. Trois éclairs dans la nuit noire, comme si tout cela devait être écrit, comme si rien ne pouvait se placer entre lui et le Ciel. Puis Il aura fallu bien des prières aux Polonais pour finalement, suite au nul lors du match d’appui à la Meinau, passer grâce au tirage au sort si cruel pour les vaincus, signe du destin pour les vainqueurs et se qualifier ainsi pour la Finale, leur finale. Dans un dernier souffle c’est toute la Pologne qui pouvait respirer, remonter à la surface de son Histoire.

La Finale

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Le stade du Prater n’est pas plein mais peu importe. Pour les deux équipes, une coupe d’Europe est une coupe d’Europe, et la gagner devant 8 000 personnes ou devant 20 000 personnes, quelle différence ? Après la victoire, le trophée sera bien présent et bien rangé dans la petite vitrine du club sans mention du nombre de spectateurs ou de cartons jaunes.

Le Manchester City de la légende Colin Bell affronte le Górnik Zabrze de Lubański, dans un match tendu, serré, une vraie finale pour le premier trophée européen de l’un de ces deux clubs. Bell et Lubański ne sont pas absents des débats mais ont moins d’emprise sur le match qu’à leur habitude, la pression serait elle aussi une limite pour les Grands, les très Grands?

Quoi qu’il en soit, Manchester prend vite l’ascendant sur les Trójkolorowi dans le jeu et au tableau d’affichage. Dès la 11ème minute, suite à une frappe mal repoussée par Kostka, Neil Young (le footballeur pas le chanteur) vient finir le travail de près et permet aux Skyblues de mener 1 – 0. Le Górnik est à la peine pendant cette première mi-temps et Manchester city se montre plus véloce, plus percutant. C’est d’ailleurs d’une balle contrée côté droit par Lee, utilisant sa vitesse pour rentrer dans la surface de vérité et obligeant Kostka à le stopper irrégulièrement, que viendra le penalty. Penalty transformé par Lee avec une certaine chance lorsque son ballon ricoche sur Kostka pour finalement rentrer et se glisser dans les filets. C’est la mi-temps et le Górnik est mené de deux buts, l’empereur Lubański semble comme tétanisé par l’enjeu, on ne retrouve pas le jeu flamboyant des Trójkolorowi, la défense est fébrile, les Dieux auraient-ils abandonné les mineurs?

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Ils reviennent en seconde mi-temps sur un autre rythme, un rythme plus élevé et avec plus d’agressivité. Zabrze se rue à l’attaque. C’est Oślizło qui va redonner espoirs aux siens sur une frappe du gauche imparable à ras de terre vingt minutes après le retour des vestiaires. Le Górnik y croit,malgré un Lubanski amorphe, sans réussite. Mais l’Histoire ne peut se répéter, la Pologne doit gagner, Zabrze est invincible en Coupe d’Europe cette année et les cieux sont avec eux. Malheureusement pour la légende des Mineurs, Manchester City tiendra bon jusqu’à la fin malgré les assauts répétés des Polonais.

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Monsieur Schiller siffle la fin du match. Le Górnik ne sera pas champion d’Europe, la Pologne ne tiendra pas sa revanche sur l’Histoire, les cieux ont abandonné le petit club minier pour son cousin anglais ce soir d’Avril 70. On se saoule pour oublier, on pleure à torrents de larmes qui se jetteront de toute la Pologne dans l’Odra mais jamais jusqu’à présent un autre club polonais ne se retrouvera en finale d’une coupe d’Europe.

 

Mathieu Pecquenard

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