Temps de lecture 7 minutesBalade sur les bords de la Volga (Partie 2)

3690 kilomètres, plus long fleuve d’Europe tout comme le seul pays qu’elle traverse, la Volga (Волга) est démesurée. S’étendant des collines de Valdaï entre Moscou et Saint-Pétersbourg jusqu’à la mer Caspienne, la Mère Volga comme l’appellent les Russes est, depuis la Seconde Guerre mondiale, le berceau industriel du plus grand pays du monde. Traversant des villes existant depuis le début de l’existence humaine, la Volga et ses 1 350 000 km carrés de superficie voient sur ses berges défiler l’histoire de nombreux grands hommes, mais également de grands clubs du football russe. Entre football et guide du routard, Footballski vous emmène, après vous avoir fait découvrir le Dniepr en Ukraine et les premières villes bordant le fleuve Russe, sur les derniers kilomètres de la Volga.


Lire aussi : Balade sur les bords de la Volga (Partie 1)


SAMARA

Non Samara ce n’est pas que ce charmant parc préhistorique situé dans notre Nord-Pas de Calais national, c’est aussi la sixième plus grande ville de Russie. L’ancienne Kuybishev, capitale administrative de l’Oblast de Samara, est selon certaines théories de la civilisation Kourgane, le foyer originel des Indo-européens. Mentionnée pour la première fois dans la littérature par des marchands italiens au XIVe siècle, la ville de Samara est tout d’abord connue pour sa mauvaise fréquentation. Sa situation géographique fait qu’elle est repère de nombreux pirates, le grand port est délaissé par les navires commerciaux qui préfèrent s’arrêter un peu plus loin au Nord. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que Samara redevient fréquentable, les troupes du Tsar « nettoyèrent » en grande partie cette région mal famée. Siège de nombreux soulèvements anti-bolcheviks au cours de la Guerre civile russe, les révoltes de Samara furent finalement matées en 1918 et la ville fut renommée sous le nom de Kuybishev.

En 1941, en pleine avancée des troupes hitlériennes sur Moscou, le gouvernement et les usines furent déménagées à Samara, ce qui fait que la ville est toujours très active sur le plan industriel en Russie. Réputée pour sa production de fusées et d’engins spatiaux, c’est dans cette ville que fut élaboré le vaisseau qui envoya Gagarine dans l’espace en 1961. C’est également à Samara que fut écrite la septième symphonie de Chostakovitch en 1941, dédiée à la ville de Leningrad alors assiégée.

© Laurence Griffiths/Getty Images
© Laurence Griffiths/Getty Images

Le choix avait dû en surprendre plus d’un l’été dernier quand le français Yohan Mollo débarquait en prêt au Krylia Sovetov Samara. Club habitué de la RPL puisqu’il n’a été relégué en FNL qu’à une seule reprise depuis l’indépendance et a pu remonter aussitôt, le Krylia est un bon club du milieu de tableau de l’élite russe. Dirigé par le Belge Franck Vercauteren, le club a tout du même du mal à négocier son retour en Premier League. Se battant pour éviter les barrages de relégation, les « Wings of Soviet » vont normalement sauver leur place cette saison. Quittant le Metalurg Stadium vieillissant pour une nouvelle enceinte flambante neuve (pour le mondial 2018), le Krylia a un encore un bel avenir devant lui. Le club de l’ancien joueur d’Evian Giovani Bruno, jouit d’une grande popularité puisqu’on son stade est quasiment le plus rempli en Russie en terme de pourcentage.

SARATOV

Saratov ! Si vous avez déjà visité cette ville russe, vous avez certainement pu observer sa particularité principale : celle d’être étendue le long de la Volga sur 34 kilomètres ! Alors oui Saratov est une ville pour le moins « allongée » et a subi au cours de son histoire de nombreux déménagements sur le bord droit ou sur le bord gauche de la Volga. Placée à l’emplacement de l’ancienne ville hellénique de Gélon, Saratov est officiellement fondée en 1590 comme forteresse et sera durant la quasi-totalité de l’époque de la Renaissance attaquée par des bandits ou les armées des Khanats voisins. Déplacée de nombreuses fois comme nous l’avons évoqué, elle s’installe définitivement sur la rive droite après un énième incendie. Terre également d’accueil de nombreuses industries au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle fut fermée à tout étranger durant toute l’époque soviétique du fait des constructions qui y étaient faites…  Ville universitaire, elle possède la plus vieille université russe.

