Depuis la guerre au début des années 1990 et les accords de Dayton en 1995, la Bosnie-Herzégovine est divisée en deux entités : la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la Republika Srpska. La semaine dernière, deux matchs internationaux ont à nouveau permis de mettre à jour les problématiques entre communautés dans ce pays, où cohabitent Bosniaques, Croates et Serbes.

Bosnie – Serbie U19, les chants pour Srebrenica

En début de semaine dernière, les sélections U19 de Bosnie-Herzégovine et de Serbie se sont rencontrées pour deux matchs amicaux. Le premier match qui a eu lieu à Modrica, en Republika Srpska, n’est jamais arrivé à son terme.

En effet, les spectateurs de la communauté serbe ont copieusement insulté les jeunes joueurs de Bosnie-Herzégovine et ont scandé « Noz, Zica, Srebrenica » (« Couteaux, fils, Srebrenica ») ou encore « Tuez les Turcs », surnom péjoratif pour qualifier les Bosniaques. Les chants à la gloire de Srebrenica et Ratko Mladic ont été très fortement commentés dans les médias en Bosnie-Herzégovine et Serbie. S’il faut le rappeler, le massacre de Srebrenica a causé la mort de 6000 à 8000 Bosniaques en 1995, soit l’année de naissance des joueurs sur le terrain à Modrica.

Savo Milosevic, l’ancien attaquant de Parme et Saragosse et aujourd’hui responsable des sélections à la Fédération Serbe de Football, a déclaré le lendemain du match : « Je condamne fermement ce triste évènement et nous envoyons nos excuses sincères à la fédération de football de Bosnie-Herzégovine, le public et les jeunes joueurs de football. Le football doit rassembler les peuples, c’est sa mission humaine et sportive. C’était notre idée principale quand nous nous sommes mis d’accord pour ces deux matchs amicaux entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine. Apparemment certains individus vivent encore dans le passé et nous disons qu’ils ne sont pas dignes de la Serbie et du football. »

Republika Srpska U23, un premier match international

Du côté de la Republika Srpska, les aspirations à l’indépendance restent toujours prégnantes. Un coup en trois bandes s’est joué ces dernières semaines suite à la décision de la FIFA d’autoriser le Kosovo à jouer des matchs amicaux. Bien entendu, cette décision a fortement déplu à la Serbie qui a décidé d’en jouer en encourageant sa petite sœur la Rep. Srpska à elle-même organiser des matchs avec son « équipe nationale ».

Si ce ne fut pas un match de sélection seniors, des U23 se sont déplacés en Italie pour affronter la Primavera de l’Udinese. La sélection de Republika Srpska a fait 1-1 en Italie alors que certains grands joueurs comme Kuzmanovic se sont d’ores et déjà déclaré prêts à évoluer pour une sélection A de Republika Srpska dans le futur.

Pour la Republika Srpska, le football est un moyen de communication privilégié pour envoyer des messages à l’opinion internationale concernant ses aspirations à l’indépendance et il semble certain que le lobbying pour pouvoir disputer des matchs amicaux avec une sélection A va continuer dans les années à venir.

Ces deux évènements issus du monde du football montrent que les dissensions ethniques restent très importantes en Bosnie où l’équilibre entre communautés reste très fragile. Si l’on y ajoute les manifestations populaires de ce début d’année, on comprend mieux que la Bosnie-Herzégovine, peut-être plus que tout autre pays dans la région, a un long chemin à effectuer. Vingt après, les réminiscences de la guerre semblent plus que jamais impacter le présent du pays.

Tristan Trasca


Photo à la une : © UN. LAVAL

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