La campagne polonaise, ses routes cahoteuses et parfois bordées de platanes. Les plaines longues et larges parsemées de petits bosquets rompant le rythme somnolent le long de ces longues étendues enneigées lorsque le début de l’hiver pointe le bout de son nez. Une gare abandonnée, quelques villages entravés par ce ruban de bitume principal qui mène jusqu’à la grande ville, Cracovie ou Tarnów. Une petite piekarnia, un sklep encore debout après l’implantation d’un Tesco à Żabno et une église neuve. C’est dans cette atmosphère que nous allons nous mouvoir dans cette jungle rurale pour vous narrer l’histoire fascinante d’une petit club devenu pachyderme, d’une petite maison qui veut devenir une institution.

Dans le sud-est de la Pologne, non loin de la Slovaquie et de l’Ukraine, au nord de Tarnów et à 100 km à l’est de Cracovie, Nieciecza vous tend les bras. Petit village de 750 habitants dans la région de Małopolskie, dans le district de Tarnow et dans la communauté de communes de Żabno. Rien ne semble distinguer ce petit village des autres qui parsèment la campagne polonaise lorsqu’on se donne la peine de les observer de la vitre avant de son véhicule en direction de Cracovie. C’est la Pologne de l’Est, rurale et fervente catholique, celle qui maintient encore en vie les racines à vifs de l’identité polonaise que la Pologne de l’Ouest souhaite pervertir (selon les discussions que vous pourriez avoir dans le coin). Ici, on vote PiS (conservateur) et on vénère la Czarna Madonna de Częstochowa avec une dévotion toute polonaise, on est fier de cette terre qu’il fut si difficile de conserver.

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© polskielogo.net

Ce village est donc un parmi tant d’autre, mais depuis peu quelque chose l’anime chaque week-end comme une nouvelle messe, comme un nouveau don du ciel lors d’hivers parfois ennuyeux. Nieciecza possédait bien une équipe de football comme toute bourgade qui se respecte, mais depuis la saison 2015-16, le club «du village» évolue en première division polonaise, l’Ekstraklasa (devenue Lotto-Ekstraklasa). Un ovni dans le paysage du football polonais alors que des grandes villes comme Łódź ne possèdent plus aucun club dans l’élite. Ce club a beaucoup fait parler dans la presse, dans les autres clubs polonais par sa trajectoire hors du commun et parfois avec ce mépris qu’ont les grandes villes et l’ouest polonais pour l’est. Depuis le début de cette saison, le Bruk-Bet Termalica truste les premières places du classement (actuellement 3ème après 9 journées). C’est à se demander où s’arrêtera ce petit poucet pas si petit que ça.

Un début d’histoire calqué sur l’Histoire

Comme beaucoup de clubs polonais, l’histoire du LZS Nieciecza (son nom d’origine) commence avec la guerre. Après la Première Guerre mondiale pour être précis. En 1922, le club est le premier de la région à être créé. Suite à la fin de la guerre, beaucoup de soldats, principalement jeunes, souhaitent garder un entrainement physique et le football leur semble le meilleur moyen de garder la forme tout en restant un divertissement. À cette époque le LZS Nieciecza ne possède pas de couleur propre, les joueurs venant pour les matchs avec leurs habits du dimanche (jour de messe) qui sont remplacés par des shorts et chaussures hautes en cuir apportés par les joueurs eux-mêmes. Le club va commencer à jouer ses premiers matchs contre les autres clubs qui poussent comme des champignons dans la région dans les années 30. C’est la découverte du «football» avec un vrai terrain et de vraies règles, mais il n’y a toujours pas de ligue à proprement dit et les matchs sont des moments pour montrer la supériorité d’un village, d’une ville sur l’autre, et toujours se maintenir en forme, sait on jamais. Et le «sait-on jamais» arrive malheureusement comme un coup de poignard fendant la nuit de sa lame morbide. Encore une guerre, la Deuxième Guerre mondiale vient frapper la Pologne à la fin des années 30 et le pays se retrouve encore séparé, écartelé, sous domination étrangère. Il est alors interdit pour les associations sportives polonaises, dont celle du LZS, de se réunir et de jouer des matchs. Le club n’existe plus dans la loi, mais les joueurs se réunissent parfois à l’insu de l’occupant pour «taper la balle» à l’abri des regards inquisiteurs nazis. Le terrain étant réquisitionné pour les Jeunesses hitlériennes et autres entraînements des panzers, ces quelques courageux amoureux de football et de liberté, se retrouvent dans des cours, des terrains vagues.