German Street, Saratov | © Zimin.V.G.
German Street, Saratov | © Zimin.V.G.

Saratov a beau être une ville culturelle de premier choix, elle n’en demeure néanmoins pas une ville de sport. Aucune équipe sportive que ce soit en basket, en hockey et bien sûr en football n’évolue dans l’élite Russe ! Le club de football local, le Sokol Saratov, évolue en FNL depuis de nombreuses années et n’a accédé que seulement deux petites saisons en RPL. Fondé sous le nom de Dinamo Saratov en 1930, le club a subi une terrible crise financière en 2006 qui le vit repartir en division amateur. Un nouveau départ avec un nouveau nom, le Sokol Saratov, qui ne fait rarement mieux que le milieu de tableau de FNL. Avec comme seuls résultats notables une demi-finale de coupe soviétique en 1967 et une demi de coupe de Russie en 2001, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour le football à Saratov !

TOGLIATTI

Si vous êtes un passionné de voiture ou bien un nostalgique de l’URSS cette ville est pour vous ! Lada ça ne vous dit rien ? C’est dans cette charmante ville de Togliatti que les bolides possédés par la quasi-totalité des Russes sont construits. Charmant est un euphémisme, en effet on ne va pas à Togliatti pour y observer de beaux monuments ou paysages. Ville assez récente puisqu’elle fut fondée en 1737 sous le nom de Stavropol-sur-Volga, elle fut rebaptisée en l’honneur du fondateur du parti communiste italien Palmiro Togliatti décédé lors de vacances d’été passé en URSS en 1964. Alors qu’y voir? Si vous êtes passionné de chantier naval vous pourrez en voir un gigantesque et puis si l’envie vous prend vous pourrez toujours aller voir l’usine d’Avtovaz (Lada) ! Autre anecdote pour le moins surprenante, la ville est en partenariat avec la ville alsacienne de Colmar pour son festival international de musique.

© ShinePhantom
© ShinePhantom

A Togliatti non plus on est pas très sport ! Le Lada Togliatti, plus grand club de la ville évolue en D2, l’équivalent du National et n’a jamais connu mieux qu’une dernière place en FNL en 1994. Un club de l’ombre qui évolue pourtant dans une enceinte de 18 000 places qui ne fut remplie qu’à une seule reprise depuis la création du Lada en 1970. Recevant le Spartak Moscou pour un match de coupe en 2002 le stade Torpedo a eu l’opportunité de vibrer 90 minutes mais de voir perdre son équipe 3-2. Unique performance du club ce match de coupe aura eu le mérite de permettre à la Fratria de se déplacer dans une nouvelle ville. Autre club de la ville pour les amateurs de football champêtre, l’Akademia Togliatti qui a disparu du monde professionnel il y a trois saisons après avoir fusionné avec le Lada, est reparti en amateur tout en continuant a former des jeunes joueurs qui vont renforcer fréquemment les équipes de bas de tableau de FNL.

