Temps de lecture 12 minutesLe football dans les RSS : #2 l’Ukraine – Lobanovski, le scientifique qui créa une dynastie

A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous commençons avec l’Ukraine. Episode 2 : Lobanovski, le scientifique qui créa une dynastie.


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17 octobre 1961- Pour la première fois de l’histoire du Championnat soviétique, un club non moscovite remporte le Championnat ! Le Dynamo Kiev finit le Championnat devant le Torpedo Moscou et le Spartak Moscou avec seulement trois défaites sur les trente matchs disputés ! Entraîné par Viacheslav Soloviev, le Dynamo Kiev connaît à cette époque une génération fantastique de joueurs avec des milieux de terrain tels que Jozsef Szabo, Yuri Voïnov et Andreï Biba. Mais c’est l’attaque qui impressionne avec Viktor Kanevski, Viktor Serebryanikov et… Valery Lobanovski. Ce dernier, alors que le triomphe est total, a l’air morose. Un membre de l’Institut de Science et de recherche en construction lui fit la remarque des années plus tard. Il lui répondit qu’il était mécontent de lui et du niveau de performance de son équipe, suggérant ainsi que ce sont les autres qui ont perdu le titre et non le Dynamo qui l’a gagné ! Lorsqu’on lui demanda ce que c’était que d’atteindre ses rêves, Lobanovski rétorqua :

– Quel est votre rêve en tant que scientifique ? Votre diplôme ? Votre doctorat ? Votre poste de doctorant pour effectuer votre thèse ?
– Peut être pour certains, mais pour un véritable scientifique, son rêve est de contribuer au développement scientifique, d’y laisser sa marque.
– Vous avez donc la réponse à votre question » conclut Lobanovski.

Lobanovski a réussi à accomplir ces deux choses en même temps, à savoir devenir un des tacticiens les plus influents du football et accrocher les titres nationaux, européens et internationaux à son tableau de chasse ! Tout ceci par le travail et la rigueur, ses marques de fabrique.

Apprendre à apprendre ou s’arrêter d’entrainer

Né le 6 Janvier 1939 à Kiev le jeune Lobanovski aura la particularité de ne jamais abandonner ses études. Bon élève (il sortira de l’école avec la médaille d’argent…), il intégrera l’Institut Polytechnique de Kiev en 1956 pour sortir en 1964 comme ingénieur en thermo-technique.
En parallèle, Lobanovski intègre l’Académie de football de Kiev en 1952 pour rejoindre le club du Dynamo Kiev trois ans plus tard, profitant ainsi de la politique du club qui souhaite voir des Kiéviens pure souche dans l’équipe. Pour Lobanovski, étudier n’est pas incompatible avec le foot. Bien au contraire, cela le suivra durant tout son parcours, tant professionnel hors football que dans sa méthode de coaching :

L’entraineur doit apprendre toute sa vie. S’il s’arrête d’apprendre, cela signifie qu’il s’arrête d’être entraineur.

Lobanovski grimpe les échelons rapidement pour au final jouer son premier match dans le Championnat soviétique le 29 mai 1959. Deux ans plus tard, il apportait avec ses coéquipiers le premier titre de Champion d’URSS du Dynamo Kiev.

Comme joueur, Lobanovski impressionnait par sa capacité à dribbler malgré sa grande taille le long de son côté gauche. Adroit dans les corners qu’il travaillait durement au centre d’entrainement, il installait déjà avec soin le ballon dans le coin et envoyait des bons centres qui au final, contribuèrent à remporter le titre en 1961. Passeur, il était aussi buteur avec un record à 13 buts en 1960 et 10 buts en 1961, sa moyenne au cours de sa carrière de joueur.
Une carrière bien courte puisqu’elle se termine au Shakhtar Donetsk en 1968 après avoir passé deux saisons au Chernomorets Odessa (1965-67) et deux saisons au Shakhtar (1967-68). Il aura joué au total 263 matchs dont 150 sous les couleurs du Dynamo Kiev et marqué 79 buts. Il ne connaitra que deux fois la Sélection nationale soviétique, bien fournie à l’époque à son poste avec des joueurs comme Anatolyi Iline du Spartak Moscou ou Mikheil Meskhi du Dinamo Tbilissi. Mais la carrière de joueur ne le botte pas. C’est sur le banc qu’il souhaite s’exprimer !

