Vous le savez depuis longtemps désormais, notre amour du football se conjugue avec l’amour des plus belles choses de nos pays : leurs paysages, leurs langues, leurs musiques, leurs gastronomies. Mais que seraient toutes ces choses sans ce lubrifiant social absolu qu’est l’alcool ? Vins, bières et spiritueux plus ou moins élaborés, ils nous accompagnent dans nos streamings pourris du dimanche 13h comme lors des plus belles affiches européennes, parfois aussi (pour le meilleur et pour le pire) dans la rédaction de nos articles et sont nos meilleurs guides lors de nos FootballskiTrip. Laissez-nous vous présenter ceux qui partagent tant de moments de nos vies et sans qui Footballski ne serait peut-être pas Footballski.

Chacha ჭაჭა (Géorgie / 50°)

C’est quoi ?

Pays comptant parmi les premières traces de culture de la vigne, la Géorgie n’est pas en reste en matière de production de vin. Et comme tout est bon dans la vigne, la boisson nationale est produite à base de marc de raisin (les résidus secs issus du pressage). Aussi appelée « vodka de raisin », la chacha serait distillée depuis plus de 1 000 ans en Géorgie, suivant un savoir qui se transmet de génération, par fermentation du marc puis distillation à la vapeur.

Comment ça se boit ? Avec quel plat l’associer ?

Autant dire qu’avec ses 50° la chacha se boit avec prudence. Néanmoins, elle a toute sa place dans un repas traditionnel géorgien pour faire passer vos khinkalis (raviolis nationaux), avant de vous resservir en khatchapouri (pain fourré au fromage fondant) et lobio (haricots rouge mijotés avec des noix). Sans oublier une dernière lichette dans le café pour la route bien sûr !

Où la trouver ?

La chacha se trouve à peu près partout en Géorgie, chaque famille ayant quelques arpents de vigne produisant son propre produit. En vous baladant en campagne ou même dans les montagnes, il y a ainsi de fortes chances que vous tombiez sur des paysans ou bergers qui vous feront goûter volontiers leur propre production. Mais les autorités géorgiennes avaient même fait les choses en grand il y a quelques années en installant une véritable fontaine à chacha, publique et gratuite, en plein centre de Batumi ! Malheureusement fermée depuis.

Le match idéal devant lequel la boire ?

50° d’alcool c’est l’assurage d’un usage deux en un : d’un côté elle vous réchauffera en hiver, de l’autre elle sera un soutien moral sans faille même devant les pires affiches d’Umaglesi Liga. Testée et approuvée par la rédaction par -3° devant un Granville – FC Chartres en CFA. Je me vois déjà au bord de la main courante pour un FC Saburtalo – Kolkheti Poti, avec dans l’autre main une churtchrela (confiserie à base de noix ou noisette enrobée de jus de raisin cuit et épaissi). Quand on vous dit que tout est bon chez les vignerons.

Vin de casă (Moldavie / 5-15°)

C’est quoi ?

La Moldavie est récemment revenue sur le trône « tant convoité » du pays ayant la plus haute consommation d’alcool par habitant. Dans un mano-à-mano disputé avec le Belarus lors des classements annuels publiés depuis quelques années sur base des chiffres de l’OMC, c’est finalement la République de Moldavie qui est arrivée en tête sur l’agrégation des années 2010-2015 réalisée par vouchercloud.com . Peu importe la source, tant qu’il y a l’ivresse. Avec 17,4 litres de consommation alcoolique pure par an et par personne (soit 6,3 litres de plus que la France), les Moldaves en sont donc à environ 178 bouteilles de vin.

