« Alors aux soirs de lassitude, tout en peuplant sa solitude, on pleure les lèvres absentes des belles passantes qu’on a pas su retenir. » Très peu de personnes le savent mais Antoine Pol a toujours eu une certaine influence en termes de transferts. Ainsi, Angel Torres écoutant son cœur et le poète a su qu’il ne pouvait appeler qu’un seul entraîneur pour relever Getafe : Cosmin Contra. L’occasion de renouer avec un amour passé.

Cosmin Contra, joueur à Getafe 

Effectivement, cela ne sera pas la première fois que Contra va faire partie du club de Getafe. De 2005 à 2010, Contra a porté le maillot bleu du club madrilène. Getafe est ainsi l’étape la plus longue de la carrière du latéral roumain. Getafe et Contra, c’est avant tout une épopée en coupe UEFA et une mythique confrontation avec le Bayern Munich.

En quarts de finale de l’UEFA 2007/2008, Getafe joue contre le Bayern d’Oliver Kahn, Ze Roberto, Ribéry et consorts. Au match aller en Allemagne, alors que le Bayern mène, Contra entre à la 78è minute et claque le but égalisateur à la 90è ! Le scénario du match retour est encore plus exceptionnel : dès la 6è minute, Ruben de la Red prend un rouge côté espagnol. Getafe démontre des qualités collectives exceptionnelles et tient bon. Contra marque même à la 44è suite à un fantastique exploit personnel ! Il dribble 3 joueurs sur l’aile puis repique dans l’axe et envoie une lourde dans la lucarne d’Oliver Kahn. 1-0 pour Getafe. Getafe tiendra finalement jusqu’en prolongations avant d’être éliminé au nombre de buts à l’extérieur (3-3 au match retour).

Contra a été un des éléments moteurs de la plus belle période du club de Getafe, squattant le milieu de tableau de la Liga. L’équipe a ainsi participé à deux finales de Copa del Rey en 2007 et 2008 – dont une que Contra terminera en tant que gardien après l’expulsion d’Abbondanzieri – alors que le club n’avait jamais passé le cap des huitièmes jusque-là. Son attitude irréprochable sur le terrain et sa motivation jamais démentie en ont fait un joueur très apprécié du public espagnol, de même que sa fidélité pour le club de Getafe qu’il ne quittera que pour retourner dans son premier club, le Poli Timisoara.

Contra entraîneur à la philosophie hispanique

Contra a également évolué sous les couleurs d’Alaves et de l’Atletico Madrid lors de sa carrière de joueur et a déjà entraîné en Espagne, en prenant quelques mois les rênes de l’équipe de Fuenlabrada, en Segunda B.

Cette parenthèse espagnole fut courte puisque Contra signa ensuite au Petrolul Ploiesti en Roumanie en Liga I roumaine, un « train qui ne se manque pas » comme l’entraîneur roumain déclarait en 2012. Ces deux ans à la tête du Petrolul ont été plutôt réussis pour Contra avec notamment une place de troisième la saison dernière et une victoire en coupe de Roumanie en 2013. Lors de cette année et demie passée en Roumanie, Contra a avant tout démontré sa capacité à motiver un groupe et à partager sa soif de vaincre. Son attitude sur le bord du terrain lors des matchs montre qu’il garde encore en lui ces réflexes de joueur et qu’il vit le match aussi intensément que ses onze joueurs sur le pré.

Le Petrolul de Contra se caractérisait par un jeu porté vers l’avant. Pour Contra, la possession de balle et la qualité du jeu au sol sont deux aspects fondamentaux. L’apport offensif des deux latéraux (Alcenat et Guilherme) était toujours important alors que la caractéristique première de tous les joueurs du milieu était avant tout la qualité technique. Contra s’est ainsi souvent passé d’un réel n°6 pour privilégier des joueurs capables de donner les bonnes premières passes.

Cette philosophie de jeu s’est aussi retrouvée dans le recrutement effectué par le club roumain. Contra a ainsi recruté Juan Albin, ancien meneur de l’Espanyol et de … Getafe, Walter Fernandez, Pablo de Lucas et Filipe Teixeira, tous étant des joueurs répondant aux attentes techniques et de vision de jeu de l’entraîneur Contra.