Une dynastie kiévienne

Durant sa carrière comme joueur, il croise des entraineurs de talent qui auront beaucoup d’importance dans sa formation de tacticien. Il eut notamment la chance de côtoyer Viacheslav Solovev au Dinamo ou Oleg Oschenkov au Shakhtar. Mais c’est surtout Viktor Maslov qui le marquera le plus :

Son flair dans l’innovation footballistique était frappante. Il entrevoyait de nombreuses solutions tactiques ainsi que des nouveautés dans les séances d’entrainement que nous avons eu le plaisir par la suite d’emprunter de l’étranger alors que nous en étions les inventeurs au départ mais que nous n’avions ni comprises ni correctement évaluées. C’est le cas par exemple de la tactique à quatre milieux de terrain. Maslov l’avait approuvée à Kiev avant d’apparaître au grand jour durant la Coupe du Monde de 1966 dans sa version anglaise.

Lobanovski se plaisait à discuter avec Viktor Maslov de ses décisions d’aligner tel joueur à telle position. A 29 ans, un an après avoir mis un terme à sa carrière de joueur, il a l’opportunité de mettre sa propre composition avec l’équipe du Dniepr Dniepropetrovsk alors en Première Ligue (Division 2 soviétique). Le club profitera des talents du jeune tacticien pour améliorer tout au long de ses 6 années ses résultats au point de monter en Ligue majeure en 1971. Le Dniepr atteignit même en 1973 les demies-finales de la Coupe d’URSS. C’est d’ailleurs cette même année, le 28 Avril, que le Dniepr remporta en Championnat d’URSS un match contre le Dynamo Kiev 1-0 au stade Meteor devant 35000 personnes ! Un match qui dut convaincre les dirigeants kiéviens de rapatrier Lobanovski au Dynamo Kiev.

Commence alors une période faste pour le Dynamo Kiev entrecoupée de quelques années hors du top trois pouvant se compter sur les doigts d’une main (1976, 1984, 1987). L’ère Lobanovski au Dynamo Kiev durera 24 ans ! 24 ans durant lesquelles les bleus et blancs seront sacrés huit fois Champions d’URSS et cinq fois champion d’Ukraine, remportant 6 Coupes d’URSS et 3 Coupes d’Ukraine. La suprématie kiévienne dépassera surtout les frontières de l’Union Soviétique en remportant deux fois la Coupe des Vainqueurs de Coupe (1975, 1986) et une Supercoupe d’Europe (1975), restant un des seuls clubs soviétiques de l’Histoire (avec le Dinamo Tbilisi) à avoir remporté un trophée européen.

« Ils ne nous impressionnaient pas »

En 1974, le Dynamo Kiev réalise le doublé Championnat-Coupe et joue donc la saison suivante la Coupe des Vainqueurs de Coupe. Le Dynamo Kiev éclate ainsi au grand jour ! Se défaisant de l’Eintracht Frankfort (3-2 ; 2-1), de Bursaspor (1-0, 2-0) puis du PSV Eindhoven (3-0, 1-2), les bleus et blancs affrontent le club de Ferencvaros en finale. Sous estimés durant l’ensemble de la compétition, le Dynamo s’impose pourtant sur le score de 3-0 avec un doublé d’Onischenko et un but d’un certain Oleg Blokhine.
Sur son banc, Lobanovski n’est pas du genre à exulter. Cette équipe, il l’a façonnée avec des joueurs formatés à un style de jeu bien particulier, le football total ! Ce principe de jeu mis en place par l’entraîneur néerlandais Rinus Michels avec l’Ajax d’Amsterdam, l’équipe nationale des Pays bas et le FC Barcelone durant les années 70 consistait à faire participer chaque joueur tant à l’attaque qu’à la défense. Très physique derrière, extrêmement rapide devant avec Leonid Buriak et Oleg Blokhine, les Kiéviens surpassent totalement les Hongrois et s’installent au sommet de l’Europe avec cette inspiration du jeu qui prône la polyvalence des joueurs :

Je ne raisonne pas en termes de postes spécifiques, je n’apprécie pas ce genre de joueurs. Pour moi, il n’existe pas de buteur, de milieu ou de défenseur. Il n’y a que des footballeurs qui doivent être capables de savoir tout faire sur un terrain

