Vous vous êtes peut-être déjà demandé pourquoi une tripotée de clubs en Europe s’appellent Dynamo ? Non pas que ce nom était tendance à l’époque de leur création, mais ces clubs sont en fait tous issus de la même famille. Une belle et grande famille comme seule l’Union Soviétique savait engendrer.

L’histoire du Dynamo commence comme toutes les histoires soviétiques, par une idée sortie d’un organe de l’État.

Après la révolution de 1917 qui verra les bolcheviques prendre le pouvoir en Russie, le révolutionnaire communiste Félix Dzerjinski se verra offrir un poste dans le nouveau gouvernement de cette toute nouvelle Russie soviétique. Il va alors créer la Tchéka, contraction de Tchezvichaïnaya Komissiya (чрезвычайная комиссия) qui signifie « Commission extraordinaire ». Ce nouvel organe de l’État sera ni plus ni moins que la fameuse police politique soviétique qui deviendra plus tard le redoutable KGB que tout le monde connait.

En 1922 la Tchéka deviendra le GPU, la direction politique d’état. C’est un an plus tard, le 18 Avril 1923 que Félix Dzerjinski va fonder la société sportive Dynamo. Un nom censé véhiculer une image novatrice et sportive de la politique dite du « Pouvoir en mouvement ». Le tout nouveau Dynamo sera appelé à devenir le fleuron du système éducatif et sportif de l’Union Soviétique. Un gros travail de propagande incitation sera fait au travers du sport auprès des jeunes afin de promouvoir les carrières dans l’armée ainsi que dans les services de renseignement. Déclinés dans plus de 45 disciplines sportives, les clubs omnisports Dynamo vont fleurir partout en URSS. On comptait alors en 1929 plus de 200 clubs Dynamo, parmi eux les plus connus : le Dinamo Moscou et le Dynamo Kiev.

Des clubs mythiques qui vont faire leurs légendes par leurs titres mais surtout par leurs rivalités avec les autres clubs appartenant à l’État. Notamment les Spartak, Zenit, CSKA et autres Lokomotiv.  Des grands noms du sport soviétique qui ont bien failli être mort-nés. En effet les branches du CSKA et du Dynamo coûteront chaque année un bras au pouvoir soviétique en raison de la concurrence exacerbée entre l’armée et la police politique. Les budgets ne cesseront d’exploser afin d’attirer les meilleurs athlètes au sein d’un camp ou d’un autre. Les installations sportives privées seront transférées aux appareils de l’État et modernisées. Les coûts de fonctionnement et de maintenance de ces installations toujours plus nombreuses vont pousser les Soviétiques à s’interroger sur la pérennité de la société Dynamo. Menacée de fermeture, le pouvoir en place y verra finalement son utilité et sauvera de justesse un programme qui va finalement connaitre le succès partout en Europe de l’Est.

Dinamo Moscou (Russie)

Plus vieux club russe, le Dinamo Moscou fondé en 1923 a la particularité de n’avoir jamais connu la relégation. 11 titres de champion glanés durant l’époque soviétique place le club parmi les monuments du football Est européen. Un homme a longtemps incarné la puissance de ce club, en la personne de Lev Yachine, seul gardien de but à avoir remporté le Ballon d’Or (1963) et élu en 1999 meilleur portier de tous les temps. Le Dinamo va pourtant subir de plein fouet la chute de l’URSS et deviendra quelque peu transparent avec aucun titre dans le championnat de Russie moderne. C’est sous la coupe du richissime oligarque Boris Rotenberg que le club tente de se refaire une place au soleil parmi l’élite de la RPL.

Lev Yachine reçoit son Ballon d'Or en 1963
Lev Yachine reçoit son Ballon d’Or en 1963

Dinamo Minsk (Biélorussie)

Le Dinamo Minsk est le seul club biélorusse a avoir atteint la première division soviétique, et l’a même remportée en 1982. A noter que le club a brièvement été renommé Spartak Minsk durant les années 50. Depuis l’indépendance de la Biélorussie, Minsk a remporté 7 championnats et se classe second meilleur club derrière le BATE Borisov (10 titres).

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Les grands débuts du Dinamo Minsk, ambiance communiste au possible.

Dinamo Tbilissi (Géorgie)

Tout comme le Dinamo Moscou, le Dinamo Tbilissi n’a jamais connu la relégation et s’est adjugé par deux fois le titre de champion d’URSS. L’apogée du club viendra en 1981 lorsque les Géorgiens remporteront la défunte Coupe des Coupes (C2), devenant avec le Dynamo Kiev les seuls clubs soviétiques à glaner ce trophée. Aujourd’hui le club est de loin le plus titré de Géorgie avec 14 titres.

L’équipe vainqueur de la Coupe des coupes en 1981

Dynamo Kiev (Ukraine)

Au grand dam de beaucoup de dirigeants soviétiques de l’époque, le Dynamo Kiev est bel et bien le club le plus connu et surtout le plus titré d’URSS et d’Ukraine. Il faudra attendre 1961 pour voir la machine se lancer véritablement avec un premier succès ; l’année 1990 marquera le 13ème titre de champion d’URSS pour Kiev qui reste à ce jour le plus couronné du bloc soviétique devant le Spartak Moscou. Même topo ou presque dans le championnat d’Ukraine indépendante avec 13 titres supplémentaires, contre 9 au Shakhtar Donetsk.

Le Dynamo Kiev a fait sa réputation à travers les âges grâce à ses légendes telles que Oleg Blokhin, Igor Belanov ou encore Andriy Shevchenko, tous les trois vainqueurs du Ballon d’Or.