Revenons-en à nos moutons. La Moldavie est une région historiquement vinicole, partageant les mêmes latitudes que les vignobles bordelais ou du nord de l’Italie, et fut baptisée le vignoble de l’URSS lorsqu’elle fit partie de celui-ci. Possédant à Mileștii Mici la plus grande collection de vins (près de 2 millions de bouteilles, rien que ça) et la plus large cave à vin au monde (200 kilomètres sous la terre), d’après le Guinness Book, c’est cependant dans la seconde plus grande cave à vin au monde, à Cricova, que Yuri Gagarin a passé une nuit mémorable en 1966 et que Vladimir Poutine a célébré son 50e anniversaire il y a quelques années.

Vous l’aurez compris : le vin fait intégralement partie de la culture moldave. Visiter Chişinău le premier week-end d’octobre vous en donnera la plus belle illustration : c’est la traditionnelle « Fête du vin », lors de laquelle vos papilles ne sauront plus où donner de la tête, entre Purcari, Cricova, Comrat, Milesti Mici, et j’en passe. Et si la consommation actuelle d’alcool se partage plus ou moins équitablement entre le vin, la bière et les alcools forts, jusqu’à arriver aux chiffres alarmants précisés ci-dessus, ceux-ci n’incluent toutefois pas ce qui n’est pas acheté, soit les centaines de milliers de litres de vin de casă (vin « fait maison ») que les Moldaves dégustent à partir de chaque automne. En effet, en dehors des grands centres urbains, il est courant que les Moldaves cultivent leurs propres vignes qui leur permettent une belle récolte annuelle, à consommer dès les fêtes de fin d’année.

Comment ça se boit ? Avec quel plat l’associer ?

Généralement, la teneur en alcool n’est pas trop élevée, surtout pour les vins les plus jeunes, ce qui permet aux Moldaves de boire ça cul sec si l’occasion et la compagnie l’autorisent. Et puisqu’à chaque fois qu’on trinque, on doit boire une gorgée, ça peut rapidement égayer l’atmosphère. Noroc !

Tous les plats sont bons en accompagnement, tant que c’est du solide – que ce soit des en-cas, les placinte traditionnelles (cf. photo), les tocană avec mămăligă et/ou n’importe quel type de viande. L’odeur de grillade de vos shashliks ou mici et la douceur de l’été moldave s’accommodent particulièrement bien d’un verre de vin de casă.

Poftă bună şi Noroc! (Bon appétit et santé !) | © travellovelaugh.wordpress.com

Où la trouver ?

Il est possible, pour les citadins, de trouver ce breuvage particulier (tantôt pétillant, tantôt doux, tantôt trop sucré, tantôt pas assez alcoolisé, la plupart du temps bon) dans les piaţa traditionnelles (les marchés), voire dans la rue, aux risques et périls de la babushka qui le propose puisque c’est évidemment interdit de vendre de l’alcool de manière ambulante.

Sinon, à moins de faire la connaissance de quelqu’un qui a de la famille ou qui connaît quelqu’un qui a de la famille ou qui connaît quelqu’un qui… bref, qui peut vous fournir in fine une bouteille de 1,5 litre ou un bidon de 6 litres, vous pouvez aussi vous diriger vers le village le plus proche (en dehors de l’hiver, si possible) et aborder les villageois en demandant « vin de casă ? Unde ? » (« Vin fait maison ? Où ? »). Il se peut qu’on vous emmène directement à la source et que vous passiez un moment agréable autour de bons verres de vin (ou d’autre chose) : l’hospitalité moldave n’est pas une invention, mais une réalité.

Enfin, ne vous inquiétez pas si vous ne trouvez pas de vin fait maison : celui qu’on trouve en magasin est tout aussi bon pour un prix défiant toute concurrence (occidentale, s’entend bien).

Le match idéal devant lequel la boire ?

Étant donné que le football moderne n’accepte pas les bouteilles dans les enceintes de football, même quand elles sont en plastique, évitez de vous amener à un match du Zimbru ou du Sheriff avec votre gourmandise, au risque de devoir les afonner devant les grilles de l’entrée.