L’année suivante, la Supercoupe de l’UEFA oppose le rouleau compresseur ukrainien au FC Bayern. Avec à peu près le même effectif, les bleus et blancs vont en match aller retour, se montrer de nouveau intraitables et remporter les deux rencontres 0-1  (vidéo) à Munich et 2-0 (vidéo) au Republik Stadium de Kiev devant 110 000 spectateurs ! Sur ses deux matchs, un homme crève l’écran, c’est Oleg Blokhine avec sa vitesse éclair, sa délicieuse technique sur l’unique but à Munich et son impression de force ! Au sommet de son art et auteur des 3 buts, France Football ne se trompe pas en lui décernant le Ballon d’Or en 1975, 12 ans après Lev Yachine.

Oleg Blokhine soulève la Coupe en 1986 |© ru.uefa.com

Dix ans plus tard, rebelote toujours lors de la Coupe des Vainqueurs de Coupe ! Après avoir éliminé le FC Utrecht (1-2, 4-1), l’Universitatea Craiova (2-2, 3-0), le Rapid de Vienne (4-1, 5-1) et le Dukla Prague (3-0, 1-1), le Dynamo se retrouve en finale face à l’Atlético de Madrid. Au Stade Gerland, c’est de nouveau une démonstration de force. Tant devant avec Belanov et Blokhine qui ne cessent de prendre la profondeur qu’au milieu avec des joueurs tels que Demyanenko, Rats ou Zavarov en meneur. Le Dynamo de Lobanovski ne laisse aucune chance aux matelassiers qui prennent l’eau 3-0 au Stade Gerland !
Encore une fois, l’équipe kiévienne semble avoir été sous estimée, Luis Aragones alors entraineur de l’Atletico, ayant déclaré les avoir à peine supervisés ! « Ils ne nous impressionnaient pas » dira-t-il plus tard…

Le Dynamo Kiev en Sélection nationale

Les instances soviétiques en voyant les résultats fulgurants de Lobanovski avec le Dynamo Kiev, lui ont vite donné les rennes de la Sélection soviétique. Il emmena ainsi la Sélection soviétique olympique aux Jeux de Montréal de 1976 mais ne put accrocher que la médaille de bronze, battu 2-1 en demie finale contre la RFA, futur vainqueur de la compétition. Evincé, il est rappelé à l’occasion de la Coupe du Monde 1982 mais l’URSS est sorti dès la deuxième phase par la Pologne à la différence de buts. Il quitte de nouveau la Sélection nationale pour retourner au Dynamo Kiev, en manque de résultats durant son absence.

A la suite de sa deuxième victoire en Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe, il est rappelé pour amener l’URSS à la Coupe du Monde 1986 au Mexique puis au Championnat d’Europe 1988. Formée en très grande majorité de joueurs du Dynamo (au détriment de joueurs de talent aussi, comme Cherenkov), Lobanovski va conduire cette fois-ci la sélection nationale jusqu’en finale ! Durant toute la compétition, le jeu soviétique imprégné de la touche Lobanovski ainsi que les joueurs qui composent cette équipe en 4-4-2 impressionne. Dasaev dans les cages, la ligne défensive composée de la fusée Demyanenko, d’Aleinikov, de Khidiyatullin et de Rats, un milieu Litovchenko, Zavarov, Mikhailichenko, Gotsmanov et de deux pointes Belanov au côté de Protasov devant. Un onze de dingue qui fait face au onze hollandais de Rinus Michels avec Van Basten, Gulit, Koeman, Rijkaard et les autres !

Ce match c’est la confrontation entre deux entraineurs qui prônent le même foot total ! Un duel au sommet qui tournera à l’avantage des bataves notamment grâce à un Van Basten en feu sur le deuxième but. Les Soviétiques échouent de nouveau mais ce match restera dans les annales du football.

L’Union soviétique s’écroulant, Lobanovski fait comme de nombreux joueurs à ce moment : il s’en va voir ailleurs, notamment dans les Pays du Golfe où il prend le contrôle de la Sélection des Emirats Arabes Unis (1990-92) puis du Koweit (1994-96). Il finira enfin par prendre les commandes de la Sélection ukrainienne jusqu’à sa mort en 2002.

