Si on analyse les très bons résultats du Zenit en Ligue des Champions cette saison et la qualification de la Sbornaya pour l’Euro en France l’été prochain, un nom ressort forcément : celui d’Artem Dzyuba. Longtemps joueur du Spartak et après plusieurs prêts pour s’aguerrir, le n°9 russe fait aujourd’hui les beaux jours du Zenit d’André Villas-Boas. Intéressons-nous donc au parcours du colosse aux pieds d’or.

UN PUR PRODUIT DU SPARTAK

Fils d’un père, Sergei, natif d’une ville dans le centre de l’Ukraine et policier, et d’une mère, Svetlana, vendeuse dans une épicerie à Moscou, Artem Dzyuba naît en 1988 à Moscou juste avant la fin du communisme en URSS. Ses parents sont d’origine modeste et la famille vit dans un appartement communautaire comme beaucoup de gens à l’époque. Très vite, le jeune Artem se passionne pour le ballon rond. Après avoir commencé à jouer dans un club de la banlieue de la capitale russe, il est repéré lors d’un tournoi local par Aleksandr Yartsev, fils de Gregorii Yartsev, ex-sélectionneur de l’équipe nationale entre 2003 et 2005. Après avoir joué dans toutes les catégories du club rouge et blanc, Dzyuba intègre l’équipe B et se fait remarquer par son jeu dos au but dans la surface de réparation.

© Новикова Юлия
© Новикова Юлия

Rapidement intégré à l’équipe première, Dzyuba est lancé dans le grand bain lors d’un match de coupe de Russie face à Oural, l’équipe d’Ekaterinbourg, à la place de Roman Pavlyuchenko, alors attaquant n°1 du Spartak. En championnat, il débute face au Saturn, mais ses premières apparitions sont poussives et Artem ne marque aucun but en sept matchs disputés. Mais la saison suivante est celle de l’éclosion pour le colosse (1m96, 88kg) : il fait 27 apparitions et son style commence à plaire aux supporters du Spartak qui voient en lui un attaquant bagarreur. Le Spartak finira d’ailleurs cette saison à la deuxième place.

23 000 ROUBLES VOLES ET UN PRÊT A TOMSK

Après une année 2008 en demi-teinte, le Spartak décide de le prêter à la suite d’un incident avec son coéquipier Vladimir Bystrov. Alors en stage en Autriche, Bystrov annonce qu’on lui a volé 23 000 roubles.  L’argent est retrouvé dans le sac de Dzyuba. Bien qu’il ait voulu prouver son innocence, le club n’a pas d’autre issue que de le prêter sur le champ à Tomsk.

En deux saisons, il joue près de 40 matchs et inscrit 19 buts. En 2010, à son retour, Valery Karpin loue ses capacités en tant qu’attaquant de pointe, mais aussi en tant qu’ailier. Bien que peu rapide, sa capacité à bien se déplacer plaît au coach russe. Sa polyvalence lui vaut ainsi de nombreuses titularisations et Dzyuba en profite pour inscrire des buts très importants contre Bâle, mais surtout contre Porto à la suite d’une belle action individuelle durant laquelle il se défait de deux défenseurs avant de tromper le gardien adverse.

Cette saison 2011/2012 est celle de la confirmation et son style de renard des surfaces se fait de plus en plus évident. Il est appelé en sélection et débute contre la Grèce en novembre. D’ailleurs, à ce moment-là, des clubs de Premier League commencent à s’intéresser à lui et à son style atypique. C’est le cas d’Aston Villa, à l’époque entraîné par Alex McLeish, qui fait du pied pour faire venir Dzyuba malgré des complications pour obtenir un permis de travail. Le moscovite, lui, se dit « très intéressé et flatté » qu’on puisse s’intéresser à lui et ne cache pas son « envie de rejoindre le meilleur championnat du monde ».

Mais c’est finalement Unai Emery, jeune entraîneur espagnol nommé à la tête du Spartak en juin 2012, qui le retint après avoir notamment déclaré au sujet du grand n°9 : « Il a la possibilité de devenir un joueur clé du Spartak et l’un des meilleurs attaquants de ces dernières années en Russie. Mais pour cela, il lui faudra avoir la volonté de se faire mal et de continuer à progresser constamment ». Après une saison en demi-teinte pendant laquelle Dzyuba se montre très irrégulier, et un passage en 4-3-3, le Spartak le prête à Rostov dans le sud de la Russie. Un début en fanfare avec un doublé lors de son premier match sous les couleurs jaunes et bleues et 17 buts au total ne lui valurent cependant pas d’être convoqué parmi les 23 pour la Coupe du Monde au Brésil.

LE CHAINON MANQUANT DU ZENIT

Son prêt se finissant à Rostov, en janvier 2015, Dzyuba signe au Zenit alors à la recherche d’un attaquant pour remplacer le vieillissant Aleksandr Kerzhakov et le vénézuélien Salomon Rondon sur le départ, contre un salaire de 3.3 millions d’euros par an. Malgré de vives critiques au moment de la signature de la part des ultras du club pour son appartenance passée au Spartak, rival honni, l’attaquant a montré depuis juillet de très bonnes choses à la pointe de l’attaque. Soutenu par Shatov, Danny et Hulk, il pointe à la seconde place des meilleurs buteurs du championnat avec 8 réalisations. Encore mieux, il en est à six buts en Ligue des Champions en autant de journées et a grandement contribué aux succès du Zenit.

« C’est la meilleure période de ma carrière pour l’instant, tout me réussit« , a-t-il d’ailleurs affirmé récemment, après avoir inscrit un doublé lors d’une victoire 5-1 à domicile contre l’Anzhi Makhachkala. Malgré une technique pas très orthodoxe et limitée, il compense grâce à un sens du placement redoutable, comme les supporters de Lyon et Valence ont pu le constater. Le n°9 est toujours à l’affût et marque tous ses buts dans la surface adverse. « Cette facilité à aimanter le ballon dénote une grande intelligence pour comprendre le jeu », analysait Villas-Boas en conférence de presse il y a quelques semaines.

DE GROS OBJECTIFS EN PERSPECTIVE

Estimé à un peu moins de 7 millions d’euros sur le site transfermarkt.com, nul doute qu’il sera aussi scruté lors de la double confrontation face à Benfica en huitièmes de finale de la Ligue des Champions par de nombreuses écuries européennes. Aussi, le colosse a fait de l’Euro en France l’un de ses principaux objectifs personnels avant de s’attaquer à une tâche qui lui tient tout particulièrement à cœur : la Coupe du Monde à domicile dans un peu moins de trois ans avec une finale potentielle chez lui, à Moscou.

Ignoré par Capello, il a retrouvé confiance depuis le début de saison avec le maillot de la Sbornaya sous Leonid Slutsky, actuel sélectionneur et… coach du CSKA. Il a d’ailleurs inscrit huit buts au total dans les éliminatoires de l’Euro, dont un quadruplé contre le Lichtenstein en septembre. A l’Euro, la Sbornaya sera dans le groupe B en compagnie de l’Angleterre, la Slovaquie et le Pays de Galles, de quoi attiser les ambitions du géant russe qui n’a assurément pas fini de martyriser les défenses adverses.

Robin Bjalon


Image à la une : © Алексей Старостин

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