Optez plutôt pour un club moins huppé, voire de la seconde division, où l’entrée est souvent gratuite et qui offre pourtant des installations confortables – c’est-à-dire un siège ou un bloc pour s’asseoir. On y tolérera vos boissons, à défaut de votre comportement après l’avoir ingurgité. Le Petrocub Hîncesti ou l’Academia (quand il joue à Ghidighici) par exemple – lorsqu’ils accueillent le Zimbru ou le Sheriff, bien sûr. N’oubliez pas vos graines de tournesol, ça peut aider pour occuper vos mains et vous donner envie de vous rincer la bouche plus d’une fois durant les quatre-vingt-dix minutes.

Rakija (Balkans)

C’est quoi ?

La rakija est une eau-de-vie obtenue par distillation de jus de fruits fermentés, très populaire à travers les Balkans et aussi alcool national en Bulgarie, Serbie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, en République de Macédoine, en Albanie et au Monténégro. La forme la plus répandue de rakija en Serbie est celle à base de prune, cependant on trouve aussi des versions avec des raisins, pêches, abricots, pommes, figues, et coings. La boisson doit être purement obtenue de la distillation d’un type de fruit cultivé et récolté localement, sans sucre ajouté.

Comment ça se boit ? Avec quel plat l’associer ?

Un proverbe bulgare  proverbe prétend que « tout habitant qui n’aurait pas sa rakija ne serait pas prêt pour la guerre ». Cependant, pas besoin d’envisager de se lancer dans une guerre pour l’apprécier. Tout ce qui peut être assimilé à un événement social est un prétexte pour en déguster. Quotidiennement, la rakija est appréciée comme remontant le matin, comme apéritif et digestif le midi, pour accompagner le fromage et le jambon sec en hors-d’œuvre, pour couper la bière ou le vin le soir. Elle peut se boire froide ou chaude, adoucie ou non.

Une autre utilisation est thérapeutique. En boire permet aussi de retrouver le sommeil, d’effacer les mauvais souvenirs et de faire revenir la bonne humeur. Certains rakija sont consommés aussi pour apaiser des douleurs comme le tord-boyaux appelé komova; qui est une eau-de-vie au marc de raisin, assez proche du lozovca au raisin. Plus fort et rude à boire, le rakija komova est appliqué sur les  rhumatismes ou zones douloureuses quand il n’est pas ingéré pour calmer plus vite les douleurs. L’oreova, l’eau-de-vie de noix, peut elle être utilisée pour la coloration naturelle des cheveux, le bronzage, soulager les gastrites ou même réduire le taux de graisse.

Où la trouver ?

Il sera bien difficile de trouver un serbe qui ne possède pas chez lui au moins une bouteille de rakija ou des provisions impressionnantes. En Serbie, surtout à la campagne, chacun ou presque possède son alambic et prépare son breuvage à sa guise. Cette pratique quasi institutionnelle se retrouve également en Macédoine, en Croatie, au Monténégro ou encore en Roumanie et Bulgarie. On en trouve dans tout ces pays et surtout dans les campagnes où l’on peut apprécier les alambics destinés à la production de rakija artisanal. D’ailleurs, il n’est pas rare qu’au bord des routes les plus fréquentées du pays, des paysans vendent leurs bouteilles de plastique à bon prix (3 ou 4€, soit deux fois moins que la version luxueuse de la grande surface ou du magasin spécialisé).

Notons qu’on trouve un bar à rakija à Belgrade, où l’on peut déguster dans une atmosphère sympathique de nombreuses variétés de rakija venant de Serbie, mais pas seulement. Pour les plus téméraires, il existe un concours officiel d’ingurgitation de rakija, nommé le rakijada.

Le match idéal devant lequel la boire ?

Pour s’infliger des matchs en hiver au Slaven Belupo ou au Radnik Bijeljina sur terrains boueux, mieux vaut s’équiper d’une bonne rakija, sans quoi l’après-midi risque d’être longue. C’est aussi un bon moyen pour se mettre dans l’ambiance d’un derby endiablé, comme celui de Belgrade ou de Sarajevo. Après un grand coup de rakija, on comprend tout de suite mieux comment les fans des Balkans font pour créer de grandes ambiances de football.