Une autre période va marquer l’histoire du club, celle du FC Start, rebaptisé de ce nom durant l’occupation allemande, un certains nombre de ses joueurs seront exécutés ou déportés après avoir battus l’équipe de l’aviation allemande en 1942.

Dinamo, un modèle qui s’exporte

Un certain nombre de pays devenus communistes après la Seconde Guerre mondiale vont adopter le même modèle que les soviétiques et créer à leur tour des clubs baptisés Dinamo et affiliés aux services de renseignements et à la police politique.

Dynamo Dresden  & Dynamo Berlin (Allemagne de l’Est)

La séparation de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest va engendrer la création de deux championnats. Le

1. FC Dynamo Dresden - PSV Schwerin 2:1
Matthias Sammer au Dynamo Dresde

Ministère de l’Intérieur et la redoutable police politique, la Stasi, vont donc créer le SG Deutsche Volkspolizei Dynamo Dresden et le Berliner Fussball Dynamo qui vont par la suite copieusement dominer le championnat de RDA. Les deux Dynamo deviendront les clubs les plus titrés d’Allemagne de l’est avec 10 titres pour Berlin (consécutifs) et 8 pour Dresden.

Eux aussi vont prendre de plein fouet la chute du bloc soviétique, Dresden va connaitre plusieurs relégations de suite au milieu des années 90, jusqu’à atterrir en 4ème division. Berlin en proie à des difficultés financières terminera en 5ème division.

Dinamo Bucarest (Roumanie)

La Roumanie alors occupée par l’Armée Rouge à la fin de la Seconde Guerre mondiale se voit imposer un nouveau gouvernement, communiste évidemment. Les représentants de l’URSS occupent alors la plupart des institutions d’État roumaines et vont rebâtir le pays à l’image de leur mère patrie adorée. Les clubs de foot jugés comme non-conformes à la nouvelle Roumanie sont dissous en un clin d’œil. Des officiers de l’armée vont créer l’ASA Bucarest, connu aujourd’hui sous le nom de Steaua Bucarest. La police ne tardera pas à en faire de même en créant le 14 Mai 1948 le Dinamo Bucarest. Le club sera le premier de Roumanie à se mettre en évidence en participant à la Coupe d’Europe (C2) en 1956. Des participations régulières qui vont attirer dans la capitale roumaine des adversaires prestigieux comme le Real Madrid de Di Stefano ou l’Inter de Milan. A noter que le Dinamo Bucarest possède toujours le record du score le plus large en Ligue des Champions avec leur victoire 11 à 0 en 1973 face aux Crusaders de Belfast. Le championnat local offre la plupart du temps une lutte à deux avec l’éternel rival, le Steaua Bucarest. Des rencontres souvent troublées dans le passé en raison des pouvoirs politiques très intrusifs dans la gestion des deux clubs, voir décisionnaires dans les résultats des rencontres. La Coupe de Roumanie 1988 va marquer l’apogée du n’importe quoi footballistique roumain lorsque le fils du dictateur, Valentin Ceausescu, grand fan du Steaua, va intervenir directement auprès de la Ligue afin de donner la victoire à ses chouchous, initialement perdants sur tapis vert après avoir refusés de continuer la rencontre. Littéralement volé, le Dinamo a plusieurs fois dans son histoire subi les humeurs des dirigeants communistes. Les  » chiens rouges «  n’en restent pas moins le second club le plus titré du pays avec 18 championnats et 13 coupes, derrière le Steaua Bucarest et ses 25 titres.

Dinamo Zagreb (Croatie)

Même scenario en Croatie lors de la prise de pouvoir des communistes après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des clubs seront dissous puis refondés sous d’autres noms. Le commissaire aux sports Ivica Medaric va initier la création du Dinamo Zagreb sur les bases de son ancien club, le HŠK Građanski. Les couleurs seront conservées et le logo subira une légère modification. La période yougoslave rapportera 4 titres au club et 7 coupes. Il faudra attendre le championnat de Croatie indépendante pour voir le club asseoir totalement sa domination avec 16 titres dont les 9 derniers de suite. Le Dinamo Zagreb est surtout célèbre pour ses redoutables supporters, les fameux Bad Blue Boys à la réputation sulfureuse. Hooligans de renommée internationale, les BBB boycottent maintenant les tribunes du Stade Maksimir, en profond désaccord, pour ne pas dire guerre ouverte avec la direction du club et la fédération croate, particulièrement la famille Mamic.

L’histoire des Balkans a été marqué en 1990 par la rencontre qui opposera le Dinamo Zagreb à l’Étoile Rouge de Belgrade. Un match marqué par de violents affrontements en tribunes et sur le terrain entre les Bad Blue Boys et les Delije (les ultras de l’Étoile Rouge). Le capitaine du Dinamo Zvonimir Boban deviendra ce jour-là un héros national en assénant un coup de pied à un policier en train de frapper un supporter croate. Une rencontre qui va précipiter la fin du championnat de Yougoslavie et pour beaucoup marquer le début de la guerre.

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Boban régale face aux policiers yougoslaves

Dinamo Tirana (Albanie)

Le Ministère de l’Intérieur albanais va aussi se doter en 1950 d’un club avec le KS Dinamo Tirana. Le club n’obtiendra jamais de reconnaissance hors de ses frontières en échouant à chaque fois aux portes des Coupes d’Europe. Le Dinamo est pourtant le second club le plus couronné de l’histoire albanaise avec 18 titres.

Rémy Garrel

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