Malgré tout, Contra a aussi ses défauts. On peut ainsi questionner sa gestion de l’effectif du Petrolul. Les cas Boudjemaa et Hamza semblent emblématiques. Le Français a toujours été un des meilleurs milieux offensifs de Liga I, étant très régulier et performant sous le maillot du Petrolul, mais peu à peu il a été mis sur le côté pour laisser place aux recrues de Contra. Le cas du Tunisien Hamza, parti au Botev Plovdiv cet hiver, est aussi énigmatique. Pourtant meilleur attaquant du club, d’autant plus avec le départ de Jérémy Bokila en Russie, Hamza a été sous-utilisé puis envoyé en Bulgarie. Le Tunisien a ainsi déclaré lors de son départ : « Contra m’a qualifié de joueur difficile. Il a oublié de dire combien de buts importants j’ai marqué et ô combien je me donnais sur le terrain. Contra est comme ça.  Et la manière dont il m’a remercié… me disant de rester jusqu’à l’été alors que tout le monde, dont lui, était d’accord avec mon départ au final. »

Getafe et Contra : la bonne combinaison ?

Le 26 janvier, Contra déclarait dans la presse roumaine : « J’espère entraîner en Espagne ou en Italie. L’Espagne avant tout. J’aimerais y entraîner Getafe ou l’Atletico Madrid. » C’est donc tout sauf une surprise de le voir quitter le Petrolul pour Getafe bien qu’il avait juré rester jusqu’à la fin de saison lors du mercato d’hiver mais « il y a des trains qui ne passent pas deux fois ». Cela d’autant plus que l’attirance était réciproque, le président de Getafe Angel Torres ayant dit il y a peu : « Contra peut travailler à Getafe quand il veut. Il m’a démontré son caractère et sa fidélité. »

 

© prosport.ro
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Contra est un vrai amoureux de l’Espagne et de Getafe. Il trouvera certainement les mots pour transmettre cet amour du club aux joueurs. Pour lui, c’est également une opportunité incroyable de faire le grand saut vers l’Espagne et les grands championnats de l’ouest.  Mircea Lucescu, équivalent roumain de Michel Platini « moi, je » a déclaré mardi : « Ça me fait plaisir que nous ayons un entraîneur en Europe de l’Ouest. J’y étais, après la Révolution, aujourd’hui c’est lui. Certainement, il a une responsabilité, on attend de lui qu’il sauve l’équipe de la relégation. Il peut le faire. Je lui souhaite de tout mon cœur d’avoir du succès. J’espère qu’il va réussir. Il est apprécié et désiré là-bas. Je ne vois pas pourquoi il ne réussirait pas. C’est plus facile en Espagne qu’en Italie. J’espère qu’il réussira des performances comme j’ai pu le faire. Sa présence dans le championnat espagnol peut amener une réévaluation des (entraîneurs) Roumains. »

Contra va maintenant porter la responsabilité d’être celui qui doit ouvrir la voie pour la nouvelle génération d’entraîneurs roumains. Si Dan Petrescu a des résultats au Dinamo Moscou, Cosmin Olaroiu dans les Emirats ou Laurentiu Reghecampf au Steaua, nul n’a encore eu sa chance dans les championnats d’Europe de l’ouest. Contra est donc celui qui devra montrer la voie et convaincre l’opinion internationale que la nouvelle génération d’entraîneurs roumains peut faire aussi bien que sa devancière avec les Boloni, Lucescu et compagnie.

Le retour de Contra en Espagne est aussi dicté par l’amour. Pas simplement celui du club mais aussi celui de sa famille, restée en Espagne pour que les enfants continuent à étudier à Madrid. Contra déclarait mercredi: « Je voulais revenir maintenant en Espagne et si vous aviez pu voir lundi soir quand je suis rentré à la maison comment mes enfants ont pleuré de bonheur, vous auriez tout de suite compris pourquoi j’ai pris cette décision. De plus, comme je vous l’ai dit, c’était mon rêve d’entraîner ici; aujourd’hui on me donne cette chance. » Le choix de Getafe est donc également familial. Tout semble donc réuni pour que ce mariage entre Getafe et Contra soit parfait et pour que l’entraîneur roumain s’épanouisse mais tout le monde sait que les histoires trop faciles ne réussissent pas toujours…

Tristan Trasca


Toutes les citations proviennent de Prosport.ro et Gsp.ro

Photo à la une : © Gsp.ro

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