Spirytus “Rektyfikowany” (Pologne / max 96°)

Attention: Il est extrêmement dangereux de boire du Spirytus à cause de sa teneur quasi pure en alcool. La rédaction de Footballski.fr demande donc aux plus courageux d’en boire dans les doses décrites ci-dessous et de ne jamais dépasser celles-ci sous peine de tomber rapidement dans un coma éthylique profond et sérieux pouvant entraîner jusqu’à la mort.

C’est quoi ?

La boisson polonaise la plus connue est sans aucun doute sa wódka comme celle recueillant dans sa bouteille une herbe des champs où paissent les fameux bisons présents sur la bouteille de Żubrówka dont les Français sont friands, mais incapables de prononcer correctement son nom [joubrouvka]. L’origine du terme wódka est d’ailleurs toujours un point de désaccord profond entre la Russie et la Pologne, chacun s’adjugeant la paternité de la dénomination de la boisson miracle. Le Spirytus quant à lui joue lui dans une autre catégorie, celle des boissons alcoolisées pures qui vous rapproche du divin (encore un peu plus lorsqu’on en boit trop). C’est avant tout de l’alcool quasiment pur (non dilué) servant à la création de gnôles fruitées maison (Nalewka na gruszkach), de liqueurs (Adwokat) ou un alcool dosé subtilement pour la pâtisserie (dans les Pączki), mais certains Polonais le préféreront pur, en shots, qui peuvent s’avérer mortels. Malgré tout c’est une institution, un alcool pur à 96° maximum qui brûle plus qu’il ne réchauffe et qui redonnerait vie à un mort froid depuis plus de deux semaines. En boire une lichette transformera votre gorge en plaine sèche brûlée vive.

Comment ça se boit ? Avec quel plat l’associer ?

Il faut être clair, le Spirytus Rektyfikowany n’est pas fait pour être bu tel quel ou alors dans des doses infimes. Il est utilisé comme dit précédemment pour des infusions, des gnôles maison, etc. Par conséquent si vous voulez le tester pur il vous faudra le boire cul sec dans une dose inférieure à un petit shot en l’accompagnant avant votre dégustation de Smalec (graisse de cochon) pour tapisser votre gosier puis d’Ogórki (cornichon doux) pour atténuer les effets de l’alcool. Il faudra d’ailleurs ne jamais hésiter à manger très riche après, ici manger n’est pas tricher. Si toutefois vous voulez essayer, il est préférable de l’utiliser dans des cas spécifiques et de force majeure comme au début d’un diner de famille que l’on veut oublier dans les 15 minutes. Le Spirytus peut accompagner n’importe quel plat ignoble sachant que votre gorge et votre palais ne feront plus aucune différence entre les goûts, les matières, les saveurs. La tête et le foie de votre rédacteur polonais en ont payé de leur personne pendant l’Euro cet été devant un Allemagne – Pologne après dilution de 3/4 d’un shot du dit produit dans une pinte de bière (cette expérience est absolument à proscrire sauf si vous aimez les aventures à la Bukowski qui peuvent mal finir)

https://twitter.com/footballskiFR/status/743517202016534528

Où la trouver ?

Difficile de trouver du Spirytus en France, quelques épiceries polonaises vous en vendront pour des prix beaucoup trop élevés pour l’usage que vous en ferez (dans les 40€ pour 500ml). Il sera aussi difficile d’en trouver dans les bars français, peut être aurez vous un peu de chance dans un restaurant polonais, mais peu vous en proposerons sur la carte, demandez directement au patron de manière informelle. Par contre, si vous allez en Pologne, vous en trouverez dans beaucoup de bars ainsi que dans la majorité des supermarchés et des supérettes pour un prix défiant toute concurrence entre 40-50zł (9-12€) pour une bouteille de 500ml selon la marque et la qualité.