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© brukbet.com

Puis la guerre prend fin dans une Pologne à genoux et dans les années qui suivent, le LKS Nieciecza revit et commence à se faire un petit nom localement avec une équipe solide, de bons joueurs de district. Rien de plus, rien de moins. Le club végète dans les divisions inférieures malgré de bonnes performances sur le terrain contre les villes voisines. Un si petit bassin de population n’amène les foules au stade et les joueurs de talents nationalement reconnus. Le club vivote ainsi dans les divisions inférieures non professionnelles pendant plus de 25 ans. Puis disparaît des radars du football polonais dans les années 70, les activités sportives du club cessant, beaucoup pensent pour toujours.

Mais finalement comme un petit Phoenix, le club va renaître de ses cendres quelques années après cette brusque dissolution. La première association sportive de la région ne doit pas mourir. Il repart en 1983 de la Classe C, 9ème et dernière division polonaise, alors que dix ans auparavant le LKS se battait en 4ème/5ème division. Tout est à refaire pour le plus petit et premier club de la région. Il va durant dix années supplémentaires se battre, bas, très bas, pour finalement revenir au niveau «district» que le club avait quitté suite à son arrêt. L’histoire de beaucoup de clubs polonais en somme: montée, descente, manque d’argent, disparition, renaissance, sursaut, vie et mort. Dans les années 90, le club souhaite se tourner vers la formation en utilisant ses petites infrastructures pour avoir une équipe plus jeune et plus compétitive. Il n’en sort pas de footballeur de talent immense, mais une bonne petite équipe qui vivote dans le milieu du foot polonais, loin des têtes d’affiche, des stades pleins, des fans aux écharpes bariolées ou des ultras prêts à donner leur corps pour leur club et ses valeurs.

Mais un beau jour, tout va changer radicalement pour cette petite souris qui va devenir petit à petit un mastodonte et se faire un nom en haut tout en haut du tableau d’honneur des clubs polonais, et ce grâce à un homme.

La naissance du Pachyderme

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Nous sommes à l’été 2004. Le LKS Nieciecza vient d’accéder brillamment à la 6ème division et sort finalement de plus de vingt ans à végéter dans les Klasa C – B – A. C’est cette montée, et un événement presque tombé du ciel, qui vont transformer la destinée du petit club à jamais. Suite à cette montée, un homme du terroir devenu businessman et millionnaire va investir dans le LKS Nieciecza, club de sa ville natale. Cet homme est Krzysztof Witkowski. Un self-made-man peu enclin aux longues interviews et plutôt mystérieux, directeur de la réussite locale. L’entreprise Bruk-Bet est au début une petite entreprise familiale florissante sans prétention dans le district de Żabno, mais Witkowski sent qu’il peut faire beaucoup mieux, et va faire beaucoup mieux. Lui qui a suivi des études de construction avec une spécialisation dans le béton va littéralement faire décoller en quelque temps le chiffre d’affaires de son entreprise. Bruk-Bet c’est du béton, Bruk-Bet c’est des dalles, des millions de mètres carrés de dalles en béton. Pas forcément le plus glamour, mais terriblement efficace. En vingt ans, la petite entreprise de Nieciecza devient le leader polonais de la dalle de béton. L’entreprise ouvre des succursales à Cracovie, Gdansk, Varsovie etc. C’est un succès immense. Witkowski s’enrichit vite et les złoty coulent à flots sur son compte en banque. Tel un alchimiste moderne, il transforme le béton en or. Mais l’homme aime certes le béton, il aime bien plus sa ville de Nieciecza. Suite à ce succès commercial, il va y investir pleinement son argent privé en construisant la salle de cinéma 5D la plus moderne de Pologne, un théâtre et une école de business international, le tout dans un village de 750 habitants.

Et le foot dans tout ça? La plus grande réalisation de Krzysztof Witkowski après son entreprise va être le rachat en 2004 du petit club de football. Le LKS Nieciecza devient alors le LKS Bruk-Bet Nieciecza incorporant le nom de la réussite de sa vie dans le club. Ce n’est pas un fantaisiste ou un fou, l’entrepreneur sait ce qu’il fait et veut bien le faire. Son but? Que les gens sachent placer Nieciecza sur la carte et quoi de mieux que de créer une équipe de football compétitive qui voyagera dans toute la Pologne pour étrenner le nom de Nieciecza et de Bruk-Bet à travers tout le pays?