La confrontation Lobanovski-Beskov

La confrontation lors de la finale du Championnat d’Europe en 1988 face à Michels mettait en valeur les idées du football total. Mais il y a une confrontation qui marqua les années 80 en Union soviétique, c’est celle entre le Dynamo Kiev de Lobanovski et le Spartak Moscou de Konstantin Beskov.

Le Dynamo Kiev fut le club qui discuta le plus l’hégémonie des clubs moscovites sur le Championnat soviétique, en particulier contre l’appétit toujours grand du Spartak Moscou. Le Dynamo était plus qu’un club pour les Ukrainiens. La République Socialiste d’Ukraine n’ayant aucune représentativité sportive, les Ukrainiens transposèrent l’équipe nationale au Dynamo Kiev. Et ce club allait devenir la fierté des Ukrainiens.

En 1977, Lobanovski a déjà installé le Dynamo Kiev au sommet. Difficile pour les autres de lutter. Le Spartak lui-même connaît de grandes difficultés au point d’être relégué en 1976. C’est à ce moment là que le Spartak fait appel à Konstantin Beskov qui se met à chercher à travers le pays des joueurs au potentiel important (Rinat Dasaev d’Astrakhan, Georgi Yartsev de Kostroma, Sergei Shablo de Riga, Yuri Gavrilov du Dinamo Moscou). Le retour dans la Ligue Supérieure se fait en un an et en 1979, Beskov conduit le Spartak vers le sommet en remportant le Championnat d’URSS, devançant de trois points le Dynamo Kiev !

La rivalité est lancée. Elle oppose non seulement deux personnes au caractère extrêmement fort mais aussi deux visions du football. Comme on l’a déjà vu, Lobanovky prône le football total, un jeu physique basé sur une discipline de fer. En bloc, les joueurs doivent fournir un effort constant. Chaque individu devait faire des sacrifices afin d’améliorer le collectif.
Pour Konstantin Beskov, le jeu construit progressivement grâce à des passes courtes successives devait prendre le dessus sur le jeu direct et rapide. Il n’empêchait en rien de jouer rapidement mais toujours à base de passes.

En dehors de cette discipline de fer sur le terrain, Lobanovski en demandait autant à l’extérieur du rectangle vert au contraire de Beskov qui laissait plus de liberté à ses joueurs. Cette philosophie restera présente au Spartak malgré le départ de Beskov en la personne d’Oleg Romantsev, coach emblématique rouge et blanc des années 90 qui fut le protégé de Beskov.

Lobanovski prit le plus souvent le dessus sur son adversaire lors des rencontres entre les deux clubs faisant ainsi du Dynamo Kiev le club le plus titré de l’histoire du football soviétique (13 titres) devant le Spartak Moscou (12 titres). La rivalité englobait aussi un aspect structurel au clubisme soviétique à savoir l’affrontement entre le « club du Peuple » (le Spartak) et le club de l’establishment (le Dynamo Kiev). Cette rivalité perdure et dans le cas où les deux clubs s’affrontent dans les Coupes européennes (chose impossible actuellement puisque les clubs russes ne peuvent affronter de clubs ukrainiens en raison du conflit entre les deux pays) les supporters n’oublieront pas cet affrontement d’idées.

Equipe-star vs. star-équipe

L’ingénieur Lobanovski sait parfaitement que pour arriver au résultat escompté, cela passe par un travail intense durant les entrainements et un contrôle permanent des performances. Pour cela, il fait appel à des méthodes révolutionnaires, ultra modernes qui plus est dans l’Union soviétique de l’époque. Il acquiert ainsi un ordinateur dès les années 70 grâce auquel il crée des programmes pouvant suivre l’évolution de ses joueurs. Il fait appel aux tests psychologiques afin de maximiser le potentiel de chaque joueur et s’entoure d’une équipe de statisticiens qui collectent des tonnes de données . De nos jours, ces données sont la base du travail mais à l’époque, ces pratiques étaient loin d’être courantes. Il détermina ainsi qu’une équipe qui ne commet qu’un ratio de 15 à 18% d’erreurs ne peut pas perdre ! Ses méthodes furent critiquées par la Presse qui les tournait en dérision, quand bien même celles ci permirent d’atteindre en 1988 la finale du Championnat d’Europe…

Outre ses nouvelles méthodes statistiques, Lobanovski attachait énormément d’importance à la préparation de ses matchs. Il devait être difficile de préparer les rencontres européennes sans vidéo de ses adversaires. Cependant un de ses amis qui travaillait à Uzhgorod non loin de la frontière slovaque, pouvait enregistrer les matchs diffusés par la télévision hongroise. Ne restait plus ensuite qu’à les analyser… Une analyse qu’il utilisera à bonne escient pour son équipe en Coupe d’Europe.