Le match idéal devant lequel la boire ?

Sachant qu’après un petit shot (pas beaucoup plus hein) vous oublierez qui vous êtes, où vous êtes et comment rentrer chez vous, je vous conseille de ne boire du Spirytus qu’accompagné d’amis de longue date, chez soi, un vendredi ou samedi (impossible d’aller travailler le lendemain matin) devant un bon Górnik Łęczna -Wisła Płock ou un GKS Tychy – MKS Kluczborg pour oublier le niveau abyssal de football qu’il vous sera proposé d’observer à travers vos yeux mi-clos et votre tête absente.

Pilsner Urquell (République Tchèque / 4,5%)

C’est quoi ?

Faut-il vraiment encore présenter la Pilsner Urquell ? Emblème de la ville tchèque de Plzeň, ville originaire de la Pilsener, bière blonde à fermentation basse à la robe dorée et lumineuse, dont la toute première brassée remonte à 1842. Une bière qui fit la réputation de la ville grâce à sa qualité et venait concurrencer toutes les Lager bavaroises existantes depuis 1400.

Depuis, la Pilsner Urquell, ou « Source originelle » en français, se retrouve un peu partout en Europe et dans le monde. Cependant, aujourd’hui, deux écoles existent dans le doux monde la Pilsner.

La première, la filtrée, que l’on trouve un peu partout, qui se boit n’importe quand, n’importe où et qui permet de s’abreuver durant des heures en paix. L’autre école, la non filtrée, bien plus surprenante, riche en malt, plus amer, mais très rare à trouver. Sauf si vous avez la chance d’aller à la source originelle, là où tout a commencé.

Comment ça se boit ? Avec quel plat l’associer ?

Une bière, c’est dans un verre. En principe, une Pilsner Urquell peut se boire soit dans une flute Pilsner, soit dans une chope. Contrairement aux alcools susmentionnés, la Pilsner Urquell a l’avantage de se boire tout le temps, à n’importe quelle heure du matin, de l’après-midi ou du soir. À la fois parfaite pour entamer un petit déjeuner dans l’anniversaire d’un site traitant du football de l’Est que dans un repas traditionnel tchèque ou slovaque, la Pilsner Urquell se boit partout, n’importe quand. Une bière parfaite pour accompagner votre klobasa bien chaude sortant du grill ou le traditionnel svíčková na smetaně.

https://twitter.com/footballskiFR/status/832526836836007936

Où la trouver ?

Si vous voulez boire une Pilsner Urquell non filtrée, il va falloir se rendre directement sur place. On vous conseille d’aller la déguster au traditionnel Na Parkánu, tout près du centre-ville. Un must. Pour la version filtrée, vous pouvez aujourd’hui la trouver un peu partout. Si jamais vous avez la chance d’habiter à la frontière allemande, il est assez facile de trouver des caisses de 10L pour une quinzaine d’euros.

Le match idéal devant lequel la boire ?

Boisson parfaite pour se délecter du football champagne du Viktoria Plzeň et chanter avec les ultras du club dans leur DOOSAN Arena. Votre objectif étant d’être aussi beau qu’un Pavel Horváth. Autant vous dire que cela s’annonce difficile. Sinon, vous pouvez aussi regarder les meilleurs extraits des hooligans tchèques à 5 heure du matin en sirotant votre bière. Testé et approuvé durant l’anniversaire du site.

Pfeffi (Pfefferminzlikör) (Allemagne de l’Est / 18-25°)

C’est quoi ?