VOLGOGRAD

Volgograd, ville chargée d’histoire. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais si je vous dis Stalingrad, ça vous dira forcément quelque chose. Ville russe s’étendant sur plus de 80 kilomètres, elle fut fondée en 1589 sous forme de fort pour protéger les frontières instables de l’Empire russe avant de devenir un important nœud commercial. Important port fluvial et place économique majeure de la Russie du XIXe siècle, elle fut extrêmement concernée par les combats de la Guerre civile russe. Bastion bolchevique tout d’abord, elle fut reprise par les forces armées du sud de la Russie avant d’être définitivement reprise par les communistes en 1918. Renommé Stalingrad en l’honneur du futur dirigeant soviétique en 1925, Volgograd est plus tristement connu pour avoir été le siège de la bataille la plus meurtrière de l’histoire entre 1942 et 1943. Pratiquement entièrement détruite pendant cette période, Stalingrad deviendra une « ville héros » et est considérée par certains historiens comme la bataille ayant changé le cours de la Seconde Guerre mondiale. Entièrement reconstruite sur le modèle typique soviétique, la ville retrouvera son nom d’origine en 1961 en pleine campagne de déstalinisation du pays sous Khrushchev. Renommée Stalingrad pour une journée en janvier 2013 pour commémorer les 70 ans de la bataille, la ville abrite de nombreux monuments en l’honneur des 750 000 soldats et 250 000 civils tombés sous la violence de l’Homme. Ville importante donc dans le cœur des russes, Volgograd fut également cible de nombreux attentats terroristes en 2013 avant les Jeux Olympiques de Sotchi.

© VASILY MAXIMOV/AFP/Getty Images
© VASILY MAXIMOV/AFP/Getty Images

Ah le Rotor ! On en a beaucoup entendu parlé récemment pour des problèmes financiers. En effet, l’équipe évoluera dans une magnifique enceinte de 45 000 places après le mondial mais ne joue qu’en division amateur. Un avis avait été lancé dans le monde du football russe avec le #SaveRotor mais le club fut tout de même obligé de déposer le bilan. Le club bénéficie pourtant d’un passé glorieux, dans l’élite du football soviétique puis russe pendant plus de 58 ans, le Rotor a également participé à des compétitions européennes avec notamment trois défaites contre des équipes françaises (Nantes, Bordeaux et Guingamp). On espère donc tous revoir le Rotor au-devant de la scène, surtout dans son nouveau stade.

ASTRAKHAN

Située à l’embouchure de la Volga avec la mer Caspienne, Astrakhan est la dernière ville de notre grand voyage. Capitale d’un royaume mongol au XVe siècle, la ville bascula tout au long de son histoire entre les mains des hordes de barbares et celles de l’Empire russe. Lieu de la première démonstration de force des bolcheviques en 1919 où 4 000 grévistes furent exécutés, Astrakhan fut longtemps surveillée par le KGB suite à ce mouvement de contestation populaire. Capitale mondiale du caviar et bénéficiant de nombreuses installations de Gazprom qui exploite les ressources de la région, l’Oblast d’Astrakhan est l’un des plus riche de Russie. Particulièrement chaude l’été avec sa position géographique, Astrakhan à la particularité de connaître seulement trois mois de petites températures négatives, chose exceptionnellement rare en Russie.

© Mark Voorendt
© Mark Voorendt

La ville d’Astrakhan pourrait être la saison prochaine une nouvelle destination pour les mordus de Premier League russe. En effet, le FK Volgar Astrakhan n’est pas loin de l’exploit. Relégué en D2 russe en 2013, le club a entamé une remontée fantastique, champion de la D2 « zone sud », septième et victorieux de la coupe de FNL la saison dernière, le Volgar est à deux doigts d’accéder pour la première fois de son histoire à la RPL. Cinquième avec le même nombre de points que la réserve du Spartak, le club d’Astrakhan est donc en position favorable pour jouer les barrages en fin de saison. Ce qui serait un véritable exploit pour un club qui ne vit que grâce aux investissements de Gazprom (le club s’appelait encore récemment Volgar-Gazprom) ! A noter que le Stade Central d’Astrakhan a accueilli la finale de coupe de Russie la saison dernière.

 

Ainsi ce termine notre périple le long de la Volga. En espérant vous avoir trouvé votre destination de vacances, Footballski vous dit à bientôt pour cette fois une balade le long du Danube !

Antoine Jarrige


Image à la une : © VASILY MAXIMOV/AFP/Getty Images

1 Comment

  1. igvel 8 mai 2016 at 14 h 45 min

    Merci.

    Mais le Tekstiltschik Kamychine ?

    Reply

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