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Après le changement de nom du club, Witkowski place sa femme à la tête du club pour garder cet esprit familial qui lui a si bien réussi jusque-là. La pétulante Danuta Witkowska devient ainsi présidente, à l’instar de Izabela Lukomska avec le Warta Poznan, mais dans un autre style. Un style plus terrien, plus babcia, mais toujours prête à dégainer ses lunettes de soleil de luxe ou prendre des décisions sur le budget pour la prochaine saison d’une main de fer. Puis petit à petit, les Witkowski font grandir ce club comme ils l’ont fait avec Bruk-Bet. En incorporant de plus en plus d’argent au fur et à mesure, comme on incorpore l’eau petit à petit dans une bétonnière. Et comme dans une bétonnière, ils savent qu’il faut attendre que le mélange soit prêt pour pouvoir en tirer un beau béton étirable sur le sol et en faire une belle dalle. C’est cette méthode que les Witkowski appliquent au club de football de Nieciecza, étape par étape.

L’ascension fulgurante, un rêve éveillé

Pour sa première saison après le rachat en 2004/05, le club revenu en division de district (Liga okręgowa) finit deuxième avec la deuxième meilleure attaque et défense du championnat. C’est encourageant, et les Witkowski ont leur temps, ils le savent Rome ne s’est pas construite en un jour, une dalle non plus, alors un club de foot … La saison suivant, le LKS Bruk-Bet Nieciecza fait la saison quasi parfaite marquant plus de 100 buts en n’en prenant seulement une dizaine, mais malheureusement, une défaite coûte la première place du groupe à Nieciecza, qui est tout de même promu grâce à la réforme des ligues polonaises de football dans son ensemble, et de ses échelons en particulier. Pendant ce temps, Witkowski, visionnaire, se dit que l’équipe mérite un nouveau stade (il faut prévoir les succès à venir). Il commence à faire construire à Żabno (et non pas à Nieciecza) le nouveau stade des Słonie, qui pourra accueillir plus de 3 000 personnes. La saison 2006/2007 est exceptionnelle, le LKS est promu en IV.Liga (5e division) au terme d’une saison dominée de la tête et des épaules. Il en sera ainsi pour toutes les saisons jusqu’en 2009, le LKS Bruk-Bet Nieciecza obtenant pas moins de quatre promotions en seulement cinq ans dans les ligues supérieures depuis l’arrivée des Witkowski. C’est une trajectoire telle une comète qui ne doit rien au hasard. Le stade neuf est maintenant prêt, les investissements dans les infrastructures et les joueurs se sont accrus au fil des années de manière graduelle pour toujours accompagner l’évolution du club et non essayer de le projeter le plus vite possible tout en haut. D’ailleurs Witkowski rêvait peut-être seulement de II.Liga (3e division) ou I.Liga (2e division) pour son club chéri et l’Ekstraklasa tenait plus du mythe que du rêve.

fot. Michal Stanczyk / source: Cyfrasport Copyright
© Michal Stanczyk / Cyfrasport

En 2009/2010, le club tout juste arrivé en II.Liga (3e division) va finalement s’imposer très vite. Il n’est pas seulement promu, mais est sacré champion de 3e division polonaise, ce qui est déjà un exploit symbolique pour le club d’une ville de 750 habitants. En parlant symbolique, les joueurs jouent depuis l’arrivée du bienfaiteur en orange et bleu, couleurs de l’entreprise Bruk-Bet et un éléphant symbole de la ville de Nieciecza (et de Bruk-Bet) orne le maillot des Słonie (éléphants en polonais). Pour l’éléphant,Witkowski avoue lui-même ne pas en connaître la signification, mais cet animal a été retrouvé comme symbole de la ville dans des textes datant des années 1870. Quoi qu’il en soit, le pachyderme et ces couleurs deviennent des symboles reconnus dans le monde du football polonais. On parle ici et là de ce petit club qui, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, fauche tout sur son passage pour se faire une place de plus en plus grande.