Dans ce contexte de maximisation de la performance, les joueurs devaient faire face à l’une des autorités les plus fortes du monde footballistique. Son influence fut incroyable sur certains d’entre eux et Lobanovski eut une grande importance dans la carrière de légendes telles qu’Oleg Blokhine ou Andrei Shevchenko. Ce dernier raconte :

L’impact de Lobanovski sur moi était si forte que je le vois encore souvent dans mon sommeil. Il ne divisait pas les footballeurs en défenseurs et attaquants, mais développait en nous différentes compétences. Il m’a utilisé pour le pressing, bloquer les attaques. La principale chose que j’ai apprise de lui c’est d’atteindre le résultat seulement quand tu crois en toi !

Pour beaucoup, notamment pour moi, il est plus qu’un entraineur. C’est l’homme qui nous montra le chemin de la vie ! Un mentor qui nous a appris ce qu’est le professionnalisme.

Mes meilleurs moments proviennent de mes années à Milan. Nous avions une tradition à mon arrivée en Sélection nationale. J’attendais la voiture que m’envoyait Lobanovski. J’allais d’abord au centre d’entrainement afin de discuter pendant quelques heures avec lui. Valery Lobanovski haussait rarement le ton. Il ne criait jamais et avait un respect total pour les autres.

Jamais il ne nous expliquait les bases que nous devions connaître comme l’alphabet. Les choses étaient simples : celui qui ne comprenait pas ne jouait pas.

Chevchenko présentant le ballon d’or devant le monument en hommage à Lobanovski | © wumag.kiev.ua

Une succession de phrases reprises par Chevchenko sur Lobanovski pour exprimer le respect total qu’il connaissait et le sens du football qu’il insuffla sur certains joueurs qui connurent de grande carrière.

Lobanovski fit éclore de nombreuses légendes mais sentait pourtant les limites de ce football moderne :

Quand nous voyons un excellent joueur, le principe est le suivant : 1% de talent et 99 % de travail. Ce ne sont pas juste des mots. Le football moderne n’apportera jamais d’effets positifs avec d’anciennes méthodes. L’évolution du jeu est stoppée par les stars. […] Ils perdent leur motivation et se décident à travailler comme ils le veulent et pas autrement ! Or le football évolue à une vitesse de plus en plus élevée qu’il faut pouvoir suivre pour continuer à évoluer. Comment ? Grâce aux séances d’entrainements mais ils ne veulent plus s’entrainer ! Je préfère que l’on parle d’équipe-star. Une équipe à l’intérieure de laquelle se trouve des footballeurs qui comprennent comment fonctionne le football moderne.

Ce respect et cette admiration n’allait pourtant pas sans de nombreuses difficultés. Sans pitié, tel un despote, Lobanovski exigeait beaucoup et pouvait provoquer des malaises même chez les sportifs les plus robustes. « Les footballeurs doivent être des robots » raccontait ainsi Viktor Matvienko, un des gourous de l’entraineur. Mais au final, les entraineurs étrangers se rapprochèrent de ses méthodes et les utilisèrent à leur compte :

« Cet homme a fait beaucoup pour le développement du football. Il a toujours dépassé son temps, créant une fantastique équipe dans les années 70-80. Dans le monde entier on parle d’elle avec respect » Franz Beckenbauer

« Si je pense que Lobanovski est l’un de mes professeurs ? Bien sûr ! Dans les années 80, j’’écoutais et conceptualisais ses leçons. Il fut et reste un des gourous des entraineurs. » Marcello Lippi

« L’équipe de Lobanovski représentait une machine footballistique, écrasant physiquement et tactiquement ses adversaires. Ce fut un innovateur. Nous nous sommes rencontrés, non seulement sur le terrain, mais aussi lors des séminaires d’entraineurs. Sa contribution au développement du football mondial est difficile à évaluer. » Luis Aragones

Vincent Tanguy


Image à la une : © Kostin Igor / RIA Novosti / Sputnik via AFP Photos

3 Comments

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