L’Allemagne est avant tout connue pour sa bière et son schnaps. La première est fade, le deuxième, souvent écœurant. Le Pfeffi est donc une excellente alternative pour tout supporter fêtard qui se respecte. Il s’agit d’un digestif à la menthe (verte ou blanche), à la fois frais et parfumé, que beaucoup consomment souvent en guise d’apéritif. Son degré d’alcool varie entre 18 (pour celle de Nordhausen) et 25 (pour celle de Berlin). Certaines variantes hardcores peuvent même monter jusqu’à 40°, mais elles ne comptent pas parmi les plus prisées.

Comment ça se boit ? Avec quel plat l’associer ?

Certaines légendes racontent que le Pfeffi peut-être dilué dans un cocktail appelé “grasshopper”, importé par les Américains en Allemagne pendant l’occupation. Il est composé de Pfeffi vert, de liqueur de chocolat blanc et de crème fraîche. Le “stinger” est un autre cocktail à base de Pfeffi, mélangé cette fois-ci avec du brandy ou de la vodka.

Mais balayons ces tentatives d’embourgeoisement éthylique. Le Pfeffi se boit directement à la bouteille (il existe dans plusieurs formats, allant de 10 cl à 1,5 l), le plus souvent entre amis, sur le chemin du match, que ce soit dans le U-Bahn, le S-Bahn, ou encore mieux, le Sonderzug, du nom de ces trains spécialement affrétés par les supporters pour les déplacements lointains (Rostock-Aue par exemple).

Malgré son appellation de “Likör”, la texture du Pfeffi n’est pas épaisse. Dès lors, gare au piège ! Son degré d’alcool relativement modeste invite le supporter à le boire comme du petit lait. L’hiver, consommé à température ambiante, il réchauffera les coeurs avant d’affronter un rude Dynamo Berlin-Carl Zeiss Iéna en D4. L’été, tout droit sorti du congélateur, il rafraîchira les esprits avant un très chaud Union Berlin-Dynamo Dresde en D2. Mais pensez bien à manger avant, car le goût très prononcé de la menthe empêche d’associer le Pfeffi avec un Brötchen mit Wurst und Senf ou une Soljanka, du nom de cette soupe soviétique particulièrement appréciée en Allemagne de l’Est.

Où la trouver ?

Que vous soyez à Dresde, Berlin, Rostock ou Cottbus, le Pfeffi est partout, au point de faire partie de l’attirail des supporters de tous les clubs de l’ex-RDA. On le trouve dans n’importe quel supermarché ou magasin de nuit à un prix excessivement démocratique (autour de 3€ la bouteille de 75 cl au supermarché, comptez le double dans un magasin de nuit). A l’Ouest, certaines alternatives bon marché existent, mais elles n’ont rien à voir avec les références que sont le Pfefferminz Nordbrand (pour la verte, de Nordhausen) ou le Berliner Luft (pour la blanche, de Berlin). En France, les Get 27 et 31 sont ce qui s’en rapproche le plus, mais à des tarifs bien plus onéreux.

Le match idéal devant lequel la boire ?

Cet alcool de menthe poivrée est devenu la spécialité de la ville de Nordhausen, sise dans le Land de Thuringe, le plus riche de l’ex-RDA aujourd’hui. La Thuringe compte quatre grandes villes : Iéna, Erfurt, Gera et Nordhausen, plus connue pour ses distilleries que pour son club, le Wacker Nordhausen 90, qui végète en D4 avec un palmarès insignifiant. Les trois autres hébergent des clubs au passé plus ou moins glorieux, le plus célèbre d’entre eux étant le FC Carl Zeiss Iéna, finaliste de la C2 1981 (perdue 2-1 face au Dinamo Tbilissi… en Allemagne de l’Ouest !). Dès lors, un petit derby Iéna-Nordhausen est idéal pour rendre hommage à la Thuringe, mais le Pfeffi saura accompagner à merveille n’importe quel Ostderby, pourvu qu’il y ait de la tension. Dresde-Aue, Dresde-Rostock, Dresde-Magdebourg, Magdebourg-Halle ou Union Berlin-Energie Cottbus… les exemples ne manquent pas !

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