Au début de la saison 2010/11, le club change encore de nom et s’appelle dorénavant Termalica Bruk-Bet Nieciecza KS. Exit le LKS, remplacé par le nom d’un nouveau produit/entreprise de Witkowski, Termalica. Dans la cour des grands de la I.Liga il faut savoir montrer ses muscles, mais aussi savoir faire du marketing approprié, le natif de Nieciecza le sait. C’est une saison de transition, il est vrai que le niveau de l’I.Liga est bien plus élevé. Les adversaires sont plus coriaces, plus vifs, plus durs à battre. Mais malgré cela on retrouve toujours le style caractéristique du Termalica Bruk-Bet depuis ses différentes promotions: avoir tout d’abord une défense solide (faite de béton armé) et une attaque saillante et efficace. Ce style fonctionnait plutôt bien auparavant, mais l’I.Liga requiert de l’expérience et le club termine tout de même a une honorable 14e place pour une première dans l’antichambre de l’élite. La saison suivante est plus enlevée. Le Termalica joue bien sous les ordres de Dušan Radolský, qui arrive avec son expérience pour faire passer un palier aux Słonie. À la trêve hivernale, Nieciecza est dans la course pour la promotion avec une étonnante 3e place, le choix des Witkowski de faire venir Radolský semble porter ses fruits. Mais au printemps, de mauvais résultats vont les écarter de cette course au Graal de la promotion en Ekstraklasa. Ils finissent finalement 5e pour leur deuxième saison en I.Liga.

Un énorme rendez-vous manqué à jamais?

La saison 2012/13 arrive à grands pas et Witkowski sent que c’est la bonne, celle de la montée parmi l’élite. Radolský doit s’en aller pour des raisons personnelles et c’est Kazimierz Moskal qui prend sa succession. Encore un beau nom qui arrive au Termalica Bruk-Bet pour montrer que le petit éléphanteau a bien grandi et que dorénavant, même des noms de joueurs, coachs polonais ou étrangers s’intéressent au club de Nieciecza. Il est vrai que les temps ont changé, des débuts de l’un des premiers clubs polonais qui a bien failli disparaître dans les années 70, au (toujours) petit club familial couronné de succès et dirigé par la femme d’un des hommes les plus riches de la région, il y a plusieurs mondes d’écarts. Moskal va changer le style de jeu du Termalica et proposer un schéma plus offensif, le changement n’est pas radical, mais les résultats sont stupéfiants. Les hommes de Moskal sont sacrés champion d’automne et gardent cette place en haut du classement jusqu’au printemps. Toute la presse s’interroge, Witkowski exulte déjà, Moskal est confiant. Il ne faut qu’une victoire sur les deux derniers matchs de cette saison 2012/13 pour que le club soit promu en Ekstraklasa. C’est le jour J, le pénultième match de la saison. Il y a de la tension, de l’espoir et de l’envie, le Termalica mène 1-0 contre l’Olimpia Grudziadz jusqu’à la 90ème minute. Cet article aurait dû s’arrêter ici, en disant «… et le Termalica au terme de ce match splendide a finalement réalisé son rêve et le rêve de son président, avec une fabuleuse promotion en Ekstraklasa», mais un coup franc dans les dernières secondes du match va venir faucher les rêves de beaucoup. C’est la dernière action du match, l’Olimpia Grudziadz obtient un bon coup franc, le gardien de l’Olimpia monte avec ses coéquipiers pour tenter d’arracher le nul, et là l’improbable se produit. C’est lui qui égalise d’une tête rageuse. La liesse s’empare des joueurs de l’Olimpia alors que la peine et la désillusion dans le camp de notre petit «presque» champion est terrible. Il reste un match pour marquer ces trois points synonymes de montée, mais malheureusement tout ira de travers et le Termalica Bruk-Bet ne parvient pas à gagner, encore abasourdi par le coup du sort de la semaine précédente. Ils ont cru toucher un rêve du doigt sous les ordres de Moskal, mais la gueule de bois du côté de Nieciecza est terrible, assourdissante. David n’a pas vaincu Goliath et beaucoup pensent que cette occasion ne se représentera pas de si tôt pour Witkowski et son club.

Mais le businessman le sait, dans le milieu des affaires comme en politique rien n’est jamais terminé, et la chance se représentera pour son club tôt ou tard.

Un rêve devenu réalité, et après?

La saison suivante est plutôt bonne, mais le club manque la promotion pour une dizaine de points et quelques défaites assez stupides. C’est la saison 2014/15 qui finit par concrétiser le rêve et l’investissement des Witkowski dans leur ville natale. L’expérimenté Piotr Mandrysz aux manettes en tant que coach et une équipe taillée pour la promotion. Finalement au bout d’une saison longue et difficile, avec un jeu revenu aux bases des succès du Termalica Bruk-Bet, c’est à dire d’abord la défense puis ensuite l’attaque, les hommes de Mandrysz réalisent une saison presque parfaite. Et lors du dernier match, le 30 mai 2015, contre le Pogon Siedlce, les Słonie finissent le travail que leurs prédécesseurs n’avaient pas réussi a concrétiser deux ans plus tôt. Dans un match dominé de bout en bout, ils s’imposent 2-0 et laissent exploser leur joie. Une joie intense, folle, presque enfantine pour ce petit club qui a vaincu le signe indien, pour ce petit club qui n’était pas grand-chose avant l’arrivée des Witkowski. C’est un succès énorme, tout le monde parle à travers la Pologne de Nieciecza, du Termalica Bruk-Bet, de Witkowski. C’est un rêve devenu réalité, un jour de mai un peu nuageux. Il y a dix ans le club n’était encore qu’en 7e division et le voilà maintenant en Ekstraklasa. Tant de chemin parcouru, non pas durement, mais savamment, comme on mène une entreprise familiale vers le succès, on le fait aussi avec un club (adage inconnu). Il y aurait tant à dire sur les réactions surprises, désinvoltes, curieuses, enchantées des observateurs, mais cette saison 2014/15 finit définitivement sur un goût de gloire et d’honneur retrouvé pour le petit village de Nieciecza, là où les champs recouverts par la neige hibernent tout l’hiver.

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La saison dernière est donc la première de Termalica Bruk-Bet en Ekstraklasa, une saison plutôt réussie pour le petit poucet devenu attraction. Toujours sous les ordres de Piotr Mandrysz, beaucoup le voient redescendre aussi vite qu’il est venu, mais ce n’est pas le cas et, plus étonnant encore, le club termine a une belle 13e place alors qu’un grand club polonais comme le Górnik Zabrze descend en I.Liga. Il est vrai que le jeu du Termalica Bruk-Bet n’est pas de ces jeux léchés qui vous enflamment un stade et fait lever les foules, mais l’apprentissage passe par là. Se maintenir puis qui sait? Le stade basé entre Nieciecza et Żabno où joue le Termalica a été agrandi à 4 700 places pour que les matchs à domicile puissent s’y jouer, et il possède maintenant l’une des plus belles pelouses de Pologne, bordée par un bel éléphant. Le tout aux plus hautes normes polonaises. Dans le petit village qu’est Nieciecza, il sera sans doute difficile de faire adhérer des foules entières au projet de Witkowski et de voir un stade de plus de 10 000 places émerger de cette terre dure qui fait la fierté des locaux. Mais dans la mémoire collective des gens de Żabno et Nieciecza, vaincre le Legia Warszawa la saison dernière restera pour toujours un moment extraordinaire, petite revanche sur le scepticisme des grands clubs polonais sur la pérennité de cette aventure.

Mais tout ça n’est pas encore fini, la plus grande des histoires reste à écrire pour le Bruk-Bet Termalica. Cette saison a commencé sous les meilleurs auspices pour les Słonie avec une 3e place (1er ex aequo) au classement de la Lotto-Ekstraklasa après neuf journées. L’arrivée d’un joueur comme Roman Gergel montre également la nouvelle importance des Orange et Bleu dans le paysage footballistique polonais. Et si finalement, Danuta et Krzysztof Witkowski n’avaient pas encore fini de rêver? Et si le Bruk-Bet Termalica n’avait pas encore atteint son «plafond de verre»? L’Europe pourrait leur tendre les bras alors que la Pologne est à la recherche de nouveaux clubs puissants pour rivaliser avec le Legia après la défaillance de clubs comme le Górnik et le Wisła. Le seul bémol pourrait être le faible foyer de population proche (malgré Tarnów qui possède déjà différents clubs de football) qui pourrait affaiblir le Bruk-Bet Termalica dans son irrésistible ascension.

Mais combien ne croyaient pas au projet de Witkowski? Passer de la 7e division à la 1re en dix ans, n’était-il pas plus difficile à imaginer que de voir un club d’un village de 750 habitants en Europa League?

Dans tous les cas, cette histoire est celle d’une partie de la Pologne parfois oubliée, celle qui cache parfois sa fierté et que certains peuvent parfois mépriser. Cette histoire est celle d’un homme qui a rêvé et qui voulait faire rêver sa petite ville natale avec lui. Cette histoire est celle d’un village oublié redevenu centre des attentions les samedis ou dimanches après-midi. Cette histoire est celle d’une petite souris devenue pachyderme. Et cette histoire a tout pour continuer de longues années.

Mathieu Pecquenard


Image à la une : © Norbert Barczyk / Pressfocus

3 Comments

  1. Lothy 20 septembre 2016 at 15 h 05 min

    Article Magnifique, Félicitations!

    Reply
  2. F*ckingpolak 5 octobre 2016 at 21 h 02 min

    Tout simplement excellent cet article ! Brawo !

    Reply
  3. Pingback: 2016 - Six mois de football en Pologne - Footballski - Le football de l'est

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